NOS ROMANS

NOS ROMANS

NOS ROMANS (création 2015)

CHanTier 21 THéâTre mène un travail de recherche. On imagine un cadre. On est attentif à ce qui nous entoure. On partage, on fait de la politique concrète. On construit, on creuse, on élabore, on échafaude des plans. On sait tout, on se remet en cause, on doute de tout. On s’aventure, on randonne, on change de cap, on fait des détours, on improvise, on regarde devant nous.

Nous ne savons pas exactement comment tout a commencé, nos débuts, nos liens. Nous avons apporté ce que nous étions à chaque instant. Nous avions peur d’être seul, nous avions peur d’être sans histoire. Nous avons imaginé nos histoires en écoutant les autres. Nous avons copié, copié, copié et copié de plus belle. Nous avons volé les histoires des autres, les mots des autres. C’était la solution que nous avions trouvé. Pas d’autres issue, pas d’autres moyens pour se retrouver, pour être ensemble, pour construire nos histoires. On les réinventait, on les improvisait. Sur le plateau, on avait l’intuition que des découvertes étaient possibles, qu’elles étaient même inéluctables.

CHanTier21THéâTre est constitué autour d’une dizaine d’artistes unis par une même sensibilité qui forment le noyau dur de la compagnie. Ce noyau artistique a également convié une vingtaine d’artistes qui a travaillé sur des projets initiés et conçus par CHT21THT. Cette Compagnie s’entend donc comme une compagnie à géométrie variable en fonction des projets, mais dont l’unité de la ligne artistique résulte de la complicité de ses fondateurs.

SCÉNOGRAPHIE

Nos romans

Mise en scène - texte Antonin Ménard

Avec Fanny Catel, Eric Fouchet et Grégory Guilbert,

Assistante à la mise en scène Marie Bernard

Direction d’acteur Médéric Legros

Lumières Célio Ménard

assisté de Nathanaël Frérot

Son Jean-Noël Françoise

Comment des livres ont pu transformer ou déplacer notre façon d’être au monde ?

Pourquoi avons-nous besoin de fiction ?

Comment un récit, une légende nous parlent de la réalité ?

Pourquoi avons-nous besoin du mensonge ?

Que n’arrivons-nous pas à dire ? à nos enfants ? à nos parents ? à nos amis ?

Cette histoire est écrite par Antonin Ménard. Elle met en scène une femme et deux hommes. Alice est auteur, elle bute sur l’écriture de son troisième roman. Elle pense trouver l’inspiration en partant de son père. Elle crée deux personnages Auguste et Firmin. Deux amis qui ont chacun un rapport à la paternité. Auguste essaie de parler à son père et Firmin cherche à transmettre quelque chose à son fils éloigné. Alice tente avec eux de parler de sa relation à son père, de parler aussi de son rapport à l’écriture. Elle se trouve dans une impasse et ses deux personnages essaient de l’aider jusqu’à la déborder. Pour l’écriture, nous nous sommes inspirés de deux romans : La Ballade de Bobby Long de Ronald Everett Capps et Les Compagnons de la grappe de John Fante

EXTRAITS : interview de Yannick Butel

« Le petit tambour d’Arcole », ça a été ma première expérience du langage. Je veux dire, je savais dire « papa », je savais dire « maman », je savais dire « oui » à l’institutrice, je savais obéir, j’allais chercher le pain. On me forçait pas à aller à la messe, tant mieux. Je suis pas baptisé heureusement. Mais voilà, là dans, au-delà du cercle familial, j’ai découvert qu’il y avait des gens qui parlaient, et qu’il y avait une parole, un langage. Et voilà, c’est ce moment de la fascination pour le langage qui n’est pas le mien et qui est à ma disposition. Et merci l’école républicaine et laïque parce qu’elle m’a appris à lire. Mais là, tout d’un coup, elle me dit mais je t’ai appris (à lire)pour que tu t’en serves. Et du même coup, je prends ce livre au hasard (…). Je prends ce livre et là c’est : « Le petit tambour d’Arcole » Et c’est un hasard, alors c’est un hasard ?, je vais dans le rayon pour enfant quoi, donc je suis à ma place. Donc j’ai pas d’espoir d’autre chose. Je veux dire, je vais juste me distraire comme un enfant et en fait non, il m’arrive une vraie catastrophe quoi ! c’est que ce livre me trouble à un point que Le petit tambour d’Arcole est le personnage de la littérature mondiale pour moi. Tu vois, Freud a, je sais pas, j’aurai aimé que Freud nous raconte que c’est pas « Hamlet », « Les frères Karamazov », et puis « Œdipe », qui sont les livres de l’éternité mais que c’est « Le petit tambour d’Arcole » parce que pour moi c’est le livre qui désigne l’éternité, c’est celui-là.

Un endroit qui est celui de la rencontre, de la confession et en même temps un lieu ou s’écrit la solitude. La lecture est aussi un espace d’une rencontre avec une intimité, avec des personnages qui s’inscrit dans la solitude. Une porte (sur roulettes) qui est comme un livre ouvert dans lequel on peut rentrer.

​Extrait de Nos Romans

C’est quoi une fiction ? toi, tu fais une fiction ? tu crois à ça ? tu crois à la fiction ? tu crois à ce que tu lis ? tu crois à ce que tu entends ? tu y crois ? t’as envie d’y croire ? tu crois que je peux te faire croire ? tu crois à ma fiction ? tu crois que je suis fictive ? quand tu lis ? tu crois à quoi ? tu crois en toi ? tu crois qu’il y a toi dans ce que tu lis ? dans ce que tu écris ? dans ce que tu entends ? tu crois que tu es ? tu crois les personnages ? tu te vois dans les personnages ? tu te reconnais ? tu reconnais quelque chose de toi ? tu reconnais quoi de toi ? ça te change ? ça change quelque chose pour toi ? t’es changé ? ce sont les personnages qui te changent ? tu penses que les personnages ils peuvent quelque chose à ta vie ? quand tu commences un livre, tu crois que tu vas trouver quoi ? tu cherches quoi ? tu cherches quelque chose ? tu cherches rien ? ça t’arrive de trouver ? tu penses que tu peux trouver ? la fiction c’est quoi ? pour toi, c’est quoi ? ça t’amuse ? toi ? ça te détend ? ça te repose ? ça te rend intelligent ? toi ? ça passe le temps ? ta vie tu l’imagines sans fiction ? à ton avis, la vie sans fiction c’est possible ? c’est imaginable ? tu crois que la fiction, c’est de l’imagination ? l’imagination peut-elle exister sans fiction ? pour toi ? le langage c’est de la fiction ? quand tu parles est-ce que t’as l’impression de faire de la fiction ? quand tu te souviens, c’est une fiction pour toi ? quand tu te racontes tu fais de ta vie une fiction? quand tu parles de toi, t’es un personnage ?