Carte murale

Il y avait au maximum 2 tableaux, une carte géographique accrochée au mur, un globe terrestre, un boulier, une clochette, une horloge, un thermomètre, un dictionnaire et un manuel pour l’enseignante.Les écoles d'autrefois (au Québec)

« Le mobilier de l’école est en assez bon état. Il y a 3 tableaux noirs à la commune, et un à l’instituteur ; 72 ardoises sont encastrées dans les tables. Il y a dans la classe un Christ et un portrait de S.M. l’Empereur 13, il manque celui de l’Impératrice. L’instituteur a tracé lui-même, sur les murs, trois grandes cartes murales ; plus des tableaux de dessin linéaire et de système métrique, dans les plus grandes dimensions possibles. D’autres grandes cartes faites par l’instituteur, et collées sur carton, servent à l’enseignement de la géographie. L’instituteur fait lui-même ses modèles d’écriture ».Au moins, quand l'élève rêvasse, son regard se pose sur la carte de France ou le planisphère. L'école communale de Claroix en 1858

C'est dans un excellent petit livre de M. Levasseur que nous trouvons les lignes suivantes : « En leur disant (aux enfants) que la géographie est la description de la terre, on ne met dans leur esprit que des mots vides de sens. Dites-leur, en leur montrant la chose même sur le tableau noir ou sur la carte murale : Voici l'école ; elle est attenante à la mairie ; l'église est là-bas, sur la place ; au bout du pays, à gauche, est telle ferme, à droite est le bois. La géographie a pour objet de décrire ainsi tous les pays. »

La carte murale, au contraire, est faite pour être vue de loin et par toute la classe. Les noms qui y figurent doivent être rares, sans quoi ils couvrent le modelé physique, mêlent des stries noires aux mouvements du terrain s'ils sont assez gros, ou ne se lisent plus s'ils sont trop petits. Le but principal de la carte murale est de représenter le canevas purement physique sur lequel devra venir s'exercer la mémoire ou la faculté de raisonnement de l'élève.

Dès lors, les traits physiques doivent y ressortir d'une façon exclusive. Ils doivent y apparaître sous une forme simplifiée, parfaitement claire, guidant la mémoire par une sorte de résumé graphique. La carte murale doit être belle d'aspect, simple et hardie de contours, harmonieuse de teintes. Elle doit donner à l'enfant la sensation d'un fragment détaché de la surface terrestre, malgré les teintes conventionnelles et enluminures dont on sera bien forcé de la colorier.

Considérée ainsi, la carte murale d'étude devrait de préférence être muette ; car les noms, invisibles pour les élèves éloignés, sont comme un perpétuel souffleur pour l'élève proche qui travaille devant la carte, ou induisent le professeur à entrer dans des détails que les élèves ne suivent pas. Nos cartes murales laissent en général à désirer soit par un modelé de terrain rude et mal compris, soit par des teintes criardes, soit par une surcharge de noms inscrits en caractères historiés.

Toutefois le progrès est continuel, et déjà nous avons en France de bonnes cartes murales. Les plus belles malheureusement se sont trop écartées de l'idéal de simplicité dont nous venons de parler ; certaines sont enluminées avec excès ; d'autres présentent un luxe de détails et de renseignements graphiques ou statistiques qui exigent autant de lecture qu'un volume, et qui ne se voient plus à la distance normale qu'implique la dimension du cadre. Il y a là confusion de deux buts distincts.

Pour nous résumer, nous dirons simplement qu'une carte murale est d'autant meilleure qu'elle sait présenter les mêmes traits physiques ou les mêmes délimitations politiques avec plus de clarté, de vérité et de simplicité.

Géographie (dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson ; INRP)