Archives 20 mars 2024

Textes 20 mars 2024

Il y a vie et vie


A l’heure où sa passion devient proche, Jean met sur les lèvres de Jésus cette forte parole : « Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle ». Pour le dire autrement, Jésus distingue deux réalités tissées ensemble : la vie de notre corps mortel, le fait que nous sommes à la fois corps matériel, traversé d’un souffle vivant, et la vie mystérieuse qui nous porte et fait de ce corps une réalité existentielle, le corps que je suis, creusé du désir d’éternité.


Lorsque les Grecs demandent : nous voudrions voir Jésus, quelque chose en eux est porté par un désir puissant. Nous aussi, nous voudrions voir Jésus ou à tout le moins le percevoir à travers les sens, à travers notre vie. Nous aimerions éprouver sa présence. Or, il nous invite, avec douceur et fermeté, à renoncer à cela, à le suivre dans la solitude, et jusque dans cet ébranlement intérieur : « Mon âme est troublée », « Sauve-moi de cette heure ».


La vie éternelle, centrale dans l’évangile selon Jean, ne se saisit pas mais se reçoit. Elle se reçoit du Fils à l’heure de sa passion, qui l’a reçue du Père. Elle se reçoit dans la gloire. En hébreu, la « gloire » est la densité d’une vie. Elle se reçoit incognito à mesure que nous acceptons de nous perdre, en étant présents à ce monde et aux autres, avant tout. Le détachement de soi n’est que l’autre nom de la présence aux autres, qui sont promis, tous, au salut offert par le Christ.


Soeur Anne Lécu


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Croire pour comprendre


Quand saint Thomas d’Aquin arrive à l’université de Paris, au milieu du XIIIe siècle, comme étudiant, puis comme professeur, les défis sont nombreux. Il ne s’agit pas simplement de transmettre ce qu’il a appris, une tâche qui est nécessaire à toute époque, mais il s’engage dans des débats qui sont loin d’être anodins pour la foi chrétienne.


Il accompagne l’entrée d’Aristote en théologie. Depuis la fin du XIIe siècle, l’Occident découvre les textes d’Aristote qui sont peu à peu traduits en latin. Mais qu’est-ce que ce philosophe païen du IVe siècle avant Jésus-Christ a à voir avec la théologie chrétienne ? Les écrits d’Aristote se révèlent être des outils originaux et précieux pour les théologiens parce qu’ils apportent une méthode pour raisonner et des connaissances nouvelles sur la nature.


Saint Thomas d’Aquin a su tirer le meilleur profit de ces ressources rationnelles. Bien sûr, la raison seule ne pourra pas pénétrer le mystère de la foi. Pour Thomas, elle peut cependant montrer que Dieu existe et qu’il s’occupe du monde. Une fois la révélation reçue de Dieu, la raison pourra en outre éprouver la cohérence de ce message, elle pourra mettre en lumière la sagesse divine. Un chrétien qui réfléchit, qui se cultive, ne se détourne pas de la foi, mais se donne les outils pour l’approfondir. 


Comme disait saint Jean-Paul II, la foi et la raison sont les deux ailes qui permettent de s’élever vers la vérité. Saint Thomas en a été un exemple passionné. 


Comment puis-je, pour ma part, nourrir ma connaissance de la foi et comment ma foi peut-elle éclairer mes questions sur les mystères de l’homme et du monde ?


Frère Ghislain-Marie Grange


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Des lieux et des hommes


« Il n’y a plus de sacré », se lamentent certains ! Non sans raisons. Des églises tombent en ruines, sont détruites ou affectées à d’autres usages qu’au culte. Un chrétien en a le cœur serré. Mais c’est peu de choses, sans doute, à côté de la catastrophe que fut pour Israël la destruction du Temple, quelques dizaines d’années seulement après la mort et la résurrection de Jésus.


Ces vieilles pierres, au fait, Dieu, qu’en pense-t-il ? La colère du Christ contre les vendeurs du Temple le montre assez : elles ne sont pas sans valeur. Pourquoi ? Parce qu’elles offrent à l’homme une « maison » où rencontrer Dieu.


De « maison », dit la Bible, Dieu n’a pas besoin : il est partout chez lui ! À la Samaritaine, Jésus expliquera que ce n’est pas à tel ou tel endroit que Dieu veut être adoré, mais « en esprit et en vérité » (Jn 4, 23).


Nous, en revanche, nous ne sommes pas de purs esprits. Même les moines ne prient pas hors sol ! Notre prière se déploie dans des lieux qui nous ouvrent ce lieu sacré entre tous, ce « saint des saints » qu’est notre cœur. Or ce cœur ne bat pas en apesanteur, lui non plus ! Il palpite dans un corps. C’est ici, au creux de notre chair, que Dieu veut être accueilli et aimé.


Ce sanctuaire-là n’a pas de prix. Le Christ le relèvera, comme il a relevé « le sanctuaire de son corps » (Jn 2, 21). Alors, ne laissons personne malmener notre corps – pas même au nom du « sacré » !


Frère Sylvain Detoc


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D'une joie à l'autre


Jésus monte avec ses disciples à Jérusalem pour la fête de la Pâque juive. J’aime à penser qu’il se souvient de la joie de la Pâque de ses douze ans quand il était resté à Jérusalem, dans la maison de son Père, assis au milieu des docteurs de la loi : « Il les écoutait et leur posait des questions. »


Dans l’Évangile, cette joie disparaît rapidement quand Jésus découvre les marchands et les changeurs dans le sanctuaire, et les chasse dehors. « Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. »


Les juifs demandent à Jésus un signe pour légitimer son geste. Sa réponse est inattendue : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Mais il parlait du sanctuaire de son corps. 


Le Verbe s’est fait chair et son corps humain est le temple de l’Esprit saint. Et chaque baptisé devient le temple de l’Esprit saint. 


Est-ce que nous savons toujours combien nous sommes précieux aux yeux de Dieu ? Combien il nous aime et comme nous sommes aimés de lui ?  Nous sommes le temple de l’Esprit saint. L’Esprit saint habite en nous. Quelle joie ! Nous pouvons vivre sous la conduite de l’Esprit saint, quelle joie ! Nous sommes le temple de notre Dieu. Ce temple de Dieu est sacré. Ce temple, c’est chacun de nous.


À tout moment, je peux entrer en moi-même pour écouter l’Esprit Saint et trouver joie et paix.


Soeur Jean-Thérèse


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Bien-aimée


Notre Dieu a une haute estime de sa création. Il pense et dit du bien de nous : « Ils respecteront mon fils », car ils en sont capables. Le sommes-nous réellement ? Pas si sûr. Et pourtant, c’est cette réelle estime de Dieu pour nous qui est le socle de tout. Me savoir aimée et me croire estimée de Dieu m’a permis de me respecter. C’est tout un apprentissage, long et bien concret et à reprendre régulièrement.


Il m’arrive de rencontrer des personnes qui peinent à trouver leur place. Elles ne se croient pas dignes d’estime, de respect, d’amour. J’aime leur dire que leur créateur pose sur elles un regard émerveillé, les respecte infiniment et qu’il compte sur elles pour construire le Royaume. Ces paroles peuvent parfois ouvrir un horizon et permettre à certaines de commencer un chemin de respect de soi pour offrir le meilleur. 


Vivre sous le regard et la présence bienfaisante et bien disante de Dieu aide à tout traverser et surtout à développer tous les talents qui sont en nous de façon magnifique. À nous aussi, il nous revient d’entendre la juste estime que notre Dieu nous offre, d’y croire, d’en vivre pour porter de beaux fruits. En retour, nous deviendrons capables de dire du bien de Dieu et des autres. Accueillant ainsi les paroles des autres, nous édifierons une œuvre commune et nous serons dans la joie de construire… du durable !


Soeur Marie-Alice


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Maman Zébédée


Jésus vient d’annoncer sa Passion et sa Résurrection aux Douze et voilà que madame Zébédée demande que ses deux fils soient placés aux côtés de Jésus dans son Royaume. Elle semble venir de nulle part. Qui est cette dame ?


Cette mère fait partie du groupe de femmes qui a suivi Jésus depuis la Galilée et l’accompagnera jusqu’à la fin. On ne connaît même pas son prénom. Elle nourrit les Douze et prend soin d’eux. Sans elle et ses compagnes, aurions-nous pu entendre les Évangiles ? Aurions-nous eu accès à l’enseignement de Jésus ? Sans ces témoins anonymes qui suivent Jésus en exerçant leur travail, serions-nous aujourd’hui croyants ? Sans faire partie des Douze, madame Zébédée a sans doute entendu l’annonce de Jésus. La foi de cette femme me touche, elle m’interpelle. Son espérance dans le Royaume à venir a pu réconforter Jésus.


Cette mère a l’intuition de la joie du Royaume à venir. Sa question posée à Jésus manifeste une grande confiance. Avant Marie Madeleine, l’apôtre des apôtres, elle perçoit que la mort de Jésus ne sera pas le dernier mot de l’histoire de ce prophète si singulier. Elle croit en la vie plus forte que la mort !


Par sa réponse, Jésus nous indique le chemin du Royaume. Il invite ses disciples, et nous aussi, à vivre comme lui : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude. »


Soeur Anne-Catherine


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L’Aujourd’hui d’Élisabeth Turgeon

Vol 1, No 7, mars 2024.

L’Aujourd’hui d’Élisabeth Turgeon me donne à réfléchir sur sa quête d’unité et de fidélité à vivre selon la transcendance. Sa vie marquée par le silence et  l’intériorité offre de la profondeur et facilite l’accueil de la maladie toujours menaçante. Elle vit dans une fragilité consentie qui s’exprime chez elle dans un abandon généreux aux conséquences souvent imprévisibles et dérangeantes. Elle recommande à ses sœurs de toujours dire FIAT quand surgissent des contrariétés ou des épreuves diverses. Ce conseil demeure efficient et salutaire. Que notre quotidien s’en inspire pour une vie marquée par la Paix!

Sur les pas de la Bienheureuse Élisabeth Turgeon, notre aujourd’hui gagne en efficacité et nous savons que derrière les ombres pointe la lumière qui surgira radieuse et apaisante. Les exigences de la vie soufflent souvent le meilleur et permettent des pas générateurs d’un plus être bénéfique. Apprendre à croire en demain qualifie notre quotidien et nourrit notre espérance.

Information - La soirée Élisabeth Turgeon aura lieu lundi le 18 mars à 19 h à l’Ancienne chapelle de la maison mère. Vous êtes tous et toutes invités à vous joindre à nous.

- Le tombeau de la Bienheureuse Élisabeth Turgeon a été déplacé  dans l’entrée de la chapelle. L’accès demeure aussi accessible et accueillant.


Parole de sagesse Les yeux du Seigneur sont ouverts sur toute la terre et ils inspirent de la force à ceux qui se confient en lui d’un cœur parfait.

Sentence de la Bienheureuse Élisabeth Turgeon

Réflexion de jeune Un jour, un jeune homme riche donna un panier rempli d’ordures à un paysan pauvre. Le paysan lui sourit et s’en alla. Il le vida, le nettoya et le remplit de fleurs magnifiques. Il retourna chez l’homme riche et lui rendit le panier propre et fleuri. Le jeune homme riche s’étonna et répliqua : « Pourquoi me donnes-tu ce panier rempli de belles fleurs alors que je t’ai donné des ordures ? »  Le paysan lui répondit avec un sourire : « Chaque personne donne ce qu’elle a dans le cœur.» 


Chemin de prière Devant Dieu, considérez les choses : il vous inspirera ce que vous devez faire pour le mieux. Que le Saint-Esprit vous éclaire de sa divine lumière, c’est le vœu de mon cœur.

Sr M. Élisabeth, Sup.

(Lettre à Marguerite Roy de Beauport début mai 1880)

Gabrielle Côté, R.S.R., Vice-postulatrice pour la cause de la Bienheureuse Élisabeth Turgeon.


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Prière du Carême 2024

Viens Seigneur ! Ouvre-nous le chemin


Les Écritures l’entrevoyaient, les prophètes nous y préparaient, 

la terre entière y aspirait que tu viennes instaurer ta paix.


En marchant sur notre terre, tu  l’as fait changer d’ère. 

Quand ton regard s’est porté sur la misère, 

nous avons reconnu nos sœurs et nos frères.


C’est toi le premier qui nous as aimés 

au point où nos coeurs se sont enflammés. 

Chaque jour devient un carême 

pour nous apprendre à dire : ``Je t’aime``.


Sur tes pas, à l'écoute de ta voix, nous grandissons dans la foi. 

Tu es le Vivant, aujourd’hui et pour toujours. 

Par ton Esprit, notre vie peut renaître à son tour.


Tes appels résonnent au  cœur du monde, 

invitant à rendre nos vies fécondes. 

Nous t’en prions, garde-nous dans ta lumière. 

Par nos œuvres, nous chasserons les enfers. 

Viens Seigneur, attire-nous dans tes pas, 

pour que jamais nous ne quittions ton chemin.


Jocelyn Girard


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Click and collect


La Bible est pour moi un lieu de joie. Et elle n’est pas seulement un lieu, puisqu’elle est aussi liée à un moment dans la journée, celui de la lectio divina. Ce temps de prière est, comme tous les autres, vital pour moi et pour chacune de mes sœurs de communauté. Vital, car il est un moment où nous nous laissons travailler par la Parole de Dieu que nous lisons. La joie n’y est pas toujours sensible, mais elle est là, comme le Seigneur est là.


Lectio divina, littéralement, se traduit par « lecture divine ». Il s’agit d’une lecture priante de la Parole de Dieu. Et tout le monde peut prier ainsi ! Dans la lectio, je ramasse, je recueille. Ainsi, la lecture de la Bible devient une manière de récolter quelque chose, d’accueillir ce qui m’est donné. Par exemple, écouter les paroles de Jésus qui nous dit de demeurer en son amour pour que sa joie soit en nous et que notre joie soit parfaite.


Mais le chemin peut être raboteux… On dit que sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus lisait jusqu’à ce qu’elle tombe sur des mots qui lui parlaient. 


Pour être à l’écoute du Seigneur dans sa Parole, commencez par invoquer l’Esprit Saint, trouvez ce qui vous parle aujourd’hui, accueillez la parole qui peut vous accompagner pour le reste de la journée, celle que vous pourrez répéter dans votre cœur pour revenir à Dieu quand votre esprit sera assez libre pour cela, au milieu de vos activités. Bonne route !


Soeur Marguerite