Tarzan... Vous avez dit Tarzan ?

Consécutif aux recherches que vous trouverez sur ce site à la rubrique "la légende de Tarzan", ce quatorzième roman est le premier à m'avoir entraîné en dehors des sombres chemins du fantastique. Cette particularité m'ayant amené à rédiger un avant-propos en préambule à cet ouvrage, je vous livre ici la totalité de cet avant-propos, car je crois qu'il résume assez bien mes intentions.

J’imagine que ceux qui ont l’habitude de me lire risquent fort d’être surpris à la lecture de ce titre, et autant dire sans ambages que je les comprends. Suite à quelle lubie un auteur qui, jusqu’ici, avait surtout œuvré dans le fantastique, irait-il écrire sur « Tarzan » ? À moins qu’il ne s’agisse d’une version horrifique de Tarzan, peut-être ? Eh bien non, même pas. Vous ne retrouverez ni Radu Dracula, ni la demoiselle de Tonneville dans ce récit, même pas leurs fantômes. En fait et, pour être tout à fait honnête, la décision d’écrire ce livre a été consécutive à une sorte de concours de circonstances. Puisque vous l’avez entre les mains, il a bien fallu qu’une volonté délibérée vienne s’ajouter à ce concours de circonstances, mais sans doute vaut-il mieux reprendre dans le détail ce qu’il s’est passé, vous y verrez certainement plus clair.

 

Tout a commencé autour d’une banale discussion avec un ami autour de la légende de Tarzan. Sans être un spécialiste du personnage d’Edgar Rice Burroughs, je le connais tout de même un peu pour avoir lu bon nombre de bandes dessinées, mais aussi et surtout pour avoir dans ma bibliothèque les huit premiers romans de la série. Or, lesdits romans ne suffisant pas à étayer les propos que je tenais à mon ami, je me suis retrouvé à faire des recherches sur internet, et c’est à ce moment que je suis tombé un peu par hasard sur un article de Thomas Llewellan Jones, publié dans la revue Man's Adventure Magazine en mars 1959.

Intitulé "l’homme qui était vraiment Tarzan”, cet article est controversé. Il est tout simplement considéré comme un canular par certains, mais comme authentique par d’autres, notamment du fait que Man’s Adventure avait la réputation, semble-t-il justifiée, de ne publier que des histoires vraies. Personnellement, deux choses m’avaient immédiatement interpellé dans la version que prétendait détenir Jones. La première est son évidente similitude avec l’histoire racontée par Burroughs en mille neuf cent douze, la seconde est sa crédibilité.

 

Avant d’aller plus loin, je crois bon de rappeler ici les propres mots d’Edgar Rice Burroughs à l’entame du premier volume de la saga de Tarzan. "Je tiens cette histoire d'un homme qui n'était sans doute pas autorisé à la révéler. Un verre de vin lui a tout d'abord délié la langue, et je crois que par la suite, le scepticisme avec lequel je semblais écouter son récit l'a incité à le poursuivre jusqu'au bout. Quand il s'aperçut un peu plus tard qu'il m'en avait trop dit sans me convaincre pour autant, une bouffée d'orgueil lui monta à la tête – le vin y étant sans doute pour beaucoup – et il sortit des pièces écrites : un manuscrit moisi et des archives de l'Office colonial britannique. Je n'affirmerai pas la véracité de cette histoire, car je n'ai pas été témoin des événements qu'elle relate. Mais le fait que, dans mon propre récit, j'aie donné aux personnages des noms fictifs prouve assez que je crois sincèrement à son authenticité. Les pages jaunies et couvertes de moisi du journal intime d'un homme mort depuis longtemps, tout comme les archives de l'Office colonial britannique, concordent parfaitement avec le récit de mon amphitryon. Je vous rapporte donc cette histoire telle que je l'ai péniblement reconstituée, à partir de ces différentes sources. Même si vous ne pouvez lui prêter foi, vous m'accorderez qu'elle est unique, remarquable et captivante" (traduction de John Duval pour l’édition spéciale n°1 de 1970).

Les faits rapportés par Jones étant antérieurs aux écrits de Burroughs (l’histoire se situe entre mille huit cent soixante huit et mille huit cent quatre vingt cinq), comment ne pas penser que c’est précisément eux qui auraient pu donner à l’auteur américain l’idée de son « Tarzan » ? Autant vous le préciser tout de suite, je ne suis pas parvenu à établir si c’était le cas ou pas, cela reste une supposition. Le problème, si j’ose dire, c’est qu’en étudiant avec attention les faits tels qu’ils sont rapportés par Jones, eh bien les suppositions vont se multiplier, et parfois même prendre l’aspect d’hypothèses hautement crédibles.

 

Je ne vais pas dévoiler dans cet avant-propos le contenu de l’histoire narrée par Jones, car le roman qui suit est précisément bâti autour de cette version. Sachez toutefois qu’à travers mes recherches, je suis parvenu à dénicher de nombreux faits pour le moins troublants.

Ainsi, le navire emprunté par le personnage principal pour se rendre en Afrique a bel et bien existé, et il fréquentait effectivement les côtes ouest africaines à cette époque. Les guerres tribales dont il est fait mention sont également vérifiables, via les archives coloniales, par exemple. Enfin, les conditions de la survie du héros sont ici beaucoup plus crédibles que dans la version de Burroughs et, d’ailleurs, on est bien loin du demi-dieu qu’en avait fait l’auteur américain, même si le parcours du personnage demeure pour le moins extraordinaire.

Enfin, d’étranges similitudes existent entre le récit de Jones et celui de Burroughs. Ainsi, tous les deux s’accordent sur ce point : le personnage va se retrouver en Afrique équatoriale française, quelque part entre Libreville et Pointe Noire, précise même Jones. Pour sa part, l’auteur américain (dont il est bien connu qu’il n’ait jamais mis les pieds en Afrique) se contente de décrire la plage où se retrouve son héros. Il mentionne notamment une sorte de petit port naturel, la présence d’une rivière, la proximité de la jungle, et enfin une surélévation de terrain en bord de mer, chose vraiment peu commune dans cette région. Or, un tel endroit existe bel et bien, comme l’avaient relevé Simon Sanahujas et Gwenn Dubourthoumieu dans leur remarquable ouvrage : « Sur la piste de Tarzan ». Il s’agit de la pointe Panga, au Gabon. Ainsi, Burroughs, qui prétendait tenir cette histoire de quelqu’un d’autre, a-t-il décrit avec une grande précision un lieu à l’aspect pourtant improbable dans ce secteur. Serait-ce son informateur qui l’avait si bien renseigné ? Difficile de ne pas y songer, n’est-ce pas ?

Bien d’autres concordances pourraient être citées, comme le rôle tenu par des militaires français, ou encore l’existence d’une légende locale qui persiste aujourd’hui, laquelle est en rapport direct avec ces évènements du passé, mais vous retrouverez tout cela en détail dans le récit qui suit.

 

À ce stade de cet avant-propos, vous aurez peut-être remarqué que je n’ai pas encore nommé le personnage principal, si ce n’est sous l’appellation de « Tarzan », en prenant parfois soin de munir ce nom de guillemets. 

Pour sa part, Edgar Rice Burroughs a été très clair, comme vous l’avez lu plus haut : pas question pour lui de nommer la personne ayant vécu ces aventures invraisemblables. Il l’affuble donc du nom fictif de John Clayton, lord Greystoke, « Tarzan » étant par ailleurs le nom que lui donnent les singes, donc un nom assurément imprononçable pour des humains, de mon point de vue.

Thomas Llewellan Jones, quant à lui, prétend qu’il s’agirait d’un certain William Charles Mildin, le 14ème comte de Steatham. Or, il n’est pas nécessaire d’être un surdoué de la recherche sur internet pour s’apercevoir qu’il n’y a jamais eu de lord Mildin, et ce fait donne évidemment du crédit à ceux qui ne voient là qu’un mauvais canular. Jones a-t-il, à l’instar de Burroughs, voulu dissimuler, lui aussi, le véritable nom ? Rien ne m’a permis de le déterminer. Toutefois, au stade où j’ai poussé mes recherches, c’est vraiment le seul élément qui pose problème dans la version de Llewellan Jones. Il ne pose d’ailleurs réellement problème qu’au tout premier niveau des recherches car, si on les approfondit un peu, on finit par trouver mention du nom d’une famille aristocratique de Streatham dans des documents en lien avec cette histoire, ou encore des connexions entre le navire utilisé par le héros pour se rendre en Afrique et cette même famille.

Sans être parvenu à mettre la main sur des preuves qui soient absolument irréfutables, j’ai de fortes raisons de penser qu’il s’agit de la famille Russell. Burroughs et Jones s’accordaient, une fois de plus, pour prétendre que le personnage central de cette histoire était un noble anglais, or, cette famille et celles qui lui sont liées ont compté bon nombre de lords dans leurs rangs, notamment à l’époque des faits relatés dans le récit qui suit.

Cet ouvrage, édité par Inanna en version brochée, est disponible en librairie et sur les plateformes de vente du web, comme Amazon, la fnac, etc... Lien pour me contacter ci contre : 

" Un excellent travail d'enquête sur l'histoire authentique qui aurait inspiré le personnage de Tarzan, et un roman passionnant et immersif de bout en bout ! "                   - Pierre Taranzano - 

En raison de la trame de ce roman un peu haute en couleurs, nous avons décidé d'agrémenter le texte d'illustrations d'intérieur, à raison d'une par chapitre (23 chapitres). Afin de rester dans l'esprit du 19ème siècle où se déroule cette invraisemblable histoire (1868/1885), nous avons opté pour des illustrations au crayon à papier, un peu comme celles que réalisaient les journalistes de cette époque où l'appareil photo ne s'était pas encore démocratisé. Voici les deux premières