Notre culture, notre langue, notre droit placent aujourd'hui une frontière forte entre l’homme et les choses. Ils étayent ainsi une position éthique de principe : on peut agir sur les choses, on ne doit pas agir sur l’humain. Quand il s’agit de choses, tout est possible, et on peut en faire n’importe quoi.

Je voudrais ici interroger cette conception, en la remettant en perspective dans une histoire culturelle, et particulièrement au regard des récits bibliques de création du monde que l’on trouve dans les livres de la Genèse : ils nous proposent en effet un autre point de vue, qui ne situe pas la frontière la plus décisive entre homme et choses.

Ce déplacement de perspective croisera les intuitions d’anthropologues qui prennent également quelque distance vis-à-vis de notre conception moderne des rapports entre hommes et choses. Il soutient deux interrogations :

Faut-il prendre le dualisme moderne homme-choses comme argent comptant ?

Faut-il plaquer cette conception moderne sur les récits bibliques ?

Ce questionnement peut permettre d’ouvrir des voies pour comprendre autrement les frontières de l’humain dans le rapport aux choses. Il prendra la forme d’une brève histoire des « choses », de l’évolution du sens que nous avons donné à ce mot.

Abstract : What about the modern way of looking relations between Man and things ? Does it allow to understand biblical narrations of Creation ?