Antisémitisme et antisionisme sont-ils synonymes ?

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Antisémitisme et antisionisme sont-ils synonymes ?

La question fait débat. Il est vrai que certains antisémites sont sionistes. Ils enverraient volontiers tous les Juifs en Israël se battre contre les arabes jusqu'au dernier. Ils peuvent être aussi islamophobes, éliminer par la même occasion les arabo-musulmans qui viennent manger le pain des européens ne peut pas faire de mal.

Les antisémites peuvent être antisionistes. Ils ne veulent ni terre pour les juifs ni juifs sur leur terre.

Il existe aussi des sémites antisionistes. Sans l'intervention de Dieu il ne peut y avoir d'État Juif.

Des philosémites peuvent être sionistes également considérant que les Juifs peuvent construire leur beau pays en Israël et qu'ils pourront y passer leurs vacances.

Pour la plupart, Juif et sioniste sont synonymes, un exemple parmi des milliers d'autres : le maire de Bradford en Angleterre déclare «notre système éducatif ne parle que d'Anne Frank et des six millions de sionistes tués par Hitler».

Moi qui pensais bêtement que le sionisme était simplement un mouvement nationaliste qui voulait le retour du peuple juif sur la terre de ses racines, me voilà en pleine confusion avec l'introduction du racisme, du colonialisme, du messianisme, du christianisme, de l'islamisme, de l'humanisme et de tant de mots en isme, de l'ONU, l'UNESCO, l'UNRWA, l'OCI et de tous ces organismes, j'ai du mal à m'y retrouver.

Pour tenter d'éclaircir cette situation j'ai décidé d'élaborer un petit lexique du sionisme.

·      Aboli-sionisme : libération, abrogation. Libération des esclaves. Moïse était un aboli-sioniste, il libéra les esclaves hébreux du joug pharaonique et, après quarante ans dans le désert, les conduisit au pays de Sion. On peut citer aussi Robert Badinter aboli-sioniste grâce à qui fut abrogée la peine de mort.

·      Absten-sionisme : action de ne pas prendre parti. Comme le disait le regretté Coluche "Je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire". Lors des conflits, les abten-sionistes renvoient dos à dos les belligérants, les agresseurs et les agressés, trouvant souvent des excuses aux agresseurs, surtout si ceux-ci sont décrits comme de pauvres Arabes exploités et les agressés des Juifs surs d'eux-mêmes et dominateurs[i].

·      Annex-sionisme : volonté de rattacher un territoire ou un pays à un autre. Israël, se basant sur les écrits bibliques ou sur les accords du traité de San Remo sur le Foyer Juif est dans une certaine mesure annex-sioniste. Certains territoires qui, à la suite de guerres,  avaient été annexés par la Jordanie (Jérusalem) ont été repris par les Israéliens. D'autres  ont été pris pour des questions de sécurité nationale (Golan en Syrie). Les Palestiniens sont également annex-sionistes, ils  veulent annexer la totalité d'Israël de la mer au Jourdain.

·      Contor-Sionisme : dérivé d'une discipline acrobatique exigeant une grande souplesse permettant des torsions extrêmes du corps. Le contor-sionisme  intellectuel tort les idées dès lors qu'elles ont trait à Israël. Il est souvent développé par des juifs anti-israéliens. Rony Brauman essaie de démontrer[ii] que les défenseurs d'Israël sont antisémites et que la majorité des Juifs dont Théodore Herzl était antisioniste. Edgar Morin, théoricien de la "Pensée complexe" clame son identité juive pour soutenir l'antisémite et anti-israélien Tarik Ramadan[iii]. Des associations juives et israéliennes contor-sionistes sont financées par des organisations pour qui l'État d'Israël ne devrait pas exister. 

·      Expan-sionisme : doctrine qui prône l'expansion de territoires au-delà des frontières. Israël est accusé d'expan-sionisme  parce qu'à chaque guerre déclenchée par les pays voisins, il a étendu son territoire. La suite a montré qu'il a suffi de négociations et d'un traité de paix pour restituer ces territoires. Accuser Israëld'expan-sionisme en refusant la paix relève donc du procès d'intention.

·      Illu-sionisme : art consistant à donner une perception altérée de la réalité. La méthode Coué, appliquée par la plupart des gouvernements arabes depuis le sommet de Khartoum en 1967 en est le triste exemple: triple non, non à la paix, non à la négociation, non à la reconnaissance d'Israël. Encore maintenant en faisant adopter par l'Unesco une résolution disant que les lieux de mémoire de l'histoire juive n'ont jamais été Juifs et appartiennent aux Musulmans (le mur des lamentations par exemple), ces illu-sionnistes prennent une décision aberrante qui va à l'encontre de la paix et de leurs propres intérêts. Personne ne peut y croire, ce sont de mauvais illusionnistes.

·      Impré-sionisme / Expré-sionisme : mouvements artistiques surtout connus dans l'art pictural. C'est une toile de Monet "Impressions soleil levant" qui a donné son nom à l'impressionnisme. Involontairement il faisait déjà référence à l'Orient où se lève le soleil. Pissaro était un peintre impré-sioniste. L'Expressionnisme est apparu en Allemagne au début du 20ème siècle. Il fut considéré comme un art dégénéré par les nazis. Soutine fut un peintre expré-sioniste, il  y en eut beaucoup parmi les artistes de"l'Ecole de Paris". 

·      Néga-Sionisme : falsification de l'histoire, négation de faits avérés. Les néga-sionistes prétendent que la Shoah n'a pas existé. Par extension ce terme est utilisé pour la négation de crime contre l'humanité. M. Faurisson affirme que les nazis n'ont pas exterminé les Juifs, qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz, qu'Auschwitz était une plaisanterie[iv], que tout a été inventé pour financer Israël. Comme j'aimerais qu'il ait raison! Mais où sont passés nos grands parents? Ont-ils seulement existés? Les Juifs seraient donc extraordinaires, ils se reproduiraient par génération spontanée? On trouve les néga-sionistes  à l'extrême droite, chez les radicaux musulmans, et aussi à l'extrême gauche.

·      Révi-sionisme : réinterprétation de faits historiques. Proche du néga-sionisme concernant la Shoah, le révi-sionisme a servi à condamner sous Staline les Juifs révolutionnaires en URSS. En Israël il consiste à dénier les géographes, diplomates, voyageurs, dictionnaires et encyclopédies qui ont décrit aux 18ème et 19èmesiècles la Palestine-Eretz Israël comme une terre dépeuplée, désertique, insalubre et insécure[v]. Les révi-sionistes la présentent comme une terre fertile, un paradis musulman ou régnait la paix et la liberté en dépit des colonisateurs turcs et britanniques. 

·      Ségréga-Sionisme : discrimination, apartheid. Les groupes de défense des droits de l'homme ont condamné Israël pour la barrière de sécurité, "mur de séparation" et pour le traitement de la population arabe en citoyens de seconde zone. Le ségréga-sionisme ne peut être que le fait d'Israël. Exemple dans la presse : 50% des Israéliens juifs refusent de cohabiter avec des arabes c'est de la ségrégation, 100% des arabes refusent la cohabitation avec les juifs, c'est normal. L'organisation BDS qui boycotte les "sionistes" et délégitimise Israël ne se considère pas ségréga-sioniste, sa discrimination est citoyenne (sic).  

·      Franc-ma-sionisme : néologisme que j'utilise pour décrire la loge du Grand Orient de  France "l'Étoile d'Israël". Cette loge promeut les valeurs maçonniques : "la tolérance mutuelle, le respect de soi-même et des autres, la liberté absolue de conscience",  et combat pour la légitimité de l'État d'Israël.

CF, le 20 avril 2016

[i] Général de Gaule - conférence de presse du 27 novembre 1967 

[ii] Non, antisionisme et antisémitisme ne sont pas synonymes (Mediapart), 31 mars 2016. 

[iii] "Au péril des idées" ed. Presses du Châtelet, 19 mars 2014. 

[iv] Banquet de Rivarol, 9 avril 2016. 

[v] Chateaubriand, Elisée Reclus, Mark Twain, etc.