x12- La fin de la guerre

             J'ai évoqué la guerre de 1939/1940 et les souvenirs qu m'en reste ( Titre 1--ch.1C - § 2 ), mais j'ai voulu consacrer une place à part aux événements qui marquèrent, au Bleymard, la fin de l'occupation Allemande 

Dans la classe de M. GUIN , nous écoutons  plus ou moins attentivement , le maître nous développer la "st Barthélémy , résumée en gros caractères dans nos  vieux " Lavisse  " , quand la porte s'ouvre à toute volée et Mme RAYNAL , radieuse , fait irruption en s'écriant : " ça y est , les anglais ont débarqué !!  " , saluée par un gigantesque éclat de rire des " grands " ( nous , " les petits "  ignorons le sens gynécologique et vaguement honteux de cette expression  )

                          M. GUIN , habituellement  sévère, ne punit personne , au contraire, après avoir embrassé sa collègue  c'est la voix un peu cassée , que ce saint laïque , abandonnant les Medécis , tente de nous expliquer la portée de l'événement .

                        Mais aussi capital qu'il fut cet événement ne mit pas pour autant à nos angoisses et à nos ennuis . Le passage et le stationnement, du 17 au 20 août 1944, d'une colonne de l'armée d'occupation se dirigeant vers le Rhône  frôla la catastrophe .

                      Je me souviens de l'arrivée sur la route nationale, de la longue colonne de camions bâchés(précédés de motards ( ils avaient réparé par des madriers, le " Pont des Chiagounes" que le maquis avait fait sauter quelques jours avant ) ; de la rencontre, avec mon ami Justin, avec deux soldats , très jeunes, qui nous offrirent des chocolats.

         Mais la situation n'allait pas tarder à se gâter   

                Ce fut  :  

                  - la prise en otage de M.BROS - Directeur du cours complémentaire " et secrétaire de Mairie - ainsi que de M. MÉDARD ( LE POULITOU ) -adjoint au maire - pour obtenir du ravitaillement ( combien de paysans  se sont vu contraints, avec notre aide, de récolter des pommes de terre, avant maturité , pour satisfaire l'appétit des occupants  )  Il fallait aussi trouver du riz pour les  " "dames" qui accompagnaient les officiers ...et leurs chiens !  (je n'invente rien  )

           L'angoisse était ,alors , d'autant plus palpable  que Mme BROS,  (l'adorable Georgette ) l'épouse du prisonnier, avait établi de faux papiers pour certains jeunes soumis au S.T.O. ( service du travail obligatoire) .

          - l'explosion du dépôt de munitions , au pont du Lot , avant le départ de la colonne . Combien d'entre nous , après la libération et avec une totale inconscience ont ramassé  grenades, bâtons de cheddite, chargeurs de balles ...épargnés par l'explosion et dispersés dans la rivière et les près alentours . )

                      - Par dessus,  tout l'attaque des maquisards , à  St Jean , qu, heureusement , ne fit pas de victimes , mais qui rendit plus que nerveux les soldats et fit craindre les pires représailles .

     Je me souviens d'avoir vécu de manière particulièrement angoissante, l'attaque du convoi Allemand par le groupe de résistants , quelques 100m. avant la Remise  .

            Au moment de l'escarmouche mon frère , Camille, gardait les vaches du Frégade en compagnie du Momon qui lui surveillait celles du Madagascar  , sur le "trabès" du SEIGNAS ( orthographe non garantie ) qui domine la route de St JEAN .

            Pendant l'échange de coups de feu ( les Allemands , affolés , tiraient tous azimuts ,) ma mère s'est précipitée par le " boulagiou " de la barri-basse  , a traversé la rivière pour aller chercher les deux vachers dont les silhouettes se découpant sur la colline pouvaient passer pour  des maquisards . Elle leur fit promptement dévaler le "serre " , sauter la rivière pour les ramener trempés mais sains et saufs à l'abri du grenier de ma grand ' mère où nous nous étions réfugiés ..dans le foin. 

            Très fortement , j'ai cru, pendant le temps - interminable - de son absence , ne plus jamais la revoir ni , elle ni mon frère  .

            Cette femme merveilleuse a toujours fait preuve d'un dévouement et d'un courage exceptionnels . A la même époque , en compagnie du Félix Robert , n'a t -elle pas évacué , à la barbe des Allemands  en déroute ,  par l'ancien chemin des Alpiers   ,   le jeune " Doudou" ( Edouard PONS ) , réfractaire au S.T.O. , dissimulé dans un char de foin ,

  - Le mitraillage  , à Villes basses par les avions de l'armée Anglaise  de la colonne qui fut pratiquement anéantie au MAS de L'AIR .


                    - La libération- 

               Quelques jours après après le départ des Allemands, deux camions de maquisards font une bruyante entrée au Bleymard,et une période de fête se déroule dans les rues du village

         -   Les mannequins d'Hitler et Mussolini sont confectionnés dans la cour du Louis Maurin , au Couderc ,  par Marcel et les copains de son age ( le Felix avait fourni des yeux de porc ) . Puis un joyeux défilé s'ébranle à travers la rue principale jusqu'à  "la Croisette " , sur la route du Mazel où le effigies deviennent la proie d'un immense feu de joie sous les applaudissements des participants

                              D'autres fêtes salueront le retour des prisonniers  ( (Paul Teissier, Emile Reversat  je crois ) et de ceux qui n'avaient pu échapper au S.T. O  

             La libération, contrairement à ce qui advint à Mende, ne donna lieu à aucune dissension ( épuration , réglementes de comptes )


         L'article ci- dessous paru dans l'hebdomadaire " La Lozère Nouvelle" donne une relation plus précise des 

                                                              journées des 17 à 20 août 1944

                                     

                                     

                                                     Le récit , rapporté ci-dessous de L'abbé Maurice Buisson, qui vient de paraître dans la " Lozère Nouvelle du 29 août 2014, récit auquel je me suis permis d'ajouter quelques notes , illustre de manière très vivante ces événements  :

......                                                                                               " Quatre jours mémorables au Bleymard "

 

                   Maurice Buisson avait 15 ans en 1944 Les événements qui sont survenus au Bleymard sont à jamais gravés dans sa mémoire .

  "Les Allemands sont arrivés au Bleymard au cours de la 2ème quinzaine d'août  c'était un jeudi  J'accompagnais mon père sur la route du Mt Lozère  au Mazel , nous allions couper un arbre .

            Tout à coup les gens du Mazel nous ont dit " il vous faut partir , le Bleymard est bouclé " . Mon père m'a fait passer par le chemin muletier et nous sommes arrivés près du cimetière ; nous sommes tombés sur un poste de surveillance .Les soldats nous ont rien dit, il nous ont laissé passer .

            Mon père était boulanger au Bleymard , je me souviens que des officiers allemands sont venus ce jour la à la gendarmerie en disant : "il nous faut du pain pour demain ". Mon père leur a répondu qu'il n'avait pas suffisamment de farine . Le maire de la commune s'est rendu dans les maisons et il a apporté un peu de farine .Il n'y avait pas d'électricité , il fallait pétrir à la main. René Pons a aidé papa à faire le pain .Le lendemain matin il était cuit .Avec un de mes copains , Jean Médard , j'ai pris un charreton et nous avons apporté le pain à la Remise où se trouvaient les Allemands .

            Je n'oublierai jamais la joie de ces hommes lorsqu'ils nous ont vu arriver avec ce chargement de pain frais !

            Ils ont mis dans mon charreton une machine destinée à couper le jambon .Au Bleymard nous avons interrogé les bouchers pour savoir si cette machine leur appartenait ;nous n'avons jamais trouvé son propriétaire .Je ne me suis jamais servi de cette machine , mais je l'ai gardée en souvenir .

            Dans la nuit du jeudi au vendredi , il s'est passé un événement . L'électricité était coupée, en pleine nuit le Dr MOREL est venu taper à la porte de mes parents . Je me rappelle qu'il a crié "Buisson c'est un condamné à mort qui te parle ". Mon père s'est levé . Il était conseiller d'arrondissement ; il connaissait le Dr MOREL ; ils s'étaient trouvés ensemble dans les instances politiques . Le Dr MOREL a dit à mon père :" il faut que tu me trouves des chambres pour faire coucher les officiers " . Mon père a fait lever mes sœurs qui sont allées coucher dans une maison en face et la chambre a été occupée par deux officiers  .

            Je sais que l'hôtel de la Remise avait été réquisitionné pour loger des militaires. La journée du vendredi s'est déroulée dans le calme. Le Samedi  au pont du Lot les Allemands ont fait brûler beaucoup de matériel, notamment des couvertures(4 ). Ils avaient dit à mon père de venir avec sa jardinière récupérer ce qu'il voulait .. Il leur a répondu  : " Pas question "

            Au cours de la matinée du samedi nous avons vu passer plusieurs avions. Des femmes suivaient la colonne allemande .Elles ont cru  que ces appareils étaient destinés à protéger le repli allemand. . En réalité , ils appartenaient aux forces alliées . .Je sais qu'aux Rochettes-Basses la colonne a été mitraillée (1 ) . Il y a eu des morts et des blessés. Le Dr MOREL a profité de la confusion pour s'évader (2 ) .Un gars de Langogne a fait de même .Il était dangereux pour lui de se cacher au Bleymard qui était toujours contrôlé par les Allemands . Mon père a conseillé à ce Langonais d'aller à Mas - d'Orcières, il lui a donné un cheval pour se rendre dans ce village. Il fallait que le fuyard passe pour un habitant du pays.

            Beaucoup de soldats arméniens ont déserté , ils sont montés dans les montagnes du Goulet.... et du Mt Lozère avec l'aide d'habitants de s Rochettes.)

            On a vu revenir les avions au Bleymard ; nous nous demandions si le village n'allait pas être mitraillé ;nous avions peur des représailles .Nous savions ce qui s'était passé à Oradour-sur-Glane et à Paulhac. Mon père m'avait dit si ça tourne mal je me présenterai comme otage " (3 )

            Le dimanche s'est déroulé un événement qui aurait pu avoir des conséquence dramatiques .

            Dans l'après-midi, les gens du Bleymard étaient allés à la Remise. il y avait beaucoup de monde pour assister au départ des Allemands  . tout était calme. Devant la Remise il y avait un camion équipé d'une mitrailleuse tournée en direction de la route .

            Un agent de liaison, en moto , est parti en direction de Mende pour voir s'il n'y avait aucun danger . Il revint précipitamment , lança sa moto dans le fossé et s'avança vers le camion Allemand en criant  : " Terroristes ". J'ai appris plus tard que des maquisards étaient venus en voiture , ils lui avaient tiré dessus avant de faire demi-tour

            Les soldats sont descendus de leur camion , la mitrailleuse a arrosé les alentours. J'étais près de la maison Gaillard . Les Allemands m'ont fait signe de me coucher sur la route .J'ai rampé ; je suis arrivé au chemin à la sortie du Bleymard: j'ai sauté derrière un mur pour me protéger des balles qui sifflaient à mes oreilles .Au Bleymard il n'y a pas eu de victime ,ni parmi la population civile ni chez les Allemands

             Les troupes d'occupation sont parties le dimanche vers 17h./ 178h. et dans la nuit du  dimanche au lundi nous avons vu arriver de nombreux maquisards "(5)

 

 

(1 ) On a longtemps cru qu'il s'agissait d'avions de la R.A.F.  ;  en fait ,selon les travaux de Claude Grimaud on sait que cette opération a été effectuée par des avions des forces navale américaines (8 F6F5 -Hélicat , provenant des porte-avions  "Kassaan-Bay " et "Tulagi " . Les mitraillages ont fait des dizaines de morts  ( 18 Arméniens ont été inhumés au cimetière d'Altier , 28 soldats Allemands  au cimetière de Villefort , aux Rochettes les habitants ont trouvé 59 cadavres de chevaux )

 2 ) Le docteur MOREL aurait bénéficié de l'appui d'un militaire Allemand , le capitaine Spikermann qu'il avait soigné alors qu'il se trouvait en convalescence , à Mende à la suite de blessures reçues sur le front russe

(2 bis  ).       .Le recoupement du récit de Maurice BUISSON avec celui que Jeanine CUBIZOLLE vient de me transmettre, permettent de compléter les circonstances des évasions de Georges BONNET et du Dr MOREL .

            Georges BONNET  ( qui sera plus tard sénateur ), recherché à MENDE par les allemands, était venu se réfugier, au Bleymard, chez son collègue de travail et ami Louis ROBERT .

            De son côté, le Dr MOREL, pris par les Allemands auxquels il s'était proposé comme chauffeur en vue de faciliter son évasion, se trouvait également au Bleymard avec la colonne allemande . Le  Jeudi soir, mis au courant de cette proximité, Georges BONNET demanda à son ami Louis d'essayer de contacter le Dr MOREL afin qu'il le rejoigne . Le Dr. se trouvait alors,  au café BOUQUET situé  place basse où il s'employait,avec la complicité du capitaine SPIKERMANN (cf. renvoi n° 2 Ci-dessus ), à faire boire les allemands jusqu'à les enivrer . Il parvint à ses fins et put s’éclipser au nez et à la barbe des soldats ivres


    Afin de ne pas éveiller les soupçons des soldats, Louis ROBERT fit transmettre le message par Félix FARGES, tailleur et tenancier d'un petit café face à celui de BOUQUET..

            Après avoir rencontré M. BONNET, le Dr MOREL, accompagné du même capitaine et, selon le récit de Maurice BUISSON, d'un autre officier, se rendit, chez Edouard BUISSON où il se réfugia .

             Le lendemain, à l'aube, Georges BONNET retrouva le Dr MOREL et les deux fugitifs, escortés un bout de chemin, par le Louis ROBERT, prirent le chemin du Mt Lozère et de la liberté   

             Louis Robert sera plus tard le premier lieutenant des pompiers ( voir plus bas) et j'ai pu apprécier, comme tous, sa disponibilité, sa rigueur et son humour....ainsi que les salades qu'il posait sur le muret de la terrasse en revenant de son si joli jardin des " Saltes ".

  (3 ) Il y eut effectivement prise de deux otages : M. Bros Directeur du cours complémentaire et M; Hyppolyte Médard , ancien poilu de Verdun , adjoint au maire . Il s'agissait de faire pression sur la population pour obtenir des pommes de terre , du riz et de la farine

  (4) Ils ont fait sauter aussi des munitions ,que nous gamins inconscients , après leur départ , allions récupérer dans les prés et la rivière . Par miracle il n'y eut aucun accident


                                              (5)  Les maquisards arrivent au Bleymard après les mitraillages de Villes Basses et Villefort et la révolte des soldats Arméniens.Ils cherchent des fusils dans les maisons , mais les armes ayant été saisies ou camouflées , elles étaient rares. 

Je me souviens que ces jeunes maquisards sont restés quelque temps au Bleymard .Ils y font la fête après avoir réquisitionné un veau aussitôt abattu et grillé dans la cour de l(Hôtel Farges.

                Ils réquisitionnent également le camion de mon oncle, qui ne leur ménagea ni ses invectives ni sa fureur .(après les Boches ce sont les  "rouges" qui, les Allemands disparus, lui prennent sonoutil de travail ) .Puis Ils partent en direction du Pont de Montvert

                   J'ai appris depuis qu'ils faisaient parti d'un groupe de F. T. P.

Les F. T. P.(francs tireurs partisans ) sont composés, en majorité,d'Espagnols de l’armée rouge repoussés au delà des Pyrénées par                                                         Franco..A eux s'agrègent des communistes du groupe MOI(Mouvement ouvrier international,. Surnommés, "les maquis rouges"Ils                                                         opèrent dans les Cévennes et le Mont Lozère.. N'ayant rien de commun  avec les  F. F I, Forces Françaises de l'Intérieur., gaullistes,dits   ma                                                 maquis blancs" ils font l'objet d'une opinion défavorable largement répandue parmi les populations locales . Source :  "Chroniques de                                         de la Lozère en  guerre "de Marius BALMELLE



    

                                                                   -La mission d'Augusta et Marie-Rose:

Une anecdote vient de m’être rapportée par l’une de ses protagonistes. Elle s’ajoute à tout ce qui a déjà été dit pour illustrer l’atmosphère pesante qui s’est abattue sur le Bleymard, lors de l’arrivée et du séjour, du 17 au 20 août 1944, des troupes allemandes tentant se gagner le front de Normandie.

Dés leur arrivée, les allemands bloquent le village en installant des nids de mitrailleuses sur tous les points d’accès, dont un au dessus du vieux cimetière. Seuls les paysans pour leurs travaux des champs (notamment récolte des pommes de terre *) et les vachers pour conduire le bétail à la pâture sont autorisés à sortir de cette enceinte..

C’est ainsi que le Jeudi 17, dans l’après-midi, la jeune Augusta (Boiral), alors vachère chez Buisson (dit « le Bouissounnet » )  , en compagnie de Marie-Rose (Quintin), s’apprête à conduire la « bachiade » de son patron au pré situé sous la route du Mazel, près de la chapelle de St Jialounet dont j’ai abondamment parlé,.

  Le troupeau chemine paisiblement quand le Maire, Marius Teissier, interpelle les jeunes filles : «  Puisque vous pouvez passer, à la Croisette, allez jusqu’au Mazel et dites au Directeur des mines que les boches arrivent et qu’il doit empêcher ses jeunes ouvriers (soumis au S.T.O.) de rentrer au Bleymard et les inviter à se cacher dans les bois de  Charamasse ».

Nos deux amies abandonnent donc les vaches dans leur pâturage, sans crainte de fuite car l’herbe y est abondante et copieusement fournie en ces précieuses « pasténaïlles » dont elles raffolent.

Elles courent donc jusqu’au Mazel et, tout intimidées, frappent à la porte du Directeur, M. Gallon, qui logeait, alors, au « château » (maison Chevalier) ; Elles s’acquittent des consignes du maire et M. Gallon s’empresse de les accompagner près des jeunes concernés auxquels il apporte une énorme miche de pain et un saucisson pour leurs premières subsistances.

 

Mission accomplie nos héroïnes regagnent le Bleymard en empruntant l’ancienne route qui longe la rivière de Combesourde, à flanc de montagne.

  A proximité du village des balles sifflent au dessus de leur tête, Marie-Rose, plus âgée s’allonge et intime l’ordre à Augusta de l’imiter. ..Simple tir de semonce, vraisemblablement car me précise Augusta «  Nous avions commis la bêtise de ramener les musettes des mineurs. ».

Nos deux « terroristes » sont donc arrêtées par les  soldats chargés du poste, situé au dessus du cimetière. L’un des militaires les conduit au local de la mairie où un officier les interroge en Allemand ! A l’issue d’un court dialogue de sourds, l’officier, intrigué par la croix qu Marie-Rose porte au cou (que soupçonne t’il ?),  décide de la garder. Elle sera libérée à l’aube du vendredi 18. Augusta, n’est pas inquiétée, elle peut aller récupérer ses vaches, plus que repues.

 J’ajoute que le même jour, peut être à la même heure, ma mère, Camilla, accompagnée de Félix Robert (le Féliçou) conduit, sur l’ancien chemin des Alpiers, un char rempli de sacs de pommes de terre vides… sous lesquels est dissimulé Edouard Pons( le Doudou) réfractaire, lui aussi, au S.T.O.

  Mes galapians de copains et moi-même étions trop jeunes pour avoir conscience du danger qui planait sur  le village  et des risques pris par certains de ses habitants.

  J’ai donc cru devoir revenir un instant sur cette période, que j’ai vécue en totale inconscience, pour tenter de faire partager l’émotion que j’ai ressentie à l’écoute du récit plein de simplicité et de modestie de mon amie Augusta

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                             Les mannequins d'Hitler et Mussolini sont confectionnés dans la cour du Louis Maurin , au Couderc ,  par Marcel et les copains de son age ( le Felix avait fourni des yeux de porc ) . Puis un joyeux défilé s'ébranle à travers la rue principale jusqu'à  "la Croisette " , sur la route du Mazel où le effigies deviennent la proie d'un immense feu de joie sous les applaudissements des participants

                              D'autres fêtes saluèrent le retour des prisonniers et de ceux qui n'avaient pu échapper au S.T. O  .                           

                                                 Et la vie a repris son cours , pour un court temps encore aussi simple et aussi animée  " qu 'avant guerre "  . Mais la page commençait à tourner .