Hypothèse à démontrer : les gravures sur la Pierre des Trois Evêques représenteraient à l'échelle et selon la même orientation une carte des chemins empruntés dans la région située entre la confluence du Rhône et de la Saône et Vienne. Cette mise à l'échelle réduite aurait été possible par la mise en oeuvre de la technique de triangulation.
La bordure Sud Ouest de la P3E fait penser à la falaise de Givors (hauteur, arrondi, dominant la plaine du Rhône à l'Est, surmontée par le sillon de la vallée du Gier au Nord), et la croix régulière au Nord Est fait penser à la confluence du Rhône et de la Saône. On a 'collé' ces deux points de repère de la pierre gravée, sur la carte de la région.
Après avoir relevé les gravures sur la Pierre des Trois Evêques, et fait l'hypothèse que c'est peut être une carte, on a projeté ces gravures, selon le Nord géographique, sur une carte de la région. L'orientation est exactement la même à 0.1 degré près.
Il semble que les croix se trouvent dans les confluences de vallées, les ronds / trous sur des sommets, et les lignes sur des 'chemins'.
Même les plus petits détails semblent reprendre le relief particulier de la plaine du Rhône et de quelques vallées affluentes.
Images par l'auteur de ce site
Cette interprétation des gravures ou 'cup & rings' comme des cartes ouvre de nombreuses questions :
quelle échelle pour ces cartes ?
quelle orientation de la carte vs le paysage qu'elle représente ?
quels signes reviennent régulièrement, et est-ce que leur usage présumé se retrouve dans plusieurs exemples ?
comment faire une carte comme celle là sans instruments et sans vue du ciel ?
On a donc conduit l'exercice sur d'autres pierres gravées, en particulier dans les Alpes (présentation ci dessous avec 3 pierres 'test' puis une méthode pour vérification à appliquer sur plus d'exemples). Cela nous permet d'étayer l'hypothèse et d'identifier des constantes. Mais aussi des questions.
On le verra, nos travaux nous mènent à proposer cette projection de la Pierre des Trois Evêques, tenant compte des réponses (vérifiées sur plusieurs pierres de même type) aux questions portées ci-dessus.
Nous avons validé que des peuples sans écriture, sans instruments modernes sont capables de faire des carte planes, à l'échelle. Nous commençons à décrire les techniques qu'il faut connaitre (la triangulation par exemple) pour entreprendre un tel ouvrage et les compétences requises, en particulier la mémoire : reporter des éléments de paysage à l'échelle puis les apprendre est un exercice nécessaire quand la carte est figée dans la pierre.
Ces peuples définissent des cartes, les apprennent et les transmettent, et les enrichissent de nouveaux points plus éloignés et de détails à leur retour de voyage. Ils savent recopier une carte en posant des 'stick chart' et en indiquant les points clés par des noeuds. Ils peuvent apprendre par coeur l'ensemble des informations, et être capable de localiser de nouveaux points par rapport à deux ou trois points connus et une technique de triangulation simple.