Le premier atelier aménagé par Eugène Prévost voit le jour en 1916. Avec la complicité de son père, l’apprenti menuisier achète une habitation sise dans une rue sans issue, soit le 2e terrain à l’arrière de la maison paternelle faisant face à la rue Principale. Il a 18 ans. Devenue sa propriété, il convertit la résidence en atelier de menuiserie au cours de l’hiver 1917. C’est en 1921 qu’il pourvoit son lieu de travail d’un système électrique pour assurer le fonctionnement de ses machines-outils. Il s’improvise mécanicien quelque temps plus tard, avec l’ajout d’un appentis adossé au bâtiment. Le premier autobus a été construit sous cet abri de fortune en 1924.
Pendant la nuit du 31 août au 1er septembre 1926, un violent incendie détruit son atelier. C’est une perte totale, au point qu’il faut faire appel aux pompiers de la ville de Québec pour éviter une conflagration. Dès le mois suivant, une nouvelle construction est érigée grâce à une corvée collective organisée par le vicaire C.O. Hudon. Le nouveau bâtiment beaucoup plus vaste compte deux étages, dont le rez-de-chaussée destiné à la machinerie. Pour sa part, muni d’une passerelle d’accès, l’étage est destiné à l’assemblage des meubles ou la construction d’autobus. Il y annexe un local pour la peinture des véhicules construits dans son usine.
En 1936, pressé par un afflux de commandes en autobus, Eugène Prévost construit un nouveau bâtiment en béton, pouvant accommoder le montage de trois véhicules simultanément. Il est érigé sur l’emplacement de premier atelier incendié.
En 1939, soucieux de rendre son usine productive, l’industriel juxtapose un bâtiment à celui construit trois ans plus tôt. Eugène Prévost est un homme résolument pragmatique, en plus de diriger son entreprise, il cumule simultanément les fonctions d’architecte et d’entrepreneur de ses constructions.
Pendant la Grande Guerre 1939 - 1945, son entreprise est sollicitée par le Gouvernement canadien pour suppléer au manque d’autobus dans la province de Québec. L’industriel accepte de participer à l’effort de guerre. Les effets se font aussitôt sentir, une forte augmentation du personnel le force à agrandir son usine en 1943, il ajoute une nouvelle section aux précédentes. Elle comporte deux étages, dont celui du haut, uniquement dédié à la menuiserie. En raison des restrictions en temps de guerre, Eugène doit maintenir le concept traditionnel de construction pour ses autobus, soit un habitacle monté sur une structure en bois. C’est ce qui pousse le chef d’entreprise à y annexer un moulin à scie pourvu d’un séchoir à bois.
Une expansion sans précédent survient pendant les années 1946-47. L’incorporation de l’entreprise devenue Les Ateliers Prévost inc. l’amène à faire construire une usine de plus de 18 000 pieds carrés munie, grandeur oblige, d’une structure en acier, laquelle est pourvue de deux mezzanines. L’ajout de la nouvelle annexe est prévu pour y accueillir la chaîne d’assemblage des autobus. Dans un même élan, il fait construire trois salles de peinture sous un même toit, mais isolées l’une de l’autre. Elle est attenante à une chaufferie érigée dans les mêmes années.
En 1951, on ajoute un vaste entrepôt afin d’y emmagasiner différentes pièces, entre autres, les composantes mécaniques, afin de maintenir une cadence de production soutenue dans la construction des autobus. C’était une nécessité en raison des longs délais de livraison des matériaux à cette époque.
Le premier atelier acquis en 1916 occupait l’emplacement du bâtiment identifié 1936.
Le deuxième atelier construit en 1926 occupait l’emplacement de celui identifié 1939.
Les bâtisses construites par Eugène Prévost résistent au temps. C’est en 1973 sous la nouvelle administration que l’on procède à la démolition du bâtiment de 1936 pour agrandir la partie arrière de l’usine d’une superficie de 35 000 pieds carrés. Hormis le moulin à scie démantelé, l’ensemble des autres bâtiments maintiennent toujours leurs activités industrielles en 2024.
René Prévost, fils d'Eugène