La vie en marge

[2014] Gallimard, Coll. L'Arpenteur, 176 pages 

Résumé

Le roman se passe dans le Jura, à la frontière suisse, dans les jours qui précèdent et qui suivent immédiatement l'arrivée de l'an 2000 et de la neige.

La narratrice, une infirmière libérale, parcourt la région pour rendre visite à ses malades. Les routes sont peu sûres à cause des brouillards, de la neige annoncée, des bois à traverser et de la présence en ville d'un drôle d'individu, dénommé Richard Embert, qui tantôt se présente comme voyageur de commerce , tantôt comme ingénieur EDF, et qui semble chercher à passer en Suisse. Lorsqu'une jeune femme, Anne-Marie, fraîchement mariée, est portée disparue, la police fait le lien avec une autre disparition, celle de Michelle Cormier, employée en bijouterie, avec qui le rôdeur a entretenu une liaison deux ans plus tôt. Cerné par la police, le suspect tente de s'échapper en sautant sur les rails et est happé par un train, au moment même où la narratrice, enceinte, perd conscience dans l'ambulance qui l'emmène.

Bâti sur un fait divers, ce livre est un roman d'atmosphère. Une atmosphère lourde et diffuse à la fois, savamment entretenue par une écriture fluide et maîtrisée qui installe le trouble chez le lecteur et le tient en haleine.

Extraits

« Il n’avait plus un sou ; il n’avait plus accès à un distributeur automatique (les transactions laissaient des traces). Une fois éteint, le petit téléviseur bombé fixé au bout d’un bras articulé à la corniche du plafond ressemblait à une caméra de surveillance. Le froid faisait craquer les canalisations. C’est peut-être à ce moment que l’idée lui est venue ; il a fait jouer l’idée du lac parmi d’autres hypothèses, une fois qu’il aurait fait ce qu’il avait prévu ; c’était risqué, mais il n’avait pas le choix. Il pourrait passer la frontière, et qui sait, embarquer. Aborder à une rive inconnue. Survivre.

Finalement, la neige n’était pas tombée dans la nuit. »


« L’homme est arrivé de nuit dans cette petite ville industrielle de montagne. Ils sont nombreux à l’avoir croisé, la nuit tombée, tandis qu’on se rapproche de l’an 2000 comme en un compte à rebours.   »

Un tueur de femmes terrifie un val isolé par l’hiver.
Dominique Barbéris inquiète et enchante
Le Monde, 10 janvier 2014, Florence Bouchy

« Modeste par les moyens qu’elle met en oeuvre, mais puissante par les effets qu’elle produit, l’écriture de Dominique Barbéris enchante et inquiète, apaise et éveille. Elle se place délibérément dans les espaces intermédiaires et dans l’entredeux des perceptions et des sentiments pour faire résonner en chaque lecteur l’écho d’une vie en marge du monde, mais au coeur de la littérature...»

Livres. Vient de paraître...
Une sélection du service Livres de Libération

Libération, 15 janvier 2014, Claire Devarrieux

Un homme qui se fait passer pour un responsable EDF prend une chambre d’hôtel dans une petite ville de montagne, près de la frontière suisse. On est avant le 31 décembre 1999, puis après le 1er janvier 2000. L’homme est déjà venu, deux ans auparavant. Il était quelqu’un d’autre, un représentant. Le bug a lieu dans la vie de deux femmes qui n’auraient pas dû croiser le visiteur, la nuit, chez elles, ou dans la neige. Cela se passe à la manière de Dominique Barbéris, inquiétante, familière et feutrée. La narratrice est une infirmière qui se souvient de ses malades à cette époque, de la ville dont elle connaît par cœur les rues et les faubourgs, la supérette et la scierie. Elle tourne en mémoire autour du drame, des lieux, d’un chien qui aboie, de gens calfeutrés, d’un collectionneur d’art en train de mourir, et de ses propres peurs.  .... 

Un Double drame sous la neige
Dans «La Vie en marge», Dominique Barbéris, romancière des lieux et des heures perdues, signe un thriller atmosphérique
Le Temps (Suisse), 25 janvier 2014, Lisbeth Koutchoumoff

« Dominique Barbéris capte les lumières et les ombres. Et les passages de l’un à l’autre. La lumière des réverbères qui troue le silence d’une rue résidentielle. Le tapis de points rouges et jaunes que forment les phares de voitures d’une ville, au loin, vue depuis la montagne. Chez les êtres aussi, la romancière révèle les pleins feux du jeu en société puis la pénombre de la chambre, rideaux tirés.

Dans La Vie en marge, son huitième roman, un double drame secoue une petite ville industrielle entourée par les montagnes, tout près de la frontière suisse. Le fait divers était déjà le nerf narratif de Quelque chose à cacher (Gallimard, 2007). Mais il n’en était pas le sujet. Ici aussi, le drame policier est un déclencheur du souvenir, un agent révélateur. Il pousse en tous les cas la narratrice, une infirmière qui travaille à son compte, à se remémorer les jours qui l’ont précédé.

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Les personnages de La Vie en marge circulent dans un décor qui paraît trop grand. La forêt sur la montagne, la voie ferrée en bas, dans la vallée, où passe le TGV pour Lausanne, semblent immenses comme des trous noirs. L’attention extrême de Dominique Barbéris aux lumières de la ville, à celles du ciel, au noir des arbres et des rues, au blanc de la neige, ce souci permanent du décor, met à nu le théâtre de l’existence.

Car c’est bien dans ce décor qu’un double drame va se produire, dans le silence ouaté de la neige. Qu’un test de grossesse va se révéler positif. Que deux femmes vont se faire piéger candidement. Où est la vie? Dans le jeu des lumières de la ville, dans le noir de la forêt. Peut-être.»

L'avis du Elle
Elle, 31 janvier 2014, Pascale Frey

« Nous ne saurons pas grand-chose de la psychologie des personnages. L'homme, arrivé de nuit dans cette petite ville industrielle de montagne, s'appelle Richard Embert. On devine, à travers une poignée d'indices, qu'il fuit : la police, une épouse, des créanciers ? Il se terre dans sa chambre d'hôtel, ne s'en échappant que pour aller boire un verre au café du coin. Les femmes qu'il aborde (et qu'il fera, malheureusement pour elles, plus qu'aborder), nous en ignorons presque tout également. Quelques détails physiques, des miettes d'état civil, pas plus. L'histoire est racontée par une infirmière qui prodigue ses soins à domicile et récolte les indices par ouï-dire : telle patiente a vu des silhouettes s'enfoncer dans les bois, un couple, dont la femme a été retrouvée morte ; l'hôtelier témoigne que Richard Embert payait en cash ; telle autre personne s'est évaporée alors qu'elle était rentrée chez elle avec la recette de sa bijouterie... Mais, au fond, tout cela n'a aucune importance puisque, dès le départ, il est clair que l'homme qui apparaît en ombre chinoise au fil de ces pages est coupable. Mais Dominique Barbéris excelle dans l'atmosphère, à la Simenon justement. On avance dans le roman par petites touches. La neige ne cesse de tomber, l'austérité et la morosité de la ville suintent à chaque ligne, les gens parlent pour se distraire et, lorsque débarque un inconnu, c'est un événement, une aubaine. On s'interroge sur cet individu mystérieux qui a surgi dans leur ville et dans leurs vies. Mais tous ignorent encore jusqu'à quel point il va nourrir leurs conversations pendant les décennies suivantes...»

Le corps du mystère
Un inconnu arrive dans une ville de montagne bloquée par la neige.

Le Figaro Littéraire, 20 février 2014, Astrid de Larminat

La vie en marge dans Entre les lignes
RTS (Suisse), 14 février 2014, Jean-Marie Felix et Marlène Métrailler

L'émission Entre les lignes reçoit Dominique Barbéris durant une heure, mêlant interviews et lectures du roman

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RTS entre-les-lignes_20140211_full_entre-les-lignes_La_vie-en_marge.mp3

Le silence de la neige
Ancré dans un décor de montagne et de neige, La vie en marge, le nouveau roman de Dominique Barbéris, est une incontestable réussite.

Livres Hebdo, 16 décembre 2013, Alexandre Fillon

L’œuvre lancinante de Dominique Barbéris évoque parfois celles de Patrick Modiano et de Georges Simenon. Même sens du mystère et des énigmes, même goût pour les lieux et les personnages interlopes. L’auteure de Quelque chose à cacher (Gallimard, 2007, repris en Folio) se montre une nouvelle fois à son meilleur niveau avec La vie en marge.

Un homme avec pour seul bagage une mallette de représentant .... ....