Noël

Cette fête est assez complexe. Déjà, elle met en évidence les interactions de la religion sur la société et l’emprise résiduelle sur l’école. Le calendrier de l’Avent, la saint-Nicolas, les concours de dessins de crêches, reviennent régulièrement, proposés par de municipalités, des associations, voire les enseignants, sans toujours susciter les rappels des principes de laïcité… Cela devrait être l’occasion de comparer les moments importants de différentes religions, pas facile. Certains enseignants saisissent l’occasion pour motiver la production d’écrits : écrire la lettre au père Noël. Ils la font envoyer par les enfants qui sont heureux de recevoir une réponse. Quand l’enseignant décide ensuite d’utiliser l’argent de la coopérative pour que chaque élève reçoive un cadeau correspondant à ses demandes, ça devient nettement plus compliqué : "C’est vraiment un cadeau, ça ?"

Au CP et au CE1, l’enfant apprend progressivement à désacraliser l’adulte et ce n’est pas toujours facile. Il est toujours intéressant de voir le doute s’installer peu à peu, ce qui dénote une distanciation nécessaire (principe du “Jacques a dit”).

Quelquefois, c’est vraiment difficile, notamment pour l’existence du père Noël, des discussions surgissent spontanément et en dernier ressort, le maître est sollicité "Hein, maître, qu’il existe le père Noël !"

À cet âge, difficile de répondre ; la solution, déplorable, est souvent de dire “Bien sûr !” d’un ton qui montre aux autres que ce n’est pas sincère. On peut aussi ne pas répondre : "Chacun croit ce qu'il veut." Comment laisser l’enfant suivre sa maturation psychologique sans le brusquer ?

Cette question rejoint la laïcité, le respect des croyances et des religions.

Et puis un jour, un élève vous dira : “Tu sais, avant, le père Noël, il existait vraiment !”