Abraham Assueid

L’ISLE DE FRANCE

Par Avraham Assuied

Les années 70 en France, furent sans doute avec les années 20, les meilleures du 20e siècle.

Les ados des années 70, dans mon quartier par exemple, se composaient d’une majorité de Français pure souche, garçons et filles, d’un certain nombre d’Arabes ressortissants pour la plupart d’Algérie, fraichement décolonisée, et de quelques Juifs. Les prénoms étaient français, sauf ceux des Musulmans.

Kabyles ou Arabes, (il ne fallait pas les confondre) s’appelaient Ali, Rachid, Mouloud, Ramdam. C’étaient de bons camarades d’école, devenus des potes puis des amis. L’Afrique noire était moins représentative dans ces quartiers populaires de Paris, à quelques bouffées de cigarette de la République.   

Les diabolos menthe, lait grenadine et autres boissons colorisées d’alors, consommés dans les bars d’Isle de France, agrémentés de Juke box, babyfoot et flipper, canalisaient les crises existentielles d’adolescents aux cheveux long, sapés de pattes d’éph et de chemise à fleurs.

Nous étions en pleine révolution sexuelle. Faites l’amour pas la guerre était la pensée du moment dont l’attention s’appliquait avec zèle. C’était une époque d’après-guerre, émancipatrice à la faveur des trente glorieuses et dont l’essor économique générait un réel sentiment du vivre ensemble.

Qui aurait pensé qu’au 21e siècle, les enfants, petits-enfants d’Ali, Rachid, Mouloud, Ramdam, stigmatisés par d’ignobles attentats terroristes, feraient l’objet d’un « Pas d’amalgame » musulman, tandis que dans les rues de Paris on défilerait sous le slogan d’Allah Ou Akbar en hurlant « Mort aux Juifs » ?

Un amalgame à la fois judéophobe et anti Israéliens, assimilant l’ensemble à des nazis sortis de bande dessinée appelée BDS. Mais c’est vrai qu’en mai 68, déjà, on entendait côté cœur CRS SS, tandis que côté cour, le National-Socialisme virait à l’extrême-droite, retournant dans sa tombe la gauche non communiste des années 30.

L’époque a radicalement changé. Il est certainement peu courant de voir en France un Musulman partager avec un Juif la Sorba du Ramadan. D’ouïe dire par les Beurs : les Palestiniens ont toujours été des Feujs avant d’être Israéliens ou que Jérusalem est une ville Feuj, même un « tebê » sait cela.

Qu’êtes-vous devenus amis de la patrie française, on ne vous entend plus ? Sur le haut du pavé, des Mohamed, dont la rhétorique amère (Mérah en verlan) a seul le droit « de cité », appellent au meurtre, hommes, femmes, enfants, au nom d’un Islam authentique, fondé sur un Coran d’origine.

L’histoire se parle en verlan et marche à l’envers. La guerre israélo-arabe n’oppose plus tanks contre tanks, batailles navales et combats aériens. Il n’y a plus de guerre conventionnelle. Elle a disparu au profit d’un conflit israélo-palestinien créé avec l’OLP en 1964 et par lequel il y aurait un Peuple de trop.

Ce conflit, totalement asymétrique, se résume désormais à une simple question : êtes-vous pour ou contre le génocide du Peuple d’Israël ?

Posée ainsi, la question pourrait prêter à sourire et faire oublier qu’un sourire peut aussi se faire d’une oreille à l’autre.

De plus en plus de braves gens sont impatients de rétablir une justice pleine d’amour et de paix sur terre. Ils sont agacés de sa lenteur d’exécution.

L’époque où les Juifs montaient docilement dans les wagons à bestiaux est révolue, mais pas celle de leurs tortionnaires.

A modern new haine for antisémite.

                                                                          Avraham Assuied