5- Les transhumants

      Deux fois par an , Le Couderc était le théâtre d'un événement : le passage des troupeaux transhumants . Ces troupeaux , qui s'acheminaient en 3 ou 4 étapes, du Languedoc  jusqu'aux pâturages du Mt Lozère , faisaient une courte étape au Bleymard avant d'emprunter la draille de Charamasse

            La " montée " avait lieu à la ST. Jean le retour pour la ST . Michel .

            Tout le village était informé au cri de " les béliardes arrivent ! " et beaucoup se précipitaient vers le Couderc

             Le spectacle était impressionnant , le troupeau de brebis, soulevant la poussière s'étirait de la maison Bataille jusqu'à La Remise . Il y avait là plus de 3000 brebis et leurs agneaux et  les bêlements, les sonnailles, les cris des bergers  les aboiements des chiens se conjuguaient pour donner un concert assourdissant . Le troupeau, en plus des  béliers ( béliards ), brebis ( béliardes ), comptait un âne transportant les sacs les plus lourds ainsi que deux ou trois boucs qui faisaient l'attraction avec leurs rubans multicolores et leur odeur caractéristique .

             Le séjour des troupeaux , durant la nuit ,avait pour effet d'enrichir les terres qui les accueillaient ce qui avait conduit à l'adoption dune stricte réglementation dite " La fumeture " . Les propriétaires avaient droit à  x nuits de " fumeture ", selon un calcul assez complexe

            Les bergers revêtus de lourds vêtements de velours côtelé, portant capes et chapeaux,accompagnaient leur troupeau du pas lent et lourd de leurs souliers ferrés .

             Ils s'arrêtaient devant le mur de la terrasse de l'Albert et ma tante leur offrait le café  d'autant que parmi les bergers se trouvait son frère, Augustin BUISSON .

            Mon oncle ,Augusti , berger depuis l'âge de 15 ans, termina sa carrière comme berger local du Bleymard  puis de St Jean , en quelque sorte en demi –retraite,  par comparaison avec l'extrême dureté du métier de berger  transhumant

            Pour mémoire, les bergers de village étaient nourris alternativement par les propriétaires des brebis . Lorsqu'il "  était " d'une " bonne maison , bonne biasse ,"  il m'invitait parfois à le rejoindre et à partager avec lui son copieux casse-croute 

            Le troupeau local n'était pas très important mais, lorsqu'il traversait le village, au crépuscule, c'était l'attraction  bruit des clochettes, tri des animaux par chaque propriétaire qui devait récupérer ses brebis et agneaux dûment marqués . Ce tri, au demeurant était assez facile, les animaux qui se reconnaissaient se suivaient et se dirigeaient  vers leur écurie ( "lou cas " )