Le Cherbourg Dakota Pool

ou quand une comète traverse le monde du billard anglais.

À la demande de personnes ayant fréquenté ce haut lieu de perdition que fut le Dakota, je consacre cette rubrique à la brève, mais très remarquée, histoire du Cherbourg Dakota Pool, un club de billard anglais qui a vu le jour dans l'établissement dont j'étais propriétaire : le Dakota à Cherbourg. J'ai consacré près de dix ans à ce club et, avec le recul, je me suis dit qu'il était vrai que son histoire méritait probablement que je lui fasse une petite place sur ce site. 

Tout commence en 1997. La salle de jeux que je tiens avec mon épouse, le Dakota à Cherbourg, est truffée de flippers, de baby-foots, de jeux vidéos, etc... Ça fait du bruit, ça attire une clientèle qui ne nous convient pas, faut que je trouve quelque chose pour changer tout ça. La seule pièce qui me plaise, c'est la salle à l'étage, équipée de quatre billards. Là, le calme règne. Pas de gamins bruyants, juste des gens qui tapent la bille, et une ambiance bien sympa les jours où on organise des petits tournois. Je décide donc d'en finir avec le côté "boite à jeux" de mon établissement, je fais dégager toutes ces machines qui font "gling gling", et je fais disposer des billards sur les deux étages. Sept tables, en tout : six de pool et un snooker. 


C'est à peu près le moment que choisit un marin militaire en vadrouille pour passer la porte du Dakota. Il s'agit d'un ancien licencié à la Fédération Française de Billard, pas très doué pour la pratique de ce sport, mais bien au fait des règles qui régissent cette discipline. Évidemment, il trouve ça cool de mettre des pools (billards anglais) partout. Il me fait alors remarquer que, tant que j'y suis, pourquoi ne pas faire carrément un club. Un club ? Ça existe des clubs de billard ? Comment ça marche ? Ses explications me plaisent. 


Je fais donc part de cette idée à la poignée d'écumeurs de bistrots qui me tient lieu de joueurs, lesquels n'étaient alors motivés que par le gain d'une bouteille de whisky lorsqu'ils tapaient la bille dans les petits tournois organisés dans les bars de la région. Le principe les amuse aussi (à part l'obligation, à cette époque, de devoir jouer avec un nœud papillon). Après quelques palabres, la décision est finalement prise : on essaye ! Nous rédigeons donc les statuts d'une association loi de 1901, nous nous assurons que personne ne va se défiler lorsqu'il s'agira de nommer un président, un secrétaire, un trésorier, etc... et le Cherbourg Dakota Pool naît.



Ci-dessous : une licence à la FFB telles qu'elles se présentaient à l'époque et une vue d'une des salles de billard du Dakota.

 Saison 1998-1999. Un apprentissage bien difficile.


Notre première surprise aura été d'apprendre que nous étions le seul club de pool en Normandie affilié à la FFB (Fédération Française de Billard, bien sûr). Bon, ben nous voilà déjà champions de Normandie ! Pas très glorieux, cependant... Afin de ne pas avoir monté un club pour ne jouer qu'entre nous, la décision est donc prise d'envoyer une équipe de nos meilleurs représentants sur les opens nationaux, histoire de voir. On aura vu. Et on aura pris cher, donnant ainsi raison à ceux qui claironnaient que nous étions complètement cinglés d'aller nous frotter à l'élite française de la discipline.

Nous avions l'air un peu ridicules à Obernai, avec nos queues de billard dégotées dans des magasins de jouets, pas encore de tenue d'équipe comme les autres clubs, bien sûr, et... Ah oui ! Il ne faut pas que je l'oublie, celle-là : nous avions oublié de nous munir de nos nœuds papillons ! (comme quoi l'allergie à cet accessoire était bien réelle ^^) Qu'à cela ne tienne cependant, il y a toujours une solution. Mon frère, Pascal Lemaire, ancien joueur de snooker qui était venu pour nous renforcer de son expérience de la vraie compétition, eut la bonne idée de déchirer accidentellement son pantalon. Dès lors, il n'y avait plus qu'à trouver une paire de ciseaux pour se tailler des nœuds papillons de fortune dans le pantalon déchiré. Évidemment, la coupe s'en trouva un peu grossière, car le tissu s'effilochait de partout, en fait. Je n'ai malheureusement pas de photos de cet épisode, mais nous étions franchement... Comment dire ?... Superbement ridicules !  ^^

Sur cette première année de découverte des opens nationaux, nous irons nous promener à Obernai, Bordeaux, Avignon et Vierzon. De quoi découvrir le haut niveau, de prendre des volées contre des internationaux de la discipline, mais aussi de commencer à s'aguerrir un peu, et de mesurer toute la différence qui existe entre un "joueur de bistrot" et un vrai compétiteur de billard. Et y'avait du boulot ! C'est vraiment rien de le dire ! 

Reproduisant ce que nous avions l'habitude de faire dans les tournois de bistrots, nous nous appliquions alors à rentrer le plus de billes possible, convaincus de prendre ainsi un avantage certain sur l'adversaire. Au fur et à mesure des rencontres, nous commençâmes alors à réaliser que le pool n'est pas qu'un jeu d'adresse. C'est un sport qui est également très tactique, et c'est un jeu d'enfant pour un joueur expérimenté que de piéger un débutant fougueux, aussi habile soit-il. Nous enchaînâmes alors les défaites, tout en observant la façon de jouer des champions et, petit à petit, nous commençâmes à prendre la mesure de tout ce que nous avions à corriger, à revoir et à travailler.


ci-dessous à gauche : Philippe Boutry, marin pêcheur de son état et pur "écumeur de bistrots", un de nos meilleurs représentants à l'époque. À droite : la première équipe que nous envoyâmes sur les tournois nationaux avec des tenues enfin adéquates. Nous n'étions pas encore très bien connus du service des sports de la Presse de la Manche, et le journaliste s'était un peu emmêlé les pinceaux avec nos noms. Je rectifie donc par rapport à ce qui est mentionné sur la photo, et ça donne, de gauche à droite : Lemaire, Boutry, Mayenobe, Debaize, Henry et Lepareur.

Ci-dessous : deux prises de vue de la première salle de billard du Dakota.

Saison 1999–2000. Ça se corse...


Nous ne sommes plus seuls en Normandie. Un deuxième club vient de se monter dans... la banlieue même de Cherbourg ! Nous apprenons ainsi qu'il y avait des joueurs de billard plus expérimentés que nous à Cherbourg, mais qu'ils attendaient l'ouverture de ce nouveau club, le Willy Hop à Equeurdreville, un établissement au standing bien supérieur à celui de notre repaire de Sioux. Il faut bien reconnaître que le Dakota, bardé de portraits de Sioux, de plumes, de tomahawks, de lances et autres calumets de la paix, n'avait rien d'une salle de billard classique.

Cette saison, un stage est organisé par la fédération au sein du club afin de former quelques arbitres fédéraux. Il est en effet indispensable de pouvoir recourir à ces juges en cas de litige, et cinq joueurs parviennent à obtenir leur licence d'arbitre fédéral. (un arbitre fédéral a qualité pour exercer au niveau national) 

Les compétitions ne se font qu'en individuel, pour cette première saison à deux clubs, et nos voisins vont se tailler la part du lion. Ils s'octroient le titre de champion de Normandie avec Christophe Coronas, raflent les premières places du classement général, bref... c'est pas vraiment la fête au Cherbourg Dakota Pool.

Quelques lueurs d'espoir surviennent quand même lors de cette saison. Ainsi, un sujet de sa gracieuse majesté, Mark Westmoreland, a rejoint nos rangs en cours de saison. Il a déjà pratiqué le billard de compétition dans son pays où c'est une véritable institution, et son arrivée va nous être extrêmement bénéfique. Conscient de nos faiblesses, il s'efforce, dès le début, de nous transmettre ses acquis et de combler un peu nos trop nombreuses lacunes. 

Grâce aux entraînements dont il nous fait bénéficier, nous commençons à mieux maîtriser les rétros, les coulés et les droite / gauche (effets imprimés sur la bille blanche afin de bien contrôler son replacement). Il s'attache également à rectifier la position des joueurs quand c'est nécessaire (indispensable pour la précision), et ne cesse de nous rabâcher que la stratégie de jeu est primordiale, qu'il est parfaitement inutile de partir à l'attaque (rentrer des billes) si on ne sait pas où et comment on va rentrer la noire (la dernière bille qu'on empoche et qui donne le gain de la partie).

Comme pour nous prouver l'efficacité de l'enseignement qu'il délivre, Mark va le mettre en pratique sous nos yeux lors de sa première sortie au niveau national. Ainsi, il parvient à s'octroyer la cinquième place en individuel lors de l'open de Vierzon, sortant en huitième de finale Serge Boaziz, un joueur de l'équipe de France ! Une façon claire de montrer la voie aux "écumeurs de bistrot" que nous étions alors.

Par ailleurs, le nouveau champion de Normandie, Christophe Coronas, décide de changer de crèmerie à l'intersaison, et il quitte le Willy Hop d'Equeurdreville pour nous rejoindre. L'année prochaine sera peut-être un peu plus rose...


ci-dessous à gauche : Mark Westmoreland lors de son exploit à Vierzon. À droite : une licence d'arbitre fédéral et l'écusson distinctif porté par les arbitres. 

Lors des opens nationaux où l'équipe première voyagera à Avignon, Paris, Vierzon et Obernai, nous réussissons quelques sorties, notamment à Paris où nous parvenons à passer quatre tours en équipe, soit une première pour nous. Le "par équipes", au billard, c'est toujours du un contre un, mais chaque joueur d'une équipe – constituée de cinq joueurs, à cette époque – rencontre les cinq joueurs de l'équipe adverse dans un match à vingt-cinq manches au maximum. C'est, à mon sens, l'aspect de ce jeu le plus dur à gérer car, si on peut se moquer de ses propres résultats en individuel, je n'ai jamais vu un joueur accepter d'être le responsable de la défaite de son équipe. Si le match est serré et que la victoire se joue à la manche décisive, par exemple, la perdre est un peu comme manquer le penalty sifflé à la dernière minute dans un match de hand-ball, le seul sport que j'avais pratiqué en compétition jusqu'alors.


Ci dessous à gauche : Alessandro Agnola, pur produit du club, lors de l'open de Paris. C'était encore un tout jeune homme à l'époque, mais au potentiel flagrant.     À droite : Vincent Henry lors d'un podium régional. Veuillez noter que Vincent était tellement allergique au nœud papillon qu'il n'a même pas pu le conserver pour poser devant le journaliste de presse. Quand je dis qu'il y avait un réel problème pour faire admettre le nœud papillon à ces porteurs de Perfectos, je sais de quoi je parle, boudiou ! ^^

Enfin, autre fait marquant de cette saison : la Fédération Française nous confie la responsabilité de la ligue de Normandie (pour nous remercier d'y avoir introduit le pool, j'imagine) et c'est Jean-Luc Goupy qui endosse le costume de responsable régional. Dans le même temps, la responsabilité de gérer le secteur Ouest (Normandie - Bretagne - Pays de Loire) du championnat de France nous est également confiée, et c'est moi qui m'y colle. Une chose est donc au moins certaine : on n'en a pas fini avec la paperasse ! 

Nous organisons les finales du secteur Ouest au Dakota, ayant pour seul représentant Vincent Henry en individuel. En effet, à cette époque, nous ne sommes pas du tout en mesure de rivaliser avec nos voisins bretons qui nous surclassent largement.


Ci-dessous à gauche : j'inaugure mes nouvelles fonctions de responsable de secteur en félicitant le vainqueur en individuel : Franck Chevreul, de Saint Brieuc (oui, je sais, mon nœud papillon a un peu glissé...). À droite : l'équipe de Thorigné Fouillard, championne de secteur face au Tiffany's de Rennes.

Saison 2000-2001. Un open national à Cherbourg !


Ci-dessous : la nouvelle tenue pour cette saison 2000-2001 et une vue générale d'un open national.

Le fait marquant de cette saison aura incontestablement été l'organisation d'un open national à Cherbourg. Voilà déjà deux ans que nous participons à tous les tournois nationaux, la Fédération nous fait donc comprendre qu'il serait bienvenu de penser aussi à recevoir.

La municipalité cherbourgeoise répond alors présente, ce qui ne durera malheureusement pas. Elle nous lâchera dès la saison suivante, pour des raisons qui ne nous ont jamais été données. En matière de sport visant à côtoyer des élites, cette municipalité accumule hélas les échecs, comme ce fut le cas pour le hockey sur glace. Ils semblent ne considérer que le football, même si la deuxième division est demeurée - et restera, je pense -  un rêve pour eux. Seuls le Département et les sponsors nous auront apporté leur soutien inconditionnel jusqu'au bout. 

En attendant, le service des sports de la ville de Cherbourg a encore un peu de considération pour nous en cette année 2000, et il nous propose une de ses plus belles salles :  la salle Chantereyne, fief de l'équipe de hand-ball locale, où sont annuellement organisées des manifestations sportives diverses, tel que le Challenger Ford de Tennis, par exemple. C'est un boulot ÉNORME d'organiser un open national, et nous allons vite le découvrir ! Gérer, prévoir, organiser aussi bien la compétition que l'accueil des joueurs et accompagnants (hôtels, restauration, etc...). Aux dires des médias et de la Fédération Française de Billard, nous nous en serons cependant fort bien sortis (voir les articles de presse plus bas).

En tant que club organisateur, il est toujours délicat de gérer simultanément le bon déroulement de la compétition et la part qu'on y prend, mais nous parviendrons tout de même à décrocher une très respectable 9ème place dans le tournoi en par équipe, Mark Westmoreland signant la meilleure performance en individuel avec sa 17ème place. Au final, la compétition par équipe sera remportée par le club d'Eaubonne, et celle en individuel par Yannick Beaufils (qui deviendra champion du monde en 2022 face à l'Anglais Daniel Davy).


Ci-dessous, une photo de la salle Chantereyne transformée en arène de billard : (lorsque le camion qui livre les vingt-quatre tables démontées arrive et enlève la bâche, on sent tout de suite le courage nous manquer !)

Ci-dessous : un des nombreux articles de presse parus à l'époque.

Cette saison, nous sommes rejoints par deux nouveaux clubs en Normandie : un à Caen, l'autre à Flers. Notre dynamisme commence donc à faire des émules dans la région, dirait-on. En individuel, c'est encore nos voisins d'Equeurdreville qui raflent le titre, par l'intermédiaire d'Eddy Lecroëre, cette fois. Cependant, les premières places du classement général ne sont plus trustées par nos rivaux mais partagées entre équeurdrevillais et cherbourgeois. L'écart de niveau préalablement observé se resserre donc entre les deux clubs. Par ailleurs, la compétition par équipes a fait son apparition dans le championnat normand. Nous nous octroyons ce premier titre de champions de Normandie en équipe. Un titre que nous allons conserver quelques années... ^^


Ci-dessous à gauche : la première coupe de Normandie par équipes pour le Cherbourg Dakota Pool. À droite : l'équipe première à l'open de Cherbourg.

En opens nationaux, peu d'évolution par rapport à la saison passée. Quelques parcours honorables en équipe, notamment à Joué les Tours ou encore à Obernai, et une grosse performance en individuel : Christophe Coronas atteint les demi-finales lors de l'open de Nevers, soit la meilleure place jamais atteinte par le club en individuel au niveau national. 


Ci-dessous à gauche : Christophe Coronas dans son style très enlevé. À droite : une interview de Christine Leriche, notre meilleure représentante en féminines.

Saison 2001-2002. Dans la cour des grands.


Si on veut faire plus que des résultats honorables en open national, y'a pas moyen, faut faire comme les grosses écuries : trouver des pointures. Le problème, c' est que nous n'avons pas les moyens financiers des grosses écuries et que nous ne pouvons donc pas nous offrir de "mercenaires". Alors, dans ce cas, y'a plus qu'à compter sur la persévérance comme sur sa bonne étoile, et elle brilla pour nous, cette année-là ! 

Ainsi, Félix Vicente, ancien vice-champion d'Europe junior, décide de signer chez nous en raison des liens de sympathie qu'il entretient avec plusieurs joueurs de notre club. L'international français a aussi observé les efforts fournis par le Cherbourg Dakota Pool pour asseoir la discipline en Normandie, et il estime qu'un petit coup de pouce serait le bienvenu afin de nous aider à étoffer un peu notre palmarès. Il viendra accompagné de Stéphane Pieracci, lui aussi habitué du haut niveau. Enfin, Janic Deneuve, autre pointure nationale et marin de son état, est muté de Toulon à... Cherbourg !


Ci-dessous : le billard est en passe de devenir une discipline olympique cette saison, et le Comité International Olympique a décrété que la tenue "chemise, nœud papillon, boléro" n'était pas conforme à l'éthique sportive. La Fédération Française de Billard nous impose donc de jouer dorénavant en polos, à la grande satisfaction des nombreux réfractaires au nœud papillon ! De gauche à droite : Pascal Travert, Stéphane Pieracci, Christophe Coronas, Mark Westmoreland, Janic Deneuve, Félix Vicente, Alessandro Agnola, Philippe Lemaire et Frédéric Mayenobe.

Plusieurs anciens de l'équipe première ayant désormais un niveau très respectable, nous nous retrouvons ainsi avec ce qu'on appelle, dans le jargon du billard, une "équipe de tueurs" et, bien entendu, ça va payer ! Deux sorties de mise en place du collectif pour la nouvelle équipe et, lors de l'open national de Montluçon : bingo ! Nous parvenons à sortir des poules sans difficultés, ou presque, puisque le match contre Toulouse est tellement tendu qu'il nécessite le contrôle permanent d'arbitres fédéraux. Puis ça déroule presque jusqu'en finale, où nous parvenons à nous octroyer une nette victoire contre Besançon, sans jamais les avoir laissés mener au score. "De la boucherie !" diront certains observateurs de la presse locale. 

Ça fait vraiment tout drôle de grimper sur le podium – qui plus est sur la plus haute marche ! – pour se faire remettre un de ces trophées clinquants qu'on n'imagine pas toucher un jour lorsqu'on commence le billard.


Ci-dessous : la une de la Presse de la Manche et l'équipe première au complet.

En championnat régional, ce sera bien sûr une razzia en équipe, même si elle est rarement au complet, du fait de l'éloignement géographique de Félix et Stéphane. Leur présence n'est toutefois pas indispensable, car les joueurs locaux assureront le titre sans peine avec cette formation : Alessandro Agnola, Janic Deneuve, Loïc Lecroëre, Philippe Lemaire et Christophe Coronas. 

Cependant, nous réussirons quand même à nous faire piquer – encore une fois ! – le titre en individuel par nos voisins équeurdrevillais, alors que c'est pourtant nous qui étions en nombre dans les premières places du classement général ! Une "psychose" commence alors à s'installer entre cherbourgeois et équeurdrevillais : les rois du par équipe, c'est Cherbourg, les rois de l'individuel, c'est Equeurdreville. (les autres clubs normands n'avaient alors pas assez d'arguments pour se mêler à la bataille des titres).


Ci-dessous à gauche : un article relatant le cavalier seul de l'équipe première. À droite : Félix Vicente avec la tenue de l'équipe de France.

Un autre fait nouveau survient lors des finales du secteur Grand Ouest. Jusqu'alors, nous avions pour habitude de laisser les places qualificatives aux finales de France à nos voisins bretons, lesquels figuraient de longue date parmi les meilleurs représentants français de la discipline. Cette fois, nous obtenons plusieurs qualifications. L'équipe première est ainsi qualifiée aux finales du championnat de France pour la première fois de son histoire en atteignant la finale du secteur, mais sans toutefois décrocher le titre, dont s'empare une nouvelle fois Thorigné-Fouillard. Jugeant que l'équipe était assez forte pour se passer de mes services, j'avais intégré l'équipe réserve, abandonnant ma place de capitaine à un autre joueur. Nous réalisâmes après coup que c'était là une erreur, les joueurs s'accordant à dire que j'étais un peu l'âme de l'équipe, et que ma présence en tant que capitaine était indispensable. Je repris donc ma place – pour ne plus jamais la quitter – à l'occasion des finales nationales, où nous allions nous défendre plus qu'honorablement, en décrochant la 8ème place au classement général des clubs français. Enfin, Janic DENEUVE se qualifie pour ces mêmes finales en individuel. Il terminera numéro 5 français. Cette fois, ça y est, nous sommes vraiment rentrés dans la "cour des grands" !


Ci-dessous à gauche : Janic Deneuve. À droite : les dirigeants et les sponsors lors de l'assemblée générale du club au Dakota.

Saison 2002-2003. La coupe de Normandie se plaît à Cherbourg.


Patatras ! Plus d'équipe !  

Le ciel nous tombe un peu sur la tête en ce début de saison. S'il était prévu que Félix Vicente et Stéphane Pieracci ne fassent qu'une saison au club, il n'était pas prévu qu'Alessandro Agnola parte vers d'autres cieux, que Christophe Coronas prenne une année sabbatique, que Janic Deneuve aille faire un tour chez les voisins équeurdrevillais, et que Mark Westmoreland ne soit plus disponible que par intermittences. Ça fait beaucoup d'un coup !  

Je suis à deux doigts de vouloir raccrocher et, finalement, je me laisse convaincre par l'ancien capitaine de l'équipe réserve, Cyril Fautrat, qui me dit grosso-modo : "Mais si, faut pas lâcher ! Tu vas voir, on va se battre !" C'est vrai que le niveau de tout le club a beaucoup augmenté, ces dernières années. Par ailleurs, nous venons d'obtenir plusieurs nouveaux sponsors et, si des publicités diverses commencent à apparaître sur nos tenues, nous pouvons désormais voyager quasiment gratuitement à travers toute la France. 

Enfin, Mark Westmoreland s'en mêle en me disant que, s'il ne reste plus que lui et moi de l'ancienne équipe, il se débrouillera pour se libérer lors des joutes les plus importantes. Allez, c' est donc d'accord, on essaye encore...


Ci-dessous : ma pomme et une assemblée générale du club relatée dans la Presse de la Manche.

Et bien m'en aura pris ! 

Pas d'exploits en open nationaux cette année (bon, ça, on s'en doutait un peu, quand même...), mais les nouveaux titulaires de l'équipe première auront pu engranger un peu de l'expérience que seules les joutes au plus haut niveau peuvent générer. Par ailleurs, nous assurons encore une bonne présence sur la scène régionale, ce qui devient de plus en plus difficile. Evreux, Vernon et Fourges nous ont rejoint dans le championnat normand, et Caen se montre de plus en plus menaçant, à l'image de son champion de France junior : Alban Martin. Cette saison, c'est Christophe Larrour et moi-même qui nous en sortons le mieux en individuel, Christophe décrochant la place de vice-champion de Normandie, et moi la 4ème place.

Ci-dessous un podium régional où Christophe avait pris la première place, et moi la deuxième : (de gauche à droite : Franky Dalleau, Nils Cadoret, Christophe Larrour, Philippe Lemaire)

Au final, c'est encore et toujours Equeurdreville qui s'octroie le titre en individuel et... et Cherbourg celui en équipe, bien sûr ! La finale entre nous et Equeurdreville restera la plus folle de ma "carrière" (je mets des guillemets à ce terme car, si nous dûmes souvent affronter des professionnels, nous ne fûmes jamais rien d'autre que des amateurs). 

Mark Westmoreland et moi remportons tous nos matchs tandis que nos coéquipiers ne parviennent pas à arracher la moindre manche. Ce sera au point que Mark, désabusé comme je ne l'avais jamais vu, m'adressera ces mots : "Nous ne pouvons pas gagner à deux contre cinq, Phil !". Nous sommes peu à peu menés 12 manches à 8, alors que le match se jouait en 13 manches gagnantes. Autant dire que c'était plié, ou du moins que ça aurait dû l'être. 

C'est cependant le moment que choisissent nos coéquipiers pour remporter enfin une frame chacun, et parfois dans des circonstances rocambolesques. 

Ainsi, Christophe Larrour, passablement énervé de n'avoir pas remporté la moindre manche, et se trouvant de nouveau en difficulté, va disjoncter complètement. Certain de sa défaite, il frappe comme une brute dans une de ses billes qui, après avoir heurté trois fois les bandes, tombe miraculeusement dans une poche. Il en sourit de dépit et cogne de la même façon sa dernière bille de couleur, laquelle connait le même destin. Nous dûmes alors le raisonner pour lui faire réaliser que, fût-ce grâce à une chance insolente, la noire était à présent tout à fait jouable. Il parviendra à se reprendre suffisamment pour empocher la noire normalement, mais cet épisode aura sans doute laissé des traces dans son esprit, car il quittera le club en fin de saison. 

La "remontada" se poursuit inexorablement par Mark Westmoreland, Cyril Fautrat et moi-même, pour déboucher finalement sur le score de 12 à 12, synonyme de manche décisive. Elle oppose Eddy Lecroëre, visiblement contrarié d'avoir à jouer ce match qui n'aurait jamais dû avoir lieu, à Fabien Anfray, dont c'est la première saison en équipe première. 

Les deux joueurs misent tout sur l'attaque et, à ce petit jeu, la table se vide rapidement et c'est Fabien qui arrive le premier sur la noire, qu'il manquera. Eddy en profite pour empocher ses dernières couleurs et arrive à son tour sur la bille fatidique. Elle est positionnée dans un angle délicat, mais demeure jouable. Sans doute conscient qu'il tient là l'opportunité d'offrir à son club le titre régional qui lui a toujours échappé, il frappe fort, la noire heurte les deux coins de la poche, mais ne tombe pas. Fabien se retrouve dans une position similaire, il se précipite un peu pour jouer, et on pense alors qu'il va commettre la même erreur. Mais finalement, il se redresse, prend le temps de respirer (et sans doute de contrôler son rythme cardiaque ! ^^), et c'est avec une application extrême qu'il reprend la position. On comprend alors qu'il ne tremblera pas, qu'il ne va pas non plus frapper comme un sourd, et la noire tombe. 

Cette fois, ce n'est plus de la simple psychose qui plane entre équeurdrevillais et cherbourgeois, il y en a qui commencent à devenir superstitieux, et se persuadent qu'un sort à été jeté pour empêcher quiconque de reprendre la coupe de Normandie à Cherbourg ! ^^


Ci-dessous : une coupe de champions de Normandie durement acquise ! 

Pour faire bonne mesure, lors des finales du secteur Ouest où nous sommes à nouveau correctement représentés, nous obtenons deux nouvelles qualifications aux finales du championnat de France : je me qualifie en individuel en décrochant la 3ème place du toutes catégories, et Christine Leriche y parvient également en féminines, s'octroyant la 1ère place de cette catégorie. Finalement, Cyril Fautrat aura eu raison, ce n'était pas encore le moment de raccrocher.


Ci-dessous : les qualifiés aux finales de France dans les différentes catégories. De gauche à droite : Lionel Truquet, Philippe Lemaire, Christine Leriche, Thomas Truquet, Christophe Larrour et Eddy Lecroëre.

Saison 2003-2004. Cherbourg et Equeurdreville inversent les rôles.


J'ai l'impression qu'on s'est un peu renforcés, cette saison. 

Deux joueurs venant du billard français (celui qui n'a pas de "trous"...  ^^) nous ont rejoint : Jean-Christophe Martin, un champion de "3 bandes" (mode de jeu spécifique au billard français), et Zou Do, un rugueux défenseur. (on appelle "défenseur", au pool, un joueur qui joue de manière très tactique, usant son adversaire en l'obligeant à jouer des coups très difficiles, par opposition à un "attaquant", joueur qui cherche à vider la table en empochant toutes les billes sans laisser jouer son adversaire)


Ci-dessous à gauche : la nouvelle équipe première. À droite : Zou Do dans son style très caractéristique, ce joueur présentant la particularité très rare d'être parfaitement ambidextre.

Ce sera pourtant moins bien que je ne le pensais. Des résultats en dents de scie, en fait.

Nous effectuerons, malgré tout, deux bonnes sorties en open national à Joué les Tours, puis à Pornic, où nous atteindrons le tableau final à seize équipes, nous classant ainsi 8èmes. 

En revanche, nous peinons en championnat régional où il faut désormais compter avec les clubs de Caen, Evreux, Fourges et Vernon qui se sont biens aguerris. Qui plus est, le club de Caen a décidé de frapper fort cette saison en s'octroyant les services de plusieurs internationaux, dont Christophe Lambert (multiple champion de France, d'Europe et du monde), Christophe Thebault ou encore Cédric Massol. Au final, c' est malgré tout Equeurdreville qui s'empare enfin du titre en par équipe devant Caen, tandis que nous terminons troisièmes. Mais, comme une ironie du sort, c' est nous qui décrochons, cette fois, le titre en individuel. 

Je l'arrache in-extremis lors du dernier match de la dernière journée, dans une confrontation m'opposant à Christophe Larrour qui, suite à sa finale en par équipe ratée contre Equeurdreville la saison précédente, avait jugé judicieux de rejoindre le club rival. Le match est âpre et tendu, Christophe prend la première manche avant que je n'en prenne deux et qu'il en reprenne une. À deux partout, c'est encore une finale qui va se jouer à la décisive !  Sans "disjoncter" comme il l'avait fait lors de la finale en par équipe de la saison précédente, Christophe manquera une empoche alors qu'il tentait la ferme (vider la table), et il ne m'en faudra pas plus pour conclure à sa place. Moi qui me sentais plus un joueur de par équipe que d'individuel, il faut croire que, peut-être inconsciemment, j'ai voulu ainsi maintenir l'équilibre entre les deux rivaux nord-cotentinois... ^^


Ci-dessous : l'article de presse relatant l'attribution du titre régional en individuel.

Cette année encore, nous parviendrons à être représentés aux finales du championnat de France. 

L'équipe première, malgré une saison moyenne, se qualifie de justesse pour les finales du secteur Ouest. Elle s'y réveillera enfin, s'octroyant la deuxième place qualificative pour les dernières joutes du championnat de France en atteignant la finale, où elle s'inclinera face à Equeurdreville. Dans la foulée de leur premier titre régional, nos voisins remportent donc aussi le secteur, après avoir éliminé l'ogre caennais en demi-finale. Ayant longtemps échoué dans les compétitions en par équipe, Equeurdreville y aura finalement particulièrement brillé cette saison. 

En individuel, nous enregistrons deux autres qualifications : Fabien Anfray et Jean-Christophe Martin, qui défendront donc les couleurs cherbourgeoises aux finales nationales. L'équipe terminera à la 9ème place nationale, et Jean-Christophe terminera à la même place en individuel. Pas si mal pour un joueur qui venait du billard carambole, et découvrait le billard à poches ! ^^

Cette année-là, les finales de France revêtent un parfum un peu particulier avec la présence des caméras de la chaîne de billard Kozoom. Les qualifiés sont présentés un par un par le speaker devant de gros objectifs sur pied, puis ils doivent gravir et redescendre, sous l'œil des caméras et sur fond musical, une sorte de podium pompeux envahi de fumigènes. La compétition prend donc résolument des allures de spectacle. Qu'il nous parut alors loin le temps des tournois de bistrot ! ^^ 

Ci-dessous : l'équipe première cherbourgeoise, vice-championne de secteur et qualifiée aux finales de France, en compagnie de l'équipe d'Equeurdreville, championne de secteur.

Ci-dessous à gauche : Jean-Christophe Martin et à droite : ma pomme.

Un article de presse faisant le point sur le classement de la ligue de Normandie à la mi-saison.

2004-2005. Un final en apothéose.


Finir en beauté !

C'est mon souhait principal, cette saison. Je sais que je vais vendre mon bar, je ne rejouerai peut-être jamais plus au billard, il faut donc prendre un maximum de plaisir lors de ces dernières joutes de compétition à haut niveau. En plus, ça tombe plutôt bien : Christophe Coronas en a fini avec son année sabbatique – qui aura finalement duré deux ans – et Janic Deneuve refrappe à la porte du Dakota Pool. Il n'est d'ailleurs pas le seul, car le club d'Equeurdreville disparaît lors de cette saison, et nous récupérons donc une bonne partie de ses joueurs, et pas des moindres, bien entendu.

Ce sera une véritable razzia...

De quoi regretter de devoir arrêter...

L'équipe première reprend son titre de champions de Normandie, sans concéder la moindre défaite de la saison. Suite à un formidable parcours lors des opens nationaux, elle se retrouve qualifiée d'office aux finales de France et, auréolée du statut de "tête de série nationale" (une première pour le club), n'aura même pas à disputer les finales du secteur Ouest . Et c'est pourtant Cherbourg qui remporte ces finales de secteur, cette année-là : par l'intermédiaire de son équipe réserve ! Il faut toutefois préciser que cette équipe n'avait de "réserve" que le nom, étant constituée de compétiteurs au niveau équivalent à celui des joueurs de l'équipe première, en raison des nombreux renforts survenus à l'intersaison.


Ci-dessous à gauche : l'équipe 2 cherbourgeoise championne de secteur et à droite : Julie Leroy, une débutante prometteuse.

Même tarif, ou presque, en individuel. Janic Deneuve prend le titre de champion de Normandie, Damien Tournaille celui de vice-champion de ligue et, enfin, Jean-Christophe Martin est à nouveau sacré champion de secteur, en individuel cette fois. Il réalise donc le doublé : champion de secteur en individuel et en équipe la même année. En un mot : que du bonheur !

La cerise sur le gâteau aura été une deuxième victoire en open national, à Obernai en Alsace, où le Cherbourg Dakota Pool avait disputé le premier open de son histoire en 1998, sans décrocher la moindre victoire à l'époque. Il n'y avait cependant plus aucune comparaison possible entre le niveau de l'équipe de 1998 et celui de la génération 2005. Qui plus est, trois joueurs de l'équipe avaient déjà remporté un open national quelques années plus tôt à Montluçon (Christophe Coronas, Janic Deneuve et moi-même), seul Damien Tournaille n'avait pas encore connu pareil exploit, une lacune qui n'allait cependant pas tarder à être comblée. 


Pour la plupart, les matchs furent gagnés d'extrême justesse, surtout ceux du tableau final. Le collectif a toutefois fonctionné à fond, car il y avait toujours un joueur pour compenser le manque de réussite momentané d'un autre. Les quatre (les équipes étaient désormais constituées de quatre joueurs au lieu de cinq) ont scoré de façon équivalente sur l'ensemble de cette longue journée (le trophée nous avait été remis à près de deux heures du matin alors que la compétition avait démarré la veille à huit heures du matin). Joué-les-Tours, ou encore Charnay-les-Macon, le club de Yannick Beaufils, nous posèrent de sérieux problèmes, mais l'équipe est parvenue à se hisser jusqu'en finale malgré tout, en remportant tous ses matchs du tableau final à la manche décisive ! 


En face, c'était Marseille avec sa cohorte de joueurs aguerris, mais nous l'étions désormais tout autant, et personne ne trembla au moment de faire tomber les billes noires fatidiques. 

Le club n'aura malheureusement pas survécu à la vente de mon commerce. C'est vrai qu'il faut un engagement énorme pour faire vivre une telle association, et sans doute être un authentique passionné, j'imagine. Cependant, le parcours de ce club, bâtit à la base avec des "écumeurs de bistrot", prouve que, pour qui le souhaite vraiment et s'en donne les moyens, beaucoup de choses qui semblent, à priori, irréalisables, ne le sont pas toujours autant qu'on l'aurait initialement pensé.



Ci-dessous : les souvenirs qui encombrent l'intérieur d'un compétiteur après quelques années de pratique (il n'y a là que mes propres trophées en individuel et une partie de ceux en par équipe, la totalité des coupes enlevées par le Dakota Pool est évidemment bien plus conséquente) :

Autre souvenir : ma rencontre avec Christophe Lambert en par équipe régional, l'année où il signa pour Caen. Christophe, multiple champion de France, d'Europe et du monde (difficile de faire mieux, hein ? ^^) était, bien entendu, mon idole, ce qui ne m'avait cependant pas empêché de remporter ma manche lors de notre affrontement en par équipe. M'attendant à me prendre une casse ferme de ce joueur trop dangereux, je m'étais particulièrement appliqué sur le "tirage à la bande" (destiné à déterminer à qui revient la casse), et je l'avais gagné. Ma première pensée avait alors été : "bon, je vais prendre une reprise ferme et pas une casse ferme, c'est déjà ça !" J'ai alors effectué une casse plutôt pas mal, et suis aussitôt parti à l'attaque, essayant de vider la table sans laisser jouer mon trop redoutable adversaire. Et puis je me suis vautré sur une replace... Gasp ! Que faire ? Tenter un coup plus qu'audacieux ? J'avoue avoir hésité, mais j'ai préféré jouer "à mon niveau", c'est-à-dire que j'ai effectué un geste défensif, un snook aussi soigné que je le pouvais. Christophe s'est sorti du piège et, qui plus est, en tentant l'empoche ! Ça ne rassure pas du tout, vous savez ? ^^ De là où il m'avait laissé, je ne pouvais toujours pas repartir à l'attaque, et je lui ai donc balancé un deuxième snook, encore plus corsé que le premier. Il s'en est à nouveau sorti, tentant une nouvelle fois l'empoche (après trois bandes pour sortir du snook !), et l'a de nouveau ratée d'un rien. Cependant, j'étais cette fois dans une position me permettant de repartir à l'attaque, et je n'ai plus loupé aucune replace, arrivant sur la noire dans une position où il n'y avait plus qu'à la pousser. Il se disait souvent que j'étais intraitable en équipe... ^^

Mon outil principal était une Mirage de chez Cue Craft, légèrement modifiée par un ébéniste puisqu'affinée et raccourcie. Un modèle de base, mais d'une marque certes prestigieuse. J'avoue avoir toujours apprécié l'inertie importante que procure le fût en palissandre de cette queue. Après avoir arpenté les quatre coins de France pendant des années, il est hélas devenu bien rare qu'elle prenne de nouveau l'air, si ce n'est pour rappeler de temps à autre à mon beau-fils que si, si... le vieux est encore capable de faire un cassé fermé ! ^^ 

Les caméras n'étaient pas encore très utilisées à l'époque du Dakota Pool, je ne dispose donc pas de vidéos à présenter ici. En revanche, en voici une mettant en scène Félix Vicente, qui porta les couleurs de notre club. Il joue ici pour Troyes, contre Pierret de Joué les Tours, lors d'une finale vétérans. Hé oui, beaucoup de temps s'est écoulé depuis les exploits du Cherbourg Dakota Pool, et ceux qui ont arboré les couleurs de ce club tout en pratiquant encore aujourd'hui sont désormais dans cette catégorie.

Une autre avec une reprise ferme de Christophe Lambert, mentionné plus haut.

et la manche décisive qui sacra Yannick Beaufils champion du monde en 2022, contre l'Anglais Daniel Ashley :


L'aventure du Cherbourg Dakota Pool a largement inspiré mon roman, la demoiselle de Tonneville, dont l'action se déroule dans un... club de billard anglais ! ^^ Vous retrouverez dans cet ouvrage plusieurs clins d'œil à ce club qui défraya la chronique en son temps, ainsi qu'une approche détaillée de ce qu'est la vie d'un club de billard. Je savais très bien de quoi je parlais en écrivant ce livre, et pour cause, n'est-ce pas ?