UT4M section Vercors

Nom de la course: Ultra-Trail des 4 Massifs

Lieu: Grenoble (38)

Catégorie: course trail

Date: Vendredi 21 août 2015 08:00

Distance: 40.20 km

Temps: 4:50:00

Dénivelé: +2800 m / -2800 m

Vitesse moy.: 8.3 km/h

UT4M, ou le tour des 4 massifs Isérois entourant Grenoble. Soit dans l’ordre, Vercors/Taillefer/Belledonne/Chartreuse, pour un total de 168km et 10000m de dénivelé. Bien trop pour moi, après mes déconvenues sur l’UTMB. Heureusement existe ici la possibilité de l’effectuer en relais de 4 – un massif chacun, le compte est bon.

Nous montons plusieurs équipes au sein du Taillefer Trail Team : je dois assurer la première portion, de Grenoble à Vif à travers le Vercors ; Cyrille, le talentueux photographe qu’une star du trail mondial a choisi pour le suivre au bout du monde, me relaiera ; puis Robin tâchera de traverser sans encombre, de nuit, le massif rocailleux de Belledonne, avant un dernier relais à travers la Chartreuse par notre capitaine David. 4 épreuves exigeantes à part entière.

Fort de mon « stage de remise en forme » dans l’Oisans, j’aborde l’évènement avec sérénité. Avec 2 jours de repos avant la course, les jambes sont reposées et la tête a envie d’en découdre. De plus, les conditions météo sont excellentes, seules sont à craindre les températures élevées dans les vallées.

Sur les premiers km pour sortir de l’agglomération, l’allure n’est guère élevée. Aussi en profitai-je pour rejoindre les premiers, parmi lesquels je reconnais Aurélien Collet, du team Hoka. Un gros calibre que je risque de ne pas voir longtemps.

Petit moment de gloriole en tête de course à Fontaine, avant le début de l’ascension. La réalité se rappelle à moi et il me faut laisser filer Aurélien et deux autres concurrents, engagés sur l’« UT4M Vercors », une course annexe que je n’avais pas repérée… sans le savoir, je suis au moins en tête des relayeurs.

Les sensations sont excellentes - je trottine sur toutes les portions <10% - mais les pulsations cardiaques hautes - constamment au-delà de 170bpm : avec le recul, cette intensité me semble la cause principale de mes petits soucis par la suite.

Un signaleur peu commun gère la circulation à la Tour sans Venin : rien moins que le vainqueur de l’an passé ! Beau geste que de donner de son temps à l’organisation.

Si l’on est encore très loin des foules de spectateurs et de l’ambiance présentes au départ de l’UTMB, aux Houches, à St-Gervais… ceux que je croise ne ménagent pas leurs applaudissements et encouragements. Cela me permet de jauger de l’écart avec mes poursuivants, qui semble dépasser la minute au pied du tremplin olympique.

Les marches pour le remonter sont hautes, la pente est raide… j’y trouve mes limites et sue à grosses gouttes. Et dire qu’Aurélien, vidéo rétrospective à l’appui, les a gravies aisément en petites foulées !

Premier ravitaillement au sommet (km 13) : je suis mon plan de course et poursuis ma route sans m’arrêter, pour me rendre compte un km plus loin… que j’étais à sec ! Les chaleurs m’ont fait boire bien plus que prévu, et il va falloir tenir jusqu’au prochain, une heure peut-être. Mauvais, ça.

L’ascension vers le Moucherotte se poursuit sur des sentiers faciles et, depuis Grenoble, globalement ombragés. A l’approche du sommet, je « taxe » une gorgée d’eau à un randonneur et aperçois deux poursuivants en me retournant : la menace se précise, même si l’on me crédite encore de 2’ d’avance au sommet.

La redescente est bien plus roulante que prévu, d’abord sur une large piste caillouteuse, puis à travers des alpages herbus. En revanche, le ventre se noue et me fait perdre de ma foulée ainsi que de la lucidité. Cela se paie par une cabriole-glissade sur un lit de cailloux, puis un arrêt forcé dans les sous-bois. J’y perds toute mon avance et suis rejoint par 2 relayeurs qui, devant manifestement se demander d’où je sortais, s’enquièrent de mon équipe.

Nous arrivons tous les trois au second ravitaillement (Lans, km 20). A sec donc, un peu entamé et surtout le ventre en vrac, je prends cette fois le temps de faire le plein et repars à quelques encablures des 2 autres.

Le chemin qui mène au Pic Saint-Michel est certes sinueux et pierreux, mais globalement plat, et je vois bien, au nombre de fois où je me remets à marcher, que le rythme n’y est pas. Tant pis, j’oublie mes adversaires et me concentre sur ma réhydratation.

Un regain d’espoir arrive en approchant du sommet du Pic : les douleurs abdominales passent, je reviens peu à peu sur le second. Ce dernier me laisse même passer devant brièvement, en proie à des crampes, avant que nous entamions ensemble la descente du Col de l’Arc.

Une longue descente vers St-Paul-de-Varces, raide mais pas spécialement technique, où je dois moi aussi composer avec à des débuts de crampes, aux mollets et périostes, des spasmes aux abdos… et une poche à eau à nouveau vide ! Ça se gâte aussi pour mon compagnon éphémère, qui perd peu à peu du terrain.

vers le Col de l'Arc (photos: organisation UT4M)

Entrant dans St-Paul, je n’ai qu’une phrase à la bouche : « y’a un point d’eau pas loin ?? ». Et je ne manque évidemment pas la fontaine salutaire devant l’église. Il me reste 7km et la montagne Duriol à franchir, qui sépare la vallée de St-Paul de celle de Vif. A peine 500m D+, pas bien impressionnante depuis le Moucherotte… mais le bonhomme est désormais bien entamé ! L’ascension a beau se faire sur une piste régulière, ombragée, je n’ai plus la force (ou le courage ?) de courir. Un randonneur me donne à 2’ du premier relayeur, j’ai de sérieux doutes.

Ultime descente vers Vif, effectuée sans plaisir, me forçant à me pencher dans les portions raides pour ressembler encore un peu à un coureur. Mais j’y aurai forcément perdu du temps, ainsi que dans Vif, en proie à un point de côté (rarissime) qui m’empêche de courir.

Je passe le relais à Cyrille en 2ème position après 4h50, dans un piteux état - qui ne sera heureusement que passager, 8' après le premier relayeur et surtout 40' après Aurélien Collet (ouch !).

La suite sera plus compliquée pour mon équipe, Cyrille revenant notamment de blessure. Chacun bouclera néanmoins sa section, et nous terminerons notre UT4M en 17ème position.