Dominique Barbéris dans Le Figaro ©

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Un dimanche à Ville-d’Avray, de Dominique Barbéris: rêveuse bourgeoisie
La romancière offre un très joli récit, avec une maîtrise parfaite de la langue.
Le Figaro, 2 octobre 2019, Etienne de Montety

« Le nom de Ville-d’Avray évoque une paisible bourgade aux rues calmes. La province aux portes de Paris. Un dimanche à Ville-d’Avray, le titre du court roman de Dominique Barbéris, est donc une promesse de bonheur tranquille et mesuré. Reste que derrière les belles maisons en meulières et les jardins arborés peuvent se tapir des tragédies ou simplement se nicher des histoires. C’est l’une d’elles que la romancière entreprend de raconter.

La narratrice s’en va passer une après-midi chez sa sœur Claire Marie. Entre elles il y a une enfance commune, des souvenirs de grandes vacances et d’après-midi devant Thierry la Fronde . Pour la narratrice, sa sœur est l’exemple parfait d ela vie sans anicroche : un mari médecin, une fille qu'elle aime, une vie harmonieus dans l'Ouest parisien.

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Dominique Barbéris, prix Jean-Freustié 2018

La romancière l'a emporté dès le premier tour avec la majorité absolue des voix pour L'Année de l'Éducation sentimentale (Gallimard).
Le Figaro, 20 mars 2018, Mohamed Aïssaoui

Placé sous l'égide de la Fondation de France, le 31e prix Jean-Freustié 2018 a été attribué à Dominique Barbéris pour L'Année de l'Éducation sentimentale (Gallimard). C'est une jolie récompense littéraire qui, en plus d'être bien dotée (20.000 €, l'une des plus importantes dotations grâce à l'importante donation faite par Christiane Teurlay-Freustié), a toujours distingué de beaux talents. «Excellente styliste et romancière d'atmosphère, Dominique Barbéris, a obtenu ce prix pour son neuvième roman. L'Année de l'Éducation sentimentale raconte les retrouvailles plus de vingt ans après de trois amies de fac, dans le jardin de la maison de campagne de l'une d'entre elle en plein été», souligne le communiqué annonçant le nom du lauréat.

Le corps du mystère
Un inconnu arrive dans une ville de montagne bloquée par la neige.

Le Figaro Littéraire, 20 février 2014, Astrid de Larminat

FEMMES AU BORD DU GOUFFRE 

Dans Beau Rivage de Dominique Barbéris, deux couples dans un hôtel en montagne. Un homme mystérieux perturbe leur repos.

Le Figaro, 16 septembre 2010, Patrick Grainville


Un hôtel perdu dans la montagne, juste à la frontière d'une ville d'eau. Un huis clos où deux couples se rencontrent. D'un côté, la narratrice désœuvrée, mélancolique, épouse de Franck qui finit une thèse, de l'autre, Éric et Christine, une très belle danseuse blessée dont les caprices et l'élégance ne réussissent pas à masquer le désespoir. Débarque Serge, souple, ironique, interlope, ex-diplomate, agent secret ou trafiquant recherché? Perturbateur du sommeil conjugal, il attise «toutes sortes de choses brûlantes et grises » qui couvent au fond du cœur. Ce décor solitaire nous ferait presque penser à Hitchcock ou Agatha Christie, n'était l'univers très singulier de Dominique Barbéris qui n'effleure le thriller que pour révéler. les destinées stagnantes, l'incomplétude des vies.

Beau Rivage est avant tout la peinture d'une ambiance créée par «les grands sapins noirs du rêve», les aboiements d'un chien dans une grange louche, «le jaune soleil du soir», le ciel du jour d'un bleu stérile ou d'acier. Nous sommes sous le signe de l'automne d'Apollinaire. Le beau Serge a pris pour cible la narratrice qu'il tente de troubler au fil de longues promenades dans la montagne. Il n'en garde pas moins un œil sur Christine, la danseuse au bord du gouffre.

La frontière de la peau

L'univers de Dominique Barbéris se dédouble dans un mirage de reflets. Les.... .../....»

Les sanglots de l'automne.

Le Figaro littéraire, 4 octobre 2007, Patrick Grainville

« Dominique Barbéris - L'enquête sur l'assassinat d'une femme volage sert d'écrin à cette sonate poétique au bord de la Loire qui charrie souvenirs et regrets.
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L'art merveilleux de Dominique Barbéris consiste à faire valoir, comme chez les maîtres flamands, ces échos de nos vies que sont les moindres objets, les reflets dans la Loire ou dans les miroirs qui dédoublent le monde et sont l'indice du regret et de la séparation de nous-mêmes.. ....»

Secret d'automne
Quelque chose à cacher, roman de Dominique Barbéris

Le Figaro Magazine, 28 septembre 2007, Olivier Mony

« La douceur, voilà la vérité. Quelque chose comme une très ancienne douleur. Comme le soir aux rives de la Loire, comme une femme oubliée qui revient sans crier gare, comme la fatigue en ultime horizon, comme un meurtre peut-être, puisqu'il faut bien tout de même qu'advienne quelque chose... .
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Que s'est-il passé au restaurant des Chaînes d'Or entre cette femme et cet homme marié, ingénieur à la Centrale toute proche ? Un zeste de Simenon, quelque chose de Gracq, un rien de Gadenne, Dominique Barbéris a l'élégance de ne pas répondre aux questions que pose son récit. L'indécision est chez elle une morale. Infinie mélancolie des soirs d'automne, terrifiante vigueur du souvenir, la musique de ces pages est sans doute ce qui nous restera lorsque nous aurons oublié le vacarme de la rentrée.»

DOMINIQUE BARBERIS
Femme fatalement

Le Figaro, 31 mars 2005, Annick Geille

On contemple beaucoup de photographies aux bords dentelés comme ceux des biscuits LU, dans les nouvelles réunies par Dominique Barbéris, à qui il semble que le temps soit le principal ennemi des femmes ; d'où leur besoin sans doute, de toujours vouloir vérifier qu'elles ont été belles, jeunes, enfin, toutes ces questions qui a priori n'intéressent ni les adultes mâles, ni les enfants.


A l'aide d'images à dominante sépia, jaunies, comme leur teint sous le fard, les femmes qui ne sont plus jeunes contemplent, désemparées, ces images fanées, seuls témoins d'un bonheur enfui. Ou plutôt d'un bonheur qui, à tel ou tel instant de leur vie, faillit exister. Cette vie qui passe à toute allure mais cependant - et c'est étrange - semble passer un peu moins vite pour les hommes, est le fil rouge de ces trois " miniatures " romanesques.


Avec L'Heure exquise (Gallimard, 1998) ou Les Kangourous (Gallimard, 2002), Mme Barbéris nous avait habitués à son univers d'apparence banale, presque insignifiant, où l'écrivain procède par glissements subtils pour distiller l'inquiétude, en disant chaque fois, d'une autre manière, le pourquoi et le comment de l'échec. Dieu merci, nous ne sommes pas en territoire revendicatif et militant. Les femmes de Dominique Barbéris sont trop fugitivement saisies pour avoir le loisir de prendre la pose. Elles n'ont pas toujours une personnalité bien définie, leurs propos et leurs silhouettes tremblent avant de sombrer dans le silence, la pénombre du rien.


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Le destin des femmes ne laisse pas d'issue, semble murmurer la romancière à notre oreille. Ce chuchotement résonne avec plus de force qu'un concert de l'orchestre de l'Opéra de Paris. Dans le troisième récit, qui donne son titre à l'ouvrage, il y a toujours cet instant où les personnages auraient pu être autre chose. Ce moment ténu où le bonheur semblait envisageable, à portée de la main. Souvent, il s'agit d'un homme qu'on a aimé plus que les autres. Seulement voilà, les choses ne se sont pas produites, l'histoire n'a pas eu lieu. A la croisée des chemins, il n'y a plus que des profils perdus.


Et les femmes qui furent jeunes à cet instant précis où tout avait semblé possible (le printemps, le bonheur, l'avenir, la vie, en somme) continuent, emportées par le manège qui ne s'arrête jamais, dépossédées de ce qui ne fut pas. Telle est l'obsession de Mme Barbéris dans ces trois récits admirables de maîtrise, où elle restitue par petites touches, ce qui n'a pas eu lieu afin de rendre perceptible la défaite à l'heure du déclin. L'émotion n'est jamais loin..

DOMINIQUE BARBÉRIS
L'errance des aimants

Le Figaro littéraire, 3 octobre 2002, Patrick Grainville

Ça, c'est un titre ! Incongru. L'héroïne, employée de bureau dans une compagnie d'assurances contemple les animaux au Jardin des plantes. Elle observe leur silhouette bossue, l'oeil de biais comme celui des lapins froussards. Les moignons de leurs pattes ramenés contre la poitrine. Tribu d'estropiés solitaires, souffreteux, perdus... Les kangourous deviendront des doubles de nous-mêmes, de notre angoisse, de notre exil.
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Les dernières pages sont lancinantes. Dominique Barbéris est un écrivain. D'écriture. Une telle présence dans les mots est rare. Ce surgissement de l'intense dans l'écoulement du temps. Son sablier morose. Ces milliers de glas minuscules. Cet irrémédiable tapi dans les allées bleutées du soir. C'est déchirant comme M. le Maudit.

Violences d'enfance

Le Figaro littéraire, 14 décembre 2000, Patrick Grainville

Le Temps des Dieux. Des parents tout-puissants, maîtres de la loi, de l'ordre. Le temps des enfants capricieux sous l'oeil sévère. Une divinité moins massive, plus volatile, plus précieuse plane en eux. Si bien que le divin change de camp et habite, surtout à la fin, la grâce, les curiosités et les jeux éphémères des enfants.

Dominique Barbéris a composé un livre très écrit, très sensible, souvent drôle, mais finalement très cruel sur une petite fille. On peut s'y tromper, ne voir dans son récit que les décors moirés, les atmosphères, les rituels subtilement évoqués d'une enfance protégée, en pays flamand. Mais derrière ces apparences délicates, Le Temps des Dieux est un roman violent. Cette violence surgit sans avoir l'air d'y toucher. Elle est rapide. En quelques phrases à peine plus marquées et plus noires. Le mal est là, le mal est fait. On ne s'y attendait pas. D'abord il faut veiller chez Dominique Barbéris aux inflexions de la lumière, aux variations des heures. Elle est dotée là-dessus d'une sorte d'hyperesthésie, oui, d'une subtilité vive. Tout commence par le soir, la rue crépusculaire d'une petite ville du Nord, ses bow-windows, son marchand de glaces, ses familles honorables. Leur obsession de la loi, de la propreté, du travail. Cette beauté d'un soir qui " exagère ". Il y aura aussi la lumière flamande de trois heures de l'après-midi, " sans noyau, sans soleil " comme la lumière de la vie intérieure, écrit l'auteur. Dans les dernières pages s'épanouit la profusion dorée du soleil d'été. Puis reviendra le soir comme la loi du monde et la main noire des Dieux. La lumière dit tout. Elle trahit le coeur et ses incantations muettes. Êtres et choses ne sont pour l'héroïne que des degrés de la lumière et des paliers de pénombre.

Un personnage domine, Madame, qui s'occupe de la fillette, se fâche, lui prend la main pour traverser la rue. Cette Dame, c'est sa mère, " le mot surgit : Maman. C'est comme tomber. C'est comme saigner ". Et ce qui pouvait paraître feutré dans cet univers, ciselé dans l'écriture exquise, devient plaie. Ce livre est plein de ces constats, de ces arrêts. De ces tranquilles cris. Avec souvent les mêmes saveurs, le même talent de perception concrète, de précision visuelle et tactile d'une Colette ou d'un Proust (la description des petits-suisses !). Les étés, les roses, les fruits. Mais les Dieux surveillent ce monde parfait. Trop. C'est la plénitude qui manque. Et c'est sur cette nuance entre perfection et plénitude qu'au secret tout se fêle. La petite fille observe sa mère qui lui tourne le dos dans la cuisine : " Tous les enfants ont appris à regarder un autre être avec cette convoitise absolue, dans l'attente d'une consolation qui sera toujours incomplète. " Car les Dieux sont inflexibles. Ils guettent les mauvaises notes. Ils détestent qu'on se salisse. La petite fille se fait " discrète, précise et neutre ", toute proche des chats, de sa poupée.

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Dominique Barbéris possède l'art du trait. Elle se venge. Elle nous saigne d'un silence rayé. La seconde moitié du roman rayonne d'une grand-mère magnifique qui sauve l'éternel été du monde. Et qui sera remerciée en une phrase discrète. Mais infinie. Le Temps des Dieux peut être lu comme un livre sur le vert paradis perdu. Mais il est perdu au coeur.