Conclusion

Nous voilà au terme du volet théorique de ce projet, qui, inspiré par de multiples rencontres et expériences, a abordé parallèlement les droits des enfants et le mouvement du slam, tout en les illustrant par la réalisation de deux slams accompagnés d’un support audiovisuel.

Dans la première partie de ce volet théorique, nous avons abordé la thématique des droits de l’enfant en Asie du Sud-Est. Celle-ci avait pour but de partager de manière concrète la situation de ces enfants afin de compléter les ressentis plus subjectifs exprimés dans mon slam.

Nous avons vu que la convention des droits de l’enfant a été ratifiée par ces pays il y a environ 30 ans. En signant cela, les États ont garanti des droits essentiels tels que la santé, l’éducation et la protection de la jeunesse. Comme nous l’avons constaté, ces besoins ne sont pas encore comblés partout. En effet, de nombreux enfants travaillent au lieu de suivre les cours, ont une santé précaire sans avoir les moyens de se soigner et sont parfois même victimes de traite ou de mariage forcé.

Comme le confirme l’expert Victor Karunan, il y a encore énormément de progrès à faire pour créer un environnement propice au développement de l’enfant en tant qu’être humain à part entière. Ce spécialiste en la matière suggère plusieurs solutions comme investir davantage dans des institutions qui s’attelleraient à faire respecter ces droits, construire des écoles et établissements plus adaptés à leur âge et former davantage les métiers en lien avec les jeunes pour qu’ils puissent répondre à leurs besoins spécifiques. Il faut toutefois prendre en considération les nombreuses difficultés rencontrées par ces pays. En effet, ils doivent faire face à la pauvreté, l’instabilité politique et judiciaire, aux catastrophes naturelles ou au manque de ressources, amplifiés par la crise du coronavirus, qui viennent mettre des bâtons dans les roues du progrès et alimentent une forme de cercle vicieux. 310


Cependant, comme en témoigne Dr. Mark Capaldo dans un cours universitaire consacré à ce sujet, de nombreux progrès ont été réalisés ces dernières années.311 Les différents pays ont petit à petit pris conscience que les enfants avaient besoin de droits spécifiques et ont mis des choses en place pour améliorer la situation. Ainsi, de nouvelles lois, actions de sensibilisation et projets humanitaires ont émergé afin de les protéger. Grâce à ces changements et à la précieuse implication de beaucoup d’associations, la plupart des graphiques ont ainsi évolué positivement, témoignant d’une amélioration du développement physique et psychologique des enfants.

Il est à noter que, même à des milliers de kilomètres, nous pouvons, nous aussi, avoir une influence sur leur quotidien. Certains enfants doivent, par exemple, travailler pour fournir des produits finalement achetés dans nos magasins. Il est donc en notre pouvoir de veiller à une consommation plus éthique. Mais comment conscientiser les gens à ces situations et partager ce genre de message ? Le slam m’a paru un excellent outil d’expression, alliant engagement et poésie. Cette deuxième partie théorique m’a permis d’en apprendre un peu plus sur ce mouvement qui inspire ma manière d’écrire tout en partageant mes recherches sur cet « art des mots » passionnant !

Comme détaillé au fil des pages, le slam est un mouvement fondé par Marc Smith offrant tout d’abord une grande liberté d’expression et ajoutant à la poésie la dimension de performance : « Any poem, when it’s performed, become a slam poem” dit-il dans l’interview que j’ai eu la chance de réalisé dans le cadre de ce projet. 312 C’est donc avant tout un espace de rencontre et de partage d’émotions, de messages engagés ou de vérités, portés par les mots.

Parallèlement aux nombreux évènements organisés par exemple au sein de collectifs tel que L-Slam fondé par Lisette Lombé, beaucoup d’artistes s’inspirent de ces valeurs pour créer leur propre album, singles ou spectacles. On peut compter parmi eux Cholé M., Rouda, Ami Karim, Ivy, Marc Smith, Narcisse ou Joy Slam interviewés dans le cadre de ce projet, sans oublier d’autres auteurs, slameurs ou rappeurs tels que Grand Corps Malade, Nicolas Séguy, Jhon Pucc’Chololat, Gaël Faye, Abd al Malik, Kery James, etc.

J’ai voulu mettre en lien ces deux thématiques - les droits de l’enfant et le slam, qui semblent pourtant totalement séparées - pour illustrer comment des situations interpellantes comme celles que j’ai observées pendant mon voyage et qui ont suscité en moi beaucoup d’émotions, peuvent venir toucher les gens à travers l’art, et plus particulièrement à travers le slam. Nous en avons d’ailleurs vu un exemple à travers l’analyse des deux titres engagés de Grand Corps Malade. Les mots pourraient-ils donc apporter leur part de solution à ces problématiques ? S’ils ne sont pas un remède magique, ils peuvent néanmoins amener les gens qui les écoutent à participer à une évolution positive et donner naissance à des changements plus concrets.

Comme vous avez pu le remarquer, j’avais une vraie volonté à travers ce travail d’aller jusqu’à la source de ces thématiques rencontrer les acteurs de celles-ci, interviewant aussi bien des bénévoles ou autochtones en Asie du Sud-Est que des slameurs aux quatre coins de la francophonie, sans oublier l’interview que j’ai pu faire du fondateur du mouvement qui a gentiment répondu à mes questions depuis Chicago. J’ai ainsi confronté de nouveaux points de vue qui, à travers chaque entretien, m’ont permis d’aller un plus loin dans ma réflexion. Au-delà de celle-ci, j’avais envie de vous partager ces différentes « sources vivantes » afin d’illustrer mes propos. Cela notamment à travers mes photographies d’enfants, un petit reportage sur l’orphelinat de Luang Prabang et le podcast « E’mot’tions », né de ce projet et regroupant ces points de vue d’artistes qui partagent des émotions à travers les mots.

Comme déjà évoqué, cette recherche a permis d’appuyer deux créations artistiques alliant slam, vidéo, photo et musique. La réalisation de celles-ci avait pour ambition de faire passer des émotions à travers les mots et ces différents univers créatifs. Après deux années rythmées par de nombreux apprentissages et expérimentations techniques et artistiques, j’ai la joie de vous partager mes deux slams : « La virée du virus » et « Tellement rien et tellement tout ».


Le premier s’inspire de la situation sanitaire inédite entraînée par le coronavirus. Il exprime mon ressenti par rapport à celle-ci, un ressenti qui semble avoir rejoint celui de nombreuses personnes, proches ou inconnues, m’ayant remerciée pour ce slam me disant que cela leur a fait du bien. J’ai d’ailleurs été touchée et surprise que ma vidéo soit tant partagée sur YouTube, avec plus de 8000 vues en quelques mois, ainsi que d’être contactée par plusieurs journalistes, notamment TV Com et RTL, pour des articles ou reportages. Il semble que, comme le visait ce projet, des émotions soient bel et bien passées.


Le deuxième slam, lui, évoque les enfants d’Asie du Sud-Est et exprime à travers les mots et mes photographies, les émotions que j’ai ressenties là-bas par la rencontre avec eux et ensuite ici, à travers les recherches que j’ai réalisées sur leur situation.

Enfin, comme dit plus précisément dans les remerciements, je tiens à exprimer ma gratitude envers toutes les personnes qui ont rendu ce projet possible et vous, lecteur, qui le faites vivre.


J’espère qu’à travers ces quelques chapitres, slams, musiques, interviews, photographies ou vidéos, vous avez pu, vous aussi, en découvrir un peu plus, voyager à travers ces différents univers et vous laisser toucher par les émotions que j’ai souhaitées vous partager.




Notes de bas de page

310 Dr. Victor Karunan (expert en droit des enfants) et Dr. Azmi Sharom, professeur associé de la faculté de droit de l’Université de Malaya, « Child Rights - Online Courses on Human Rights (in Southeast Asia) » consulté le 12-05-2021 sur https://www.youtube.com/watch?v=CectppSyt7Q&list=PLTcy05poWmVZjW2yIhgBdsDu_NOTRjSfa&index=3&t=70s


111 Ibid, 7.30’

112 Interview Marc Smith, opcit

Bibliographie