Et si j'en parlais à mon cheval ?

Et si j'en parlais à mon cheval ?

Mon cheval, que je n'ai pas, sait faire la différence entre le réel et le spirituel ; il sait qu'un seau d'avoine nourrit plus qu'un bon sermon. Mon cheval connaît la légende de sa lointaine cousine Al Bouraq qui s'est, dit-on, vaillamment envolée vers le ciel avec Mahomet sur son dos.

Sachant que l'Islam date de 622, que le premier Temple de Jérusalem a été construit par les Juifs un millénaire avant notre ère, que le second a été détruit en 70 après l'avènement  du christianisme, mon cheval s'interroge. Il a entendu que sa cousine Al Bouraq a effectué son voyage nocturne vers 620, an -2 du calendrier islamique, il s'interroge. Il sait qu'un cheval ne vole pas. Il n'y croit pas. Il ne croit pas aux miracles.

Ce que sait mon cheval, le gouvernement français l'ignore. Où plutôt il feint de l'ignorer. La France qui fut la fille aînée de l'église avant d'être la championne de la laïcité a balayé son passé et ses principes à l'Unesco. Faisant fi de l'histoire et de la raison, elle a voté une résolution mensongère qui prétend qu'à Jérusalem, le Mont du Temple et le mur des Lamentation sont des lieux exclusivement musulmans puisque c'est de là que s'est envolé Mahomet sur sa jument.

Quelles sont les raisons de ce vote du gouvernement français qui dénonce les écrits bibliques et font du Coran la référence unique ? 

Plusieurs hypothèses sont envisagées. Certaines parlent de soumission (Islam en arabe) de la République Française. 

Voyons les conséquences de ce vote ; elles sont effrayantes, pour les religions, les citoyens et la paix dans le monde.

Aux Israéliens et aux Juifs en général qui sont directement visés, ce vote dit que la France considère que les Juifs n'ont pas d'histoire, que leur mémoire est une falsification, qu'ils n'existent pas en tant que peuple ni religion. Ils n'ont donc aucune légitimité.

Aux chrétiens, ce vote de la France dit que le Christ n'a pas pu chasser les marchands du Temple, qu'il n'a pas été crucifié, et d'ailleurs qu'il n'a pas existé puisque Juif et que pour la France les Juifs n'ont jamais eu d'existence.

Les musulmans eux-mêmes sont concernés puisqu'ils se reconnaissent dans les peuples du Livre lequel par ce vote révisionniste à l'Unesco perd toute légitimité. 

Et pour les autres, ceux qui ne croient qu'en l'homme, l'Unesco dit qu'il ne faut accorder aucune importance à son passé, à son histoire et à ses racines. 

En remettant en question par son vote les bases d'une partie de l'humanité, le gouvernement français essaie-t-il de contrecarrer les propos de "contor-sionistes" tel Alain Gresh du Monde diplomatique, l'ami de Tarik Ramadan, qui prétendent que la France par sa politique pro-sioniste est devenue une cible "légitime" pour les djihadistes ? La question est sans réponse. 

Quant aux francs-maçons, la négation par l'histoire "officielle" du Temple de Salomon qui est leur mythe fondateur va-t-elle remettre en cause leurs valeurs basées sur la raison ? 

La reconnaissance par l'Unesco et par la France des "vérités" révélées musulmanes doit-elle abolir la recherche de la vérité, l'amélioration matérielle et morale, le perfectionnement intellectuel et social de l'humanité ? La laïcité ? 

L'empereur Caligula avait nommé consul Incitatus, son cheval. 

Le gouvernement français devrait s'en inspirer. 

A la place d'un diplomate du Quai d'Orsay, un cheval qui sait qu'Al Bouraq est une légende et qui représenterait la France à l'Unesco, voterait plus sûrement pour la tolérance mutuelle, le respect des autres et de soi-même, la liberté absolue de conscience. Nonobstant les conceptions métaphysiques il se refuserait à toute affirmation dogmatique. 

Il aurait plus de raison.

C. F. - le 28 mai 2016