Archives 6 mars 2024

Textes 6 mars

Réflexion sur le carême 2024


Prononcer le mot Carême fait revenir dans l'esprit de certains le souvenir d'une période de sacrifices, de mortifications et de jeûne. Cependant, lorsque je regarde les textes liturgiques du mercredi des cendres, j'y vois plutôt cette invitation pressante du Seigneur: " Revenez à moi de tout votre cœur" ainsi que cet appel : " Laissez-vous réconcilier… le voici le moment, le moment favorable."

Et la démarche  proposée : " Viens, Seigneur. Ouvre-nous le chemin" traduit cette disposition du cœur à se laisser accompagner par Jésus qui a voulu faire notre parcours. Il connaît la faiblesse et la fragilité humaine. Il sait également qu'il nous arrive de prendre nos distances par rapport à Dieu. S'il vient vers nous, c'est pour nous apporter son soutien et nous rappeler l'infinie miséricorde de Dieu son Père.

Faisant route avec Jésus, nous serons amenés à faire une place plus grande à cette relation avec le Dieu qui nous a créés et nous a confié la noble mission d'être les témoins de cet amour qu'il a déposé en chacun et chacune de nous. La prière ou ce tête à tête avec le Père nous est nécessaire.

Habités par l'Esprit, nous réaliserons que nous ne sommes pas seuls. D'autres veulent, comme nous, devenir de plus en plus le reflet de cette tendresse et de cet amour dans nos rapports interpersonnels. Avec Jésus, nous apprenons la réalité du pardon reçu et celui que nous sommes invités à donner.

Compagnon de nos vies, Jésus nous apprend à garder un cœur généreux et des mains ouvertes pour aider les autres à réaliser leur mission humaine et celle d'enfants de Dieu. Bonne route.   

Marius Raymond, prêtre


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Pierres d’angle


Le secret de la joie est la proximité avec Dieu, le Consolateur : « C’est moi, c’est moi qui vous console. »  Être consolé, c’est être réconforté, plein d’espoir, encouragé, relevé.


Dieu est le Consolateur et donne à ses enfants la joie telle une graine déposée dans notre âme et au plus profond de notre cœur, où elle s’enracinera. C’est de cela que parle Jésus lorsqu’il nous conseille de bâtir sur le roc. En effet, lorsque nous bâtissons la joie sur le Consolateur, nous sommes comme une montagne invincible que rien ne peut détruire. Nous devenons la pierre sur laquelle le Christ bâtit son Église, comme nous le dit l’Évangile de ce jour qui parle de la vocation de l’apôtre Pierre. « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église. »


« Les disciples de Jean le Baptiste jeûnent souvent et font des prières ; de même ceux des pharisiens. Au contraire, les tiens mangent et boivent ! »  Manger et boire, jouir de la vie, alors que d’autres jeûnent ? 


Faire l’expérience de la présence et de l’amour du Seigneur, l’époux, nous met dans une joie durable. Le compagnonnage avec Jésus est une raison de se réjouir, de faire la fête. Lorsque notre relation avec le Seigneur est rompue, que nous le perdons de vue, que l’époux nous est enlevé, il est temps de le chercher, de jeûner, de faire pénitence.


Mais aujourd’hui, comme nous y invite la liturgie, avec la Fête de La Chaire de saint Pierre, festoyons, interrompons notre jeûne !


Frère Albert Bazyk


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Mesure et démesure


Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais en ce qui me concerne, dans mon éducation on a essayé de m’apprendre le sens de la mesure : « Mesure tes propos, mesure les conséquences de tes actes… » Et même dans l’Évangile, Jésus invite à réfléchir, à mesurer les risques avant de bâtir une tour par exemple. C’est bien, c’est juste, cela nous aide à grandir, à nous construire.


Et voilà qu’aujourd’hui, l’Évangile nous dit de donner sans compter, de pardonner et de donner encore, toujours. Quelle démesure ! Mais ne nous y trompons pas, il s’agit de donner pour faire de la place. Plus tu donnes, moins tu as, c’est logique. Mais moins tu as, plus tu as de la place pour accueillir. Et finalement, si tu te donnes toi-même, ton cœur sera ouvert pour être habité par plus grand que toi. Alors tu pourras donner encore et davantage et ainsi de suite… Ça n’arrête plus ! L’amour n’a pas de mesure sinon celle de la démesure. Nous sommes dans une autre logique, une autre dimension, nous percevons quelque chose de l’infini.


Une des clés de lecture de cet Évangile est donnée par les premiers mots du texte : « Comme votre Père ». Il s’agit ni plus ni moins d’entrer dans la logique divine. L’amour se multiplie en se partageant, se donne sans mesure, sans calcul. Oui, nous sommes appelés à adopter de plus en plus la manière d’être de notre Dieu. À être saints comme lui-même est saint.


Ainsi, c’est d’une joie débordante dont nous serons comblés, une joie sans mesure que nul jamais ne pourra nous retirer.


Soeur Blandine


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Transfiguration du Seigneur


C’est le dimanche de la Transfiguration de Jésus : le Fils de Dieu est révélé comme la lumière du monde.  Que se passe-t-il dans la vraie vie où nous cherchons des traces de cette lumière ?

Malgré toutes les prières pour sauver son fils, après une pénible bataille contre le cancer, une mère perd son fils.  Comment croire que Jésus nous soutient quand il y a tellement de maladies, de meurtres et toutes ces personnes qui demandent l’aide à mourir pour éviter de vivre de grandes douleurs ?


Dans la bible, Abraham fut mis à l’épreuve quand Dieu lui demande de sacrifier son fils Isaac.  Ou encore, Jésus qui vient sur cette terre pour nous aider à découvrir le visage d’un Dieu qui nous aime, mais qui accepte la mort de son Fils sur la croix.  Il faut reconnaître que ce n’est pas Dieu qui cause la mort, mais les limites de notre corps qui subit les foudres du temps.  C’est la bêtise humaine qui conduit aussi à la mort par des abus de pouvoir politique ou des vengeances qui ignorent le respect de la vie.


Quand nous nous rassemblons pour la prière commune à l’église ou ailleurs, nous pouvons vivre un moment de transfiguration en présence du Christ dans la communion.  Que cette bonne nouvelle soit la lumière qui éclaire nos pas et nous fasse vivre un moment d’intimité avec notre Dieu.


Votre pasteur Benoit


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Quelle tête de carême !


Qu’on ne s’étonne pas que le carême ait mauvaise presse depuis des siècles ! Regardez le menu : vivre au désert, qui plus est durant quarante jours, y côtoyer Satan, demeurer parmi les bêtes sauvages. Comment ne pas comprendre que l’expression « avoir une tête de carême » signifie depuis des lustres un visage triste, pâle et repoussant ? On le serait à moins ! Mais le plus surprenant n’est pas dans ce manque de séduction de la retraite au désert, mais plutôt dans le peu d’information que nous en avons. Deux rapides versets qui ne disent rien mais finalement disent tout : en rencontrant le Tentateur, Jésus est allé aux confins de lui-même, dans son désert intérieur, là où chaque être humain est seul face à sa fragilité.


Il ne faut pas en dire trop ou même plus car l’évangile le raconte à peine. En tout cas, Jésus a assumé la condition humaine, exploré nos enfermements, nos impasses intimes. Il est allé loin de la maison de Dieu son Père et le nôtre, afin de nous y ramener. Ainsi donc le masque de carême est retourné : il ne consiste plus à montrer nos pénibles sacrifices ou nos douloureux efforts réclamés par la conversion mais à présenter le visage transfiguré et joyeux de ceux qui, voyant le Fils, décident de le suivre jusqu’au Père, « tout proche » !


Père Gautier Mornas


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L'Écriture sainte, visage de Dieu


Saint Thomas d’Aquin est considéré comme l’un des plus grands intellectuels que l’Occident ait enfantés. La complexité de certains de ses écrits, pour aller au fond des choses et avoir des lumières sur le mystère de Dieu, nous montre la puissance de son intelligence. On rapporte que parfois, saint Thomas était tellement perdu dans sa réflexion qu’il oubliait de manger, qu’il oubliait que le roi de France était en train de lui parler. Mais cette réputation d’éminent intellectuel et d’homme très intelligent ne doit pas faire oublier sa première tâche de théologien.


La première mission du maître en théologie à l’université de Paris au XIIIe siècle est de commenter l’Écriture sainte. Chaque jour, avec ses étudiants, Thomas prend le texte sacré et le commente avec toutes les ressources dont il dispose, c’est-à-dire les Pères de l’Église, qui sont les premiers penseurs chrétiens, et les autres théologiens de son époque. Le titre même de sa charge, qu’il obtient très jeune en raison de ses dons, est significatif. On ne l’appelle pas « maître en théologie », mais « maître en page sacrée », autrement dit, excellent lecteur de l’Écriture sainte.


Comme pour tout chrétien, la tâche de saint Thomas d’Aquin est d’approfondir le sens de l’Écriture, de lire la Bible à l’aide de toute la Tradition de l’Église. L’intelligence de la foi, c’est-à-dire le fait de rendre compte des mystères de la foi chrétienne, prend son point de départ dans ce qui nous est révélé par Dieu. Saint Thomas d’Aquin appliquait déjà ce que l’Église, au XXe siècle, et en particulier au concile Vatican II, rappellera : « l’étude de l’Écriture sainte doit être comme l’âme de toute la théologie ».


Est-ce que nous avons la curiosité de lire un livre prophétique, une introduction à un livre du Nouveau Testament ? Osons-nous poser des questions sur les scènes ou les thèmes abordés par la Bible que nous ne comprenons pas ? Quelle place trouve la Parole de Dieu dans notre prière ? Autant de questions que la passion de saint Thomas pour la Bible nous pose.


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Celui-ci est mon Fils bien-aimé


« Une haute montagne. » Il ne s’agit pas d’alpinisme mais d’un lieu théologique : dans la Bible la montagne est le lieu privilégié de la rencontre avec Dieu. Nous pouvons penser d’abord au mont Sinaï, qui s’esquisse clairement comme arrière-plan du récit d’aujourd’hui : Moïse, qui a pris avec lui trois de ses proches, Aaron, Nadab et Abihu, y contemple la gloire de Dieu, puis, entré dans la nuée, reçoit Sa parole.


Le mont Horeb (peut-être le même que le Sinaï, sous un autre nom), où Elie, après une impressionnante théophanie, parle avec le Seigneur dans le mystère d’une brise silencieuse. Tous les deux, Moïse et Elie, les plus grands prophètes de l’Ancien Testament, représentant la Loi et les Prophètes, sont ici présents avec Jésus pour témoigner de lui. Mais, la montagne est aussi lieu d’épreuve, comme pour Abraham : sur le mont Moriah Isaac, le fils unique bien aimé, est offert, préfiguration du Fils qui consentira librement sur le mont des Oliviers au sacrifice du mont Golgotha.


Méditer

L’Évangile de ce jour nous invite moins à réfléchir qu’à nous laisser impressionner, dans le sens où une plaque photographique est impressionnée par ce à quoi elle est exposée. Engageons notre cœur et nos sens intérieurs dans la contemplation, cela en plusieurs étapes.


Premièrement il y a l’invitation à suivre Jésus sur la montagne. Gravir avec lui le Thabor, en entrant dans le silence, car il faut du souffle pour monter. Marcher en se demandant où il nous mène, vers quelle rencontre, quelle révélation ? Qu’attendons-nous de ce rendez-vous ?

Puis vient la vision : l’éclat de Jésus qui vit la rencontre avec le Père avec une telle transparence que tout son être reflète la gloire. Se laisser fasciner, attirer par cette beauté éblouissante à laquelle nous sommes nous aussi appelés : « Nous tous qui, le visage découvert, reflétons la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, avec une gloire toujours plus grande », nous dit Saint Paul ! Exposons notre visage et tout notre être pour en être marqués.


La vision s’estompe dans la nuée. Celle-ci, traditionnellement, atteste la présence de Dieu tout en Le voilant au regard humain. Invitation à entrer plus profondément dans le mystère, car Dieu est au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer ou concevoir. Il n’y a pas à dresser de tente : Celui qui nous invite nous recouvre de Lui-même.


De la vision on passe à l’écoute : le Père parle. Il parle de son Fils, son Bien Aimé. « Écoutez-le » nous dit-il. Le contexte éclaire cette invitation pressante. Jésus vient de révéler à ses disciples son chemin pascal : le Fils de l’Homme doit souffrir et mourir, et son disciple doit le suivre en portant sa croix. Pierre n’a pas voulu entendre ces mots. Et nous ?

La dernière étape est la descente dans la plaine. Retour au quotidien, aux rencontres humaines, sans vision, sans nuée, sans voix céleste. « Ils ne virent plus que Jésus, seul avec eux ». Lui avec nous, c’est ce que nous vivons dans l’Eucharistie.


Prier

Seigneur, tu sais bien la part de ténèbres et les résistances qui me freinent sur le chemin de l’amour. Patient, confiant, tu m’invites pourtant à entrer avec toi dans l’intimité de ton Père.


Et je chante. « Joyeuse Lumière, splendeur éternelle du Père, saint et bienheureux Jésus-Christ ! »


Sœur Bénédicte Rollin


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À vous de choisir


Il était un riche qui menait sa vie de riche… et un pauvre qui avait subi sa vie : il avait été jeté sous le porche du riche, il était malade, couvert d’ulcères, donc impur. Il n’avait rien que son nom : « Lazare, Dieu aide ». Il avait besoin de pain, mais rien. Le riche menait grand train de vie, et ne se préoccupait pas du reste. Tous deux meurent. 


Au séjour des morts, Lazare est considéré comme juste et se repose sur le sein d’Abraham, qui était riche, juste, fidèle à Dieu. Le riche, lui, mendie, il a soif et a besoin d’eau, mais rien. Il y a cet abîme infranchissable… abîme que le riche a construit par son indifférence… Et le riche de s’inquiéter pour ses frères… mais trop tard ! 


Par moments, nous sommes un peu comme ce riche, mais je connais des gens qui, non seulement font bien leur métier, et même davantage, pour aider. Je n’ai jamais oublié ce jour où, croyant arriver trop tard, je me suis ruée sur la porte de la pharmacie… encore ouverte. Malgré l’heure tardive, le pharmacien était toujours là, occupé à aider et conseiller un couple en détresse. Ignorant mes excuses, il m’a fait signe et m’a servie. Puis, il a repris son écoute bienveillante auprès du couple. Je suis sortie de l’officine, édifiée, admirative…


Dieu nous invite à prendre notre vie au sérieux : nos choix, nos attitudes ont un poids. Mais il nous donne un bon guide pour la route : sa Parole, source de vie et de joie profonde. « Ils ont Moïse et les prophètes : qu’ils les écoutent ! »


Soeur Claude-Pierre


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Prière du Carême 2024


Viens Seigneur ! Ouvre-nous le chemin


Les Écritures l’entrevoyaient, les prophètes nous y préparaient, 

la terre entière y aspirait que tu viennes instaurer ta paix.


En marchant sur notre terre, tu  l’as fait changer d’ère. 

Quand ton regard s’est porté sur la misère, 

nous avons reconnu nos sœurs et nos frères.


C’est toi le premier qui nous as aimés 

au point où nos coeurs se sont enflammés. 

Chaque jour devient un carême 

pour nous apprendre à dire : ``Je t’aime``.


Sur tes pas, à l'écoute de ta voix, nous grandissons dans la foi. 

Tu es le Vivant, aujourd’hui et pour toujours. 

Par ton Esprit, notre vie peut renaître à son tour.


Tes appels résonnent au  cœur du monde, 

invitant à rendre nos vies fécondes. 

Nous t’en prions, garde-nous dans ta lumière. 

Par nos œuvres, nous chasserons les enfers. 

Viens Seigneur, attire-nous dans tes pas, 

pour que jamais nous ne quittions ton chemin.


Jocelyn Girard