Poésies

Hommage à nos Morts

L’honneur héroïque suppose l’existence d’une tradition

de poésie orale faisant fonction de mémoire sociale

Eric Desmons (op. cit. p. 23

Disparus

Vous n’aurez même pas de place au cimetière.

Vous êtes tombés, seuls, sur des champs inconnus.

Aucune main d’ami n’a fermé vos paupières.

On ne sait pas ce que vos corps sont devenus.

Albert Bausil

(Extrait)

Lettre à tous ceux qui ont fait la guerre …

A toi, soldat de la tranchée,

A toi, l’homme blessé,

A toi, le maquisard,

A toi, le déporté,

A toi, l’Américain mort pour la France,

A toi, le jeune engagé,

A toi, l’orphelin de guerre,

A toi, l’enfant qui savait,

A toi, la femme qui pleurait en silence,

A toi, celui qui souffre de la guerre.

Je ne t’oublierai jamais. Je n’oublierai jamais le froid, la faim, l’humidité, le désespoir, la haine, la solitude parmi la multitude, la brûlure, le sang, la mort … Je n’oublierai jamais le temps, celui qui passe mais surtout celui que tu as passé, toi, seul, prisonnier du conflit que la vie t’a donné.

Maïlys Dalle Mourey

Classe de 3e 5

Maison d’éducation de la Légion d’honneur

(Extrait - Juin 2002) (1)

Mémento pour un combattant

De Foch, Joffre ou Gallieni, combien s’en souviennent ?

Le Chemin des Dames, Verdun, les Taxis de la Marne

Un million quatre cent mille morts dans les tranchées

Combien en reste-t-il de ces « gazés », de ces « Gueules Cassées » ?

Et ces veuves courageuses oubliant leur chagrin

Pour élever dignement leur petits orphelins

C’était la der des der, disions-nous…

Et c’est Dunkerque : La France à nouveau à genoux.

Mers El-Kébir : les cuirassés Provence et Bretagne coulés ;

Mil trois cent de nos marins perdus à jamais.

Le Dunkerque et le Strasbourg rescapés,

Mais rattrapés par l’histoire à Toulon… sabordés !

L’Histoire se répète, contrecoup du destin.

Toujours des veuves, encore des orphelins

1941 voit se lever une armée en Afrique,

A sa tête Leclerc pour une épopée héroïque,

De l’Oasis de Kouffra à la ville de Tripoli.

Bir Hakeim, Konig avec 3 273 hommes réussit,

Pendant quatorze jours, les sables pour horizon,

A résister à Rommel et ses trois divisions.

Mais où est la gloire de mourir au loin

Pour laisser au pays une veuve, un orphelin ?

Combien en reste-t-il du front de l’Italie ?

De Monte Cassino à la Provence, Juin, De Tassigny.

Leclerc, la 2e D.B. de Paris à Strasbourg,

Le Rhin, Berlin, et la Porte de Brandebourg.

Combien en reste-t-il des combats d’Indochine ?

Dien-Bien-Phû, l’horreur qu’on imagine.

Qui se souvient de ces héroïques infirmières

Soutenant les blessés dans la boue des rizières ?

Une guerre fratricide endeuille l’Algérie

Pour laquelle nombre d’innocents ont péri

Et même si encore parfois on entend

Quelques bruits de canon apportés par le vent,

Que soit plus fort le chant de joyeux lendemains,

Qu’il n’y ait plus jamais de veuves, plus d’orphelins.

Jeannine MUT

33 Rue François Broussais

66000 Perpignan

Avril 2003

39 - 45

D’une haine raciale

Provient l’origine du mal.

Cette guerre mondiale

Est un exemple intolérable

Du désastre exécrable

D’un fou fanatique ;

Qui fit de l’Europe

Un enfer mythique.

Preuve éternelle

De tant d’horreur,

Nous rappelle à l’heure

D’un monde plus fraternel.

Guerre sanglante,

Qui parmi les plantes

Répandit le sang

De nos parents,

De vos enfants.

Pleurs et larmes

Déchirèrent les campagnes.

Bruits et armes

Coupèrent les montagnes.

Un ciel en pixels,

L’horizon démentiel,

Là où je marche souffle coupé :

Jadis des soldats y étaient essoufflés.

Abasourdis par tant d’obus

Les terrifiant à leur vue.

Ils risquaient leur vie

Pour une fleur déjà flétrie :

La douce France

De l’espérance ;

Dont le parfum céleste

Fut volé d’un geste.

A l’ombre du firmament,

Une main se tend

Prête à serrer

L’allégorie de la paix.

D’autres bras s’élèvent

Attendant, prophète inespéré

Qu’un fait de ton Dieu proclamé.

Car sous la pluie cinglante,

Dans ce champ de bataille,

Ils sont huit mille cent cinquante

Que la faim tenaille …

Ils ne savent pas …

Pour qui ? Pour quoi ?

Mais ils se battent en courageux soldats

Dont le devoir qui hâte

Est de défendre leur patrie ;

La France, leur pays !

Une armée de bateaux

Secouée par les flots.

Un champ de bataille

Surplombant le corail.

Un va et vient incessant

D’obus voltigeant,

Qui de terre ou mer

Faisaient office d’éclairs.

Des parachutistes se lançaient dans l’air

Sautant des avions de guerre.

Nombre de points blancs aux confins,

Comme méduses dans la mer.

Ils attendaient que l’heure arrive enfin

Où ils pourraient venir libérer

La triste France occupée.

Tels des fourmis ils se sont fait mitrailler,

La plage d’Omaha en fut ensanglantée.

Ce jour ils étaient des milliers débarquant

Dans l’heureux pays normand.

Tant de barbelés et de fer

Les piquant, les écorchant ;

Que pouvaient-ils faire ?

Étouffés et aveuglés par la fumée,

Où pouvaient-ils aller ?

Il y eut des prisonniers, des blessés :

Tous de vaillants alliés

Morts pour la liberté !

Hommage à ceux qui ont su

Avoir la force et le courage de résister.

Hommage à ceux qui ont pu

Aider notre patrie à se redresser.

Hommage à tous nos alliés

Sans qui nous aurions sombré.

Marie-Lorraine Brifford

Classe de 3e 5

Maison d’éducation de la Légion d’honneur

Art et Mémoire

Francis Alis

Sculpteur d’Art

Tautavel

Créé pour l’inauguration de l’espace de la mémoire et des Arts à Tautavel le 10 juillet 2004, ce panneau représente à travers le découpage des profils d’Hommes superposés et entrelacés, les ascendants et leur descendance au fil des générations qui passent.

L’opposition des personnages et les vis à vis sont des Hommes qui suivent des directions, des vies et des idées différentes, qui se querellent ou s’aiment, partagent des idéaux et construisent ensemble. Toutes ces générations passés, qu’elles soient amies ou ennemies, ont construit notre vie.

La rose que l’on offre à nos chers disparus, symbolise l’amour qu’on leur porte à travers la mémoire.

Ce panneau semble sortir du sol, dans une matière qui vient de la Terre et que l’Homme a su apprivoiser ainsi que les éléments nécessaires à sa maîtrise, comme pour nous rappeler que nous marchons sur les traces de nos ancêtres, et que les découvertes d’hier sont les racines du monde de demain.

Servir l’Homme à travers la sculpture, la poésie ou toutes les formes d’Art, c’est le sensibiliser sur des questions existentielles qu’il se pose ou qu’il ne se pose pas, pour une vie meilleure à la recherche de la Sagesse qui aboutit à la Paix.

Notes :

1) Avec l’autorisation du Président général des AET J.C. Batteux, parrain de cette classe concours « Maginot » 2002