Vous inquiétez pas, on s'occupe de tout

Le Projet : résidence d'écriture dans les lycées de Coutances

Je suis là dans votre lycée pour écrire un texte de théâtre.

Ce texte a pour point de départ un groupe d’adolescents.

Un jour, ils trouvent un bébé abandonné…

Ils décident à plusieurs de s’en occuper…

Ils décident de ne pas en parler aux adultes qui les entourent

C’est le point de départ de :

« Vous inquiétez pas, on s’occupe de tout ! ».

Je vais écrire ce texte dans les quatre lycées de Coutances à partir d’aujourd’hui jusqu’au printemps. Je suis en résidence pour m’imprégner de vos réflexions, de vos idées. J’espère que nous imaginerons ce qui peut se produire si des jeunes prennent cette responsabilité d’élever ensemble cet enfant. La construction du spectacle se fera avec les volontaires des quatre lycées. Ce spectacle sera joué début avril au théâtre de Coutances.

L’ÉCRITURE

AU CENTRE DE CETTE IMMERSION

SCÈNE 7 : VIC

Ça commence aujourd’hui

Ça commence bien

Pour apprendre le texte SC 7, Mélissa qui jouait Vic, a réalisé ce Rébus Artistique

Je dors à la maison abandonnée. C’est notre maison maintenant. Ce soir, c’est à moi d’être là. Je t’endors, après le bain, après le biberon. Je m’endors aussi dans la chambre à côté, tu dors, je dors, nous dormons. Temps.

Je dors, je veux dormir. Dors, dors maintenant ! Dehors, il fait nuit. C’est la nuit là. Dehors personne. Ça dort. Tu cries toi, tu pleures. Tu me sors du sommeil toi. Tu extrais ma tête de l’oreiller. J’ai chaud. Tu m’appelles. Ma tête est profondément dans le carré de tissu, ma tête s’enfouie dans le carré moelleux de coton. Ma tête accueillie dans le milieu de l’oreiller carré. Ma tête dans le creux de l’oreiller. Toi, tu continues à m’appeler. Comme tu peux. Tu cries toi, tu pleures. Mes oreilles bouchées par les bords de l’oreiller pour ne pas t’entendre. L’oreiller autour de ma tête pour m’extraire de l’extérieur, des autres. Pour être seule. Toi, tu pleures pour me rappeler. La nuit, toi tu cries. J’étais seule avec mes songes. Tu es la réalité toi. Tu sais, la nuit, le sommeil ça fabrique des visions. Dans la nuit, certains mots sont repris et résonnent dans ma tête. Dans ma tête, dans mon sommeil, je fabrique quelque chose à partir des idées, des images, des peurs et ça fabrique, ça écrit quelque chose qui est moi. Au réveil, je ne m’en souviens pas toujours. Sortie du sommeil, le souvenir de ce que ma tête invente n’est pas toujours agréable. Mais l’oreiller lui est le récipient, le refuge d’une partie de moi. Là, dans la chambre à côté, tu pleures, tu cries toi. Tu me sors de ça. Tu pleures toi, tu hurles et je dois m’extraire du sommeil, sortir de cette partie de moi que je découvre la nuit. Cette partie de moi que j’oublie quand je rentre dans le monde avec les autres. Je suis là, maintenant entre ce qui est moi dans l’oreiller et ce qui est moi réveillée.

Qu’est-ce qu’il se passe ? Toi aussi dans les bras de Morphée, tu te découvres. Tu rencontres tes frayeurs. Tu te fraies un chemin dans nos visages, dans nos voix. Ça va petit ! Ça va ! Je suis là ! Je suis avec toi dans le monde ! Nous sommes huit avec toi ! Tu n’es pas tout seul !