Les premières observations autour de la Pierre des Trois Evêques nous ont conduit à examiner l'idée que certains sites pouvaient avoir un lien d'usage avec la Pierre des Trois Evêques.
Le point de départ de cette recherche : l'alignement Pierre des Trois Evêques, Viseur des Ecrins, Sommet des Ecrins, carrière de jadeite à Beigua. Ce constat a induit l'intuition, que nous avons travaillée en détail, d'un ensemble de sites consacrés à la navigation terrestre à longue distance, en lien avec l'exploitation de la jadeïte.
En effet, les haches en jadeite, comme celle trouvée à Marlhes, on fait un long voyage au néolithique. Elles trouvent leur source en Italie au Mont Viso ou à Beigua comme indiqué par les travaux de Pierre Pétrequin et son équipe, le site justement au bout de ce 'viseur', et ensuite elles sont taillées en Bretagne, puis diffusées en Europe. Qu'en est-il de ce parcours si on le fait à pieds, combien de temps faut-il, combien de personnes auraient à savoir faire ce trajet pour assurer la production et la diffusion de ces haches ? Par où passe le trajet le plus probable, que trouve-t-on de signifiant le long de ce chemin en lien avec le transport de haches ?
Ces questions nous ont conduit à identifier un trajet, celui de la pierre trouvée à Marlhes, extraite en Italie, transportée à travers les Alpes jusqu'à Carnac, taillée sur place puis ramenée dans le Pilat, et à étendre nos analyses sur les sites ayant des caractéristiques commune sur ce long parcours : pierres gravées, dépôts de hache, monuments ou installations de l'époque de production de cette hache.
Le "viseur des Ecrins" nous indique le sommet des Ecrins depuis la Pierre des Trois Evêques, mais aussi la carrière de jadeïte de Beigua en Italie, de l'autre côté des Alpes. Est-ce une information utilisable ? Comment vérifier cette idée ?
Nous est apparue la question de l'organisation d'un tel trajet, des chemins les plus courts pour aller d'un bout à l'autre de cette route avec la roche semi finie extraite à Beigua ou le Mont Viso en Italie, et tailler en Bretagne et diffuser ces haches à travers les Alpes dans toute l'Europe. Nous avons placé sur la carte les haches issues de la collection JADE fournie par l'équipe de Pierre Pétrequin et qui avaient une forme proche de la hache trouvée à Marlhes. (en vert sur la carte).
Trajet à pieds de Beigua à la Pierre des Trois Evêques, selon le calcul automatique de Google maps. (ligne bleue). Pierres gravées (rond violet avec un signe en éventail).
Comment retrouver son chemin sur de telles distances, comment traverser un massif montagneux sans encombres et sans se tromper, comment aller et revenir de Bretagne, puis en Angleterre, en Allemagne etc.. ?
Nous avons été influencé par ces questions pratiques dans nos recherches, et c'est ce biais qui nous a incité à tester l'idée que les pierres gravées et d'autres repères au sol pouvaient avoir un rôle d'aide lors de ces longs voyages.
JADE 2 - Objets-signes et interprétations sociales des jades alpins dans l’Europe néolithique - Pierre Pétrequin, Estelle Gauthier (laboratoire Chrono-environnement)
JADE. Grandes haches alpines du Néolithique européen, VIe au IVe millénaires av. J.-C. Base de donnée des haches
Sur le trajet, des pierres gravées portent des signes répétitifs, ronds, pieds ou croix. Nous avons entrepris une interprétation utilitaire avec au final la mise en valeur d'une proposition de modèle cartographique qui semble se vérifier de pierre en pierre.