Tellement rien et tellement tout
J'ai eu la chance de voyager trois mois en Asie du Sud-Est début 2020, voyage durant lequel j'ai été particulièrement touchée par les enfants, que ce soit à travers des jeux, de simples regards ou mes photos, et, par la suite, lors de mes recherches sur le respect de leurs droits. Passionnée par la photographie et par le slam, j 'ai voulu transmettre les émotions ressenties vis-à-vis de ces enfants, tout en les illustrant par les clichés que j'ai pris là-bas. Si c'est une thématique qui vous touche également, je vous invite à le regarder en mode "plein écran" pour plus de qualité et pourquoi pas à le diffuser autour de vous si vous le souhaitez car, comme je le dis dans mon projet, le slam, c'est avant tout un partage !
N'hésitez également vous promener sur ce site internet qui vient appuyer ce slam par mes nombreuses recherches sur les droits de l'enfant dans cette région. Parallèlement, une seconde partie est consacrée à vous expliquer le mouvement du slam de A à Z, qui me passionne tout autant. Au programme : mes découvertes, des images, des interviews dont certaines regroupées dans un podcast ou tout simplement: des émotions !
Paroles :
Tellement rien et tellement tout
Que se cache-t-il derrière ces beaux paysages,
Nos aliments, nos vêtements, nos voyages ?
Ces milliers d’enfants, parfois trop vite lâchés
Auxquels je suis si attachée
Mais leurs jeux sont déjà loin, derrière la pile d'objets à vendre
Ils font ce qu’on leur dit, sans même comprendre
À croire que 10 ans c'est l'âge pour travailler,
Quitter l'école pour trouver à grailler,
Servir dans les bars malfamés
Si tu veux pas finir affamé
Vivre sous le seuil de la pauvreté
Tenter d’rembourser tout ce que t’as couté
Transpirer dans les rizières,
Ou dans une usine, au-delà des frontières
L’âge pour vendre son corps
Voir des proches côtoyer la mort
Naitre ou ne pas naitre, telle est la question
Quand mourir avant 5 ans reste une option
10 ans
L'âge pour être abandonné
Mais sans identité, faut même pas s’étonner
L’âge d’être mariée à son agresseur
Envoyé dans le pays voisin, en quête de meilleur
L'âge pour prendre un fusil et apprendre à tirer
Responsabilités et innocence retirée
Attraper une maladie sans l’argent pour la guérir
Et comprendre trop vite la substance du mot souffrir
L’âge pour douter de l’avenir
Pas les mêmes chances qu’ailleurs
Avoir peur de grandir
Être adulte avant l’heure
Mais ne faisons pas de leur enfance un monde tout noir,
Car même dans la souffrance, y'a d'l’espoir
Et finalement sont-ils si malheureux ?
Moi j’vois d’abord leur sourire et des étoiles dans leurs yeux
J’honore leur courage et leur résilience
À travers leurs regards habillés de confiance
Si tu savais comme ils sont ravis avec un ballon ou un simple habit
Une gamine ici râlerait parce qu’elle n’a pas assez d’barbies
Ceux qui ont le plus de confort sont souvent fort cons
Mais là-bas ils apprennent trop tôt à sortir du cocon
Pas de quoi remplir un portefeuille
Mais contents avec un crayon et une feuille
Ils n’ont que du riz mais ils rient plus que nous.
Car ils ont tellement rien mais tellement tout
Là-bas, orphelin rime avec frères et sœurs
Peut-être pauvres mais leur richesse est intérieure
Pas d’objets de valeur
Mais l’entraide au cœur des valeurs
Pas de sous, mais des sourires
On leur volera jamais leur joie de vivre
Ces enfants de la terre, ces enfants du présent
À 10 000 kilomètres c’est leur rire que j’entends
Quand ça craint, ils en font leur atout
Car ils ont tellement rien mais tellement tout
Ils m’ont touchée, au milieu d’eux, j’ai voyagé
À travers des photos, des jeux, des regards partagés
À croire que la langue et la culture ne sont pas des barrières
Pour rencontrer un enfant moine et comprendre sa prière
On dit que les enfants, c’est le futur,
Alors maintenant il faut agir
Entre les hommes, cassons les murs
Ce sont des ponts qu’il faut construire
C’est pas les enfants d’ailleurs
C’est les enfants du monde
Alors donnons le meilleur
Pour que la terre soit plus ronde
Si j’parle pas de chiffres, c’est qu’y’a des visages derrière
Qui en ce moment respirent de l’autre côté d’la terre
Même si loin, on est tous liés
Tu sais, toi, qui a fabriqué ton jeans ou tes souliers ?
Quand les lois sont trop détendues
Au-delà des droits, des besoins doivent être entendus
Dans ce cercle vicieux, donnons un coup de frein
Car ils ont tellement tout mais tellement rien
Nous sommes tous des maillons
Dans la chaine des solutions
Mais saluons déjà la belle évolution,
Toutes ces associations, le cœur à l’action
À travers mes images, je pense à eux
Entends mes mots comme un message ou comme un vœu
Ces enfants pleins d’élan, ces enfants du présent
À 10 000 kilomètres c’est leur rire que j’entends
Et ce refrain, je le slame debout
Car ils ont tellement rien mais tellement tout!