Archives 19 avril 2023

Textes 19 avril 2023


« Notre véritable vie, c’est le Christ »


Le récit des disciples d’Emmaüs est l’un des plus beaux passages du Nouveau Testament.  II s’agit de deux personnes qui retournaient à la maison, tout tristes, après avoir vécu un drame, soit la mort de celui qu’ils considéraient comme le messie.  Ils viennent de quitter Jérusalem et tentent de mettre un peu d’ordre dans leurs idées.  


Leur discussion laisse apparaître de l’angoisse et du découragement.  Ils rappellent le ministère de Jésus qui avait rempli d’espoir leur cœur.  Et cet inconnu qui les rejoint sur la route et qui semble tout ignorer de la tragédie des derniers jours !  De plus, cet homme les aide à scruter les Écritures et à reconnaître que la mort du prophète réalise le dessein de Dieu.  La rencontre atteint son sommet lorsque les deux disciples reconnaissent Jésus au moment de la fraction du pain.  Même s’il est l’invité, Jésus joue le rôle du maître de la maison.  Il prononce la prière et partage le pain comme il l’avait fait le soir du Jeudi saint.  Alors, leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent.  Il n’y eut pourtant aucun prodige, mais la simplicité d’un geste qui révélait le visage de Jésus.  Le ressuscité les remet en route, le cœur débordant de joie.  


Et nous, est-ce que Pâques a été le moment d’une rencontre personnelle avec le ressuscité ?  Avons-nous pris le temps de partager notre expérience spirituelle avec des proches ?  Voilà la mission de tout disciple : rencontrer le ressuscité, le faire connaître et aimer, car il nous rejoint sur nos chemins.


Benoit Caron ptre

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


PÂQUES: Une Expérience

Chers amis

(es) du Témis, frères et sœurs,

Salut, Paix et Joie dans le Christ Ressuscité.

Nous sommes en temps Pascal. Il y a la Pâque Juive, la Pâque de Jésus et la Pâques des chrétiens. 

La Pâque Juive commémore l'événement fondateur d'Israël comme peuple de Dieu : sa libération de la servitude égyptienne grâce au sang versé de l'agneau. La Pâque de Jésus se situe dans le contexte de la Pâque Juive. Jésus se substitue à l'agneau de la Pâque juive en acceptant de s'immoler sur la croix pour libérer l'humanité de l'esclavage du péché.

L'immolation de Jésus s'effectue sacramentellement lors de la dernière cène sous le signe du pain et du vin.

La Pâque des chrétiens célèbre la Pâque de Jésus qui devient l'événement fondamental de la foi et de la vie chrétienne, le sommet de l'année liturgique, la libération des forces du mal et le gage des biens à venir. La Pâques des chrétiens se réalise dans deux sacrements : le Baptême par participation et l'Eucharistie comme mémorial. Elle s'actualise chaque dimanche, le jour du Seigneur. On a pris l'habitude, en français, d'écrire la Pâque des chrétiens au pluriel "Pâques" pour la différencier de la Pâque juive. Le temps pascal dure sept semaines. C'est un temps fort de catéchèse baptismale.

Pâques est une expérience à faire. Je vous invite donc à la faire avec succès.


Jean Grégory JEUDY, PFD

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Pâques ou la nouvelle jeunesse du monde

 

Dans la nuit de Pâques, plusieurs milliers de jeunes et d’adultes ont reçu le baptême. C’est une grande joie pour eux et pour leurs proches mais aussi pour toute l’Église. Le baptême est en effet le fondement de toute la vie chrétienne et l’accueil de nouveaux baptisés est le signe que Jésus continue d’appeler, que l’Évangile est une parole toujours vive, que l’Église a encore un avenir.

 

C’est aussi une interpellation adressée à tous les « anciens baptisés » : qu’as-tu fait de ton baptême ? Jésus est-il toujours le Seigneur de ton existence ? La lumière du Christ est-elle celle qui te guide au fil des jours ? Connais-tu seulement la date de ton baptême, ce jour où il t’a été donné de renaître après avoir été plongé dans la mort et la résurrection du Christ ? En effet, s’il constitue un point culminant de l’initiation à la vie chrétienne, le baptême est aussi la marque d’un commencement, d’un engagement à chercher et à suivre le Christ en toutes circonstances, sans se lasser, lui qui fait toute chose nouvelle et maintient vivants nos rêves, nos projets, nos grands idéaux.

 

Ceux qui vont recevoir le baptême au cours de la vigile pascale ont été séduits par la nouveauté qu’apporte la résurrection : « Jésus est la vraie jeunesse d’un monde vieilli (…), la jeunesse d’un univers qui attend d’être revêtu de sa lumière et de sa vie », écrit le pape François dans Christus vivit (n° 32). L’enthousiasme des commençants est un aiguillon précieux pour ceux et celles qui sont baptisés de longue date et qui peuvent avoir perdu la flamme des débuts. Les néophytes, parce qu’ils réveillent notre ardeur, sont une grâce pour toute l’Église. C’est pourquoi il est important de les entourer pendant la nuit de Pâques et surtout de continuer à les soutenir dans la suite de leur vie chrétienne.

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Prière au Saint Sacrement


« Approchons-nous de chacun de nos frères, avec le même amour avec lequel nous nous approchons de Jésus dans le Très Saint-Sacrement. Tout ce que nous leur faisons, nous le faisons à Jésus.»


Je Te salue, principe de notre création.

Je Te salue, prix de notre rédemption.

Je Te salue, nourriture de notre pèlerinage.

Je Te salue, notre salaire et notre récompense.

Je Te salue, Sauveur du monde, Roi de gloire.


Marthe Robin n'eut d'autre nourriture que le Saint-Sacrement pendant plus de cinquante ans, de 1928 à 1981. Elle disait : « J'ai envie de crier à ceux qui me demandent si je mange, que je mange plus qu'eux, car je suis nourrie par l'Eucharistie, le Sang et la Chair de Jésus. J'ai envie de leur dire que c'est eux qui arrêtent, qui bloquent en eux les effets de cette nourriture. »


Disciples de Charles de Foucauld, Les Petits Frères du Sacré Cœur de Jésus ont pour vocation particulière de pratiquer l’adoration perpétuelle du Très Saint-Sacrement exposé. La Sainte Hostie nuit et jour exposée rend leur vie semblable à celle de Marie et de Joseph, puisque comme eux, ils ont sous leurs yeux, à toute heure, notre Seigneur Jésus-Christ.


L'exposition solennelle et prolongée permet à la communauté des fidèles de méditer et d’adorer ce mystère plus longuement. Ainsi, elle favorise, nourrit et signifie l'esprit d'unité et de charité au sein de la communauté.


« L'Église et le monde ont un grand besoin du culte eucharistique. Jésus nous attend dans ce sacrement d'Amour. Ne mesurons pas notre temps pour aller le rencontrer dans l'adoration, dans la contemplation pleine de foi et prête à réparer les grandes fautes du monde. »


Jean-Paul II : « Le temps que tu passes à exposer ton âme aux radiations divines de l'Hostie est plus avantageux pour toi que des travaux poursuivis fébrilement en dehors de Moi.»

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Où trouver le Seigneur ressuscité ?


Le jour de Pâques, les femmes en deuil ont dû être bouleversées quand elles n'ont pas trouvé le corps de Jésus. Leur ami, leur Seigneur avait été injustement torturé et tué et maintenant, son corps caché ou volé ! Elles ont dû se poser des milliers de questions :Qui l’a dérobé ? Où est-il ? Pourquoi a-t-il disparu ? Aucune réponse ne leur a été donnée, mais une autre question, une question importante leur est posée en retour : "Pourquoi cherchez-vous les vivants parmi les morts ?"

Où trouver le Seigneur ressuscité ? Ce sont les disciples d'Emmaüs qui nous indiquent où nous rencontrerons le Seigneur ressuscité. Les deux hommes marchent ensemble, comme Jésus l'avait demandé à ceux qui devaient prêcher le Royaume. Mais ils s'éloignent de Jérusalem, de la communauté des apôtres, parce qu'ils ont perdu espoir. Soudain, Jésus marche avec eux, leur explique les Écritures et rompt le pain. L'écoute de la Parole a ouvert leur esprit, la fraction du pain a ravivé leur espérance ! Nous trouvons Jésus dans les Écritures et la fraction du pain, nous rencontrons Jésus dans la communion au sein de l'Église.

L'autre histoire de Pâques est celle de Thomas, lui qui exige des preuves que Jésus est vivant. Lorsqu'enfin il retrouve Jésus, le Seigneur lui fait signe de toucher ses plaies. Notre monde aussi est plein de blessures. Ceux qui ferment les yeux sur les blessures de notre monde ont-ils le droit de dire 'mon Seigneur et mon Dieu' comme Thomas ? Les plaies du Christ sont les plaies du monde. Des membres de la famille dominicaine vivent en Thaïlande, où sévissent la guerre civile et la répression; nous avons aussi des communautés très actives en Ukraine. Ils voient et touchent les plaies du Christ parmi ceux qui souffrent des horribles conséquences de la guerre. Notre frère Jaroslaw, à Kiev, nous dit : « Hors d'Ukraine, les gens voient des reportages sur cette guerre terrible. Nous, nous voyons les mêmes horreurs, non pas à travers internet mais par nos portes et sous nos fenêtres. Ce que les journaux et internet ne montrent jamais, ce sont les nombreux actes de bonté et de solidarité entre les gens, des inconnus qui aident les autres. Lorsque le côté sombre de notre humanité manifeste sa laideur, le côté le plus lumineux de l'humanité rachetée par la croix de Jésus brille aussi plus clairement.

Mais nous ne rencontrons pas seulement Jésus dans les Écritures, à la fraction du pain ou dans ses blessures qui demeurent après la résurrection. Les disciples l'ont aussi rencontré lors du premier petit-déjeuner après la résurrection, sur une plage ! Ce petit-déjeuner est le seul repas que nous lisons dans l'Évangile et que Jésus a préparé lui-même. Si Pierre et ses compagnons n'ont rien attrapé de toute la nuit, d'où Jésus a-t-il tiré le poisson qu'il cuisinait ? Personne ne s'est posé cette question, ils étaient juste ravis de voir le Seigneur ressuscité. Nous rencontrons aussi le Seigneur ressuscité comme celui qui nous nourrit et nous demande de nourrir les autres en signe de notre amour pour lui : " Vous m'aimez ? Paissez mes brebis !" Il y a tellement de faim aujourd'hui : faim du Pain de Vie, faim de la Parole de Dieu, faim de nourriture, faim de compassion et de solidarité. Pour l'amour de Jésus, nous devons continuer à nourrir le troupeau du Seigneur ressuscité.


La Croix-Croire

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Les portes verrouillées


Depuis Pâques, les gens ne voient plus plus Jésus, ils ne le rencontrent que par la foi. Et Thomas ? Est-il cet incrédule de l’expression ? Les réputations sont tenaces... Un commentaire des lectures de ce deuxième dimanche de Pâques : Actes 2,42-47, psaume 117, 1 Pierre 1,3-9 et Jean 20, 19-31.


L'évangéliste insiste sur ce détail (versets 19 et 26). Contraste avec le tombeau ouvert, et vide, déjà découvert par Marie de Magdala, Pierre et Jean (20,1). Les disciples, en ce premier jour de la semaine qui inaugure aussi une ère nouvelle, ne sont pas encore sortis de la foi en la mort. Ils sont encore sous le régime de la peur. Peur de ceux qui ont tué Jésus, peur de mourir. Et voici que, tout à coup, Jésus se trouve au milieu d'eux. Il n'est dit nulle part qu'il passe à travers les portes : il n'a pas besoin d'entrer parce qu'il est déjà là ; mais devenu inaccessible aux sens. Il se rend visible pour rejoindre les disciples dans leurs enfers, dans le tombeau de la peur dans lequel ils se sont enfermés. Il semble qu'ils ne le reconnaissent pas d'emblée, puisqu'il leur montre ses plaies. Il y a là une sorte de règle générale : après la Résurrection, on n'identifie plus Jésus du premier coup. Son corps ne fait plus partie des « objets » de ce monde. Désormais, ce corps ne sera accessible que par le chemin des sacrements, ces signes dont l'Église elle-même, déclarée d'ailleurs « corps du Christ », sera la récapitulation. La formule juive de salutation, «la paix», revient constamment dans les récits des apparitions ; trois fois dans notre lecture. Cette insistance est significative : l'homme et Dieu ne sont plus sous le régime de l'affrontement, symbolisé par la prise du fruit de l'arbre en Genèse 3. Un monde nouveau est là. Dieu et l'homme ne font plus qu'un. Toutes les portes sont ouvertes.


Le don de l'Esprit

Jusqu'à la Pâque, les gens pouvaient voir Jésus comme un homme qui leur restait extérieur et qui venait les interpeller, les inviter à accueillir l'Évangile du Royaume. Désormais ils ne le verront plus, ils ne le rencontreront que par la foi. Et pourtant il ne leur a jamais été aussi proche : d'extérieur qu'il était, il leur devient intérieur. Il fait corps avec eux, du moins dans la mesure où ils s'assemblent en son nom (voir Matthieu 18,20). Cette présence du Christ nous est donnée par et dans l'Esprit, cet Esprit qui est un avec lui, qui nous redira et nous fera comprendre ce que Jésus nous a dit, et qui nous introduira dans la vérité totale. Les versets 21-23 de notre lecture sont appelés la Pentecôte de saint Jean, certes moins spectaculaire que celle des Actes mais destinée à nous faire comprendre que tout est déjà donné dans la résurrection de Jésus. Les récits qui, chez Jean et les autres évangélistes, sortent du cadre de ce « premier jour » cherchent simplement à nous faire explorer tout le contenu de l'événement pascal et veulent nous faire comprendre que le régime alors inauguré, la Nouvelle Alliance, garde son efficacité jusqu'à la fin des temps. L'Esprit qui nous est donné a pour figures le souffle et le vent, signes de vie et d'extrême mobilité. C'est pourquoi Jésus envoie ses disciples de par le monde.


Thomas, l'incrédule

Les disciples ont cru à la nouvelle présence du Christ à la vue de ses plaies (verset 20). Au fond Thomas, en exigeant de voir pour croire, n'est pas très loin d'eux. Tout le monde, d'une façon ou d'une autre, se range de temps en temps parmi ceux qui veulent des signes pour consentir à croire. En Matthieu 12,38-40, Jésus annonce qu'il ne sera donné qu'un seul signe, celui de sa disparition pendant trois jours au ventre de la terre comme Jonas avait disparu trois jours au ventre du monstre marin. Le signe qui est donné est donc la disparition de celui qui est le Signe par excellence ! Jésus vient de disparaître et voici Thomas, représentatif de tous les autres dont il est le jumeau symbolique, au pied du mur. Il mijote huit jours dans son incroyance. Huit jours : les sept jours qui forment un tout complet (la semaine) plus un huitième qui inaugure des temps nouveaux. Vraiment nouveaux : le Christ, qui a si souvent vitupéré contre ceux qui exigent de voir pour croire, se rend à la décision de Thomas. Il cède : Dieu se soumet à l'homme. Je vois dans ce récit une immense tendresse. Thomas a-t-il répondu à l'invitation de Jésus, a-t-il touché ses plaies ? Il ne semble pas mais il s'adresse à lui avec des mots extraordinaires : d'abord les deux possessifs «mon» qui disent tout l'amour du disciple ; ensuite et surtout le « mon Dieu ». C'est la seule fois dans les évangiles que Jésus est appelé Dieu explicitement.


Marcel Domergue, jésuite

&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Sans avoir vu

 

« Nous avons vu le Seigneur ! », affirment les disciples à Thomas qui refuse de les croire : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » (Jn 20, 25). Jésus accède à sa demande huit jours plus tard et le délivre de son incrédulité tout en lui disant : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »

 

« Sans avoir vu » : c’est bien notre condition de croyants. De fait, après que Jésus ressuscité a rejoint le Père, il n’y a plus rien à voir. D’ailleurs, même celles et ceux qui ont vu le Seigneur ressuscité ne l’ont pas aussitôt reconnu. Voir n’a jamais suffi : Marie de Magdala, les disciples d’Emmaüs avaient Jésus sous les yeux, conversaient avec lui. Pourtant, ils étaient dans l’incapacité de le reconnaître. Il faudra une parole – « Marie » – ou un geste – la fraction du pain – pour que leurs yeux s’ouvrent.

 

Pour nous faire entrer dans la foi, pour nous permettre de croire « sans avoir vu », le Christ ressuscité vient guérir les regards. Il nous apprend à voir, mais avec les yeux de la foi. Pour cela, il porte une lumière nouvelle sur le monde à laquelle nos yeux doivent s’habituer. Il nous invite à voir au-delà des apparences pour découvrir l’énergie de la résurrection à l’œuvre dans ce temps, en actes comme en paroles. Dans un monde qui en reste souvent aux apparences et à la surface des choses, il nous révèle le sens profond des êtres et leur destinée.

 

« Même les fleurs des champs et les oiseaux qu’émerveillé il a contemplés de ses yeux humains, sont maintenant remplis de sa présence lumineuse », écrit François dans Laudato si’. Le croyant est celui qui, « sans avoir vu » le Seigneur Ressuscité, sait voir « sa présence lumineuse » et désire plus que tout habiter le monde de la résurrection inauguré au jour de Pâques.


La Croix-Croire