Archives 6 septembre 2023

Textes 6 septembre


Pour continuer à vivre !


L’été tire à sa fin et les signes ne mentent pas : les feuilles des arbres tournent à l’orange ou au rouge, les oies blanches préparent leur pèlerinage vers le sud, les fruits et légumes se font maintenant provision pour l’hiver. Le livre des proverbes nous rappelle : « Toutes choses ont leur temps et tout passe sous le ciel. »  Ce sont des mots qui prennent tout leur sens quand on vieillit !


En Asie, où les personnes âgées occupent le sommet de la pyramide sociale, vieillir est synonyme de respectabilité, d’expérience et de sagesse.  Chez nous, la vieillesse isole et exclut souvent les gens du milieu  « naturel » de la communauté.  Les résidences pour personnes âgées sont perçues comme des endroits où les aînés vivent de la solitude, repliés sur elles-mêmes, sauf quand elles ferment tout simplement leurs portes par manque de financement ou manque de personnel.  Pourtant, il est possible de conserver de bonnes relations avec les petits-enfants et les autres résidents en participant à des jeux ou des ateliers variés.  


Prions en Église du 4 septembre 2023



Septembre est aussi le signe du retour à la vie ordinaire avec les étudiants qui retournent à leurs études; c’est aussi le moment du retour au travail quotidien.  Nous disons souvent que l’été n’est plus que souvenirs.  Comment pouvons-nous profiter de ces prochains mois pour demeurer actifs et créatifs ?  Sinon, l’automne et l’hiver seront très longs.


Benoit Caron ptre


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Résurgences


 « Viens, suis-moi » dit Jésus à Philippe. « Viens et vois », dit Philippe à Nathanaël. Le mouvement est contagieux. Il y a un passage de témoin, comme le feu se transmet d’une brindille à l’autre. Cette transmission se fait de génération en génération. La question se pose alors : et nous ? À qui allons-nous transmettre le feu, la foi ?


L’expérience que nous faisons massivement est qu’il n’y a pas eu de transmission entre les générations. Quantité de grands-parents se désespèrent de voir leurs enfants et leurs petits-enfants qui ont « abandonné » toute pratique et toute foi. Les ont-ils « abandonnées vraiment » ? Comme Nathanaël, ils n’ont pas encore rencontré personnellement Jésus. Nathanaël met en doute la parole du témoin, jusqu’à ce qu’il vérifie lui-même en rencontrant directement Jésus. Si le message se transmet comme le feu d’une brindille à une autre, la foi ne s’allume qu’au moment où la personne qui a reçu le témoignage fait elle-même l’expérience de la rencontre. Bernadette de Lourdes ne se culpabilisait pas si on ne la croyait pas, car il ne s’agissait pas de croire en elle, mais de croire en la parole qu’elle portait. « Je suis chargée de vous le dire » disait-elle « je ne suis pas chargée de vous y faire croire. »


Il n’y a pas de pastorale miracle, nous sommes tous indignes des conversions, dans le cœur des grands et des petits, nous ne méritons pas d’avoir des vocations. On ne produit rien, on prépare le terrain, on accueille, on accompagne, on s’efface. Dans la transmission du message, comme c’est le cas entre Philippe et Nathanaël, comme c’est le cas entre générations, il peut y avoir un saut de génération, mais c’est à la manière d’une rivière souterraine. Dans certains terrains calcaires, la rivière disparaît puis réapparaît : c’est une résurgence. L’Évangile peut traverser certaines générations, sans que cela apparaisse visiblement. La foi n’est pas toujours facile à identifier; les signes visibles de la foi ne sont pas nécessairement là où on les croit.


Soeur Marie Monnet


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Pour toi, qui suis-je ? 


Il faudrait laisser Jésus nous poser cette grande question, et se laisser surprendre par nos maigres réponses, souvent un peu trop courtes, toujours un peu trop justes. Jésus est bien plus qu’un prophète aux paroles de sagesse, bien plus qu’un grand homme qu’il faudrait suivre en l’admirant. Il est Dieu, Fils de Dieu. C’est sur cette foi que l’Église est bâtie, c’est sur notre foi, sans cesse à interroger, sans cesse à renouveler. Sans notre foi, ses pierres s’effritent et peu à peu chancelle l’édifice, tout se délite parce que tout se délie. Réduire et le Christ et son Église, sagement, à notre petite mesure, c’est certes plus simple. Faire du mystère une fable, c’est bien plus commode. Mais c’est s’en aller, à pas feutrés loin de la Vie. L’Église, certes, se maintiendra toujours, mais faute de foi, son trésor inouï pourrait à jamais nous demeurer cacher. L’Église est une mère exigeante qui exige la foi pour livrer ses bienfaits.


Croire, assurément, n’est pas chose facile. « Pour toi, qui suis-je ? » Ma chair ni mon sang ne le savent. Mon esprit est trop borné, et mon cœur trop étroit. C’est trop risqué de croire vraiment, trop exigeant. Alors c’est vers Dieu qu’il faut se tourner pour réclamer la foi comme un don : « Que je croie Seigneur, puisse ton Père me redire qui tu es, et je serai sauvé ! »


Frère Franck Dubois


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Faim et soif du salut


Au cœur de la contemplation de Catherine de Sienne, il y le Christ crucifié, ses bras étendus, son cœur transpercé. C’est un livre ouvert. « L’âme qui demeure devant le soleil, objet de sa contemplation, le Christ crucifié, connaît Dieu et l’homme. » Le cri du Christ sur la croix : « j’ai soif », dont la force assure notre résurrection est notre entrée dans la vie, est un cri de joie : « tout est accompli ! » Le salut est offert : la victoire de la vie sur la mort.


Tout est accompli… mais il reste à faire ! Car si Dieu nous a créés sans nous, il ne nous sauvera pas sans nous. C’est pourquoi Catherine répète souvent cette tendre déclaration du Seigneur Jésus à la veille de sa passion : « J’ai désiré d’un grand désir faire cette pâque avec vous avant de mourir. » Elle pense que tout chrétien doit être habité par cette même soif qui habitait le Christ : le désir, avec ses frères, de passer de la mort à la vie.


C’est à la messe que nous célébrons ce désir. La croix du Christ est aussi la table eucharistique dressée par le Père, où le Fils est la nourriture et où l’Esprit nous sert. Sur cette table, nous nous nourrissons de la faim et de la soif de Jésus pour le salut du monde et nous en vivons. Plus nous en mangeons et buvons, plus nous voulons en manger et en boire.


« Nous qui mangeons à cette table, devenons semblables à cette nourriture. » 


L’Eucharistie n’est donc pas une dévotion privée. À la messe, en communauté chrétienne, nous nous unissons au Christ pour vivre et agir de plus en plus à sa manière… en désirant d’un grand désir passer et faire passer les autres des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie. Réveillons en nous ce désir, cette conscience de la communion avec Dieu et avec nos frères, ce désir partagé comme le pain.


Frère Éric de Clermont-Tonnerre


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La croix du Christ et celle du chrétien : qui porte quoi ?


On le sait, la vie de chaque chrétien imite la vie du Christ. Or Jésus annonce qu’il va souffrir beaucoup, être tué et ressusciter le troisième jour. Ce que Jésus vit dans sa chair, le chrétien doit donc le vivre à son tour : celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. 


Pourquoi cette nécessité de la Croix dans la vie du chrétien ? Le sacrifice du Christ serait-il insuffisant ? Non. Le sacrifice du Christ en Croix est un acte d’amour d’une puissance infinie, capable de racheter toute l’humanité de tous les temps. Mais, parce que Dieu ne veut pas nous sauver de l’extérieur, sans notre coopération, parce que Dieu n’est pas le maître d’un théâtre de marionnettes mais le Père d’une assemblée d’hommes et de femmes libres sous la grâce, il nous est proposé de participer aux souffrances du Christ, pour mieux partager sa gloire.


Donc là où Jésus a passé, je dois passer avec lui. "Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive." On pense en lisant cela à Simon de Cyrène aidant Jésus à porter sa Croix sur le chemin du Calvaire. Or le texte grec est ambigu. Est-ce Simon de Cyrène qui aide Jésus à porter sa Croix ou bien Jésus qui aide Simon à porter la Croix ? En fait, l’un et l’autre sont possibles, l’un et l’autre sont vrais. Quand Jésus nous demande de prendre notre Croix, il la prend avec nous. Je porte la croix de Jésus, Jésus porte ma croix, ce chemin de croix est en fait un chemin de communion.


Frère Jean-Thomas de Beauregard


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Une surabondance de vie


Il y a beaucoup de mouvements dans ces scènes évangéliques, ceux de Jésus qui monte et qui descend d’une barque, ceux de la foule qui se presse sur les bords du lac pour écouter Jésus prêcher, ceux des pêcheurs qui, faisant confiance à Jésus, repartent en mer lancer leurs filets, puis les rapportent prêts à craquer, enfin rangent leur matériel, pour suivre le Christ, ceux de Pierre qui tombe à genoux. Même les barques sont en mouvement, elles s’enfoncent.


Qui est à l’origine de cette quasi-agitation ? La parole de Jésus. C’est elle qui anime ces mouvements et rend raison des changements, parfois brutaux, de direction.


Jésus prend du recul par rapport à la foule pour mieux pouvoir lui parler. Certes, on peut considérer l’aspect technique et comprendre que, pour des raisons d’acoustique, Il installe la foule comme sur un amphithéâtre tandis que l’eau calme renvoie le son de sa parole. Mais il ne faut pas être dupe ! Pour l’évangéliste, Jésus est parti dans un autre élément. S’Il enseigne à distance, c’est parce que ses paroles nous parviennent par-delà sa mort-résurrection. Les disciples, eux, ont jeté leur filet. Eux aussi sont à distance. Ils ne prennent pas seulement des poissons, ils sont appelés à tisser des liens avec les êtres humains. Ils font l’expérience de la surabondance. Ainsi, ils s’efforcent de suivre Jésus, c’est-à-dire correspondre à sa vie, à ses paroles. Ils lâchent tout.


Quand nous avons fait l’expérience de la parole du Ressuscité, de la surabondance de sa vie, tout « naturellement », nous lâcherons tout, pour plus encore.


Soeur Marie Monnet


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La Prière de Mère Eugenia Elisabetta Ravasio (1907-1990) : 


« Très Sainte Trinité, divine réalité dans l’Unité d’une seule substance et dans la triple diversité des trois Personnes du Père, du Fils dans l'Esprit Saint, je t'adore dans le néant de mon être, riche seulement du don de la vie dont tu m’as fait grâce. Dans cet acte d'adoration, j'entends recueillir toutes les voix de tes créatures et n’en faire qu’une avec la mienne. Elles sont les voix de ta voix que, dans le calice de mon amour, je désire recueillir afin que, unie à l’Incréé qui, en tant qu’Homme-Dieu, a fait la louange parfaite dans l’obéissance aimante à la divine volonté, je puisse, le plus largement possible, offrir ma participation, aujourd’hui dans le temps et demain dans l'éternité ».


Amen.