HPI : Haut potentiel intellectuel
TDAH : Trouble déficitaire de l'attention avec/ou sans hyperactivité
Un enfant peut présenter les deux troubles cela se nomme TDAHPI.
L’enfant HPI
Définition de l’Organisation Mondiale de la Santé :
Le « haut potentiel intellectuel » (HPI) est défini par l’OMS par un QI ≥ 130, soit deux « écarts types » au-dessus de la moyenne.
=> 2,3 % des enfants scolarisés (300 000 enfants en France) et environ 3 garçons pour 1 fille
Hétérogénéité clinique :
Il existe une très grande diversité des « profils » d’enfants HPI (langage, mémoire, adaptation, motivation, personnalité, performances scolaires….) avec une caractéristique commune : ils bénéficient de capacités « remarquables » dans un ou plusieurs domaines.
On peut notamment observer, pour certains d’entre eux, un écart important entre leurs capacités intellectuelles et leurs performances en milieu.
Caractéristiques des enfants HPI :
• Signes d’appel chez le nourrisson :
- Interactions très précoces
- Développement psychomoteur fréquemment « en avance »
- Développement rapide du langage : babillage ++/ premiers mots avant 12 mois / phrases vers 18 mois, sans passer par le « parler bébé » en général
- Début de l’habillage à partir de 24 mois (chaussons par exemple)
- Identification précoce des lettres, des chiffres, des couleurs vers 24 mois
- Connaissance des notions de structuration temporo-spatiale (dedans/dehors, dessus/dessous, hier/demain…) autour de 30 mois
• Signes d’appel chez l’enfant
- Volonté précoce de « se débrouiller seul »
- Curiosité exacerbée
- Nombreuses « questions existentielles »
- Associations d’idées riches, imagination débordante (pensée « arborescente »)
- Attrait pour le challenge et le défi et pour l’expérimentation
- Mémoire de travail performante ++
- Acquisition précoce de la lecture, alors que l’écriture peut être plus retardée voire résistante
- Particularités sensorielles
• Différences entre Garçon HPI et Fille HPI
Expression « différente » de la précocité intellectuelle chez les garçons ou chez les filles : les filles HPI seraient plus « discrètes » et auraient plus tendance à « intérioriser » et à se « sur-adapter » pour éviter les conflits et se « conformer » aux attentes de l’autre.
Alors que les garçons HPI présenteraient plus souvent des troubles du comportement (opposition ++, provocation, agitation…), seraient moins « appliqués » et moins « scolaires » et plus tournés vers les loisirs.
Le Diagnostic de HPI
Le bilan psychométrique …
- QIT > 130 (ou ICV ou IRP > 130 si QIT non interprétable)
- Tests utilisés = WISC ou WPPSI (QI > 125 pour certains auteurs )
- Le plus souvent hétérogène
Mais pas que …
- La personnalité globale d’un enfant conditionne l’expression de l’intelligence, qui n’en est qu’une facette
Importance du comportement et des processus adoptés pour atteindre ces résultats.
- Attention aux comorbidités
- Evaluation psychologique « globale » souvent nécessaire
Les Comorbidités
Elles sont à rechercher systématiquement !
Le risque est en effet qu’un trouble non diagnostiqué pénalise les résultats scolaires de l’enfant ou lui demande un investissement considérable et que n’ayant pas des résultats à la hauteur des efforts fournis, il se « démotive », baisse les bras et perdre toute confiance en lui.
On lui reprocherait alors probablement de « ne pas être motivé », « ne pas faire d’effort », ne pas travailler suffisamment, d’autant que les attentes des parents et enseignants concernant les enfants HPI sont souvent plus importantes. Les conséquences de tout cela sur le moral de l’enfant et sur son estime de soi peuvent alors être importantes.
Troubles des apprentissages spécifiques
- Dyspraxie dont fait partie la dysgraphie / dysorthographie / dyslexie /dyscalculie / dysphasie
TDA/H
Troubles du comportement (Trouble oppositionnel avec provocation –TOP- , Trouble des conduites –TC-)
Troubles anxieux
(résultant souvent du décalage entre le niveau affectif et le niveau intellectuel et parfois évolution vers un vrai trouble dépressif)
Troubles dépressifs
Troubles du sommeil (ils sont fréquents chez les enfants HPI avec des causes variables en fonction de l’âge)
Retentissement scolaire
ATTENTION aux idées reçues :
• Un enfant HPI ne va pas forcément sauter une (des) classe(s) et peut redoubler
• Un enfant HPI peut rencontrer des difficultés scolaires (20 à 30% selon les études) et parfois être en échec scolaire
• Un enfant qui saute une classe n’a pas forcément un haut potentiel
• Un enfant « brillant » en classe, en tête de classe, ne sera pas forcément HPI
Retentissement social
Qui n’est pas obligatoire !
Les travaux de recherche sur les enfants HPI suggèrent que la majorité de ces enfants sont bien ajustés socialement.
Mais ils ne sont pas pour autant « protégés » des difficultés sociales ou émotionnelles auxquelles peuvent être confrontés tous les enfants.
Une proportion d’enfants HPI peut cependant rencontrer des difficultés relationnelles variables tout au long de leur vie et selon l’environnement.
Attention au harcèlement scolaire ++
Vidéo: Les caractéristiques d'un enfant haut potentiel intellectuel :
Association HPI et TDA/H
Généralités :
- Association longtemps controversée
- « Double diagnostic » en réalité possible
- 10 à 30 % de HPI en population TDA/H selon les études
- Fréquemment sous-diagnostiqué ?
Des caractéristiques communes entre l’enfant/ado HPI et l’enfant/ado TDA/H :
• Désintérêt pour les tâches répétitives
• Refus de certaines consignes
• Intolérance à l’ennui
• Grande sensibilité (au rejet, à la réprimande, à l’échec…)
• Années scolaires souvent « fluctuantes » (« enseignant dépendant »)
• Fort sentiment d’injustice
Conséquences communes : incompréhension de l’entourage, isolement social, démotivation, perte d’estime de soi, échec scolaire.
… Mais aussi des différences
• Symptomatologie présente « depuis toujours » et « partout » dans le TDA/H
• Hyperactivité « focalisée et dirigée » de l’enfant HPI
• Pensée « en arborescence » mais « organisée » dans le HPI/idées qui se succèdent et « s’enchevêtrent » dans le TDA/H -> perd le fil ++
• Distractibilité « transitoire » dans le HPI
• Le HPI termine ce qu’il a commencé
• Réponses impulsives… mais correctes dans le HPI
L’association HPI + TDA/H est-elle un avantage ou un inconvénient ?
Avantages :
• Moyens de « compensation » supplémentaires grâce au HPI (meilleure adaptation)
• Appropriation plus rapide des règles et conventions sociales
• Apprentissage plus rapide des "cercles vertueux" (comportement)
• Capacité plus importante d’auto-évaluation
Inconvénients :
• Profil « doublement atypique » : complexifie les relations interpersonnelles et l’ « adaptation » à l’environnement (scolaire ++)
• Nécessite une « formation » et un soutien plus spécifiques des parents
• Importance cruciale de la coopération avec le corps enseignants (aménagements pédagogiques ++, tant sur le plan méthodologique que sur les contenus)
Comment aider les enfants HPI atteins de TDA/H ?
Quelques principes de base :
• Informer et expliquer à l’enfant et à sa famille
• Rencontrer et informer l’enseignant
• Rechercher et prendre en charge les troubles associés
• Adapter la scolarité SI BESOIN
Concernant la scolarité :
• Enrichissement (pour répondre à leur curiosité et à leur soif de connaissances)
• Accélération (généralement un enfant HPI n’a pas besoin d’autant de temps que ses camarades pour apprendre le programme officiel de sa classe)
• Approfondissement (pour répondre à leur besoin de sens absolu et de complexité)
• Regroupement
Prendre en charges les comorbidités associées :
• Psychoéducation : l’enfant, sa famille, ses enseignants
• Psychothérapie : familiale, TCC, soutien..
• Guidance parentale
• Rééducations
• Traitement médicamenteux
• Approches « alternatives »
A la maison
• « Faire le deuil de l’enfant idéal »
• Lutter contre les préjugés
• L’aider à trouver sa place : à l’école/à la maison
• « Gérer les décalages » => Accepter le HP c’est « faire avec » les nombreux décalages qui existent entre son âge réel, son âge mental, son niveau affectif, ses relations sociales, sa motricité…
• Prendre en compte l’enfant dans sa globalité, avec ses capacités intellectuelles « extraordinaires », mais aussi sa maturité d’ « enfant », ses centres d’intérêts, son tempérament et ses difficultés/troubles éventuels
• Ne pas « trop lui en demander », ne pas « sur-stimuler » MAIS nourrir sa « soif d’apprendre » tout en s’adaptant à son rythme
• Prendre en compte la fratrie
• Ne pas oublier que « ce n’est qu’un enfant » qui des besoins d’enfant (ne pas « surinvestir » l’intellectuel aux dépens des loisirs par exemple)
Enfant très gratifiant mais « difficile à éduquer » parfois
« L’idée répandue qu’il (l’enfant HPI) peut être autonome parce qu’il est intelligent est néfaste à son développement ; il est avant tout un être en développement et, n’en déplaise au confort de l’adulte, l’enfant et l’adolescent doivent être guidés, HPI ou pas. Notre devoir de spécialistes, de parents et d’éducateurs est de l’aider à devenir ce qu’il est »
5 Vidéos: Interview du Dr Olivier REVOL - HPI et TDAH :
Vidéo 1 :
Vidéo 2 :
Vidéo 3 :
Vidéo 4 :
Vidéo 5 :