Archives 29 novembre 2023

Textes 29 novembre


ENCOURAGER LES PARTAGES DE VIE ET DE FOI


Lettre pastorale de Mgr Denis Grondin

aux fidèles catholiques de l’archidiocèse de Rimouski, partie 2 de 2


6. Dans le contexte actuel, le ministère du prêtre, toujours essentiel, est appelé à évoluer dans un meilleur esprit de synodalité. Il fut un temps où les prêtres étaient aussi travailleurs sociaux, conseillers familiaux, animateurs de loisirs, et les consacrées, enseignantes, infirmières, travailleuses sociales... Par leur engagement respectif, l’Église a comblé généreusement l’appel à servir dans bien des domaines. Mais les prêtres d’aujourd’hui doivent redéfinir leur ministère d’évangélisation et de gouvernance, en collaboration avec les communautés chrétiennes, afin que tout un chacun puisse exercer sa mission de prêtre, de prophète et de roi.


… mais celui qui fait la vérité vient à la lumière pour qu’il soit manifeste que ses

œuvres ont été accomplies en union avec Dieu.


Partage de vie et de foi

7. La compétence réclamée au disciple par le Seigneur en est une de proximité : avec qui puis-je partager ma foi, ma prière, mes questionnements pour cheminer et engager ma charité ? Nous ne sommes pas là pour défendre une organisation, mais pour découvrir ensemble le mystère de l’Alliance de Dieu avec son peuple, son Église. S’ensuit alors la nécessité de servir le Royaume de justice, de paix et de réconciliation. Dans les Saintes Écritures, Jésus se retrouve souvent dans les maisons : celle de Zachée, de Marthe et Marie, de Matthieu ou des disciples d’Emmaüs. C’est là qu’il offre sa lumière et son regard bienveillant qui sont sources d’une vie nouvelle et engagée.


8. À mi-chemin du Synode 2021-2024, les conseils diocésains et les équipes synodales nous invitent à mettre en œuvre une priorité pastorale : « Encourager les partages de vie et de foi. » Il y a plus de 2000 ans, l’Évangile a été gravé dans l’expérience des chrétiens avant d’être rapporté par écrit. Cette Bonne Nouvelle du Salut gagne à être partagée dans un contexte domestique, alors que, comme corps mystique de l’Église, nous vivons une sorte d’exil et de dépouillement. Déporté à Babylone, le Peuple de Dieu a connu un déplacement du lieu de la célébration et de la transmission de la Loi qu’il retrouva dans la synagogue. La foi n’a pas besoin de temples inertes, mais de pierres vivantes, car le baptême nous fait temples de Dieu et l’accomplissement de la vie chrétienne se vérifie à l’amour porté les uns envers les autres dans le concret de nos vies. Combien de rassemblements, tablées, maisonnées nous permettent humainement d’exister et de communiquer au niveau de l’être ? Toutes ces rencontres nourrissent nos motivations de vie et d’engagement.


9. De même, la foi se nourrit de fêtes, de rassemblements qui créent un esprit communautaire. En ce sens, et pour reprendre les termes du pape François, l’Église domestique intergénérationnelle peut rallumer le feu de l’espérance et rejoindre des personnes vivant dans les diverses périphéries existentielles, leur apportant ainsi la joie de vivre et de croire. Ces périphéries sont des univers dominés tantôt par l’angoisse ou le désespoir, loin du terrain religieux, sans possibilité de trouver une oreille attentive et une amitié réconfortante. Ces situations, souvent marquées par la souffrance, l’isolement ou la détresse, révèlent des fractions sociales et mettent à jour les pauvretés relationnelles des individus. Ces pauvretés sont autant d’appels à faire communauté autrement. 


Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.


Conclusion

10. Centrés sur l’essentiel, la prise de parole, l’échange et la conversation sont des denrées rares qui structurent l’identité personnelle et la confiance d’être quelqu’un, d’avoir sa place. La foi a besoin de cette dynamique d’écoute et de prise de parole pour devenir un témoignage où chacun contribue à la croissance intérieure. La conversation autour de la Parole de vie n’est donc pas tant une discussion, mais un écho véritable qui touche au plus profond du cœur. Notre Dieu se laisse donc atteindre, et nous aussi, car nous sommes membres du même corps du Christ : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple », dit le Seigneur dans le livre de l’Exode. La vie relue à la lumière de la Parole de Dieu permet un regard différent sur soi et sur le monde, un horizon des plus lumineux. La Parole engendre aussi un processus de retournement, de renaissance et de conversion de l’âme. Touchés par la miséricorde du Christ, nous devenons plus sensibles et disposés à suivre Jésus qui révèle la Vérité sur l’humanité et sur Dieu. En cette vérité, une vie engagée se libère au service des autres. Prenons ensemble le risque d’ouvrir des portes et des parvis afin que le souffle de l’Esprit séduise une nouvelle génération, appelée elle aussi à faire corps dans la vérité de l’Amour. Pèlerins de la foi, devenons des entraîneurs qui, ensemble, sèmeront, grâce aux partages évangéliques, un désir de marcher ensemble avec un nouvel enthousiasme.


Donnée en la fête de saint Germain, le vingt-huitième jour du mois de mai deux mille vingt-trois.


+ Denis Grondin

 Archevêque de Rimouski


&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Folle ou sage ?


Nous voilà au milieu de jeunes filles sages et de jeunes filles folles qui toutes s’endorment au lieu de veiller. Car l’époux des noces auxquelles elles sont invitées tarde. Nous ignorons tout de l’épouse, sans doute déjà en salle des noces. Les jeunes filles folles sont sorties avec des lampes à huile sans huile comme si l’époux devait s’adapter à leur tempo. Les jeunes filles sages laissent le temps à l’époux de venir à sa guise.


Si la lecture est difficile, et si l’on comprend mal leur refus de partager leur huile, c’est qu’il est des huiles qui ne se partagent pas : l’attention ne se partage pas. Comme toute vertu, elle se développe la vie durant : c’est en faisant attention que l’on devient attentif. Cela ne s’achète pas chez un marchand, ce n’est pas un produit sur lequel on peut mettre la main, ce que semblent croire les jeunes filles folles. Cela ne s’acquiert pas en un week-end de développement personnel.


Un peu plus loin dans son chapitre 25, Matthieu va nous expliquer comment on grandit en attention : en veillant sur les plus petits, en recouvrant celui qui a froid et en nourrissant celui qui a faim. Voilà ce qui fait grandir les réserves d’huiles de celles qui sont « prêtes ». Les amies de l’époux qui se seront ainsi habituées à soulager la peine des éprouvés pourront rester debout à veiller dans la nuit, au pied de la croix où le Maître rendra l’Esprit.


Soeur Anne Lécu


&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


La chance du serviteur


Dans l’Ancien Testament, il est un serviteur bien connu, évoqué à plusieurs reprises dans le livre d’Isaïe entre les chapitres 41 et 53 : le prophète y reconnaît une figure éminente, désignée par Dieu comme son serviteur, avec une nuance évidente d’affection profonde et de respect. Et comme ce serviteur devait connaître un destin tout à la fois tragique et salutaire pour l’humanité (Is 52-53), il n’a pas été difficile pour les chrétiens d’y reconnaître l’annonce de la figure du Christ et de trouver en lui un chemin de vie.


Dans le chapitre 17 de Luc, le serviteur obéit avec célérité et diligence pour faire la volonté de son maître, et il le fait sans attendre aucune reconnaissance. Celle-ci viendra, mais plus tard : « Ensuite, tu pourras manger et boire à ton tour ». S’il paraît difficile d’identifier au Dieu de bonté ce maître, que l’on imagine ici plutôt comme cassant et peu sensible à la faiblesse, en revanche nous n’avons aucun mal à reconnaître Jésus dans ce serviteur qui passa sa vie sur terre à faire la volonté de Dieu (« Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé » (Jn 4, 34)) et qui ne connut pour récompense terrestre que le supplice de la Croix avant que son Père ne l’établisse à sa droite dans les cieux (Ph 2, 5-11). Faut-il alors se plaindre de connaître tel ou tel tourment, alors que nous partageons ainsi un peu de la vie terrestre de Jésus, avant d’entrer avec lui dans la gloire de Dieu ?


Frère Hervé Ponsot


&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


RÉFLEXION SPIRITUELLE


D’appartement en appartement, deux par deux « Partout où l’on vous accueillera… » (Luc 9,4) Dans l’homélie qu’il a prononcée le 27 septembre 2023 (jour de fête de saint Vincent de Paul),Mgr Sam Bianco de l’archidiocèse de Toronto, lui-même un Vincentien de longue date, s’est exprimé ainsi : Lorsque les disciples partirent de maison en maison, de village en village, où qu’ils aillent, non seulement ils annonçaient la Bonne Nouvelle, mais ils apportaient l’espoir; en fait, le visage et la personnalité de Jésus étaient reflétés à travers eux. Et ils sont allés chercher et trouver la place, dans le cœur de Jésus, dans le cœur de chaque homme.


Ce que nous faisons est puissant. Ce que nous faisons, c’est ce que Jésus disait à ses disciples de faire. Nous allons de porte en porte, de maison en maison, d’appartement en appartement. Pour reprendre les mots du pape François : « Nous allons à la rencontre des pauvres peu importe l’endroit où ils vivent et nous les rencontrons dans leur milieu, selon leurs conditions ». La raison est que cela devient une affaire personnelle. Une rencontre de personne à personne permet de voir le visage de ceux qui souffrent et qui ont besoin d’aide. Et à eux, de voir le nôtre, et de discerner nos forces et nos faiblesses. Et nous sommes en mesure d’engager avec ces personnes une conversation dont les bienfaits vont au-delà de la distribution de simples bons alimentaires ou de toute autre forme d’aide matérielle.


Les personnes ne se résument pas à des classes sociales ni à des statistiques. Nous ne le faisons pas pour nous sentir bien, mais parce que nous considérons que c'est un privilège de pouvoir rencontrer un autre être humain dans sa maison, dans son espace à lui, dans son chez-lui. Et de pouvoir l’aider du mieux que nous pouvons. Voilà ce qu’est le véritable amour de son prochain, voilà ce qu’est la véritable rencontre de l’autre.


Questions de réflexion

1. Comment se traduisent vos rencontres avec des personnes dans le besoin, y compris lors de visites à domicile, dans votre propre vie ?

2. Croyez-vous sincèrement que, par vos actions, vous vous êtes suffisamment soucié de vos prochains? Dans la négative, de quelles autres façons pouvez-vous partager effectivement ce que vous avez avec les nécessiteux ?


Prions... Seigneur, nous implorons Ta sagesse pour nous aider à saisir toutes les occasions de servir nos prochains du mieux que nous pouvons. Puissions-nous nous donner avec ouverture, sans jugement, en mettant nos forces au service des plus démunis et des laissés-pour-compte.


Jose I. Torres, président, comité national de spiritualité

Société Saint-Vincent de Paul


&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Un sur dix


Les dix lépreux ont tous cru à la parole de Jésus, ils lui ont obéi. Avant même de constater leur guérison, ils ont emprunté le chemin les conduisant aux prêtres, conformément à la loi de l’époque. Il est pourtant remarquable que Jésus loue la foi du Samaritain, mais pas celle des neuf autres lépreux. Leur supplication provenait de leur misère. Une fois purifiés, tous sauf un pensent ne plus avoir besoin de Jésus. Le Samaritain, lui, revient sur ses pas : il remonte à la source du vrai salut.


L’action de grâce n’est pas une attitude spontanée.  Le petit enfant croit volontiers que tout lui est dû, l’adulte pense que tout dépend de ses propres capacités. Au fur et à mesure que nous avançons sur notre chemin de foi, nous apprenons à remonter à la source de tout bien. Nous demandons la grâce de savoir remercier. Nous grandissons en humilité, car rendre gloire à Dieu, c’est reconnaître que tout vient de lui. Sans lui, nous ne pouvons rien. Comme Marie, nous le louons pour son œuvre de salut, en nous et dans toute la création.


Soeur Marie-Laetitia Youchtchenko


&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Désirer la fin du monde ?


La fin du monde est ce passage hors du temps où Dieu se joindra à nous d’une manière que nous ne pouvons pas encore soupçonner. Nous ne serons pas spectateurs, mais pleinement  acteurs. Lorsqu’il se joindra à nous, nous ne serons plus extérieurs à lui. Qui peut être extérieur à Dieu ? Nous ne devons donc pas en avoir peur, mais désirer le passage dans un grand bonheur.


À certains moments, nous goûtons une sorte de plénitude de vrai bonheur. Ce n’est pas la satisfaction de soi-même, qui est d’ailleurs tout à fait illusoire, mais le sentiment que quelque chose comble notre existence. Dieu seul peut nous donner cette éternelle joie d’une manière définitive et absolue. Quand l’éternité de Dieu viendra dans le temps humain, elle le saisira définitivement pour le remplir. Et alors, à ce moment-là, se produira cette espèce de coïncidence de tout notre être avec le désir de Dieu sur nous. Tout notre désir coïncidera avec l’infini de l’amour qui sera répandu en plénitude parce que Dieu « sera tout en tous ».


Frère Yves Habert


&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Un juge d’humanité


Au début de l’année liturgique, nous étions invités à baisser le regard vers l’enfant de la crèche. La fin de l’année nous commande de lever les yeux vers le « trône de gloire », le siège du Juge des vivants et des morts. Célébrée en ce dimanche, la royauté de Jésus est déconcertante si on la compare à nos modèles contemporains… Sa manière de juger l’est tout autant ! Car là où on attend du magistrat qu’il fasse preuve d’une certaine sévérité, Jésus, lui, fait œuvre d’une certaine pédagogie.


Ce qui est en effet étonnant à première vue dans cet évangile, c’est le caractère ordinaire, pour ne pas dire banal, des exemples évoqués pour entrer dans le Royaume : donner à manger à qui a faim, donner à boire à qui a soif, accueillir qui est seul et loin de chez lui, donner un vêtement à qui est nu… Il faut laisser résonner ces affirmations dans leur plus élémentaire vérité… Alors nous y découvrirons le seul comportement digne d’un être humain ! Peut-être en est-ce même l’un des marqueurs que l’homme n’est plus un animal… Pour être sûr que nous ayons bien entendu, les actions sont énoncées à quatre reprises, excusez du peu ! Deux fois par Jésus et tout autant par les justes et les maudits. Dans ces exemples, rien n’est hors de notre portée.


Aucune force surhumaine n’est requise pour entrer dans le Royaume. Jésus, ou le maître déconcertant d’humanité !


Père Gautier Mornas


&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&&


Prière de l’Avent 


Dieu notre Père, source de tout bien,

par la naissance de ton Fils parmi nous,

tu es devenu l’Emmanuel, le Dieu avec nous.

 

Par Jésus notre Sauveur, tu t’engages avec nous

Sur les chemins qui mènent à la lumière et à la paix.

 

Avec lui et ton Esprit, tu nous invites

À reconstruire notre vaste monde

Pour qu’il devienne plus fraternel et plus juste.

 

Dieu notre Père, fais que ta joie jaillisse

De nos cœurs et se transforme en élans de générosité

Qui donne aux personnes souffrantes

Le désir de s’approcher de toi et le goût de vivre heureux.