Aux aviateurs Catalans

Aux aviateurs Catalans Morts Pour La France

par André FRAICHE

I -Au tout début du vingtième siècle et plus précisément à partir des années 1904 à 1910, le rôle de la France fut prépondérant et décisif dans l'histoire de l'Aviation naissante.

Précisons pour mémoire que, sous l'égide de Monsieur de LASSENCE, Maire de PAU, fut fondée, le 29 décembre 1908 la première Ecole d'Aviation du Monde.

Sur les 80 hectares du terrain de PAU PONT LONG- acquis 500 000 francs par M.L. WEILER - s'illustrèrent d'abord les frères Wilbur et Orville WRIGTH, suivis par leurs élèves et disciples MM. de LAMBERT, P. TISSANDIER, le Cne LUCAS-GIRARDVILLE et, par la suite, celui qui allait devenir le "héros légendaire, …lègue au soldat français un souvenir impérissable, qui exaltera l'esprit de sacrifice et provoquera les plus nobles émulations". (Cf. citation posthume - in extenso - Cne GUYNEMER, 11 sept. 1917).

Dès 1911, le Colonel HIRSCHAUER créé le Centre d'Aviation militaire. En 1912, le premier Régiment d'Aviation - portant l'écusson N° 1- est créé sur le terrain de PAU et son fondateur HIRSCHAUER en prend le commandement. On volait alors sur les "coucous" Borel Bll, Farman MF7, Blériot BL. XI, Bréguet U3, Deperdussin types 1911 et 1913, Voisin type III, Morane MS XXI, Dorand ARI, Nieuport "Bébé" N11, etc…En tant que telle, la Base aérienne 119 allait survivre jusqu'aux derniers mois de 1964.

Toujours vivante et gardienne des traditions la Base aérienne d'AVORD (20 Km E.S.E. de BOURGES - Cher) sous le vocable initial de Centre d'aviation du Camp d'Avor (sans D), sera créée le 23 juillet 1912 pour devenir le "Saumur de l'aviation…". Il faut dire que les candidats-élèves pilotes étaient, dans une assez forte proportion, issus de la Cavalerie montée. Successivement B.A. 127, puis B.E. 702 (Ecole de : pilotage, radio et navigation), l'actuelle B.A. 702 "Cne G. MADON" couvre 1100 Ha et dispose d'une piste en dur de 4300 mètres. De 1912 à nos jours plusieurs dizaines de milliers d'aviateurs (français et étrangers) dont bien évidemment des Catalans, ont été instruits - ou servent encore - sur cette base.

Ajoutons, pour clore ce chapitre, qu'à la fin de la Première Guerre mondiale stationnaient au Camp d'Avor : 1300 avions, 6000 hommes et le terrain comptait alors 30 pistes en herbe ; plus de 9000 brevets du personnel navigant y auront été délivrés, dont ceux de G. GUYNEMER et G. MADON. De très nombreux autres "As de 14-18" passèrent par AVORD.

Notre but n'étant pas d'évoquer en détail les phases techniques ni l'évolution de l'aviation militaire française, moins encore celui d'établir une chronologie rigoureuse de son historique, nous nous sommes limités à quelques rappels essentiels.

Disons que l'histoire de cette arme - eu égard le contexte politique mondial, relatif à chaque époque du vingtième siècle et notamment à partir du premier conflit mondial de 1914 à 1918 - que l'histoire de l'Armée de l'Air et de ses personnels allait, assez rapidement, tendre à l'épopée (Cf. "Aviateurs de la liberté " - Mémorial des FAFL de H. LAFONT - SHAA Ed.).

II - Alors que de nombreux hommes et femmes sont "Morts pour la Patrie", souvent à l'aube de leurs vies, pour la liberté, pour que d'autres filles et garçons de France puissent vivre en paix, nous ne devons pas nous offusquer outre mesure de ce que les enfants d'aujourd'hui ne soient pas d'emblée - à la lecture de nos panégyriques - enthousiastes et transportés de gratitude à l'égard de leurs glorieux aînés.

Le temps, la maturité née des aléas ou autres vicissitudes qui affectent les vies humaines, feront que la plupart d'entre eux seront tôt ou tard appelés à se souvenir.

Comme la mort d'un être cher et regretté - dès lors que nous en connaissons les circonstances et les motifs exacts - nous conduit, vaille que vaille, à faire le deuil de cette disparition, les générations futures aborderont à leur tour au devoir de mémoire, cet impérieux besoin de savoir et c'est pourquoi notre devoir est de témoigner à leur intention.

Du fond des âges, bien avant les Soldats de l'An II et chaque fois que la France s'est trouvée confrontée au danger, ce sont les patriotes - dans la quasi totalité des provinces et des territoires français - qui se sont levés pour défendre la Patrie. Parmi tous ces soldats, dont certains venus de lointains territoires, les Catalans - originaires des piémonts nord ou sud (1) pyrénéens - ont répondus présent ; notamment lors des deux conflits mondiaux. En témoignent la multitude des monuments aux morts érigés dans nos villes, villages et jusqu'au cœur du plus humble hameau catalan. Le tribut payé à ces guerres fut très lourd pour les familles roussillonnaises.

Au sein de cette glorieuse cohorte le Roussillon, pour sa part, compte - en nombre sensiblement inférieur à celui des armées de Terre et de Mer - plusieurs aviateurs catalans "Morts pour la France", dont la majorité de tués et de disparus au cours de missions de guerre, lesquelles sont officiellement désignées par le sigle S.A.C.(service aérien commandé). Ce sont ceux-là que nous voulons honorer.

Notons simplement, pour revenir à l'aspect commémoratif de notre exposé, qu'il existe parmi un nombre important de monument en France et dans le monde (2) - aujourd'hui restaurée et inaugurée le 25 mai 1998 - une CHAPELLE MEMORIAL DE L'AVIATION située sur la D 289, à 150 mètres au SSW de l'ex-Base aérienne 119 de LESCAR PONT LONG (64) ; base aujourd'hui dissoute. Ce mémorial comporte à l'intérieur de la chapelle six grandes plaques où sont inscrits les noms de quelques 300 aviateurs, morts au combat ou en S.A.C., entre 1912 et 1972 (Cf. 6 clichés en annexe).

En vertu de l'adage populaire roussillonnais : "Les catalans partout…" qui nous interdirait de penser qu'un - ou plusieurs - catalan pourrait figurer parmi ces "ailes brisées" ? Et, quand bien même l'un de ces aviateurs serait non identifié quant à ses possibles - proches ou lointaines - origines catalanes, son anonymat n'en serait-il pas alors davantage glorieux ? Combien sont morts, oubliés, loin de leurs racines et de la terre natale ?…

(1) Cf. 3 monuments barcelonais (Catalogne Sud).

(2) Cf. "Mur de l'Aéronautique française" en Californie - U.S.A.

III - Les frontispices de 223 monuments - ou livres d'or - roussillonnais, portent souvent cette inscription : "A nos enfants, morts pour la Patrie". Suivent alors les listes des noms de ceux que le sacrifice consenti a confondus dans la mort. Parmi ces noms, il nous a semblé raisonnable et juste de relever ceux des aviateurs catalans tombés au service des Ailes Françaises.

Quoique succinctes et probablement incomplètes, nous tenterons d'établir nos listes en fonction des époques correspondantes aux conflits suivants (1):

Première guerre mondiale 1914 - 1918

Deuxième " " 1939 - 1945

Guerre d'Indochine 1946 - 1954

Guerre d'Algérie 1954 - 1962

(1) N.D.L.R. comme pour les autres armées, les aviateurs Morts pour la France sont listés dans le second volume, toutes guerres confondues.

En conclusion, rappelons ces fortes paroles de Winston CHURCHILL lequel faisait, )

incidemment et pour partie, référence aux F.A.F.L. (Forces Aériennes Françaises Libres) :

Jamais dans l'histoire des conflits humains,

autant d'hommes n'ont été redevables envers si peu".

Épitaphe qui nous autorise à rendre un pieux et fervent hommage aux glorieux Enfants de la Patrie Catalane qui ont été de ceux-là.

André FRAICHE

Ancien Navigant/Armée de l'Air

(Membre Adh. 405 de l' A. C. G.)

(Janvier 2003)