Remettons à l’honneur un terme oublié : les phanérophytes, (phanéro = visible, phyte = plante) (Flore Forestière Française1. p18). Raunkier, en 2…., a proposé pour les plantes une classification écologique des formes biologiques, basée sur le degré de protection assuré aux points végétatifs qui sont à l’origine des nouveaux rameaux après la période défavorable (hiver ou saison sèche). Le terme phanérophyte fait référence aux plantes dont les bourgeons végétatifs sont situés à plus de 50 cm au dessus du sol : arbres (Ph.), arbustes (Ph.a.) et lianes (Ph.l.).
Adopter les sigles GPh, MPh, maPh, mePh, miPh, naPh respecterait les conventions de majuscules pour giga et méga. Accorder une majuscule pour phyte = plante est un minimum, vu le rôle de la plante temporisatrice du climat et unique constructrice des écosystèmes terrestre.
Pour l’arbre d’ornement, ces six classes de hauteur auraient pour avantage de donner plus de précision au terme Arbre, bien que passant sous silence leur genre, espèce et variété. En effet, le Hêtre, Fagus sylvatica peut être maintenu à un mètre de hauteur dans une haie tondue annuellement. Cette même espèce, à la plantation définitive « d’un arbre tige, cultivé distancé, ayant subit 7 transplantations en pépinière, en motte grillagée, hauteur totale 700-900, largeur de couronne 400-600, circonférence tronc 80-90 à 14 900 euros, prix catalogue 2009 chez Bruns Pflanzen », nous permet d’être certains d’avoir planter un microphanérophite, qui 50 ans plus tard sera dans le meilleur des cas un mésophanérophyte. Liège, quai du Condroz, les Fagus sylvatica Purpurea ont 15m de haut, un demi siècle après leur plantation définitive ! Ces hêtres, réduits à la moitié de leur hauteur potentielle, ne nécessiteront aucun étêtage. Répondent-ils au cahier des charges du paysagiste de 1960 ?.
Pour satisfaire le cahier des charges, il est nécessaire de ce projeter 20 ans plus tard dans l’avenir de cet arbre. Après tout, remplacer un platane de bonne venue par des érables boule c’est passer d’un méga-phanérophyte à un nano-phanérophyte ; maintenir un platane en taille architecturée c’est l’arrêter au niveau micro-Ph, 1 à 4 fois la taille humaine, notre mesure de référence.
Christophe Drénou3 fait état des coûts exorbitants qu’entraînent les mutilations d’arbres pour les communautés : étude de cas n°21 pp 122-123 : « sur une place de marché, pour 8 platanes rabattus à 4 m de haut en 1976 , reconvertis en tonnelle : taille annuelle après la chute des feuilles par une même équipe d’agents municipaux. Coupe au sécateur manuel et à la scie, sans badigeonnage des plaies. Utilisation d’une échelle pour la partie centrale des arbres et d’un échafaudage pour la périphérie, 5 jours de travail par an pour 3 personnes, évacuation des déchets comprise : 5jr x 3hommes x 200 à 300 euro = 3 000 à 4 500 euros / an payés par la communauté ! Coût cumulé depuis 32 ans : 3 500 x 32 = 112 000 Є .Pour les agents municipaux -aucune technicité n’est exigée- pas de taille raisonnée ; ils ne peuvent être considérés comme « sachants ». La sécurité des travailleurs est le facteur limitant. Un travail sur échelle est toujours dangereux et les accidents, souvent graves, font augmenter les primes d’assurances de la Ville. C’est pourquoi, faire appel à de la sous-traitance est une pratique courante qui permet d’évacuer du budget municipal, les augmentations d’assurances et les infirmités de ses travailleurs. Pour ses derniers, par contre, les tendinites sont garanties !
Herstal, en Belgique, près de Liège, vous rappelle probablement Pépin de Herstal, dit également Pépin le Jeune, mort à Jupille en 714, père de Charles Martel… Mais Herstal est aussi célèbre pour la FN, Fabrique Nationale d’armes de guerre et pour son « baume de la FN » soignant les tendinites des ouvrières ; celles-la mêmes qui en 1966 sont descendues dans la rue avec pour slogan « à travail égal, salaire égal ».
Mais, sur les terres émergées, l’épaisseur de la biosphère est constituée par la hauteur de la végétation à laquelle on ajoute l’épaisseur des terres arables. (Une fine couche de vie à la surface de notre Terre, c’est de cette épaisseur dont nous parlons). Chaque formation végétale, forêt, savane, toundra… est décrite par son spectre biologique, c’est à dire que chaque strate est affectée d’un indice exprimant le taux de recouvrement de la strate. Les symboles de stratification sont : A pour la strate arborescente, B : la strate arbustive, S : la strate suffrutescente ou buissonneuse, H : la strate herbacée ; M : la strate muscinale ; accessoirement, on peut encore ajouter la strate hypogée pour les bulbes, tubercules, rhizomes, la strate liagneuse … Les coefficients de recouvrement sont placés en exposants des symboles de stratification : ° l’absence, + pour moins de 5% de recouvrement, 1 pour 5 à 10%, 2 pour 10 à 20%, etc… jusqu’à 10. Ainsi, les forêts tempérées de chez nous peuvent avoir pour spectre biologique : A8 B4 S4 H2 M+, une steppe : A°B°S°H3, une toundra : A°B°S+M5, [A8B6S2H2]3 + H8 représente de petits bosquets fermés occupant 20 à 30% d’une savane herbeuse ; vue d’avion, pareille formation donne un aspect tigré au paysage. Le spectre biologique de la Hesbaye serait proche de A°B+S°H+, assez similaire à celle d’un désert !
Ces formules de vulgarisation sont concises et lumineuses pour exprimer les stratifications et densités de la végétation, mais ne remplacent pas la vraie démarche de description de la flore décrite dans la Flore Forestière Française4. Cependant, elles nous rappellent que depuis 400 millions d’années, sur les « terres émergées », la plante construit le milieu terrestre. C’est à elle seule que nous devons l’épaisseur de la biosphère : 25cm au dessus d’un champ de pommes de terre, 25m en forêt tempérée (x 100 !).
D’après les vues aériennes, regardées à la télé, les densités de nos forêts plantées sont souvent supérieures à celles des forêts naturelles. Climat et trop forte densité de plantation ne sont-ils pas à l’origine des cris d’alarme concernant la santé de nos forêts… la mort de Jupiter, le gros chêne de la forêt de Fontainebleau plus que probablement mort de soif et donc de faim… Son état dépérissant ne fut pas mis en relation avec la pluviosité et la chaleur durant les années 90 et 2000. Les années les plus chaudes de ce dernier siècle ! Le hic, et il est de taille, c’est qu’il n’est pas dans les habitudes que l’on tienne compte du climat pour un arbre ; c’est même une « constante stationelle ». Pourtant, laisser deux fois plus d’espace à un arbre, c’est lui permettre de recevoir deux fois plus d’eau de pluie ; des fosses de plantation dignes de son état adulte… des bocages… des abris pour les « animaux de bouche »… Est-ce une utopie que d’en rêver ?
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Avant l’arrivé des Barbares, les « Grenadiers » étaient des giga-phanérophytes divinisés, avec raison ! NGM = National Geographic Magasin (Je ne dispose pas de la légende en entier ! Mille excuses)
1 FFF = Flores Forestières Françaises, J.-C.Rameau, D.Mansion, G.Dumé, Ed. Institut pour le Développement Forestier, Paris.
2 Merci à celle ou celui qui pourra apporter cette précision.
3 La taille des arbres d'ornement - Du pourquoi au comment; Christophe Drénou, Ed. Institut pour le Développement Forestier (IDF); 1999
4 FFF = Flores Forestières Françaises, J.-C.Rameau, D.Mansion, G.Dumé, Ed. Institut pour le Développement Forestier, Paris.