Semi du Beaujolais
Date de publication : Nov 24, 2013 12:25:56 AM
Plus qu'une soif insatiable de compétition, c'est le besoin constant de me rassurer qui me fait porter à nouveau un dossard. Me voilà donc, en ce samedi de novembre, à fêter le Beaujolais Nouveau de façon sportive, comme 8000 autres coureurs. Après deux marathons, Je m'aligne cette fois sur le semi, qui ne devrait pas me laisser de traces.
Retrait du dossard à Villefranche-sur-Saône, transfert par la première navette vers Arnas : j'entre dans un gymnase désert, à plus de 2h du départ. 10' pour me préparer... et je me dis que l'attente va être longue. Heureusement, les premiers du marathon vont bientôt passer, l'occasion de les applaudir, et notamment Rémi, qui décrochera une superbe 5ème place.
Le vent est glacial et je suis transi en quelques minutes ; vite, je m'engouffre dans le gymnase - désolé pour les suivants - pour n'y sortir qu'à 10' du départ ; j'ai en effet droit au sas Elites. D'un autre côté, être blotti au milieu des 3000 autres coureurs m'aurait évité bien des claquements de dents.
C'est parti ; les premières foulées sont toujours faciles, avant que la dette d'oxygène ne s'installe. Aucune douleur articulaire, comme lors de mes dernières séances : cela fait bien longtemps (juillet 2012, peut-être ?) que cela ne m'était plus arrivé. Glop, glop !
Un petit groupe de 5 se détache rapidement, devant 2 coureurs intercalés, puis un groupe d'une quinzaine d'unités, dont je fais partie. Chacun semble vouloir s'abriter du vent (glacial), défavorable sur le début du parcours, à la manière des cyclistes sur route. Cela provoque même une baisse de rythme, à un moment où plus personne ne veut "mettre le nez à la fenêtre".
Au km6, le groupe explose sous l'impulsion de trois coureurs, dont mon ami Yann, qui signe un beau retour à la compétition. Je rate le coup et, plutôt que de prendre du vent, reste aux côtés d'une paire de coureurs, jusqu'à ce que le vent devienne favorable. L'allure est stabilisée à 16km/h, le souffle aussi. Pas de coup d'oeil sur les pulsations : je me prends à jouer le classement et grignote peu à peu mon retard, d'abord sur un coureur, puis sur Yann, vers le km13.
Le parcours est commun avec la fin du marathon : il nous faut souvent slalomer entre nombre de marathoniens, tantôt titubants, tantôt perclus de crampes, souvent costumés... j'en aurai doublés, des bagnards et des super-héros ! Rajoutez des spectateurs en masse aux ravitaillements, des fanfares... l'ambiance sur ce Marathon est une fois encore à la hauteur de sa réputation, en dépit des conditions hivernales.
Les ravitos ? Ah oui, les ravitos... pas grand-chose à dire, vu que je les ai tous zappés. Pas une goutte d'eau, pas un abricot sec, je me serai contenté des 2 carrés de sucre croqués avant le départ. Néanmoins, j'ai cru discerner du liquide violacé dans un certain nombre de gobelets... les amateurs auront pu déguster.
Et le Beaujolais Nouveau, dans tout ça, puisque c'était bien lui qu'on célébrait ?? Ben... pas bu une goutte. Ni pendant, ni même après. Juste une... bière pour me remettre de mes efforts ! Honte sur moi.
La fin de course se résumera à une balade express avec - ou plutôt derrière - Yann, que j'aurai relayé autant que je le pouvais. Mais le TGV caladois a décidément une foulée plus efficace. C'est donc en toute logique qu'il me devance à l'arrivée à Villefranche. Je stoppe le chrono et ô joie : moins d'1h20, quasiment mon meilleur chrono sur la distance !
Etrange automne : autant je ne m'impressionne guère à l'entraînement (pour ne pas dire que je me traîne), autant les compétitions se succèdent avec une relative réussite, comparativement à mes performances passées. Dois-je en remercier l'UTMB, en fin de compte, après toute la souffrance et le désarroi qu'il m'a procurés ?
SaintéLyon, J-14 : si l'on fait abstraction de l'inquiétante couche de neige sur les hauteurs, tous les voyants sont au vert. L'affiche de l'épreuve a remplacé la photo de mariage au-dessus du lit. Les ASICS Kinsei attendent patiemment leur heure dans leur écrin. Je récite un verset de l'Apocalypse selon St-Trottet, chaque soir. J'ai croqué mon dernier carré de chocolat ce soir. Et l'appartement commence à vibrer au son des Black Eyed Peas, mon hymne en pareille période... n'en déplaise à mes voisins.