Beau rivage

Cette page est en cours de construction

[2018] Gallimard, coll. « Blanche », 128 pages.
Prix Jean-Freustié 2018

Résumé

Beau Rivage est un petit hôtel de montagne, comme il y en a des milliers, quelque part, pas très loin de la frontière, au bord d'un lac.

S'y retrouvent par hasard deux couples et un homme seul. Il s'appelle Serge (ou il dit s'appeler Serge).

C'est le moment où l'été montagnard bascule dans l'automne.

Extraits

«On entendit soudain des aboiements. Ils étaient très distincts, comme s'ils venaient non pas de la route qui menait au village, mais du lac à côté de nous, ou d'une vallée derrière celle où nous nous trouvions, un des puits silencieux que dessinaient les pentes verticales. Ils paraissaient lugubres sous le ciel menaçant.

Serge eut l'air de les écouter. Ils s'arrêtaient de temps à autre, prolongés par leur écho plus faible, mais chaque fois le chien recommençait, comme si, ignorant le phénomène de l'écho, il s'était répondu à lui-même.

- C'est ce chien, avais-je dit. Le chien de l'ancien abattoir. Il aboie sans arrêt. On dirait que le bruit vient du lac.


J'y jetai un coup d'oeil. L'eau était grise. Elle ne reflétait rien. Où nous étions, les parois empêchaient de voir le ciel. Les premières gouttes, que j'aperçus au même moment, dessinaient des centaines de circonférences à la surface, des milliers de circonférences, diluant le reflet des parois, faisant trembler la couronne jaune er renversée des arbres. » 

Payot Marque Page

Présentation de Beau Rivage 

9 août 2011

Payot - Marque Page - Dominique Barbéris - Beau rivage

FEMMES AU BORD DU GOUFFRE 

Dans Beau Rivage de Dominique Barbéris, deux couples dans un hôtel en montagne. Un homme mystérieux perturbe leur repos.

Le Figaro, 16 septembre 2010, Patrick Grainville


Un hôtel perdu dans la montagne, juste à la frontière d'une ville d'eau. Un huis clos où deux couples se rencontrent. D'un côté, la narratrice désœuvrée, mélancolique, épouse de Franck qui finit une thèse, de l'autre, Éric et Christine, une très belle danseuse blessée dont les caprices et l'élégance ne réussissent pas à masquer le désespoir. Débarque Serge, souple, ironique, interlope, ex-diplomate, agent secret ou trafiquant recherché? Perturbateur du sommeil conjugal, il attise «toutes sortes de choses brûlantes et grises » qui couvent au fond du cœur. Ce décor solitaire nous ferait presque penser à Hitchcock ou Agatha Christie, n'était l'univers très singulier de Dominique Barbéris qui n'effleure le thriller que pour révéler. les destinées stagnantes, l'incomplétude des vies.

Beau Rivage est avant tout la peinture d'une ambiance créée par «les grands sapins noirs du rêve», les aboiements d'un chien dans une grange louche, «le jaune soleil du soir», le ciel du jour d'un bleu stérile ou d'acier. Nous sommes sous le signe de l'automne d'Apollinaire. Le beau Serge a pris pour cible la narratrice qu'il tente de troubler au fil de longues promenades dans la montagne. Il n'en garde pas moins un œil sur Christine, la danseuse au bord du gouffre.

La frontière de la peau

L'univers de Dominique Barbéris se dédouble dans un mirage de reflets. Les.... .../....»

UN FAUX AIR D’AGATHA CHRISTIE 
Dans «Beau Rivage», Dominique Barbéris capte le trouble des régions de frontière, de l’entre-saison et des hôtels hors du temps.
Atmosphérique et envoûtant.
Le Temps (Suisse), 18 septembre 2010, Lisbeth Koutchoumoff

«Il existe des lieux que l’on pourrait dire de bascule. Des saisons aussi. Et des êtres qui semblent sortir d’une éternelle coulisse et qui sont capables d’y aspirer celui ou celle qui les remarque.

Dominique Barbéris dépeint, dans le mouvement lent du souvenir, ces zones de danger ou du moins de trouble. Avec une écriture qui dès les premiers mots imprime un rythme à l’imagination du lecteur, une couleur, un air frais de montagne, une crainte diffuse de drame imminent, la romancière capte le flou, le tremblé, l’entre-deux, régions délicates où le quotidien vacille.

Il règne un faux air d’Agatha Christie dans l’hôtel Beau Rivage qui donne le titre au roman. Parce qu’il se situe dans un temps arrêté, qu’il y règne cette joyeuseté imposée des lieux de villégiature et qu’une serveuse étrange à chignon stricte y officie. Les Dix Petits Nègres est l’un des seuls livres qui traînent dans la bibliothèque du salon de cette pension de montagne perchée tout près d’une frontière, on ne sait pas ¬laquelle. Peu importe, seuls comptent la sensation de précipice que la frontière engendre, la force d’aimant qu’elle imprime sur toute la région qui se retrouve comme sur un fil, en apnée. Et les trafics qu’elle induit, les gens pas nets, opaques qu’elle attire.

A l’hôtel Beau Rivage séjourne un couple de trentenaires.....

../...

Un roman de Dominique Barbéris : "Beau rivage" 
BiblioObs, Octobre 2010, Camille Tenesson

«Un couple séjourne dans un petit hôtel de montagne, à la fin de septembre. Alors que son compagnon termine sa thèse, la narratrice observe les mouvements des clients et de la patronne, jusqu'au drame final. Après plusieurs livres dont « les Kangourous » (porté au cinéma par Anne Fontaine dans « Entre ses mains »), Dominique Barbéris invente ici un huis clos qui se resserre dans l'immensité des paysages changeants. L'intrigue est simple, et le roman séduit par ses belles descriptions baignées d'une « douceur désuète et feutrée ».....  ../....»

« Beau rivage », de Dominique Barbéris. : l’ombre d’un doute

L’écrivaine développe l’art de nouer des intrigues faussement simples.

Le Monde, 7 octobre 2010, Monique Petillon

On pourrait emprunter les titres des films d’Alfred Hitchcock pour définir l’atmosphère fascinante des romans de Dominique Barbéris : Une femme disparaît, Soupçons ou L’Ombre d’un doute. De ses Kangourous (L’Arpenteur 2002) - dérisoires témoins muets, au Jardin des plantes, des forfaits d’un tueur de dames -, Anne Fontaine a tiré un film, Entre ses mains. Dans le remarquable Quelque chose à cacher, prix des Deux-Magots 2008 (repris en Folio), deux personnages cherchent à élucider un meurtre qui a eu lieu : celui de la belle Marie-Hélène, de retour dans une propriété familiale à l’abandon, au bord de la Loire.

Un "inquiétant envoûtement" s’impose à nouveau dans Beau rivage - un roman captivant, où un simple séjour en montagne prend peu à peu une tournure angoissante....

.../...

Romancière minutieuse, presque impressionniste, Dominique Barbéris excelle de plus en plus à nouer des intrigues dont la simplicité masque des gouffres intérieurs. Peut-être tout cela s’est-il déroulé "dans la noire forêt du rêve", où, comme dans les contes de Maupassant, "il vous arrive ce que vous redoutez le plus".