Interview Chloé M.

Passionnée d’écriture depuis toute petite, elle a découvert le slam à 14 ans après avoir découvert les textes de Grand Corps Malade. Depuis, elle n’hésite pas à sortir son stylo et son micro pour écrire et partager ses slams sur scène et à travers de nombreux événements tels que le concours slam France-Québec. A seulement 15 ans, elle a écrit les paroles de l’hymne du handisport chanté par Soprano, Zaho, Lorie et Vadel. Un plus tard, elle slamait à la première partie d’Amel Bent. Aujourd’hui, cette jeune artiste a réalisé deux albums dans lesquels elle s’inspire de la vie quotidienne pour partager des émotions à travers les mots. C’est ce parcours passionnant, ses idées, projets et inspirations qu’elle va nous raconter à travers cette interview. (N’ayant pas encore eu l’idée de créer le podcast au moment de l'interview, et donc pas le matériel nécessaire afin d’assurer un minimum de qualité, celle-ci est disponible en version retranscrite.)

Pour commencer, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

J'ai découvert le slam quand j'avais 15 ans. C'est ma sœur, qui est rentrée du collège un soir et qui m'a fait découvrir Grand Corps Malade parce qu'elle l’avait étudié au collège. Moi, je ne connaissais pas du tout mais j'ai toujours adoré écrire. Quand j'étais petite, je faisais déjà des poèmes, des petites histoires, ce genre de choses… J’ai aussi fait du théâtre. J'aimais bien la scène donc je me suis dit que le slam c'est cool car il y a la passion de l'écriture et en même temps, on est sur scène et on parle au public. Je me suis donc dit que j’allais essayer. J’ai fait mon premier concert 3-4 mois après, ça a été super rapide et après j’ai enchaîné. J’ai trouvé ça génial et ça fait maintenant 8 ans que je fais ça.

Comment définirais-tu le slam ?

Je vais reprendre purement une citation de Grand Corps Malade, « C'est la poésie du 21e siècle » et moi je suis totalement d'accord avec ça parce que c'est de la poésie mais modernisée. C'est plus comme Apollinaire où ce genre de poète à l'époque, c'est vraiment moderne. Il y a un rythme différent, un flow qui est différent… Il y a une musique aussi qui apporte beaucoup aux mots. C’est un genre qui est très libre mais en même temps qui permet de s’exprimer de la manière dont on veut donc c’est génial !

Selon toi, où est la frontière entre le slam et le rap ?

Moi je pense que c'est plus dans le flow, dans la manière dont on va dire le texte. Le rap c'est plus « chanté », même si le slam devient maintenant de plus en plus de la musique, en tout cas le slam connu. Je trouve aussi que le rap c'est plus un langage parlé. On va plus retrouver des insultes, pas tout le temps mais dans le slam ça arrive moins. On va peut-être faire un petit peu plus attention aux mots qu'on emploie. C’est donc vraiment dans la manière dont on dit et puis, la musique derrière. Le rap, y’a vraiment un rythme, des percus, ce genre de choses…

Est-ce qu’il y a une manière dont tu as appris à slamer, avec une personne…ou c’est venu comme ça ?

Ça m’est venu comme ça et à force de pratiquer, à force de faire des concerts et de me dire qu’il faut vraiment que les gens comprennent ce que je dis. Au fur et à mesure, j’articule de plus en plus. Du coup ça vient tout seul mais en pratiquant.

Qu’est ce qui t’a poussé à partager tes slams ?

Comme je te disais un petit peu tout à l’heure, j’ai fait du théâtre donc j’aimais quand-même bien être sur scène. Après, je trouve que le slam, ça se partage ! On écrit sur des thèmes qui parlent à tout le monde, à moins d’avoir une histoire très personnelle. Souvent, on va parler de thèmes qui nous arrivent plus au moins à tous, des grands thèmes de la vie. Du coup, je trouve ça hyper intéressant de pouvoir le partager aux autres et de voir comment ils perçoivent les textes. Moi ce que j’adore après les concerts, c’est le retour des gens, parce que des fois, ils perçoivent des trucs dans tes textes. Ils vont te dire « moi, j’ai vécu ça, mais comme ça»… C’est ça qui m’a donné envie, c’est d’avoir le retour des gens.

Comment as-tu fait pour organiser ta première scène ?

Je suis allé voir un gérant et je savais qu’il organisait régulièrement des concerts. J’ai dit « Voilà, j’ai envie de faire un concert de slam » Il m’a dit « Ecoute, y’a pas de problème, dans un mois je te programme ! » Du coup, je suis rentrée le soir à la maison, j’ai dit à mon père « Ouais papa, c’est bon, dans un mois, je fais un concert ! » Sauf que j’avais aucun matériel, parce que dans les bars, il faut amener son micro, ses enceintes… Je n’avais rien mais j’étais toute contente de faire un concert ! J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont tout de suite suivie, qui m’ont aidée à acheter du matériel… Ça s’est donc vraiment fait simplement, y’a eu juste à demander au comptoir « Est-ce que je peux faire un concert ? »- « oui » et puis, on y va !

Que ressens-tu quand tu es sur scène, face au public ?

Beaucoup de choses ! Moi j’adore regarder les réactions des gens, les visages… Voir les gens qui vont pleurer, qui vont être touchés, qui vont sourire… De voir leurs émotions, ça m’en donne : c’est vraiment du partage à fond ! Je me sens trop bien, vraiment légère, on oublie tous les problèmes de la vie.

Stresses-tu parfois en étant sur scène ?

Je pense que c’est obligatoire. Ceux qui arrivent à faire des scènes sans être stressés, je veux bien leur secret !

Quel est le but du slam, selon toi ?

De partager des émotions. On vit tous des choses plus au moins dures dans la vie et on peut s’exprimer grâce aux slams, transmettre ses émotions. Parfois, c'est plus facile d’écrire, dans un premier temps que de le dire. Mais ça permet après de partager son vécu et ses expériences.

Y-a-t-il des artistes, slameurs ou autres qui t'inspirent particulièrement ?

Oui, forcément Grand Corps Malade, je ne le cite plus. Après, moi j'adore Diams, je l'écoute tout le temps. J'aime beaucoup aussi Ben Mazué, il écrit super bien. J'écoute beaucoup de chansons françaises. Jean-Jacques Goldman ou du Michel Berger, j'adore ça !

J'ai vu justement que Grand Corps Malade fait un petit slam sur ton album, comment as-tu pu le rencontrer ?

Au départ, c'était à force d'aller à ses concerts. J’essayais de le voir à la fin, je disais « Moi aussi je fais du slam ! » Du coup, il a commencé à me repérer et il m'a laissé son adresse mail tout simplement. Je lui ai donné la maquette des premiers textes de mon premier album. Il l'a écouté et il m’a fait un retour. À partir de là, ça y est, il voyait enfin qui j'étais ! Après, c'était plus facile, je pouvais lui écrire des mails et je lui ai aussi donné mon dernier album.

Ressens-tu une émotion particulière quand tu écris tes slams ?

Quand j'écris, oui. Ça dépend beaucoup du thème. Après, j'ai l’impression, c'est un peu universel, mais c'est beaucoup plus facile d'écrire quand on n'est pas très bien. Il faut vraiment ressentir une émotion. Moi c'est plus souvent quand je ne suis vraiment pas bien, j'ai besoin d’écrire. Du coup, il en ressort des textes différents. Chacun est un peu différent là-dessus mais j'ai l'impression qu'il faut vraiment ressentir une émotion pour écrire, sinon ce n’est pas sincère.

Qu’est ce qui inspire le sujet de tes slams ?

Tout et rien, j'ai envie de dire. En premier lieu, beaucoup ma vie parce que forcément, je vis les choses et du coup je les ressens le mieux et je vais plus facilement les retranscrire. Après, ça peut être aussi l'histoire d'un ami, une histoire que j'ai entendue à l'arrêt de bus... ou des thèmes qui ne me touchent pas forcément, en tout cas qui ne me concernent pas forcément mais qui me touchent quand même.

Ton slam « 10 ans et demi » est-il par exemple inspiré d'une histoire vraie ?

Oui, c'est la fille d'une amie à ma maman qui est malade et du coup j'avais envie de lui rendre ce petit hommage-là.

Utilises-tu des techniques particulières quand tu écris ?

Pas du tout. Maintenant, j'aime avoir mes petites habitudes : j'aime avoir telle longueur de phrase… Je ne compte pas le nombre de syllabes non plus mais je vois à peu près sur ma feuille, ou plutôt mon écran maintenant. J'aime bien quand même mettre des refrains, je n’en mets pas à chaque fois mais ça c'est vraiment la patte de chacun. Je me rends compte dans les soirées slam ou des trucs comme ça qu’il y en a qui vont pas du tout écrire de la même manière, qui vont faire des phrases beaucoup plus courtes... J'ai l'impression que chacun a son propre style, c'est ça qui est trop bien !

Participes-tu souvent à des scènes slam ?

Malheureusement non car j’habitais dans une ville de campagne où il n’y avait absolument pas ce genre de soirées. J'étais au lycée et je n’avais pas trop le temps. Après, je suis parti au Québec quatre mois pour mes études. Là-bas, c'était génial, ils connaissent tous le slam !

Pour écrire un slam, mets-tu plusieurs semaines ou écris-tu tout en une seule fois ?

Souvent, je mets plusieurs semaines. J’ai une idée, je commence, j’écris un premier complet et puis souvent ça bloque et j'ai plus d’idée, il n'y a plus rien qui me vient. Du coup, je laisse tomber et je retourne dessus plusieurs jours après. Ça m'est déjà arrivé d'écrire un texte d'une traite mais c'est très rare.

J'ai écouté tes supers slams avec des mots imposés, ces mots représentent-ils plus un frein ou un moteur dans la création de ton slam ?

C'est totalement un moteur ! Les gens pensent souvent que ça va être dur pour moi, que ça va me bloquer… mais c'est tout l'inverse ! Je vois cette liste de mots sur mon pc et ça m'inspire plein de phrases, plein d'idées. Ça va me faire chercher là où je n’irais pas si je n’avais pas ces mots, des rimes un peu différentes… du coup j’adore cet exercice !

J’ai vu que tu avais fait un ou deux albums, les slams qui les composent sont-ils des slams que tu avais déjà écrits, ou les as-tu écrits spécialement pour l’album ?

Le tout premier, je l’ai enregistré avec les moyens que j’avais à l'époque. Là, c'était clairement des textes que j'avais déjà écrits. Le deuxième, « Respire » - que j'appelle un peu le premier car y’en a eu un premier qui s’appelle « Je m’en vais » mais j’en ai plus du tout comme les stocks sont écoulés - j’ai repris des textes que j’avais déjà écrits et j’en ai écrit pour l’album également. Et là, je suis en train de préparer un nouvel EP, avec 6-7 titres, que j’aimerais sortir janvier-février 2021. Là justement, je suis à fond en train d’écrire, spécialement pour.

Pour toi, est ce qu’il doit y avoir une cohérence entre les titres d’un album ?

Je t’avoue que je ne m’étais jamais posée cette question d’une cohérence entre les titres… C’est plus un rassemblement des thèmes qui me touche le plus sur l’instant. Je me dis « Ok, j’écris, là-dessus, là-dessus, là-dessus… » et après ça fait un album.

Quelles sont les étapes que tu suis pour réaliser un album ?

Déjà, il y a l’écriture des textes forcément. Après, il y a toute la composition de la musique où là, j’ai trois amis qui m’en composent. Je leur envoie les textes, ça leur inspire des musiques. Ils m’envoient des extraits et si ça me plait aussi, on fait la musique ensemble. Après, ça fait musique plus texte, studio, enregistrement… Les ingénieurs du son du studio s’occupent enfin de la masterisation de tout ça. Et puis, avant c’était la sortie physique, le rond, le cd. Ici, l’EP sera uniquement disponible sur internet car maintenant les gens n’achètent plus de disques mais je me tâte presque à faire un Vinyle.

Et comment se passe la réalisation de tes clips ?

C’est différent à chaque fois. Pour le premier clip, « Je m’en vais », j’avais eu une aide du département qui m’avait donné une bourse de 1000 euros. J’avais fait venir un réalisateur professionnel qui avait passé deux ou trois jours avec moi et qui m’avait fait un clip incroyable. Après, je n’ai jamais pu avoir autant d’argent mais je me suis quand-même débrouillée. Pour « 10 ans et demi », ce sont des amis à moi qui sont dans une association d’audio-visuel et qui font de la vidéo qui l’ont réalisé. Le clip « C’est l’heure », c’est moi qui l’ai fait avec un copain qui était derrière, et voilà. Pour « défaire les liens », c’est une personne que j’ai connu au travail qui est aussi passionnée par la vidéo, qui a une super camera et qui fait du film. Là, c’était pareil, je lui ai dit « Est-ce que tu peux me faire un clip vu que t’adore ça ? » Du coup, il m’a fait « Défaire les liens ».


Dans ce cas, qui trouve les idées pour la réalisation du clip ?

C’est différent à chaque fois. Pour « Je m’en vais », c’était plus le réalisateur qui avait tout géré. J’avais repéré les lieux mais c’est lui qui m’avait dit où il voulait aller. Pour « 10 ans et demi », je crois que c’était un peu pareil, c’était l’association qui avait géré le truc. Pour « Défaire les liens », c’est plus moi qui ai géré le truc : je savais où je voulais aller, je savais quels plans je voulais… Après, j’ai fait le montage avec le gars : on s’est mis derrière l’ordi et on a fait le montage à quatre mains.

Composes-tu parfois les musiques également ?

Je ne compose absolument rien. Avant, je faisais de la guitare et donc, je composais des musiques. J’ai pas mal arrêté maintenant, je sais beaucoup moins bien jouer qu’avant. Avec les études, le travail... j’ai un peu lâché ça. Je ne compose donc plus mais faudrait que je m’y remette ! Souvent, j’envoie des musiques qui existent à mes amis pour leur donner l’inspiration. Après je leurs dis « Là c’est trop rapide, il faut calmer » ou « Là c’est du piano, je veux de la guitare… » donc c’est plus la musique qui s’adapte aux slams et non le contraire.

Pour le moment, tu es journaliste, as-tu envie d’être un jour slameuse à part entière ?

Oui, j’aimerais beaucoup être slameuse à part entière mais c’est très compliqué. En plus, avec la période qu’on est en train de vivre, y’a plus de concerts, y’a plus rien. Je devais en faire quelques-uns en 2020, tout a été annulé. Là, je suis contente d’avoir un travail. Peut être qu’un jour je le sentirai et le contexte fera que j’aurai plus d’opportunités mais là, pour l’instant, c’est un peu compliqué…

As-tu choisi des études de journalisme par rapport à ta passion pour le slam ?

Pas du tout mais je fais de la radio. Y’a quand-même un rapport car je parle aux gens tout le temps. Mais c’est vraiment un pur hasard car au départ, je comptais plutôt faire de la presse écrite, des articles dans le journal. Ce n’était pas tellement par rapport au slam, c’est plus parce que je ne voulais pas un métier avec des horaires de bureau ou tu fais toujours la même chose toute la journée. Le journalisme, ça laissait une liberté assez grande. Donc voilà, je me suis retrouvée à faire de la radio et ça rejoint bien ma passion.

Tu disais que tu avais beaucoup de retours des gens par rapport à tes slams, quels genres de retour est-ce ?

C’est souvent des gens qui se reconnaissent dans mes textes. Pour « Pays des guerriers » par exemple, typiquement les gens viennent me dire « Moi j’ai tel proche qui est malade » ou « moi j’ai telle maladie » ou « moi j’ai eu tel parcours » … A chaque fois c’est super touchant car je vois des gens qui ont aussi des vies de fous et qui sont super courageux car ils se battent pour telle ou telle maladie, ça me touche beaucoup. Celle-là, les gens réagissent beaucoup mais « Respire » par exemple, on est déjà venus me dire « Ma sœur, elle est en train de vivre une rupture, elle n’arrive pas à s’en remettre, du coup je lui ai fait écouter « Respire » ». C’est ce genre de choses, soit des gens qui se reconnaissent eux-mêmes soit qui reconnaissent un proche dans mes textes. Du coup, les gens me racontent leur vie. C’est ça que je trouve dingue, c’est que je ne les connais pas, ils ne me connaissent pas mais j’ai l’impression de les connaitre et eux ont l’impression de me connaitre un peu parce que je dis des choses dans mes textes. Après, ils viennent me raconter leur histoire, c’est trop bien, c’est ça que j’adore !

Et ce que ça t’a déjà dérangé de partager des textes parfois plus personnels ?

Oui, ça m’est déjà arrivé. J’ai déjà écrit des textes, que j’ai fait en concert et je ne me suis pas forcément sentie à l’aise parce que je me suis dit « bon, là c’est un peu trop personnel ». Du coup je garde ces textes là pour moi maintenant. Ça m’arrive donc d’écrire des textes mais qui sont pour moi ou vraiment pour les proches mais je vais plus forcément les montrer à tout le monde parce que c’est un peu trop personnel.

Partageais-tu directement tes premiers slams ou il y avait-t-il un cap à franchir entre le moment de rédaction et de partage ?

Les premiers auditeurs, c’étaient mes parents : dès que j’écrivais un texte, j’allais le dire à mes parents. Puis c’est rapidement passé aux grands-parents, aux copains puis après aux gens dans des concerts. Donc, je n’ai jamais eu trop de difficultés.

Tu m’as dit que tu faisais des ateliers de slams, comment se déroulent-ils ?

C’est apprendre à se lâcher, à se libérer car beaucoup de gens croient qu’ils écrivent mal ou qui n’arrivent pas à écrire ce qu’il ressente. Alors qu’en soi, il ne faut pas avoir peur. En quelques mots, on arrive à libérer quelques choses. C’est vraiment ça, on part d’un thème très large, l’amour par exemple. Et déjà, on pose des mots « L’amour ça t’inspire quoi ? » « Qu’est-ce que tu as envie d’écrire quand tu penses à ça » ? Et pas à pas, après, pouvoir faire des phrases et vraiment réussir à écrire ce qu’on ressent sur un thème très large.

Avec quel genre de personnes fais-tu ces ateliers ?

J’en ai fait une fois avec des adultes mais sinon c’est plutôt avec des jeunes du collège. Ça fait un petit moment que je n’en ai pas fait, je devais en faire cette année dans les médiathèques mais encore une fois avec la covid, on s’adapte. Je pense que ça va reprendre petit à petit.

Y a-t-il beaucoup de rencontres que tu as pu faire via le slam ?

Oui, il y a le public, avoir des retours sur ces textes, c’est génial ! Mais aussi avec toutes les autres personnes, souvent dans les festivals avec tous les autres artistes. Pas forcément des slameurs mais des musiciens, des chanteurs…j’ai connu plein de gens en fait ! Même des techniciens, des gens qui travaillent dans des studios, des producteurs, beaucoup d’artistes… j’ai rencontré plein de gens grâce à ça, surtout qu’on a la même passion !

As-tu déjà fait beaucoup de festivals ?

J’en ai fait pas mal, surtout quand j’étais au lycée en été. Maintenant, ça fait un petit bout de temps que je n’en ai pas fait. De toute façon, dans l’idée, avec la sortie de l’EP, c’est de pouvoir refaire à fond les concerts. Parce que c’est en faisant les concerts que les gens nous connaissent. Du coup là, ça m’embête un peu parce que, comme tous les artistes, on ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangé. Mais je vais essayer d’en refaire à fond en 2021 si c’est possible.

Comment as-tu fait pour participer à tes premiers festivals ?

Pour les concerts de manière générale, il faut demander au début, il faut démarcher tout le temps, donc c’est des tonnes de mails à envoyer. Et puis après, généralement, quand t’en fait un, il y en a un autre qui te repère puis t’en fait deux, puis trois, puis quatre… Du coup à la fin, j’avais plus besoin de demander parce que je faisais des festivals principalement dans la région donc je commençais à avoir ma « petite réputation » et on m’appelait directement pour les faire.

A la fin, ça allait donc beaucoup mieux mais au début c’est beaucoup de travail pour se faire connaitre. Là par exemple, j’ai déménagé. Maintenant je travaille à Clermont-Ferrand, une toute nouvelle région en plein milieu de la France. Je suis arrivée et plus personne ne me connaissait. Il faut refaire tout le travail, c’est beaucoup de mails à envoyer pour se faire connaitre… Quand j’étais au lycée, je faisais que ça. Tous mes weekends, je les passais à ça car je voulais trop faire ça, j’étais passionnée à fond. Après, dès qu’il a fallu faire des études, un métier, maintenant, je travaille, je suis plus fatiguée… je suis plus trop dans la même logique. C’est un peu décourageant aussi car pendant 4-5 ans j’ai fait que ça comme une dingue, je ne dis pas que ça n’a pas payé, j’ai pu faire des trucs incroyables, mais bon, ça ne nourrit pas, forcément… pour l’instant je me focalise un peu plus sur le travail mais après…

Comment vient ton inspiration, est-ce plus par déclic ou plus par recherche ?

Parfois je peux écrire trois textes le même jour puis ne plus écrire pendant 6 mois, ça dépend. Parfois l’inspiration me vient tout seule mais assez souvent je réfléchis quand même : « Qu’est ce que tu pourrais dire ? », « Comment tu pourrais le dire ? »

Les gens te proposent ou te demandent-ils parfois des thèmes de slams ?

Oui, ça m’arrive très souvent, les gens me disent « Ecris là-dessus » « Fait ça »… D’ailleurs, il y a un texte de l’EP qui est sur le thème des enfants prématurés. Je n'avais jamais pensé à écrire là-dessus, c'est un papa qui m'a écrit un jour : « Mes 2 enfants sont prématurés, ils t'adorent, ils écoutent tes disques en boucle… » En fait, mon cousin est lui aussi un grand prématuré, il doit avoir 13-14 ans mais il a encore des séquelles. Je n’ai jamais pensé à écrire sur ce thème-là mais quand ce papa est venu me parler de ses enfants, je me suis dit que, déjà, c’est hyper concernant et en plus j'ai l'expérience de mon cousin. Donc je me suis dit qu'il fallait que je le fasse. Ce texte s'appelle « Un monde en avance » Là, typiquement, si je n’avais pas eu le mail de ce papa pour m'en parler, je pense que je ne l'aurais pas fait.

Veux-tu faire passer un message particulier au public dans tes slams ?

Moi j'ai envie qu’ils ressentent quelque chose, vraiment. Quand quelqu'un écoute un de mes textes et me dis « Oui, c'est bien » ça ne me plait pas. J'ai vraiment envie qu'on me dise « Ca m'a touché ».

Est-ce que tu vois des aspects négatifs au fait de faire du slam ?

Moi, à mon niveau, c’est quand même beaucoup de positif même si ça arrive qu’il y ait des gens qui harcèlent un peu et qui t’envoie un message tous les jours pour te dire « Quand est-ce qu’on écrit un texte ensemble ? » Y’en a même un qui m’a repéré dans la ville, des fois, quand j’étais posée avec mes amies, il venait s’installer à notre table… Moi je ne suis pas connue comparée à des Grand Corps Malade ou autres…donc je n’imagine pas ce que ça doit être pour eux !

Pour terminer, as-tu des conseils pour ceux qui débutent dans le slam ?

Sur l’écriture, pas du tout car je trouve que chacun a son écriture, et chacun écrit bien comme il veut. Après, peut-être plus sur la diction : s’entrainer à bien articuler pour qu’on comprenne bien. Et puis, ne pas avoir peur de se lancer aussi, même si la première scène c’est dans un bar un peu pourri, ce n’est pas grave, c’est quand même trop bien ! Même si il y a trois personnes devant soi - moi c’était clairement ça, y’avait mes parents, mes potes et deux-trois gens du village - c’est quand même génial et gratifiant. Faut se lancer, faut y aller ! Au début, ce n’est pas parfait mais c’est à force de pratiquer que ça vient, qu’on arrive à mieux poser ses mots sur la musique, à plus avoir le rythme, à plus savoir l’interpréter aussi. Sur scène, y’a le texte mais y’a aussi les gestes, le regard…c’est en slamant qu’on devient slameur !

Merci beaucoup pour cette interview, ça m’a fait très plaisir de pouvoir t’entendre sur cette passion commune, bonne préparation pour tes prochains slams et hâte de les écouter !

Merci à toi, et bonne chance pour ton projet !