À l'Origine

A l’origine : Les Trois Cris /|\, l’éclosion de l’œuf originel, le jaillissement de l’Arbre au cœur de l’Île tournoyante.

La Source et la Pierre au pied de l’Arbre.

Les Trois Nornes / Parques / Moires / Fées,

Le premier Fil,

L’émergence de la Conscience,

Le Barde Primordial,

Les premières Lettres,

Les premiers Textes…

En filant, je suis entré en transe

Alors que résonnaient les Trois Cris* /|\,

J’ai vu se former l’île tournoyante au cœur du Vivant !

Puis je l'ai vu se couvrir de fleurs,

butinées par des essaims d'abeilles…

Près de la Mystérieuse Pierre,

J’ai vu l’Arbre pousser,

puis se remplir d'oiseaux !

La Source de l’Inspiration jaillir…

Le Barde primordial contempler le Soleil et la Lune

Et graver les première Runes !

J’ai vu Sin ann s’approcher en dansant de la Source où nage le Saumon…

et s'écouler L'Eau vive depuis la Source invisible, non souillée, incommensurable...

Et le Monde se mettre à danser !

Notes :

* Lorsque Dieu /|\ prononça son Nom, de Sa Parole jaillirent la Lumière et la Vie. Car il n'était à l'origine d'autre vie que Dieu Lui-Même. Et Dieu prononça son nom d'une certaine manière où la lumière et la vie et l'homme et tout ce qui vit, prirent naissance. Chacun et tous à la fois parurent. Et Menw le Vieux [1], fils des Menwyd, regarda la lumière naissante dont tels furent la forme et l'aspect uniques : /|\ trois colonnes : tout ensemble rayons lumineux et sonores ; car l'audition et la vision étaient alors identiques. La Vie, la Forme et le Son étaient indissolubles et inséparablement unis avec la Puissance qui était Dieu le Père.

[1] Menw le Vieux (Menw Hen.) Menw et Menwyd employés ici comme noms propres, signifient la source de l'intelligence et du bonheur, l'esprit ou l'âme dérivés de Men, principe actif (Cf. Mensmanas ; man ; manou, etc.).

Le Livre du Bardisme - Abrégé du Barddas

Fragments traduits par Paul Ladmirault (Oriav) — Préface de François Jaffrennou (Taldir)

Voir également : The Barddas of Iolo Morganwg

LE CHANT DU DISCIPLE

Puisqu'il vous plait, vieillards, d'écouter en ce jour

Celui dont vos leçons ont formé la mémoire,

Je chanterai, d'abord, Druides, votre histoire.

Avant qu'ils aient, ici, fixé notre séjour

Vos ancêtres guidaient, déjà, les guerriers Blancs,

De la terre de l'Ourse à celle de l'Elan !

Du froid Septentrion jusqu'à la Cisalpine,

Au long du Rhin sacré, du Danube et du Pô,

Survit le souvenir des porteurs de flambeau :

Huon, qu'on nomme Swan aux pays scandinaves,

Widdon, l'omniscient, Catuvolcos, le brave,

Cent autres, devant qui notre respect s'incline !

Puisqu'il vous plaît, vieillards, d'écouter le disciple,

Je chanterai les dieux de la terre et du ciel :

Salut à Teutatès, le Père Universel,

Ineffable unité qui n'a point de multiple ;

Salut aux dieux puissants des sphères éthérées :

Cobledulitavos, soleil d'Hyperborée,

Erca, Bélisama, reine du firmament,

Taranus, dur géant aux poings chargés d'orages,

Ségomon, jamais las de meurtre et de carnage,

Hu, Clavariatis à la harpe d'argent,

Sucellos, gouverneur de l'abîme béant,

Et Bélatucadros, seigneur des éléments !

Puisqu'il vous plaît, vieillards, d'écouter mes discours,

Je veux encor chanter la génèse des mondes :

Avant les soirs pourprés, avant les aubes blondes,

Avant l'ombre des nuits et la splendeur des jours,

Le Verbe créateur, époux de Coridwen,

Apparut, flamboyant, aux yeux de Menou-Hen !

Et le fils des Trois Cris, le premier Ogmios,

Sur l'ombilic sacré grava les vieilles runes :

Il chanta le Chaos, le soleil et la lune,

Le gouffre originel et le triple cosmos,

Les transmigrations du pélerin des mondes,

Les cieux éblouissants et la terre féconde !

Vieillards, portant au front le sceau de Menou-Hen,

Accueillez, en ce jour, un porteur de l'Awen !

André SAVORET

"Le Bûcher du Phénix" - Ed. Psyché 1933