Archives 13 décembre 2023

Textes 13 décembre

Viens Seigneur, montre-nous ton visage !


Nous n’avons jamais vu le visage de Dieu, dans un face à face, comme ce fut le cas de Moïse dans la bible.  Nous n’avons jamais rencontré Jésus comme les apôtres.  Alors pourquoi demander à Dieu de nous montrer son visage ?


C’est à travers tout le déploiement des nouvelles de guerres, de décès, d’une économie qui traine, mêlée à un désir de rencontres de famille ou de personnes qui nous comprennent que nous voulons vivre ce Noël avec un cœur qui souhaite retrouver le chemin de l’espérance, de la joie et surtout de la paix.  Pour un disciple de Jésus, c’est à travers le service que nous découvrons la présence active de Jésus dans le cœur de la personne que nous rencontrons.


Noël, c’est l’occasion de contempler la patience de Dieu envers son peuple et envers chacun de nous.  Plus il y a de la faim dans notre monde, plus il y a d’occasions de donner à manger au nom de Dieu.  Plus il y a de la misère à nos côtés, plus j’ai des occasions en or de manifester l’amour de Dieu pour ses enfants.  Plus je rencontre des personnes seules, plus je peux manifester la présence de Dieu dans le silence d’une longue journée à regarder les quatre murs de mon appartement.


En ce temps de Noël, je vous souhaite de rencontrer le visage de Dieu dans tous les petits gestes d’attention que vous aurez la chance de vivre avec une personne qui s’approchera de vous.


Joyeux et Saint Noël.            Votre pasteur, Benoit Caron. 


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Dieu fait justice


Connaissez-vous quelque veuve dans votre parenté ou parmi vos amis ? Si oui, elles vous ont peut-être confié leur solitude : dans les sociétés de type patriarcal où règne l’individualisme, l’absence de la partie masculine peut générer bien des difficultés. C’est une situation connue déjà dans l’ancien Israël  (Dt 10, 18 ; 14, 29 ; 16, 11) et elle est toujours présente dans l’Église primitive : « dans le service quotidien, les Hellénistes disaient qu’on négligeait leurs veuves » (Ap 6, 1). Ces veuves sont le « maillon faible » typique de nombreuses sociétés.


Elles restent le « maillon faible » actuel de beaucoup de nos sociétés, mais ont été rejointes par tous ceux que l’on baptise du nom générique de « marginaux ». Lorsqu’un tort leur est fait, tous ceux-là peinent à obtenir justice : leur seule force est souvent celle de leur conviction, laquelle se manifeste dans leur insistance et… elle n’est pas toujours récompensée. Sauf si c’est vers Dieu qu’ils se tournent, lui dont les préférés sont les pauvres et les petits : « Un pauvre a crié, le Seigneur écoute, et de toutes ses angoisses il le sauve » (Ps 34, 7). Si nous-mêmes ou nos amis avons quelque raison de nous compter parmi eux, n’hésitons pas, crions vers Dieu à perdre cœur.


Frère Hervé Ponsot


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Surtout, le laisser faire !

Comme prêtre, je ressemble à Siméon qui attend le salut de Dieu. Il attend la consolation d’Israël : le Christ, le messie du Seigneur. Comme lui, j’espère que les fidèles vont comprendre, enfin, qu’ils sont aimés de Dieu et que le Christ vient pour eux malgré les pardons non encore donnés ou reçus. C’est une chose humainement difficile, voire impossible, que d’accorder son pardon. Je ne vais pas prendre d’exemple, mais plutôt proposer une posture d’attente. D’abord nommer la blessure, ensuite la mettre dans les mains de Dieu, lui dire que, pour l’instant, vous ne pouvez pas pardonner, mais que vous acceptez d’envisager de vouloir pardonner un jour, mais que ce pardon ne sera possible qu’avec son aide.


Vous comprenez les précautions que je mets dans le processus ? C’est douloureux, surhumain et il nous faut avancer progressivement, nous raviser peut-être, nous y reprendre encore et encore sans jamais perdre de vue le désir que l’Esprit saint a mis en nous. Au final, c’est Dieu qui nous donnera d’y arriver, lui qui est seul maître du temps. C’est ce dont le prêtre est témoin quand, avec vous, il célèbre la réconciliation.


Mais c’est parfois également difficile de croire que nous sommes pardonnés par Dieu ou par nos frères, car nous sommes allés trop loin dans l’offense. Je vais me répéter : ce n’est pas vous qui faites, mais vous laissez à Dieu le soin d’agir en vous pour que vous puissiez avancer dans la réconciliation. « Nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu ! »  Je vous le demande, à genoux, laissez-vous réconcilier ! Vous ne « faites » pas la réconciliation, elle vous est donnée ! Laissez-vous faire, car sans Dieu vous ne pouvez rien, mais à lui rien n’est impossible. Mettons-nous devant Dieu et disons-lui : « Seigneur, je te laisse seul agir en moi, car c’est là mon seul désir. »


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Proche est le Seigneur, proche est son Royaume


Le Seigneur est proche… Oui, mais quand on lui demande quel sera le signe de sa venue, il répond : « Vous allez entendre parler de guerres et de rumeurs de guerre. On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume… »* N'est-ce pas ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux depuis deux mois, sur la terre même où il est né ? De quoi être inquiet, angoissé même, y compris pour l’avenir des peuples qui se déchirent sur cette Terre sainte ! Mais Jésus ajoute : « Faites attention ! Ne vous laissez pas effrayer, car il faut que cela arrive, mais ce n’est pas encore la fin » ! (Mt 24, 6-7a)


Raison de plus pour hâter la paix et préparer le chemin du Seigneur. C’est lui, le Prince de la paix tant attendu ; il sera l’arbitre de nations dont le prophète prédit que : « de leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. Chacun pourra s’asseoir sous sa vigne et son figuier, et personne pour l’inquiéter. » (Mi 4, 3-4)


Paix sur terre aux hommes que Dieu aime. C’est bien ce Prince de la paix, annoncé, promis, chanté par les anges à sa naissance que nous nous préparons à recevoir. Mais la paix qu’il veut nous donner n’est pas comme le monde la donne…  Accueillons Sa paix, au plus profond de notre cœur. « Recherchons-la activement avec tous ainsi que la sainteté sans laquelle personne ne verra le Seigneur »(Hb 12, 14). Nous serons alors les artisans de paix à qui Jésus promet le bonheur (Mt 5, 9). N’est-ce pas la mission fragile, difficile des chrétiens qui entrent dans ce temps de l’avent ? Oui, c’est difficile, c’est fragile, mais si nous ne commençons pas nous-mêmes à être des artisans de paix, qui le sera ? Faisons la paix en nous, autour de nous, soyons des prophètes de la paix.


Alors le Seigneur sera proche et le moment de nous convertir aussi car le « Royaume des cieux est tout proche » (Mt 4, 17).


Frère Philippe Jeannin


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Quel talent !


Difficile de reconnaître Jésus ou notre Dieu miséricordieux chez cet homme parti en voyage si l’on s’arrête au jugement sévère qu’il prononce à l’encontre du dernier serviteur. Si notre maître n’est pas plus compatissant, notre compte est bon quand viendra l’heure…


Mais relisons : ce maître n’est pas un homme dur qui impose au-delà de nos forces. Il fait confiance à ses serviteurs puisqu’il leur confie ses biens à chacun selon ses capacités. Les deux premiers, d’ailleurs, ne s’en plaignent pas : en échange de la confiance, en bons et fidèles serviteurs, ils font fructifier, chacun selon ses capacités, le bien qu’il leur a confié. Ils en seront bien récompensés.


Seul le dernier n’a pas confiance. Ce manque de confiance l’empêche de faire ce qu’on attend de lui. Le regard qu’il porte sur son maître le tétanise. Il « enterre » ce talent, ne prend aucun risque. À son retour, le maître ne le condamne pas mais le prend au mot et le renvoie à sa peur.


Et si Dieu nous prenait au mot, en nous jugeant selon l’image que l’on s’est faite de lui ? Ce n’est pas lui qui nous jugerait sévèrement, mais nous qui, en le jugeant sévère, serions les premières victimes de notre propre jugement.


N’ayons pas peur : « Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour » (Ps 144, 8). N’excitons pas sa colère, mais son amour et sa tendresse. Suivons le conseil qu’il révélait à sainte Catherine de Sienne, « Il faut se débarrasser de la crainte servile pour parvenir à m’aimer et à me craindre saintement. »


Frère Philippe Jeannin


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Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir


Lorsque j’étais aumônier à l’hôpital de Rouen, je rendais visite aux malades en fin de vie. On m’appelle un matin. Une famille demandait le sacrement des malades pour un proche dans le coma. J’ai répondu que je viendrais lorsque la famille serait rassemblée. Sans doute était-ce un jour pas comme les autres, j’ai dit au Bon Dieu : « J’en ai assez de célébrer ce sacrement qui ne change rien, les gens meurent malgré tout ! » En fin de matinée, pris de remords pour cette famille, je dis à Dieu : « Je vais aller donner ce sacrement, mais c’est pour eux et pas pour toi, Seigneur. »


15 jours après, je passe dans le service et demande quand Mme Untel est décédée. L’infirmière me répond : « Mais elle n’est pas morte, tout d’un coup elle s’est portée beaucoup mieux et elle est rentrée chez elle ! » Plutôt honteux, je suis allé à la chapelle demander pardon à Dieu de ne pas lui avoir fait confiance. Cet effet foudroyant de l’onction m’a servi de leçon et je n’ai plus hésité à célébrer ce sacrement.


Ainsi donc, rien n’est impossible à Dieu, et ce malgré ma mauvaise tête. J’étais prêtre depuis peu de temps, je n’avais pas encore compris que c’est Dieu qui agit et non pas moi. Il nous faut tous apprendre que c’est Dieu qui tient le gouvernail de notre vie si nous lui laissons tenir la barre. Il nous faut également apprendre à laisser à Dieu la maîtrise du temps et surtout ne pas l’obliger. La vieille cousine de Marie a espéré longtemps avoir un enfant et l’improbable est arrivé. Marie aussi demande à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire ? » Et sa réponse est un modèle de confiance  : « Que tout se passe selon ta parole.» Allons-nous continuer à croire que pour nous aussi, grâce à Dieu, tout est possible ? Nous désespérons si souvent… Pourquoi ne pas faire le pari de l’espérance, au moins pour cet Avent 2023 ?


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Veillez !


Il était une fois, une soirée d’été entre amis et jeunes frères étudiants dominicains. « – Et si on écrivait chacun un souhait pour autrui ? On les mélange dans une corbeille et on tire chacun un papier. On laisse l’Esprit Saint, s’il a envie, nous suggérer un conseil par ce jeu de hasard… » Bon, d’accord : la foi catholique n’aime pas trop provoquer l’Esprit Saint… Mais après tout, ce jeu n’avait pas beaucoup d’enjeux ; et surtout l’Esprit, celui de Dieu, peut faire sortir un bien d’un exercice ludique de jeunes à qui il accorde sans doute une certaine indulgence…


À mon tour, j’ai donc tiré un papier ; j’ai lu : « Veille ». « Veille », comme une invitation ou comme… un ordre. Ce mot s’est gravé en lettres de feu dans mon cœur. Veille sur ton frère. Fais aussi attention à toi ! Sois attentif à l’autre et prends garde. Ne sois jamais pris en défaut de fraternité et ne te laisse pas surprendre. « Veille », c’est comme le résumé des mots du Christ : « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre mes frères… » ; et, « Tu es fou ! Cette nuit on te redemande ta vie ! » Tout vient à point à qui sait veiller. Veiller, c’est aussi se laisser modeler par Dieu qui est proche.


Fares, un de mes frères novices, Irakien, semblait lui-même sculpté par la prophétie d’Isaïe : il était là, blotti, veillant, attentif aux mains immenses du potier qui le façonnait. Il criait vers Dieu : « Si tu déchirais les cieux ! » : son pays était emporté par l’opération Tempête du désert, la campagne militaire, la dévastation suivie de la guerre civile. Il n’avait aucune nouvelle de sa famille. Il veillait. Dieu, dans son incompréhensible dessein, est venu le chercher. Sans doute était-il prêt. Il est décédé pendant notre année de noviciat dans un banal, bête et terrible accident. Depuis, il ne m’a plus quitté. C'est lui qui veille sur moi, lui qui est maintenant tout proche de Dieu, dans son Royaume.


Avent dans la ville


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Prière pour l’Avent


Dieu de lumière et d'espérance, regarde-nous dans l'amour, et remplis-nous de l'Esprit de Jésus

afin que nous puissions t'aimer et te servir dans ton royaume.


Protège-nous pendant cet Avent et veille sur nous dans la prière dans l'attente de la venue de notre Seigneur, Jésus-Christ,

qui est la lumière du monde,

qui vit et règne avec toi et le Saint-Esprit,

un seul Dieu, pour les siècles des siècles.


Amen.


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Prière pour Noël


La Prière au Verbe qui s'est fait chair pour habiter parmi nous « Ô Divin Mystère de l'Incarnation du Verbe, Mystère d'Amour où un Dieu s'est fait homme pour notre Salut » du Révérend Père Louis Debussi :


« Ô divin mystère de l'Incarnation du verbe, mystère d'amour où un Dieu s'est fait homme, vous êtes le commencement de notre salut ! Et vous, vous en êtes le couronnement, divine Eucharistie, mystère d'amour où un Dieu se donne à l'homme, et s'incarne en lui ! Quelle ineffable ressemblance, ô mon Sauveur, entre la première et la dernière des merveilles de votre charité pour notre salut, lorsque vous venez dans le monde en vous incarnant dans le chaste sein de Marie, et lorsque sur le point de quitter le monde, et tout étant consommé, vous demeurez avec nous comme incarné dans le pain des Anges ! A la veille de m'unir à vous dans cet adorable Sacrement, que n'ai-je toute la préparation du cœur de Marie à vous offrir ! 


Mettez vous-même en moi tout ce que vous désirez, et comme l'Esprit Saint vous a préparé, en votre sainte Mère, une demeure digne de vous, qu'Il vienne aussi en moi cet Esprit sanctificateur pour purifier et embellir mon âme. Que vous dirai-je, ô vierge incomparable élevée par le choix du Seigneur à la plus sublime de toutes les dignités, et comment oserai-je parler moi-même à la plus sainte, à la plus puissante des créatures, à la reine du ciel et de la terre, à la mère de mon Dieu ? Prosterné à vos pieds, avec l'ambassadeur de la très adorable Trinité, je vous salue, ô pleine de grâce, enrichissez ma pauvreté de votre plénitude et de votre abondance; le Seigneur est avec vous, par sa grâce, par sa protection, par son Amour, par son Incarnation, faites qu'Il soit avec moi par la miséricorde, en moi par une sainte et fervente communion ».


Amen.