Le développement des pédagogies différentes dans l’enseignement public français depuis les années 2000

Marie-Laure VIAUD

La conférencière

Marie-Laure Viaud est maîtresse de conférences à l’Université d’Artois, France.

Résumé de la communication

En France, les enseignants du public sont de plus en plus nombreux à déclarer utiliser les pédagogies nouvelles (Freinet, Montessori…). Nous exposerons les résultats de deux études visant à analyser cette situation :

1/ Un recensement des écoles, collèges et lycées expérimentaux ayant existé, ouvert ou fermé sur les trente dernières années montre que le nombre total d’établissements publics alternatifs n’a pas augmenté : seules les structures pour décrocheurs et les pratiques au sein de classes isolées d’établissements standard sont en développement.

2/ Une enquête menée auprès des professeurs des écoles débutants montre que les 3/4 d’entre eux souhaitent mettre en œuvre des pratiques «Freinet» ou «Montessori». Il ne s’agit pourtant pas d’une adhésion à une pédagogie, mais du souhait d’adopter des «techniques» isolées, perçues comme pouvant être mises en place indépendamment des pédagogies historiques dans lesquelles elles ont vu le jour : on retrouve là un souci de «refus des étiquettes» qui concerne tous les domaines de la vie sociale (Lahire, 1998). Les pratiques qu’ils citent sont aussi majoritairement centrées sur le «vivre ensemble» et la régulation de la vie de groupe bien davantage que sur les apprentissages eux-mêmes. Cela conduit à se demander si ce ne sont pas des pratiques pédagogiques mal connues et décontextualisées qui sont ainsi présentées comme porteuses d’espoir par les enseignants débutants, au risque, peut-être, d’une déception possible.