J'aurais voulu être un auteur. Un mec qu'écrit des best sellers.
Celui que tu lis et qui t'arrache le coeur, qui te fait faire l'ascenseur, te scotche au siège de stupeur, de rire ou bien de pleurs.
J'aurais hypnotisé mes lecteurs comme un sournois , les aurais tenus par la main pour les mener tour à tour au paradis ou en enfer.
Je leur dirais des mots gentils, puis des insultes bien senties, je leur caresserais la joue, puis leur foutrais un coup de poing.
Je leur donnerais de l'espoir pour le leur reprendre la page suivante, je leur procurerais un bol d'air frais pour leur couper le souffle juste après.
Je serais le pote que t'as toujours rêvé d'avoir, ou l'enfoiré que t'aurais peur de rencontrer, le voisin sympa d'à côté, ou le taré dégénéré.
J'aurais voulu être un auteur, toucher les gens dans leur foyer, entrer chez eux comme un voleur pour les priver d'intimité.
Je serais l'oeil au dessus de ton épaule, le bienveillant qui t'aime et te chérit, ou, le roulant de fureur, le regard que tu te chies un jour de croiser.
Je serais ton meilleur confident, le mec sympa qui est à l'écoute et anticipe tes désirs, je serais le monstre sous le lit, celui qui t'espionne et te harcèle la nuit.
J'aurais voulu être un auteur. Bon ben en attendant, faut aller bosser...
De nature acariâtre, inadapté social chronique, le bougre a du mal à trouver une vraie place dans la société, une place qui en tous cas lui convienne... peut être d'ailleurs n'en existe-t-il pas pour cette espèce là... à lui de se créer sa propre niche donc, ou d'amener sa touche personnelle à une niche existante.
Animal étrange, de moeurs plutôt nocturnes, peu enclin à la discussion orale...pour la simple et bonne raison
qu'il ne dispose que d'un langage très rudimentaire, et d'une élocution pour le moins aléatoire, faisant ressembler son phrasé à un gloubiboulga sonore, inaudible pour le commun des mortels.
L'écouter étant un calvaire, il vaudra mieux le lire. Tel un bègue oubliant son handicap en chantant, Cetro trouve dans l'écriture un moyen d'expression dans lequel il est nettement plus à l'aise, et dans tous les cas, plus compréhensible.
Il appréciera à n'en pas douter le fait d'être lu. Se livrer et s'exhiber sans se montrer, voilà bien ce qui le motive.
Une exhibition pudique donc, pour mettre à nu ses drôles de pensées, et non son étrange physique.
Le voir est le fuir, le lire est l'adopter. Adeptes du politiquement correct, passez votre chemin.
Cetro ne se censure que très peu, et vous livre des textes bruts, sans concession faite à la bienséance.