Les incidences de la scolarisation illégale sur l’isolement social des enfants de sectes

La conférencière

Lorraine Derocher est sociologue, présentement chargée de cours à l’Université de Sherbrooke et collaboratrice au Centre de recherche Société Droit et Religions de l’Université de Sherbrooke. Elle s'intéresse principalement aux enfants qui grandissent au sein de sectes fermées, ce qui fut le sujet de sa thèse de doctorat en études du religieux contemporain de la Faculté de théologie et d'études religieuses de l'Université de Sherbrooke.

Résumé de la communication

Les chercheurs de diverses disciplines en sciences humaines s’entendent pour définir la secte à partir de son degré de rupture avec la société environnante. À son extrême, certains mouvements sectaires vivront dans l’isolement quasi total prônant une idéologie manichéenne voulant que le monde extérieur soit méchant et parfois même voué à la destruction par la volonté divine. Ces mouvements tentent ainsi de créer une microsociété dans laquelle des enfants sont socialisés. Ne reconnaissant pas l’autorité étatique, certains mettront sur pied des écoles illégales, pratique justifiée par leur discours religieux, prétextant qu’ils valorisent l’apprentissage en famille. Par ailleurs, l’analyse de la jurisprudence (au Québec) en regard de décisions judiciaires en protection de l’enfance concernant des enfants en danger au sein de sectes nous révèle que l’isolement social a souvent été retenu comme motif de compromission de développement. Nos recherches ont fait un lien entre la scolarisation à la maison — qu’elle soit légale ou non — et la volonté d’isoler les enfants de sectes des membres de la société. Nous considérons donc que les modalités de la scolarisation en milieu sectaire peuvent être des indicateurs, pour les agents de la protection de l’enfance, qu’un enfant soit victime d’isolement social, au sens où la Loi sur la protection de la jeunesse l’entend.

Colloque: REGARDS CROISÉS SUR L'APPRENTISSAGE EN FAMILLE (L'« ÉCOLE A LA MAISON »), Congrès de l'Association francophone pour le savoir (ACFAS), Montréal, 14 mai 2014.