AIMOR  ST-808SL

Ce mastodonte (70cm x37cm) attend son tour depuis presque deux ans, mais je repoussais par peur du manque de place sur mon établi. La rénovation commence en juillet 2019. Déjà  il manque des vis et un des boutons , la cornière en aluminium est bien cabossée et un morceau de circuit imprimé est cassé mais pour le reste ça semble aller. Ce poste est donc vite démonté, c’est le fond qui vient d’abord et je ne suis dans doute pas le premier à intervenir. C’est crade mais j’ai vu pire. 

La poussière s'est un peu accumulée...

Je retire maintenant tout le mécanisme et l’électronique très facilement après avoir enlevé quelques vis et débranché quelques fiches. Il faut aussi retirer la plaque en plastique de la  trappe à cassette et elle est fixée grâce à deux fausses vis en plastique qui me reste dans la main au démontage. Je commence par le nettoyage de l’arrière et de la façade. Cette dernière voit ses grilles retirés ainsi que les HP et les micros. Les grilles sont mises dans un coin puis reçoivent un coup de peinture noire (Motip black semi gloss). Deux logements de vis sont cassés et je les recolle d’abord à la Super Glue, puis je consolide avec un bon coup de pistolet à colle. Le boiter est aussi fendu à deux endroits et là encore, je commence par de la super Glue, que je mets par l’intérieur et je pense à essuyer tout de suite les coulures extérieurs avec une lingette de nettoyage. Cela paraît solide mais je préfère jouer la sécurité avec une couche d’Araldite étalée sur toute la longueur de la réparation. 

Après la réparation du circuit imprimé, tous les contacts sont ensuite nettoyés pour ne pas avoir à démonter plus tard… Puis Je m’attaque au lecteur cassette, logique, comme le prouve les engrenages à l’arrière. Il y a seulement deux courroies à changer. Le full autostop est associé à un aimant en rotation sur le compteur de bande. Tout se passe nickel,  je nettoie aussi les poulies, idler tires et la tête de lecture bien crade. Les touches également doivent être nettoyées à la brosse à dent. Je teste le fonctionnement avec écoute au casque : à première vue tout semble fonctionner et on verra plus tard pour la vitesse de lecture.

Les bosselages autour des trous sont supprimés avec un cutter.

On distingue l'énorme levier actionnant le switch record/play.

Passons au tuner. le système est détendue. Ne voulant pas tomber dans une galère potentielle, j’utilise un rivet pop, coupé et collé,  pour retendre l’ensemble vitesse grand V.

"Regarde autour de toi, le monde est pop, tout est pop plus que tu ne le crois, l'amour est pop". Vous n'aimez pas Alain Chamfort ?

Il semble n’y avoir plus grand chose à bricoler, juste à changer les deux ampoules de l’échelle des stations qui semble fonctionne en 9V selon mon testeur "haut de gamme" de chez Lidl. Hélas, il y a du jus même sans appuyer sur le bouton dédié. Ainsi l’éclairage fonctionne en permanence, ce qui explique que les ampoules soient grillées. Le commutateur paraît être en cause. Cela risque d’être difficile à réparer ce genre de pièce, en plus c’est très fragile au démontage et il me faut deux ampoules de 9V plutôt difficiles à trouver. Je mets finalement 3 ampoules  de 6V en série (reliquat du discolite) et l’ampoule supplémentaire trouve sa place entre les deux vu-mètres.  Je commande ensuite sur Ebay un bouton poussoir destiné à remplacer le commutateur défectueux, car il s'agit finalement d’ouvrir ou fermer un circuit. Avec quelques coups de Dremel  et le pistolet à colle, j’y adapte sans peine le bouton carré chromé. 

Le commutateur bleu, défectueux ou pas...

Remplacé par le bouton poussoir.

Profitant d’une des dernières belles journées d’été, je décide de repeindre en partie la façade (par pur maniaquerie) mais cet Aimor vaut quand même le détour alors… J’utilise à nouveau une bombe de peinture pour jantes Sinto et le résultat est impeccable, mais le masquage fut plus que fastidieux. J'insiste sur cette référence de peinture, elle est vraiment passepartout, parfait pour pas mal de ghettoblasters. Avant de remonter le radio-cassette, je m'attaque au plastoc "transparent" de  la trappe à cassette. Le plastique s’est blanchi et il n’y a rien à faire car c’est dans la masse. Tout d’abord je modifie le  système de fixation en insérant un écrou de chaque côté. La solidité est assurée par de la Super Glue. J’y associe deux vis en alliage issues d’une épave : c’est déjà moins plastoc. Donc RAS pour cette opération, sauf que je me coupe avec une lame de cutter et je saigne comme un veau. Ensuite je fais couper un morceau  de plexy  de 3mm d'épaisseur  (coût 5 euros). Je décide de polir les deux tranches horizontales pour les rendre transparentes, ça fera plus classe. Pour cela j’utilise du papier de verre 600 puis je polis avec un produit issu d’un kit de rénovation de phare de chez Aldi. Le résultat est nickel. Pour les bords verticaux, je me contente du papier de verre 600. Percer les deux trous  est plus délicat et faut dire que je travaille à l’arrache mais en agrandissant les trous, j’arrive à bien tout positionner.

Il a fallu faire attention à ne pas abîmer la trappe à cassette dans l’opération. Ci-contre le plastique qui s'est progressivement blanchi en profondeur et son remplaçant.

Bon, avant de remettre les entrailles dans la carcasse, je fais un dernier test de fonctionnement. Je fais bien car il a des trucs qui ne vont pas. Tout d’abord, le full autostop est inopérant. Le solénoïde ne semble plus faire son travail et je crois remarquer des traces de chauffe. C'est dommage ! Avoir avoir vérifié le non fonctionnement de cette pièce, je m’aperçois, après avoir googlé, que je trouverai pas un solénoïde équivalent (de forme ronde). Je décide de contourner le problème en utilisant un modèle de forme plus classique, trouvé sur Aliexpress. Grâce à la place importante  dont je bénéficie derrière le lecteur cassette, je peux l’installer à un endroit permettant que tout fonctionne. J’ai quand même attendu cette pièce plus d’un mois car retenue longtemps en douane.

En rouge, le solénoïde défectueux.

Son remplaçant, associé à un petit levier métallique.

Deuxième gros soucis : le tuner n’émet aucun son, à part une lointaine station espagnole. C’est un problème d’alimentation, un de plus sur ce ghettoblaster. Je ne possède pas de service manual et je ne suis pas un crack en électronique. Je renonce donc à trouver la panne. Même si  ce n’est pas très orthodoxe, je décide de trouver du jus sur le fil jaune et orange alimentant tout l'électronique. La tension délivrée est de 21V sur secteur et 16V sur piles,  beaucoup trop pour le tuner qui doit fonctionner à 9V (il me semble). J’intercale donc un petit régulateur de tension trouvé sur Ebay qui me permet d’atteindre la tension désirée. C’est une réparation de blaireau mais ça marche, alors… 

A ce stade, je suis plein optimisme mais j’avoue que j’en ai ras le bol de cet Aimor, il faut en finir au plus vite !! Je mets le lecteur cassette en test une dernière fois et encore un tuile : le moteur se bloque au bout de quelques heures. Il repart après un léger choc sur la carcasse mais je ne peux me contenter de ça et je me résous donc à en acheter un sur Amazon (12V et CCW) pour moins de 10 euros en Prime. Vais-je m’en sortir ? Cela fait maintenant  un moment que ça dure… Le nouveau moteur est mis en place et la vitesse est calée dans la foulée. Tout va bien. Je m’apprête à remettre les entrailles en place quand je remarque par hasard une cassure très discrète sur le circuit imprimé. Plusieurs pistes semblent coupées ou simplement griffées, mais c’est quasi invisible. Une fois réparée, j’essaie à tout hasard de faire fonctionner le tuner sans sa nouvelle alimentation et ça marche ! Je retire donc mon ancienne installation mais ça pourra sans doute servir un jour.  Et la question  à 100 000 dollars : le problème d'éclairage venait-il de ces pistes cassées ? Je ne le saurai jamais.  

Dur à voir, même avec mes lunettes progressives.

C'est pas beau (pas vrai Daniel ?) mais c'est costaud.

Que reste-i-il à faire ? Je commence par régler le problème du bouton manquant. Il en manque donc un sur les 3 identiques  qui sont en ligne (bass, treble et balance). Pour éviter que ça jure, je décide de déplacer celui de la sélection de fréquence pour remplacer le manquant comme cela la ligne est reconstituée. Il faut pouvoir l’adapter à son nouvel axe en demi-lune. J’agrandis donc l’alésage et je colle un petit bout de métal pour reconstituer le méplat. Pour le sélecteur de fréquence, Je trouve un nouveau bouton qui ressemble assez aux autres (provenant d'un radio-cassette Philips), mais je dois le peindre partiellement (toujours avec la Sinto) pour donner un aspect brossé. Globalement, vous constaterez que ça ne jure pas du tout.

Faisant peut-être de la sur-qualité, je me décide à changer les quelques gros condos de la section amplification, ainsi que ceux de filtrage des HP (3.3uf) par acquis de conscience... Avant de remettre les entrailles dans la façade, je ne manque pas de fixer la poignée de transport car après c'est impossible. Je règle l’azimut et je fixe la nouvelle plaque en plexyglass. Je remets ensuite le capot arrière  pour lequel il manque quelques vis que dois trouver dans mon stock perso. On y est presque, reste à mettre une nouvelle cornière en inox brossé. Vraiment pas facile à trouver cette pièce, il me faut donc du sur-mesure. Je trouve mon bonheur sur ce site spécialisé : ma tôle sur mesure. Cela me coûte tout de même  35 euros port compris mais j’obtiens exactement ce que je veux, jusqu'à l’angle de pliage de 100°. Même si mes consignes ont été respectées par l'entreprise, la cornière ne plaque pas tout à fait de chaque côté car l'angle de pliage est légèrement arrondi. L'inox fait 0.8mm d'épaisseur (un peu plus que la cornière d'origine) alors il ne peut se plier net, comme une feuille de papier. Donc je fixe la cornière avec du mastic maçonnerie translucide et je comble de chaque coté avec un peu de mastic gris : c'est propre. Cerise sur le gâteau, le fournisseur a eu la gentillesse (alors que rien ne l'y obligeait) de découper la cornière en faisant en sorte que le brossé soit horizontal, comme la petite plaque qu'il y juste en dessous. Terminé, c'est pas trop tôt ! Fin d'une histoire commencée il y a quatre mois.

Alors il donne quoi ce ghettoblaster ? Cela pulse pas mal, chose peut étonnante quand on examine le très lourd transformateur de l'alimentation.  Il faut dix piles si vous voulez sortir ce monstre dans la rue. Sa connectique est très généreuse mais on regrette l'absence de line-in. Les basses décoiffent, c'est vraiment inutile de les mettre à fond,  et le mode stéréo wide apporte un vrai élargissement du champ sonore mais également une légère métallisation du son. Quant au lecteur cassette logique full autostop, il fonctionne comme une horloge.  La réception FM est nickel et c'est bien pour un p'tit gars de la campagne. Bref, un bon gros bébé qui envoie le bois et avec ses cotes hors normes, il ne passe pas inaperçu.