Un jour je serai petit


Un jour je serai petit.

Redevenir un enfant, pour aimer sans attente et surtout ne pas haïr sans raison, pour mettre des étoiles sur les choses du quotidien, pour voir le merveilleux qui nous fuit en grandissant.

Lorsque j'étais enfant, je rêvais d'être grand, je voulais mener une vie sans contrainte, une vie pleine de liberté, d'aventures et de satisfaction.

Mais l'existence dans la peau d'un grand n'a rien de vraiment marrant. C'est une telle déception.

À grands coups d'éducation cynique, la vie se charge d'effacer un à un tes idéaux et tes rêves, et te rappelle à chaque instant qu'aimer est un danger qui ne voudrait rimer qu'avec trahison.

Tu t'habitues peu à peu à ce rideau de plomb qu'on tire sur l'enfance, pour masquer tes sentiments et les rendre imperceptibles, pour éviter de rire à tout bout de champ, et surtout de pleurer, parce que c'est presque honteux.

Tu finis par passer à côté des vraies choses importantes, parce qu'on te dit que c'est des trucs de mômes.

Tu ne dois plus t'émouvoir du sort réservé aux humains ou aux animaux, parce que c'est censé être comme ça, et qu'il n'y aurait rien à faire pour changer ce qui ne va pas.

On s'enferme tous dans cette absurdité qui consiste à dire que si le monde est injuste et violent, on n'y peut rien changer, alors que c'est cet état d'esprit même qui en est responsable.

À ne plus s'indigner, on accepte et on laisse faire.

C'est comme si au fil de notre croissance, nos pensées s'étiolaient, notre imagination se rabougrissait et notre coeur se ratatinait.

Mais moi, j'en ai assez de tout ça. Alors j'arrête.

Je vais tuer l'adulte en moi, recommencer à m'émerveiller de ces petites choses qui façonnent nos vies sans qu'on s'en aperçoive.

Je vais passer pour un con, mais ça j'ai l'habitude.

Je veux rire et pleurer, émettre des idées en me foutant de savoir ce qu'en penseront les autres.

C'est décidé, je retourne en enfance. Qui veut m'accompagner ?