Le mois de mai des paysagistes

A mon ami Emilio Mauri

Mai ! mois des matinées de printemps, je t’adore

A l’heure où la rosée étale ses vapeurs,

Dans les ruisseaux brumeux, dans les jardins en fleurs,

Avant le lever de l’aurore.

Avant le chant du coq et quand l’air est humide

Quand les champs sont déserts et que dans le lointain

On entend résonner les cloches du matin,

Sonnait un angélus timide.

Puis quand le soleil vient dissiper l’harmonie,

Quand son disque enflammé parait à l’horizon ;

Je quitte avec regret le tertre de gazon

Où s’écoula ma rêverie.

3 mai 1875, Nantes Grillaud[1]

Madrigal

Pour mon ami Emilio Mauri

Si les hommes portaient de ces riches bijoux

Que la coquetterie a fabriqués pour vous :

Aux pendentifs ornés d’émaux, de pierreries,

Aux grenats, aux saphirs, à toutes ces fééries,

Aux bracelets sertis de perles, de brillants,

Aux rubis, à l’opale aux reflets chatoyants,

A tous ces beaux joyaux qui font damner le monde,

Aux chaines en or pur ou de brillant acier ;

Je voudrais seulement pendant une seconde,

Avoir autour du cou vos deux bras pour collier.

1883