J'AI QUELQUE CHOSE À DIRE
CAUSE-ON
LA DÉCOUVERTE
L'ÂGE DES COLÈRES
Antonin Ménard
CAMILLE MAQUILLÉ(E)
Camille a 14 ans, vit seul(e), on ne sait pas pourquoi, pour ses amis, son entourage, l’école, il/elle vit avec sa mère, son père est éloigné. Steph, camarade de classe l’invite à une soirée à laquelle il/elle voudrait participer mais il/elle a peur de dévoiler son secret.
Il / elle va partager son secret
- - prologue
I - La confidence
II - la fête
III - la trahison
IV - le souvenir
Pièce écrite pour les élèves de la classe « Mandela » du collège la Vanlée de Bréhal, dans le cadre d’un partenariat avec le Préau/CDR de Vire pour une présentation au Festival Ado #4. Le personnage de Camille comme de ses amis pourront être pris en charge par plusieurs acteurs/ actrices…pièce déposée à la SACD 2013 n° 000035676
*
EXTRAITS
1-
PROLOGUE
trois versions d’un ennuie dominical d’un/une ado de 14 ans. C’est peut-être le même dimanche, chaque texte est porté par un acteur/actrice différent.
Camille
Moi c’est Camille. C'est le week-end. C’est le week-end de la fête des mères. Je suis seule, vraiment. Ma mère a moi, n'habite plus ici. Je me débrouille. Mon père : no comment. Mon frère : idem. Pour moi c'est vraiment un week-end comme un autre. C’est un jour comme un autre. Pas de fête vraiment, personne à qui offrir quoi que ce soit. C’est pas grave. Non c’est pas grave, c’est vraiment pas grave. Je m'assieds dans le canapé. Je regarde par la fenêtre. De là, du canapé je vois la fête qu’on fait en face. Par la fenêtre, c’est par la fenêtre que la fête se fait. J’observe. J’observe vraiment. Je peux voir que dans le bâtiment d'en face on y fait la fête. Moi toute seule, dans ce chez moi, je vois la fête en face. Ce chez-moi vraiment. Je me débrouille vraiment. Plutôt bien vraiment. Pas le choix vraiment. Pas vraiment le choix. Je me débrouille comme une grande vraiment comme une grande mais pas de fête.
Demain retour au collège, les autres vont parler de leur week-end avec leur maman. Je ferai semblant que pour moi aussi c’était la fête vraiment. Je dirai que tout s’est bien passé vraiment, qu’on a fait une balade, un gâteau. J’étais seule vraiment mais ils ne le savent pas, ils ne s'en doutent pas. Vraiment pas.
2-
Camille / Choryphée : C’est parti, ça commence toujours par un départ. Un point. Je m’appelle Camille, c’est mon nom. Pas le mien seulement, c’est le sien peut-être. C’est le sien aussi. (montre les autres acteurs/actrices qui ont ou vont joué Camille) C’est Camille le point, le départ. Ça commence, Je suis seul(e). Camille est seul(e). Je suis seul(e), mais je ne dis rien, je vais au bahut, je ne dis rien, je suis seul(e). C’est parti et je suis seul(e).
Je fais comme ci… de rien…
Je signe à la place, … pour… je répond au téléphone.
Là j’attends Rafa, c’est son père qui m’emmène au bahut. Je sors de chez moi, je sors de ma solitude. Je passe la porte d’entrée et je dis à personne en vrai et je le dis quand même :
Bonne journée Maman ! à ce soir !
Je ne ferme pas la porte, elle reste ouverte, pas besoin de clé du coup, pas besoin d’emmener de clé du coup.
Je rentrerai ce soir, ce sera ouvert encore
Pas besoin de clé
Je suis seul(e)
Pour combien de temps ?
Camille et Manu
Camille - Salut, manu
Manu - Salut Camille ça va ?
Camille - Oui et toi ?
Manu - Ouais, c’est dur ce matin /// t’as un nouveau sac, c’est écrit quoi : … « DANSER ? » c’est quoi ?
Camille - c’est un magazine de danse, c’est ma mère qui m’a abandonnée euh qui m’a abonnée et du coup ils ont envoyé le sac.
Manu - ok et tu as fais quoi ce week-end ?
Camille - Heu ben... Je suis allé /// faire tu sais /// mon spectacle de danse !
Manu - Ah oui cool, c’était comment ?
Camille - /// hein ?
Manu - ben oui, C’était comment ? y’avait beaucoup de monde ?
Camille - Ouais c’était vraiment blindé. Et y avait mes parents... Ils m'ont même filmé tu vois, ils ont pris une vidéo. C'était cool. J’étais super heureuse vraiment.
Manu - Ouais j’imagine. J'aurais aimé te voir, dommage. Tu pourras me montrer la vidéo ?
Camille - Ah heu // bah // oui je sais pas en fait mon père est très bordélique, alors heu, je sais pas, je sais même pas si je la retrouverais. Mais je vais voir et si je mets la main dessus je te la montrerai vraiment.
Manu - ok super ! J'espère que tu la retrouveras
Camille - Ouais moi aussi
Manu - Sinon tu as peut être des photos ?
Camille - oui mais heu...il faut que j'y aille, y’a le prof de sport, faut vraiment que j’aille le voir. Salut, je te redirai
Manu avec Fred
Fred : - alors ton week-end ?
Manu : - super, une fête super pour ma mère, et toi ?
Fred : - bof ouais enfin bon non rien enfin pas grand chose pas vraiment de truc cool tu vois normal
Manu : - ouais je vois
Fred : - tu as vu Camille toi ?
Manu : - ouais vient juste de filer
Fred : - tu sais pour la fête chez Steph, Camille sera là ?
Manu : - sais pas ! pourquoi ?
Fred : - non comme ça
Manu : - comme ça
Fred : - oui comme ça
Manu : - comme ça comme ça c’est tout
Fred : - comme ça ….
TOUS – moment sonore où des phrases sortent relatives à la soirée à venir comme « t’y vas comment ? », « j’espère que mes parents vont vouloir », « tu viens », « t’as besoin d’aide »… circulation de l’ensemble du groupe…
Camille : je suis là, au bahut avec Steph.
Steph m’invite chez elle, samedi, Je suis invité à la soirée.
Choryphée : Devant Steph, Camille téléphone à sa mère, pour de faux bien sur. Qui peux attendre quoi d’autre d’ailleurs ?
coup de téléphone à maman ( faux )
Camille
maman, je suis invitée à une soirée samedi,
////
c’est à… pas loin
/////
je sais pas je pensais que tu pourrais m’y amener
/////
c’est pas si loin
/////
non ben j’irai à pied
/////
mais pour une fois
/////
je peux dormir là-bas ?
////
ok, c’est bon, j’ai compris
C’est mort, impossible de répondre à l’invitation. Steph ne sais pas, rien dit encore, motus et bouche cousue. Je dis rien pas confiance. Mais là, l’invitation, ai envie d’y aller, d’être avec, de voir comment c’est d’être un soir avec. Mais je ne sais pas. Pas confiance. Pas peur de Steph, mais ses parents, les potes, pas confiance.
Steph
J’aime bien Camille, Camille est, au-dessus, toujours Camille se situe au-dessus. Je ne sais pas comment Camille fait mais Camille est au-dessus. Rien ne l’atteint. Camille flotte au-dessus. J’aimerais bien être comme Camille. J’ai l’impression que Camille sait tout. Camille flotte. Camille fait face toujours, c’est ça, Camille fait face. Comment c’est possible de faire face comme ça. Toujours faire face et être au dessus. Camille ne s’embarrasse de rien. Dès fois quand j’imagine être Camille, je me vois au dessus, sur, sûr(e). Je voulais vraiment que Camille vienne, Camille me rassure, Camille dit : on verra je viendrai peut-être quand même. Je te dis, j’ai envie. Puis Camille disparaît, comme ça comme si Camille n’avait pas été là, Camille flotte au dessus. Camille m’échappe.
3-
Camille
C’est sorti, fallait que ça sorte, fallait que quelque chose sorte de moi et c’est sorti. Cette solitude là que personne ne savait, que je cachais elle est sortie de moi, je l’ai sortie et ça fait du bien de sortir tout ça de moi. Que tout ça soit sorti de moi comme ça. C’est vraiment sorti comme ça, c’est sorti ça ne m’appartient plus, plus vraiment. J’ai sorti tout ça de moi, j’ai donné ça à quelqu’un d’autre. Je ne suis plus seul(e) avec ça. Mais c’est sorti hors de moi et hors des autres aussi, hors de mon ami(e), c’est sorti aussi, presque pas le temps de souffler et d’avoir ça en soi que c’est sorti aussi. Mon ami(e) a tout sorti, tout déballé. Un cadeau tout frais tout beau hop à peine le temps de le recevoir que c’est déballé à tout le monde et tout le monde a déballé ce qui est sorti de moi. Qu’est-ce qui se passe maintenant que c’est sorti, que tout le monde a tout déballé. Les parents eux, ils ont pris ça en main, tu m’étonnes, pas un bon exemple pour leurs enfants ça un élève qui s’élève tout seul non ça pas un bon exemple. Alors à leur tour ils vont déballer, la peur de l’exemple, que ça donne des envies, des idées. Tout seul(e) sans eux t’imagines, ça fait peur si on a plus besoin d’eux. Ils se sentent si indispensables, leur éducation indispensable, leur modèle indispensable et tout ce qui va autour. Alors, forcément là, moi seul(e), comme ça, qui gère, ça les contrarie, ça les contrarie, eux qui se sentent indispensables, qui veulent le mieux bien sûr pour leurs enfants, le mieux mais pas sans eux. Eux aussi, ils vont déballer ça, ben oui qui peux attendre quoi d’autres d’ailleurs ? Par la fenêtre, au week–end de la fête des mères, je me souviens, j’avais vu la fête et cette maman qui avait déballé à toute vitesse ses cadeaux. Vite déballé, vite rangé. Avec ce qui est sorti de moi et des autres et encore des autres. Ça va faire pareil bien sûr, vite déballé aux services compétents et vite rangé aux services compétents. Maintenant c’est les services compétents qui m’attendent, ce sont les services compétents qui vont s’occuper de moi.
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Antonin Ménard
VOUS INQUIÉTEZ PAS,
ON S’OCCUPE DE TOUT !
PERSONNAGES
VIC, ISA, PAUL, OSCAR, SALOMÉ, OLGA, DEB ET THÉO
D’autres personnages seront nécessaires à l’histoire, ils apparaîtront au fur à mesure des besoins.
Les huit sont des adolescents de quinze, seize, dix-sept ans peut-être. Ce n’est pas très précis. Chacun a un sweat zippé à capuche de couleur, ça c’est précis par contre. Ils auront tous un sparadrap de couleur sur leur visage.
Vic c’est vin
Isa c’est indigo ok
Paul c’est pourpre A rouge
Oscar c’est orange
Salomé c’est soleil A
Olga c’est olive ok
Deb c’est diamant rouge A ok
Théo c’est turquoise A
EXTRAIT
PROLOGUE
Nous,
Là,
Avant que tout commence
Avant que tout ça commence
Nous étions
Là
Comme d’hab
C’est tout
Sans savoir quoi que se soit de rien
Nous étions c’est tout
Nous ne demandions rien
Comme d’hab
Puis
Là
C’est arrivé
Arrivé à nous
Sans savoir que nous
Là
Nous
Allions devenir
À notre insu
À notre corps défendant
L’image de ce qu’il ne faut pas
L’exemple à ne pas suivre
Nous
A l’image
Dans le rectangle lumineux des foyers alentours
Devenions
Les contre-exemples
Parce que là
Nous
Nous avions décidé de faire une expérience
Expérience terrifiante pour ceux qui nous montraient du doigt
Nous
Icônes de la semaine où nous étions dans le rectangle quotidien des journaux
Nous
Là
Répéter à l’envie
Pourquoi nous étions là
Pour quelles raisons
Nous avions voulu cette expérience
Répéter vraiment
Comme un spectacle
Ce qui s’était passé
Comment nous
Là
Avions trouvé les moyens
De passer le temps
Nous
Là
Légendes et légendées
Aux unes des rectangles papiers
Etions le temps des reproches
La drogue, l’héroïne de l’information.
SCÈNE 1 : SALOMÉ
Voilà comment tout a commencé, nous avions décidé que nous étions prêts. Nous en avions assez d’être sous la coupe, sous le joug même attentif et attentionné, même tendre des adultes. Dès la rentrée, nous nous retrouvions ressassant les pires frasques involontaires des adultes qui nous entouraient. De là l'idée a germé. Plantée dans nos têtes elle commençait à mûrir. Impossible de la déloger. Elle y était dans nos têtes. Dans nos crânes, nos caboches. Cette envie était là et impossible de la sortir de nos sales petites têtes de gamins. Installée dans nos caboches, elle grandissait comme un virus informatique que nous aurions nous-mêmes créé. Un virus qui nous amusait et qui prenait tranquillement une place démesurée. Nous en avions assez de cette infantilisation. Alors nous pensions que nous devions tout quitter. Partir vraiment. Partir de là où nous étions. Partir de zéro. De rien. Parfois cette idée nous sortait de l'esprit mais ensemble au moindre regard, au moindre battement de cil, à la moindre étincelle dans nos yeux, l'idée resurgissait. Nous savions que nous pouvions transformer quelque chose avec une idée comme ça. Nous avions confiance et nous en étions certains d’avoir en notre possession une idée bombe, une idée qui n'arrive qu'une fois. Une idée qu'il fallait pas laisser passer. Une idée à laquelle nous nous devions de faire attention, d’être attentifs. Une idée qu’il fallait observer pour la comprendre, la comprendre vraiment. Une idée qu’il fallait mesurer. Une idée à laquelle nous nous accrochions, à laquelle nous devions donner sa chance.
Nous avions tout prévu. L'organisation. Chacun de nous avait mis en commun ses possibilités, ses outils. Nous ne voulions rien laisser au hasard. Nous étions parés à toutes éventualité. Notre idée pouvait naître et notre projet de départ exister.
Nous avions prévu toute la théorie nous étions imparables. Les adultes s’ils avaient été dans la confidence nous auraient applaudit des deux mains, l'ovation n'était pas loin.
Puis Vic est arrivée. Quelque chose s'était passée. L'idée de départ avait laissé place à autre chose.
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SCÈNE 2
Vic : venez voir, on a un problème !
Deb : quoi ?
Oscar : quoi ?
Vic : ben va voir !
Silence - ils vont voir
Salomé : merde
Salomé : merde
Olga : on change pas les plans, on part
Paul : mais qu’est-ce qu’on fait de lui ?
Théo : Lui ? c’est un garçon ?
Vic : je sais pas
Oscar : ben oui il a un tête de garçon
Deb : tu l’as trouvé où ?
Salomé : pourquoi tu l’as pas laissé ?
--- : oui pourquoi ?
Vic : sais pas
Paul : on le laisse là et on revient dans une heure et on voit si il est toujours là
Isa : toujours en vie tu veux dire
Deb : on le laisse pas là
Théo : on le dépose quelque part
--- : aux flics
--- : mais ils vont nous repérer
--- : repérer notre manège
--- : s’ils nous repèrent, notre plan tombe à l’eau
--- : là le plan, je sais pas s’il tombe à l’eau mais il bat de l’aile
--- : en tout cas avec le petit, on est tombé sur un os
--- : pas qu’un j’espère
--- : on a un bâton dans les roues
--- : ouais c’est comme une couille dans le potage
--- : c’est pas tout lisse
--- : j’veux pas mettre mon grain de sel mais on a un caillou dans la chaussure
--- : stop, vous faîtes chier avec vos expressions toutes faites
--- : ben qu’est-ce qu’on fait
--- : on l’emmène avec nous
--- : mais t’imagines pas, si on se retrouve en galère, nous ça va mais lui
--- : arrête de dire lui
--- : lui le bébé
--- : on change les plans
--- : comment ça
--- : on le garde
--- : arrête !
--- : t’es sérieux !
--- : on le garde, on s’en occupe
--- : on le met où ?
--- : on trouve une maison, on l’installe
--- : ah je sais
Nous étions au commencement de nos emmerdes, mais à ce moment là dans nos têtes l’important c’était de conserver notre plan intact. Ce plan de départ, ce projet de partir échafaudé dans nos têtes devait être préservé. Nous nousdevions de prendre le temps de nous occuper de ce rejeton au mieux. Nous pensions que nous devions franchir cette épreuve à la manière des héros mythologiques. Cela renforçait même l’idée que nous étions au bon endroit. Que nous avions raison de tenir, raison de faire face à l’adversité. Nous avons d’abord pensé qu’il fallait l’emmener avec nous. Mais aussitôt des questions en rafale sont apparues
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SCÈNE 3 : QUESTIONS
- comment?
- qu’est-ce que ?
- qu’est-ce que quoi?
- Où ?
- Où quoi ?
- Où on ?
- Qui ?
- Comment ?
- Qui ?
- Hein ?
- Qui va ?
- Qui va quoi ?
- Qui va comment ?
- Déjà comment on ?
- Comment tu ?
- Moi ?
- Nous !
- Comment on ?
- Qu’est-ce qu’il faut ?
- A quel moment ?
- Combien de temps
- Combien de fois ?
- Et jusqu’à quand ?
- A quel rythme ?
- Est-ce qu’il voit ?
- Est-ce qu’il sent ?
- Est-ce qu’il pense ?
- Est-ce qu’il sait ?
- Toi tu sais ?
- Moi je pense que
- Moi je sais pas
- Tu sais pas quoi ?
- Pourtant on a tous ?
- Quoi
- On a tous été
- Eté quoi
- Eté comme lui
- Alors ?
- Alors on devrait se souvenir
- Comment
- Comment comment
- Comment on fait ?
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SCÈNE 4 : THÉO
Cause on !
Antonin Ménard
Des individus se lancent sur scène. Ils se rencontrent et deviennent une communauté ; un « nous ». Nous sommes ensemble et nous partageons nos différences, nos expériences, notre humour. Ce commun se construit pas à pas au plateau, dans la fraternité, dans les contradictions, dans nos complexités et nos oppositions. Ce « nous » respire, il revendique, il dit, il se contredit. De tous ces liens invisibles qui traversent ce « nous » se déploit la beauté de Cause-on !
Antonin Ménard et Marie Bernard ont récolté la parole des habitant-e-s réuni-e-s autour de ce projet de théâtre amateur. À partir de ces paroles, Antonin a écrit le texte
Cause on ! Dispositif Résidence d’artistes –
Plan de relance du département du Calvados
Après les avoir accueillis plusieurs fois la saison dernière, en résidence et lors de temps de rencontre avec les jeunes mondevillais·es, la compagnie CHanTier21THéâTre est de retour à La Renaissance ! Le projet ? Partir à la rencontre des habitant·e·s du territoire et créer un projet amateur où chacun·e pourra trouver sa place.
Ce projet est né de l’envie de faire « spectacle » avec des amateur·rice·s. D’inscrire un groupe dans un processus de création. Partir du groupe qui se formera pour avancer et énoncer une parole sensible et intime. Penser ensemble nos aspirations pour l’humanité, nos causes à défendre, à aimer, à partager. Nous avions envie de travailler sur le décloisonnement des groupes – les jeunes, les adultes, les boomers… Penser au plateau un rassemblement. S’amuser avec ce qu’on voudrait dire aux un·e·s et aux autres : qu’est que je pense du monde ? Comment je le vois ? Comment je me vois dedans ? Dessus ? Est-ce que parfois je suis perdu·e ? Comment je suis en colère ? Triste ? Impuissant·e ? Heureux·se ? Comment, parfois, je sais exactement ce que nous devrions faire ? C’est à partir des paroles et des réflexions de celles et ceux qui suivront cette aventure que nous écrirons le texte du projet. Deux metteurs en scène et un musicien seront les guides de cette aventure. Marie Bernard et Antonin Ménard
prologue
Ludivine
Ce que vous allez voir, ce qu’il va se passer, ce que nous allons faire, ce que je vais faire, ce que nous allons dire, ce que vous allez entendre ; tout ça c’est des mensonges. La réalité de ce que vous verrez ce n’est pas les lumières, les couleurs. Ce sont des mensonges. C’est très pratique les mensonges. Nous pouvons dire tout ce que nous voulons puisque ce n’est pas vrai. Tout ça, c’est pour de faux. Ne soyez pas trop sévères pour tous ces mensonges. Si vous tendez l’oreille, si vous restez attentifs à tous nos mensonges, alors peut-être que par inadvertance quelque chose vous parviendra, quelque chose vous causera. Vous serez émus et là malgré tous les mensonges quelque chose de vrai vous traversera.
Chapitre 1
Florence Moi j’ai quelque chose à dire, c’est pour ça que je suis là.
Elisa Moi aussi, j’avais des choses à dire.
Stéphane J’ai entendu que je pouvais être entendu alors je suis venu.
Jean J’aime être sur une scène alors voilà.
Anne-Marie Moi c’est la renaissance, c’est parce que c’est ici que je suis là.
Emilie Moi je sais pas pourquoi mais une fois que je suis venue alors je suis restée et je me suis
aperçue que j’avais des trucs à dire.
Joël Moi, j’aime la musique depuis…
Ludivine Je suis prête moi, à défendre des causes auxquelles je crois, je crois que depuis petite
je sais que je pourrais mourir pour les défendre.
Joël … depuis que je suis né je crois.
Aurélie Moi je voulais raconter des histoires.
Bob J’entends pas toujours tout.
Servane C’est le collectif pour moi, l’aventure collective sur une scène qui m’a donné envie.
Bob Mais je souris.
Imane Moi, moi j’avais envie de… de crier.
Olivier Moi je voulais parler, dire, causer, faire des appels ; des appels d’air, des appels
au secours, des appels de phares, des appels de cœur.
Christine Moi je voulais partager, partager quelque chose.
Bob Et j’aime beaucoup écouter les autres.
Chapitre 2
Aurélie Nous,
Anne-Marie Là,
Aurélie Avant que tout commence
Ludivine Avant que tout ça commence
Christine Nous étions là
Elisa C’est tout
Emilie Nous étions
Elisa C’est tout
Servane Sans savoir quoi que ce soit de rien
Emilie Nous étions
Bob Nous avons décidé de faire une
expérience
Joël Expérience terrifiante
Servane Terrifiante faut pas exagérer
Anne-Marie Nous avons décidé de causer
Olivier Pour dire, pour le monde
Imane Nos envies
Stéphane Nos espoirs
Florence Nos combats
Ludivine Nos révoltes
Servane Nos révoltes faut pas exagérer
Anne-Marie Pour partager
Imane Un peu
Elisa Peut-être
Florence Tu crois ?
Jean Vous là
Olivier On vous voit
Jean Vous, là, vous êtes beaux
Ludivine Vraiment
Olivier Nous sommes heureux
Ludivine Que vous soyez là
Aurélie Nous là
Stéphane Répéter à l’envie
Christine Ce qui nous tiens
Florence Ce qui nous affecte
Elisa Ce qui nous détruit
Servane Détruit faut pas exagérer quand même
Stéphane Répéter
Joël Dire pour quelles raisons
Anne-Marie Nous avons voulu cette expérience
Stéphane Répété vraiment
Elisa Comme un spectacle
Jean Ce qui se passe
Ludivine En nous
Jean En soi
Aurélie Comment nous
Anne-Marie Là
Emilie Avons causé
Imane Pour …
Olivier Voir la vie
Imane Changer
Bob Dire des bêtises
Christine Découvrir
Florence Recommencer
Imane Echanger
Jean Avoir des idées
Servane Idiotes
Joël Géniales
Bob Absurdes
Imane Changer d’opinion
Elisa Prendre de la beauté
Emilie C’est bizarre
Olivier C’est chouette
Florence C’est… compliqué
Aurélie Parfois
Ludivine C’est nostalgique
Aurélie Aussi
Stéphane C’est approcher de soi
Imane Des autres
Elisa C’est aussi s’écarter des autres
Christine De soi
Florence Ne pas être toujours d’accord
Olivier Accepter la différence
Chapitre 3
Joël Je m’appelle Joël. Joël oui et ma vie, ma vie c’est ça en fait… c’est ça… c’est ça. J’ai… c’est ça… j’ai jamais rien, j’ai jamais rien à dire, j’ai jamais grand-chose à dire en fait… c’est ça. Je sais pas quoi dire. Je ne sais pas comment dire. J’ai jamais grand-chose à dire et pourtant, pourtant y’a plein de gens que… y’a plein de gens que j’admire et je pourrais… Moi c’est la musique ! Moi si je devais parler je voudrais pouvoir parler en musique, je voudrais pouvoir dire ce que je ressens en musique, par la musique, par la musique, parle la musique… C’est ça ! Je voudrais parler la musique. Pas parler avec des mots parce que j’ai toujours… moi enfin j’ai jamais… moi rien à dire, mais parler par la musique, c’est la musique qui me plaît, je voudrais savoir parler la musique. Ce que je ressens c’est par la musique. Dès mon adolescence… c’est la musique, voilà l’histoire de mon premier album acheté… j’avais quinze an et toute la journée je ne pensais qu’à une seule chose, sortir du lycée pour aller acheter cet album qui venait de sortir. J’admire plein de gens, mais comme je disais c’est la musique. Et surtout la musique des années 70. Et il y en a beaucoup qui m’ont traversés. Ça a commencé… ça a commencé par un groupe de blues : Canned Heat. Puis après il a eu les Beatles, les Rolling Stones, Led Zeppelin, Deep Purple, les Who
Aurélie les qui ?
Joël Les Who…
il continue à lister des groupes qu’il aime, qu’il a aimé
Aurélie Joël !
il continue, il liste les groupes qu’il aime
Aurélie Joël ! quand je te regarde j’ai l’impression
de voir mon grand-père.
Olivier Moi aussi, moi, quand j’étais petit je vivais avec mes grands-parents et j’aimais la pluie. Olivier, moi c’est Olivier. Aujourd’hui encore quand il pleut, j’aime ça la pluie, quand elle est là, je me bats contre elle. La pluie c’est génial j’adore, ça m’éclate. Je me sens proche de quelque chose de plus grand que moi et je souris. La prochaine fois, je voudrais le faire avec vous, qu’on le fasse ensemble avec vous, d’accord ? La prochaine pluie on se donne rendez-vous sur la place et on se bat avec la pluie tous ensemble.
Elisa Moi tu vois Olivier, j’ai plein de combats dans la vie, je combats presque tous les jours… Je vis sous terre. Je suis Elisa et je regarde le monde depuis… depuis les égouts. J’aime regarder depuis le dessous, c’est un endroit où je me sens bien. J’aime bien inviter Bob et Anne-Marie pour qu’on parle de leur combats à eux. Je m’inspire d’eux deux. Moi je me sens en mission, comme une héroïne, en mission pour aider les autres. J’ai un truc en moi avec la justice. Dès que quelque chose me parait pas juste alors j’explose, j’ai besoin de lutter. Dans les égouts, dans l’underground, je prépare des petites surprises pour ceux d’en haut. Puis le sous-sol, il me protège. Il fait chaud été comme hiver et je m’y sens bien. Par exemple il y a un truc que je ne comprends pas : comment ça se fait que c’est toujours pareil, que c’est toujours la même chose. Je veux dire les choses qu’il faut changer, les revendications tout ça et ben, même celles qui sont simples , évidentes, logiques et bien non, ça n’avance pas dans le bon sens. Par exemple, un truc tout con, je veux dire, créer de l’énergie renouvelable. Par exemple, ça fait un moment, non, qu’on en parle et qu’on se dit que ce serait bien de développer ce truc-là. Alors pourquoi sur les écoles, sur les bibliothèques, pourquoi on n’en installe pas des panneaux photovoltaïques ?? Les écoles et les bibliothèques elles sont ouvertes en générale en journée. Je veux dire, les écoles et les bibliothèques, depuis quinze ans y’en a quelque unes qui ont été construites des écoles et des médiathèques, non ? Ou des rénovations de toit alors comment ça se fait qu’on ne mette pas de panneaux ? Merde ! Et qu’on vienne pas me dire que les panneaux photovoltaïques ça pollue, car sans doute ça pollue mais l’état et je ne sais plus quel groupe, genre Engie ou total énergie, sont prêt à déforester 10km2 de la forêt des landes pour faire un champs de panneaux photovoltaïques ! 10km2 ! On est prêts à mettre un milliard pour détruire des arbres et installer à la place un champs de panneaux. Mais si vous voulez de l’espace pour créer un champ de panneaux prenez un Auchan et installez-les sur les parkings !
Jean Moi je m’appelle Jean et moi je suis comme Elisa. Enfin moi aussi j’ai des trucs comme ça vachement… enfin… Je veux dire que je… En fait par exemple ma vie ressemble vraiment à celle de l’Abbé Pierre. Parce que déjà on est nés le… enfin… le même jour. On est tous les deux nés au mois de mai. Pas exactement le même jour mais si il y a quelque chose qui doit nous caractériser je dirais c’est vraiment la générosité. Ben déjà je suis là. Et si vous avez besoin de quoi que ce soit, après le spectacle par exemple : Une soupe de légumes. Même simplement pas grand-chose. Mais si je peux faire quelque chose pour vous.
Des fois je me pose parfois la question de savoir si c’est pas lui l’Abbé Pierre qui s’est inspiré de ma vie pour faire la sienne. Alors bien sûr, évidemment, c’est un peu faire fi des mathématiques. Mais ce qui est troublant c’est que moi aussi, moi aussi comme lui, je prends pas mal de décisions qui ont vraiment un impact, enfin oui il y a un impact, il y a des répercussions. Pis là on va, enfin on s’en approche, petit à petit, mais un gros, un gros point commun, un gros, un gros nœud quoi, je veux dire, ça serait quasiment comme la Gare du Nord quoi, si on devait prendre euh une image ,enfin c’est des ramifications, enfin ce qui nous… ce qui nous assemble c’est aussi notre prénom. Parce que les gens ne le savent pas forcément mais l’Abbé Pierre en fait il s’appelle Jean. Pierre c’est pas son prénom. Enfin oui ça, peu de gens, peu de gens le savent. Donc il s’appelle Jean. Donc là j’ai l’impression qu’on est au cœur du… du… y’a pas de hasard, c’est ce qu’on dit.
Chapitre 4
musique fête en fond de scène – séquence sans parole au début
Elisa Je cherche la vérité
Olivier Je cherche l’amour
Florence Je cherche l’adhésion
Ludivine Je cherche la reconnaissance
Servane Je cherche l’immensité
Emilie je cherche la vie
Anne-Marie Je cherche la fraternité
Elisa Je cherche la sororité
Joël Je cherche mes mots
Aurélie Je cherche à être
Stéphane je cherche l’amitié
Bob Je cherche à entendre le monde
Imane Je cherche la liberté
Jean Je cherche rien
Joël Je cherche la beauté
Servane s’extrait de la fête
Servane Je suis Servane ma vie elle est.. D’abord j’ai un chat complètement débile qui rit avec toutes ses dents et aussi chez moi y a des miroirs partout et je me regarde et j’essaie d’apercevoir l’endroit pour passer à travers. Je mesure mes pieds aussi pour voir si ça change. C’est arrivé parce que un jour je me suis mesurée et pesée avant de dormir et le lendemain matin j’ai mesuré. J’avais grandi. Alors maintenant je mesure mes pieds pour voir si je grandis, si je prends plus de place dans le monde. Depuis que je suis petite, j’ai toujours aimé les lapins, les lapins blancs ils gambadent comme ça de partout dans la nature, ils sont rapides et ils donnent l’impression qu’ils sont en retard, toujours. C’est peut-être le hasard mais à chaque fois que j’en vois un y’a comme des petites paillettes qui tombent du ciel alors ça me conforte dans l’idée qu’il y a une connexion avec moi et les lapins, qu’il y a une osmose…
Avec ces petites paillettes qui tombent. Après ça met des petites paillettes dans mes cheveux des petites couleurs.
J’ai un petit lapin blanc qui vient me voir le soir. Je l’attends tous les soirs, je fais le tour de mon jardin et dès que je suis prête à rentrer chez moi, il arrive. Quand je fais le tour de mon jardin, avec lui je vois toujours des champignons de toutes les couleurs. Quand j’étais petite, moi j’aimais beaucoup courir dans les feuilles mortes, ça sentait le champignon. Quand je ne vais pas bien je mange des champignons je mange plein de champignons de toutes sortes de toutes les couleurs mais ça fait rien. Ça change pas mon état. J’en mange presque tous les jours. Forcée de constater que rien ne change vraiment, que mes pieds ne grandissent pas, que je reste toujours pareil. J’aimerais beaucoup faire des potions, je prendrais des ingrédients, Je mélangerais tout dans une bouteille et après je me sentirais comme une sorcière, une magicienne une fée
J’aime aussi les bonbons qui change la couleur de ta langue. Quand j’en mange j’imagine que je suis dans un pays étranger et qu’avec ma langue d’une autre couleur je peux parler avec les habitants du pays. Les bonbons c’est une potion magique qui me donne la langue du pays dans lequel je suis. J’emmène toujours des bonbons quand je voyage.
A l’intérieur de la fête
Florence Moi j’aime pas ce qui est trop dangereux. Je trouve que la vie c’est trop dangereux, alors j’aime pas. J’aime pas ce qui est trop dangereux… Je voudrais qu’on annule ce qui est trop dangereux. Je voudrais une vie où il n’y ait rien qui soit dangereux. Qu’il n’y ait pas de danger à la vie. Que la vie elle soit calme, tranquille et surtout sans danger.
Toujours à l’intérieur de la fête
Anne-Marie Moi je suis en colère. La colère elle est en moi et des fois j’ose pas parler, de peur que ma colère me dépasse. Parce que si la colère, ma colère elle me dépasse alors c’est comme si c’était la colère qui parlait avant moi. C’est la colère qui parle, qui s’exprime, qui explose. Alors je la contrôle. Parfois pourtant je ne contrôle plus, je ne contrôle plus rien. Y’a plus que la colère qui parle, y’a la colère de tout ce qui m’entoure et de tout ce qui m’énerve au plus haut point.
Imane Moi c’est Imane, par rapport à ce que tu dis, tu vois moi ma vie c’est un peu comme Gandhi comme celle de Ghandi, j’aime comme lui l’idée de lutter contre les injustices, la colonisation, lutter pour défendre la liberté.
Ludivine Alors moi je m’appelle Ludivine et ma vie c’est ma voix c’est comme la voix de la sncf tout le monde m’entend mais personne ne fait attention à moi. Juste on m’entends, j’informe.
Imane Comme lui, je suis révoltée souvent par ce qu’il se passe.
Emilie Je m’appelle Emilie et ma vie elle est à l’image des dessins animés. Par exemple ma vie elle est un peu comme celle de Garfield. C’est le chat qui a tout le temps faim et qui veut tout le temps manger.
Stéphane Bonjour. Stéphane. Ben moi j’aimerai que ma vie elle soit comme celle d’un escroc. J’en foutrais pas une et je me gaverais, je prendrais un max de fric, je serais un escroc, j’escroquerais tout le monde. Je pourrais me foutre de la gueule de tout le monde. Je pourrais voyager partout de Los Angeles à Hong Kong. Tchao.
Imane Tu vois je serai prête à me raser le crâne et à manifester pour défendre la liberté, l’autonomie, l’indépendance.
Stéphane Moi ma vie je la vois comme celle de quelqu’un qui pourrais partir en vacances quand il veut, qui pourrais avoir tout ce dont il a besoin. Je veux une bagnole je l’ai. Tu vois un mec qui n’aurais pas d’attaches, qui s’en foutrais de tout, qui séduirait les gens pour les escroquer, les avoir.
Ludivine Le problème c’est que comme je suis une voix, personne ne sait qui je suis, personne ne connaît ma tête. Je passe dans la rue personne ne me reconnaît. Personne ne me demande d’autographe et donc voilà je tombe dans l’oubli. Et moi j’en ai un petit peu marre parce que personne ne me reconnaît et personne ne prend ça en compte. Et moi, moi, je voudrais être connue, reconnue.
Florence Je me sens aussi souvent impuissante devant tout ce que je voudrais changer.
Stéphane - Quand j’étais jeune j’avais les cheveux longs. C’était cool et j’avais des copines qui passaient leurs CAP coiffure. Elles me faisaient des coiffures super, des coupes, des teintures, des couleurs tout quoi ! Puis un jour ça s’est arrêté.
Emilie Je suis comme Garfield. Je suis une grande feignasse qui aime bien se la couler douce et ne rien faire de sa journée, à rester à rien faire dans son lit. C’est très bien et puis voilà quoi.
Aurélie s’extrait de la fête
Aurélie Je m’appelle Aurélie, Aurélie et ma vie elle ressemble à celle de Thomas Pesquet. Déjà premièrement, j’adore explorer le monde. Deuxièmement, je m’entraîne tous les jours. Troisièmement, Je cours tous les jours matin midi et soir. Quatrièmement, Je cours avec ma fille et on fait le tourniquet. On adore faire du tourniquet comme ça on a l’impression de s’entraîner pour pour faire le tour de la lune c’est extraordinaire
ma vie ressemble vraiment à la vie de Thomas Pesquet. Car comme lui, j’adore découvrir le monde ; lui il a une fusée. Moi c’est pareil presque j’ai comme une fusée, c’est ma voiture et je fais le tour de la ville et je prends des photos et je les envoie à tous mes potes tous les jours. L’autre comparaison flagrante c’est que je mange, je mange du lyophilisé tous les jours et comme Thomas moi j’ai pas le temps de cuisiner, j’ai pas le temps et le lyophilisé c’est la vie et comme Thomas Pesquet je cours je me raccroche à la vie, je me saoule avec les bruits qui m’entourent
À l’intérieur de la fête
Imane Je rêve au fond de vivre sans loi, sans règles, dormir où je veux, manger de la viande sans fourchette, sans table, crier. Voilà, c’est la vie que j’ai envie de mener. je n’ai pas envie d’être sous l’ordre des autres, sous la domination. J’ai envie d’être libre. Voilà. Vivre comme je veux, c’est ça. Vivre comme Tarzan, c’est ça que je veux. Vivre libre.
Christine Est-ce que tu aimes la solitude ?
Imane Parfois mais pas toujours.
Elisa Te sentir toute seule ?
Imane oui De temps en temps.
Joël Souvent ?
Imane Non pas trop.
Elisa Est-ce que tu aimes dormir en forêt l’hiver?
Imane J’ai jamais essayé mais j’aurais peur d’avoir froid.
Aurélie Est-ce que tu aimes chasser ?
Imane Ben non je sais pas trop.
Florence Tu aimes te balader en voiture ?
Imane Oui .
Servane Bon alors oublie Tarzan.
Imane J’aime être avec les autres, partager.
Bob Moi j’aime pas les fêtes.
Fin musique
Florence Moi dans ma vie c’est la peur.
Jean C’est le silence.
Stéphane Moi pareil.
Jean J’aime pas trop ça le silence.
Silence
Jean Quand y a des grands blancs.
Silence
Jean Comme ça. Tout ça, ça casse le truc.
Olivier Internet.
Servane Moi c’est quand ça marche pas.
Chapitre 5
Bob - Quand j’étais petit c’était le fenouil, parce que la première fois je jouais dans ma chambre, mes parents nous ont dit « ce soir on mange du fenouil ». Et moi j’ai entendu « nouille ». Et j’adorais les nouilles. Alors en jouant dans ma chambre j’étais heureux d’imaginer le repas qui m’attendais et que j’aimais.
Christine Quand j’étais petite ; c’est Christine ; et toute petite déjà j’avais l’impression d’être sortie d’un dessin. Je ne sais pas mais moi mes bras je ne les maîtrisais pas. Ca venait comme ça hop ! On me disait d’aller par-là, on me disait d’aller par-là, on me disait d’aller par-là, une jambe qui partait comme ça, puis il se passait plein de choses. Il y avait des adultes partout et je comprenais pas toujours tout. Et c’était drôle. Et ça m’a duré longtemps, très très longtemps.
Anne-Marie Quand j’étais petite, j’aimais grimper sur les rochers, les rochers qui bordent l’océan et qui ont un goût de sel. Ils accrochent bien les mains et les pieds, je les aimais ces rochers, ces rochers-là, je les aimais ces rochers. Aujourd’hui je crois qu’ils ont disparus.
Chapitre 6
Stéphane Si on y réfléchis, C’est de ta faute la la la fonte des glaces.
Jean Ben oui, le réchauffement climatique c’est de ta faute.
Aurélie La surproduction c’est de ta faute.
Olivier C’est de ta faute la pauvreté.
Florence C’est de ta faute la la maltraitance animale.
Elisa La pollution, le pétrole c’est de votre faute.
Servane Les sécheresses aussi.
Aurélie De toute façon c’est de ta faute.
Emilie Y’a moins d’eau dans les rivières, c’est de ta faute.
Servane Et c’est de ta faute la mer Morte.
Olivier C’est de ta faute le racisme à rire comme ça sur les petits noirs, les jaunes etc.
Elisa Tout est de ta faute.
Imane C’est de ta faute la discrimination.
Stéphane Le sexisme aussi.
Florence C’est de ta faute.
Jean C’est de ta faute si je suis là. C’est de ta faute.
Servane La déforestation ça c’est de ta faute.
Aurélie C’est de ta faute si on ne se comprend plus.
Elisa Le virtuel c’est de ta faute.
Imane C’est de ta faute la chirurgie esthétique.
Olivier C’est de ta faute si ça change le corps, ça change l’esprit avec le visage.
Ludivine Si on se voit plus c’est de ta faute.
Florence Les élevages intensifs c’est de ta faute aussi.
Servane La télé réalité c’est de ta faute.
Elisa Les toilettes turcs c’est de ta faute ça aussi.
Aurélie C’est de ta faute si on a plus de bébé.
Stéphane C’est de ta faute ma rupture.
Jean C’est de ta faute si je fume.
Stéphane C’est de ta faute la surconsommation.
Emilie C’est ta faute si y’a plus d’eau.
Aurélie Si je suis là c’est de ta faute.
Servane La Turquie c’est de ta faute.
Erdogan c’est de ta faute.
Florence L’extinction des animaux c’est de ta faute.
Olivier Le soleil qui nous chauffe de plus en plus c’est de ta faute ça.
Ludivine C’est de ta faute. C’est de ta faute si on a envie de crever tous les jours. Si tous les jours quand je me lève j’ai envie de me crever la gueule. Ta gueule c’est de ta faute, ta faute.
Chapitre 7
Joel …Toi tu as tout eu
Anne-Marie Tout ce que tu voulais
Joel Tu as tout eu . Moi j’ai dû m’habituer à tout. Tout ce qui arrivait. Toutes les nouveautés. S’habituer puis se déshabituer aux nouveautés qui rapidement devenaient dépassées. Alors que toi, depuis tout petit, tu as tout eu.
Bob Tout était là pour toi.
Christine Tout prêt.
Joel Tout cuit.
Anne-Marie Alors ne viens pas me faire chier sur ma soi-disant responsabilité. Sur notre responsabilité générationnelle. J’ai toujours été responsable. A 18 ans mariée, à 19 un gosse, à 24 déjà une famille nombreuse. Alors tu vois je n’ai pas fui mes responsabilités. Mais alors sur l’état du monde, alors là pas d’accord. Non, non, non, c’est pas d’ma responsabilité ça tu vois.
Bob Toi qui as tout eu, toujours, tu vois maintenant que ça merde. Que ça va chier grave pour toi et tes marmots que t’as eu à 37 ans. Maintenant que tu es perdu, que tu sais plus ce que tu vas leur dire à tes mômes ados sur le monde, sur son état, tu te retournes vers moi et tu me jettes à la gueule que c’est de ma responsabilité, que j’ai pas fait attention.
Christine Mais quand tu chialais pour avoir un nouveau Walkman, celui à la mode, autoreverse parce que ton pote il en avait un et que le tien il était vieux.
Anne-Marie Tu disais « vieux ».
Christine Il avait un an ou deux mais tu disais « vieux ». Combien de vieux Walkman t’as jeté à la poubelle ? Vas-y compte-les, compte sur tes doigts. Tu sais même plus parce que tu as très vite voulu la nouveauté, et encore la nouveauté, et encore et encore et encore…
Silence
Long silence
Jean Silence
Silence
C’est le silence.
Silence
J’aime pas trop ça le silence.
Silence
Quand y a des grands blancs.
Silence
Chapitre 8
Olivier On m’a donné ce prénom Olivier, moi je m’appelle Olivier, on m’a donné ce nom là comme ça… En fait je voulais pas dire ça du tout je voulais pas dire comment je m’appelais. Ce que je voulais dire c’est : moi ce que j’adore dans la rue c’est tous les gens qui sont bourrés et qui ont une conversation.
Servane J’aime pas quand il fait froid.
Olivier Ils parlent, mais on sait pas ce que ça veut dire. Ils parlent comme ça. Ils parlent. On sent bien qu’ils disent quelque chose mais on ne sait pas quoi.
Elisa J’aime pas les gens qui dansent dans la rue.
Olivier Et souvent c’est des scientifiques les gens bourrés. J’ai remarqué ça, que souvent les gens bourrés ils étaient des scientifiques. Ils ont vraiment une théorie.
Imane J’aime pas quand il fait gris.
Olivier Ils ont une théorie. C’est quelque chose que personne ne comprend. Que tu ne peux pas comprendre. Mais eux ils ont quelque chose dans leur tête de scientifique.
Christine Quand j’étais petit ce que j’aimais, c’était danser sous la pluie.
Olivier Moi aussi mais je ne dansait pas. Mais quand j’étais petit, j’adorais quand il pleuvait et je regardais la pluie et j’attendais et je trouvais que c’était beau, la pluie qui tombait. Je jouais, j’essayais de trouver, de saisir, de surprendre le moment où la pluie elle s’arrêtait. Le moment précis, pile où la dernière goutte de pluie elle tombe.
Bob J’aime pas quand il fait gris.
Olivier On a l’impression qu’avec les gens bourrés, on pourrait discuter avec eux de tout, de la pluie, du beau temps…
Elisa J’aime pas la musique qui gueule jusqu’à cinq heures du mat’.
Olivier qu’on pourrait refaire le monde avec eux. Mais en fait on parle, on fait rien du tout, on fait que parler et sans se comprendre en plus sans complètement se comprendre.
Servane Moi ce que j’aime pas, c’est les mecs, c’est les mecs qui parlent entre eux.
Olivier On a l’impression qu’on va avoir quelque chose avec eux. Qu’il va se passer quelque chose.
Anne marie Moi j’aime pas les gens qui pissent dans la rue.
Olivier Qu’on va comprendre quelque chose du monde.
Jean J’aime pas me faire draguer.
Olivier Mais on comprend rien du monde, on comprends un peu de ce qu’ils sont, et c’est bien quand même.
Aurélie J’aime pas les relous.
Olivier Dans la vie ça devrait être comme ça aussi pouvoir parler de tout, de rien…
Servane J’aime pas entrer toute seule dans un bar.
Olivier Se causer comme ça pour s’écouter.
Imane Moi j’aime pas me faire agresser dans la rue.
Olivier Et se dire que la musique de la voix de l’autre, même si on ne la comprend pas, elle fait une belle musique.
Chapitre 9
Christine
Je suis en panne
J’avais pas vu venir ça
La panne
Avant
J’avançais tête baissée
Avant
je franchissais des montagnes
là
j’avais tellement pas imaginé ça
en panne
Avant
quand surgissaient des blocages
la solution je l’avais
je la saisissais
devant moi
je trouvais la solution
mais moi là
en panne
moi là
bloqué
je suis en panne
ça dure
elle dure
la panne
elle dure tellement qu’elle fait partie de moi
au début
d’abord
je me suis dit ok
ok je me suis dit ok
ça va me faire du bien de m’arrêter
je m’arrête
c’est un moment à passer
un temps
après
je l’ai apprivoisée
après
elle s’est incrustée
la panne en moi
elle m’a figée
après
en moi la panne
impossible de la chassée
maintenant
je l’ai la panne
en moi
je suis en panne
la panne, c’est moi
les autres avancent
les autres circulent, sont en circulation
je les observe avec ma panne
je les vois
ils tournent ils tournent en rond
je les regarde avec ma panne
ils font des va et viens
ils partent
ils reviennent
pas toujours
ma panne est là
elle reste
elle colle
elle s’immisce
ma panne
j’ai voulu la chassée puis plus
les autres ne voient pas ma panne
Chapitre 10
Bob je me posais une question, C’est quoi la beauté ?
Emilie Moi c’est les couleurs.
Jean C’est complexe.
Christine C’est un état.
Bob Tu veux dire que tu peux être à l’état de beauté ou à l’état de pas beauté.
Christine Oui par moment tu te sens à l’état de beauté.
Anne-Marie moi je ressens la beauté le soir.
Florence L’état de beauté c’est quand il peut rien t’arriver.
Stéphane Ouais il peut rien t’arriver parce que t’es avec tes amis. T’as confiance.
Jean La beauté faut que ça fasse plaisir.
Servane Moi je n’aime pas quand le sublime le beau est décrété. Vous allez voir cette expo, ce film ou cette pièce on dit que c’est sublime et puis on s’emmerde.
Imane C’est l’attente du beau qui est déceptif.
Emilie Oui mais c’est aussi une proclamation comme une vérité, une universalité.
Joël Moi je suis plus vieux alors je me fais moins avoir, ou plutôt je prends en compte que c’est une subjectivité qui dit : « tu vas voir ça c’est sublime, c’est beauté. »
Bob Blague de Bob
Jean C’est beau comment tu parles Bob
Servane Moi pour moi la beauté, ça crée ou ça doit créer un état d’euphorie… même dans la musique tiens dans tous les arts.
Anne Marie Il existe aussi la beauté naturelle, quand je regarde le ciel avec différents nuages.
Emilie Moi j’aime quand il y a du travail, de l’activité humaine souvent.
Joël C’est un ressenti la beauté ouais.
Aurélie Ouais t’as raison c’est un ressenti c’est une interprétation.
Imane Tu veux dire que pour que la beauté arrive, il faut l’interpréter, il faut interpréter ce que tu vois ou ce qui t’arrive ?
Aurélie Oui c’est ça ! pour qu’il y ait beauté, il faut qu’il y ait subjectivité, il faut qu’il y ait quelqu’un qui interprète, qui vive, qui ressente cette beauté.
Jean Oui, il faut aussi qu’il y ait exaltation, une exaltation qui soit plus grande que soi. Une exaltation devant quelque chose qui est plus fort que soi.
Ludivine La beauté est-ce que c’est plus fort que toi ?
Anne-Marie Oui la beauté c’est plus fort que toi mais c’est aussi un rapport à toi.
Florence Ça te submerge.
Elisa La beauté provoque des émotions, on est émus devant la beauté, une personne, une œuvre, un paysage.
Servane La beauté pour moi je ne sais pas ce que c’est parce que moi y’a des choses que je trouve belles mais les autres ils ne trouvent pas ça forcément beau. Je veux dire que la beauté comme on dirait la beauté universelle comme quelque chose de beau pour tout le monde, alors je ne sais pas ce que c’est.
Florence C’est peut-être parce que y’a pas qu’une beauté y’a plusieurs beautés.
Olivier Peut-être qu’on l’a créée cette beauté.
Emilie Tu veux dire là ? Là maintenant ce qu’on fait là maintenant C’est de la beauté.
Jean C’est peut-être là que tout d’un coup on voit quelque chose qu’on a créé dont on avait pas idée.
Stéphane C’est ça t’as raison la beauté c’est quelque chose dont on n’a pas idée, je veux dire dont on a pas idée avant qu’elle arrive. Qu’on avait pas imaginé.
Joël Ça peut venir de la nature et on rencontre une beauté dans la nature et aussi ça peut venir de quelqu’un qui a imaginé quelque chose que je rencontre et que j’avais pas imaginé.
Aurélie Tu veux dire que l’imagination de l’autre elle rencontre ton imagination et c’est dans cette rencontre que se produit de la beauté ?
Emilie Attends là c’est trop compliqué.
Elisa Si la beauté c’est une rencontre, alors c’est une fulgurence ?
Olivier Ça peut durer dans le temps. C’est pas forcément immédiat.
Jean Tu veux dire que si des gens nous écoutaient là, nous voyaient là maintenant peut-être ils se rendent pas compte de la beauté mais que demain ou tout à l’heure en se couchant ils se diront ah ouais il y a quelque chose de beau qui m’a traversé.
Bob La beauté, il faut que ça grandisse en soi.
Anne-Marie Oui la beauté c’est de voir grandir les choses, les êtres.
Olivier Pas trop quand même.
Anne-Marie / Servane Comment ça ?
Olivier Quand ça grandit au début les êtres et les choses c’est beau mais si ça grandit trop si ça envahit ça peut devenir horrible.
Emilie C’est vrai les monstres, ils sont souvent grands géants et hideux en même temps.
Imane Mais les monstres, ils nous effraient mais on aime bien qu’ils nous effraient, on pourrait dire qu’ils sont beaux pour ça.
Florence Comme les ados.
Emilie Comment ça ?
Florence Ils et elles sont moches avec leur boutons ou leurs dents de travioles mais en même temps on les aime.
Bob Blague de Bob
Servane Moi mes ados, je les aime et je les trouve belles et beaux même avec leurs boutons.
Joël Peut-être aussi parce que tu sais que c’est un état passager, qu’ils ou elles vont encore changer.
Elisa Ou peut-être c’est ça, c’est quand ça change qu’on voit ou qu’on remarque la beauté.
Servane C’est vrai que ce qui parait immuable on le remarque moins et on en trouve pas la beauté sauf après.
Christine Après ?
Elisa Oui après un long moment, quand ce qui dure tu remarques sa durée alors là tu y vois l’histoire et tu redécouvres la beauté.
Jean Tu veux dire que c’est neuf c’est beau, ça change c’est beau, ça dure mais tu n’en a pas conscience alors c’est banal puis tu prends conscience que ça a duré alors c’est de nouveau beau.
Emilie Oui et quand ça disparait aussi c’est beau.
Olivier Oui parce que quand ça disparait, on imagine.
Servane La beauté c’est l’imaginaire .
Joël Pour moi la beauté c’est la musique depuis que je suis tout petit surtout depuis que je suis ado, c’est dans la musique que j’ai trouvé la beauté.
Bob Joël tu vois ça resonne en moi, ce que tu dis là sur la musique et je me disais que la beauté ça doit entrer en résonnance avec soi.
Chapitre 11
Aurélie Nous,
Anne Marie Là,
Bob Maintenant que c’est fini
Servane Maintenant que tout est fini
Christine Nous sommes
Jean Ça et là
Elisa C’est tout
Florence Isolés
Servane Sans savoir quoi que se soit de rien
Elisa Nous sommes c’est tout
Jean Puis
Stéphane Vous
Olivier Qui nous avez suivi
Stéphane Qui avez suivi ce que nous avons dit
Ludivine Mis en commun
Aurélie Sans savoir que nous
Anne-Marie Là
Bob Nous sommes devenus …
Imane Devenus
Emilie Du commun
Imane Une communauté
Olivier Petite
Florence Peut-être
Emilie Un peu
Florence Tu crois ?
Joël Devenus…
Christine Devenus amis ?
Joël Tu crois ?
Servane Un peu
Olivier Peut-être
Elisa Devenus…
Jean beaux ?
Anne-Marie un peu, peut-être