Instituteurs

Le maitre d'école _ Adriaen Van OSTADE

Il faut être ignorant comme un maître d'école pour se flatter de dire une seule parole que personne ici-bas n'ait pu dire avant vous. (Alfred de Musset)

Les premiers instituteurs

22 Pluviose an XIII (11 Février 1805) - C. Petitgenêt est très en colère lors de cette séance du Conseil municipal. Il dit que les 24 F/an alloués l’année précédente sont tout à fait insuffisants, et il menace, si la commune ne vient pas à son secours, de « renoncer à son état de chantre laïque et même d’instituteur ». Le C.M. convient donc : « Qu’il est de l’intérêt de la commune de conserver un homme qui suit son état avec exactitude et que cette somme est trop modique. On lui alloue 50 F/an sur les deniers de la commune sur mandat du maire, après approbation du préfet. Ces 50 F/an s’ajouteront aux 84 F/an qu’il perçoit pour sa fonction d’instituteur ». Ventron autrefois

En 1816, une ordonnance (la "loi" Falloux) indique qu’il serait préférable d’avoir un brevet pour enseigner, il est même exigé de l’avoir pour travailler dans les grandes villes. Le 28 juin 1833, la loi Guizot interdit de faire instituteur sans diplôme.

Beaucoup de Névachais partirent à l’école des instituteurs de l’Ardèche, à Privas. Le premier août 1834, 18 jeunes de Névache entrèrent dans cette école des maîtres. Le métier d’instituteur saisonnier a donc disparu au XIXe. (Hugo P)

Foire aux instituteurs

« Les prix d'écolage, qui se paient au mois, varient selon l'âge des élèves et la nature de l'instruction. Les instituteurs sont, pour la plupart, obligés de suppléer à l'insuffisance de leurs revenus par l’exercice d'autres états ou emplois rétribués. Ils sont ou deviennent secrétaires de mairie, chantres, arpenteurs, marchands au détail, etc. »...

L'école de Clairoix en 1858

Le père de Xavier Vallat est né en 1844 à Pailharès, petit village montagnard de l'Ardèche. Les frères qui tenaient l'école du village remarquèrent cet enfant vif d'esprit et l'encouragèrent, lui, le fils d'une vieille lignée de paysans, à devenir instituteur. Sa carrière débuta dans la Nièvre, où il rencontra sa femme, et se poursuivit dans le Vaucluse. Les convictions réactionnaires de Cyprien Vallat - qu'il ne cachait pas et dont il tirait même une certaine fierté - lui valurent d'être déplacé une dizaine de fois au cours des trente années qu'il passa dans le Vaucluse : « Des déménagements fréquents, surtout pour une famille nombreuse, étaient un moyen facile de brimer un fonctionnaire mal vu de ses chefs hiérarchiques. Ce fut le cas pour mon père. »

Laurent Joly

En 1820, les instituteurs de Cap Saint-Ignace, L’Islet et Saint-Thomas enseignent tous les éléments de base du savoir : tels la lecture, l’écriture et le calcul. Parfois s’ajoutent l’anglais ou le latin. Ces matières sont données séparément et non simultanément comme de nos jours, les professeurs demandent aux parents des écoliers une rémunération variable selon la difficulté du cours.

En 1829, une autre loi régissant la scolarité est adoptée : la loi des écoles de l’Assemblée législative. Elle sera la première à vraiment réussir à doter d’un réseau d’écoles tout le territoire habité de la province. Alors qu’en 1828, 11 679 élèves fréquentent 325 écoles; en 1836, dernière année de l’application de la loi, 1 372 écoles desservent 53 377 étudiants. En moins de dix ans, le nombre d’établissements scolaires a plus que quadruplé et la quantité d’élèves, quintuplé. De très nombreux enseignants ont profité des subventions accordées par la loi de 1829 sur la Côte-du-Sud [...] .

Infodimanche

Une des grandes évolutions de ces dernières décennies a été provoquée par la suppression du logement de fonction qui amenait plus de stabilité du corps enseignant. Certes, beaucoup d'instituteurs percevaient une indemnité compensatrice quand la commune ne disposait pas d'assez de logements de fonction.

Les communes qui logent des instituteurs perçoivent aussi une indemnité compensatrice qui ne les incitait guère à améliorer le confort des logements. Ces travaux furent entrepris dès qu'elles purent les louer.

Certains instituteurs n'ont toujours pas demandé à devenir professeurs des écoles car ils perdraient ainsi le bénéfice du logement de fonction.

Au-delà de ces aspects financiers, le temps des déplacements est conséquent pour la majorité des jeunes enseignants, souvent originaires d'une métropole et affectés dans des "zones géographiques difficiles à pourvoir"..

Les premiers instituteurs des écoles normales du Tarn

Les maîtres d'école sont des jardiniers en intelligences humaines. (Victor Hugo)

La préoccupation de la formation des maîtres dans des écoles spécialisées date de la Révolution qui avait créé, mais sans succès, une école normale à Paris (décret du 30 octobre 1794). La première véritablement ouverte le fut à Strasbourg en 1810.

En fait, le maître d’école du début du XIXe siècle sait lire et écrire, cela suffit pour enseigner.

Au début de la Restauration, en 1814, l’Etat commence à contrôler la formation des maîtres en imposant un brevet de capacité (sauf aux ecclésiastiques).

En réalité, à cette époque, l’examen du brevet de capacité est, pour le 3e degré, une vérification de compétences minimales (lire, écrire et compter), qui ne garantissent en rien un enseignement de qualité. Les deux autres degrés, incluant orthographe, grammaire et arithmétique, exigent un peu plus de connaissances, mais ne sont en rien une véritable tentative de formation des maîtres qui ne commence vraiment qu’à la fin de la Restauration. Lire la suite

Voir aussi :

L'école normale

Le maitre d'école

Les instituteurs - secrétaires de mairie

Des hussards noirs de la République : Les instituteurs – secrétaires de mairie

“Nos jeunes maîtres étaient beaux comme des hussards noirs. Sveltes ; sévères ; sanglés. Sérieux, et un peu tremblants de leur précoce, de leur soudaine omnipotence. (Charles Péguy _ L’Argent _ 1913)

Dès la création des communes, le maitre communal fut généralement chargé du secrétariat de mairie (Jean Laurent Loison, instituteur à Château-Regnault (08)).

La loi du 30 octobre 1886 sur l’organisation de l’instruction primaire, dite loi Goblet, entérina cette double fonction :

* Art. 25.- Sont interdites aux instituteurs et institutrices publics de tout ordre les professions commerciales et industrielles et les fonctions administratives.

* Sont également interdits les emplois rémunérés ou gratuits dans les services des cultes.

* Toutefois cette dernière interdiction n’aura d’effet qu’après la promulgation de la loi relative aux traitements des instituteurs.

* Les instituteurs communaux pourront exercer les fonctions de secrétaire de mairie avec l’autorisation du conseil départemental.

Le secrétariat de mairie fut indissociable de l’enseignement en classe unique rurale durant la majeure partie du vingtième siècle comme en témoigne la circulaire n° 86.110 du 12 mars 1986 adressée aux maires par le ministre de l’Éducation nationale :

«Je tiens à vous rappeler le rôle important joué par les secrétaires de mairie-instituteurs dans les zones rurales. Dans les petites communes rurales, l’instituteur, par sa connaissance du milieu local, les rapports qu’il peut nouer avec les familles des élèves qui lui sont confiés, son rôle d’interlocuteur privilégié avec les différentes instances administratives, peut exercer avec efficacité la mission de secrétaire de mairie. Collaborateur du maire et agent de la commune, le secrétaire de mairie est par ailleurs bien placé pour contribuer au règlement des problèmes que peut rencontrer le service public d’enseignement. Le développement des pouvoirs du maire dans le cadre de la décentralisation, notamment en ce qui concerne l’utilisation des locaux scolaires, l’utilisation de nouvelles technologies comme l’informatique renforce l’intérêt de voir confier à des instituteurs les postes de secrétaire de mairie. Enfin, l’exercice des fonctions de secrétaire de mairie est un facteur de stabilité de l’instituteur dans la commune.»

Le regroupement pédagogique des écoles rurales et l’évolution du métier d’enseignant ont amenuisé le nombre de secrétaires de mairie – instituteurs qui se sont toujours déclarés fervents défenseurs de la République et de l’École laïque.

Ce fut une des composantes de l’évolution des communes rurales :

«Le secrétariat de mairie est, en effet, une position stratégique où la seule présence de l’instituteur est un symbole, et où, avec du tact et de la foi, il affirme son idéal de justice et de fraternité.[...] Là où l’instituteur est secrétaire de mairie, là la République et l’École laïque ont un ardent défenseur. Là où il est absent de la mairie, elles enregistrent un recul certain.[ ..] L’objectif du Syndicat général, c’est de faire de l’école et de la mairie le pôle attractif de tout le village. Jadis, l’église était la principale maison du village ; c’était autour d’elle que se concentrait la vie morale de la population. Le Syndicat général veut que, désormais, l’école et la mairie – la mairie-école qu’il ne veut pas dissocier [...] deviennent le centre moral de l’agglomération rurale, le foyer rural où doit se concentrer la vie intellectuelle, morale et sociale de la petite collectivité.» (extrait d’un rapport adressé par le Syndicat des S.M.I. aux groupes parlementaires en 1947).

Voir : Histoire des Secrétaires de Mairie - Instituteurs

Pour avoir travaillé dans un petit village, Renée Blanché place l’institutrice au centre de la vie d’une communauté : « L’école primaire, pour l’enfant, c’est la sortie de la famille. Mais en sortant, il y avait un environnement. Mme Blanché, comme la plupart des instituteurs de l’époque, occupait la fonction de secrétaire de mairie, il y avait donc un tissu social dense dans les petites communes ­rurales. Le Bien Public