Théories de l'apprentissage

APPRENDRE

Apprendre, c'est comprendre. C'est construire un savoir que l'on va pouvoir réinvestir.

Pour que l'élève apprenne, il est essentiel :

    • Qu'il soit conscient de ce que l'on essaie de lui faire comprendre et pourquoi.

    • Qu'il soit conscient de " comment " il apprend.

    • Qu'il ait envie d'apprendre.


ENSEIGNER

Enseigner, c'est aider l'enfant à apprendre, à construire un savoir.

Ce qui est essentiel avant / pendant / après l'enseignement :

    • Connaître la façon dont l'enfant apprend.

    • Vérifier qu'il ne construise pas une " fausse compréhension ".


LE TRIANGLE PEDAGOGIQUE de HOUSSAYE

Dans son modèle de compréhension pédagogique, Jean Houssaye, aujourd'hui professeur de Sciences de l'Education à l'université de Rouen, définit tout acte pédagogique comme l'espace entre trois sommets d'un triangle : l'enseignant, l'apprenant et le savoir.

Selon Houssaye, toute pédagogie est articulée sur la relation privilégiée entre deux des trois éléments (les sujets actifs) et l'exclusion du troisième (qui fait le fou, ou le mort)

[ HOUSSAYE, J., Théorie et pratiques de l'éducation scolaire I : Le triangle pédagogique, Paris, Peter Lang, 1988 ]


LE TETRAEDRE PEDAGOGIQUE de FAERBER

Le tétraèdre décrit un modèle pédagogique fondé sur les rapports entre quatre pôles (Faerber, 2002) : l’enseignant, l’apprenant, le savoir et le groupe. Au centre du tétraèdre se trouve le support de médiation permettant de garantir les interactions et les échanges entre les quatre pôles.


LES THEORIES DE L'APPRENTISSAGE

Carte réalisée avec Mindomo

Carte réalisée avec mindmeister

Théories de l'apprentissage et pratiques d'enseignement, par Gérard Barnier, formateur, IUFM d'Aix-Marseille.

Vidéo Trois théories de l'apprentissage d'après Jean-Pierre ASTOLFI, par Bernadette FLEURY, chercheur associé au CREN

Séminaire de pilotage pédagogique 29.09.2910 à Agrosup Dijon, intervention de Bernadette FLEURY (diaporamas et videos) sur le site CRDP Bourgogne


LES THEORIES DE L'APPRENTISSAGE (Notes personnelles - Formation CAPA-SH)


Il existe plusieurs théories de l'apprentissage. Disposant chacune d'une logique et d'une cohérence, elles sont parfois complètement divergentes. Il est difficile d'en faire une synthèse. Pourquoi s'intéresser à ces théories, à ces modèles? Pour mieux comprendre les différents choix pédagogiques possibles, pour pouvoir faire des hypothèses, pour mieux comprendre un manuel scolaire (On utilise parfois très mal les manuels car on ne tient pas compte de la théorie dont ils relèvent, il y a alors réelle incohérence). La coexistence de ces différents modèles constitue une richesse, chacun d'eux s'adapte plus ou moins à telle ou telle situation.

Dans la pratique des enseignants, on retrouve l'influence de cinq modèles :

    • Modèle de la transmission

    • Modèle béhavioriste

    • Modèle constructiviste

    • Modèle socio-constructiviste

    • Modèle cognitiviste


Modèle de la transmission :

Ce modèle considère l'esprit de l'enfant comme une page vierge, Tabula rasa selon l'expression de LOCKE (1632-1704). On parle également du modèle de l'empreinte.


Dynamique de l'apprentissage :

Schéma simple de communication entre un émetteur savant et un récepteur ignorant.


Compétence attendue de l'enseignant :

La qualité de son message, clarté, organisation, progression, illustration par des exemples proches de l'élève.


Compétence attendue de l'apprenant :

Il se doit d'être un bon récepteur attentif, ayant le projet de comprendre et mémoriser ce qui lui est transmis.


La transmission, modèle sacré, modèle du prophète, "Dieu parle à l'homme ignorant". L'émetteur est tout-puissant, le récepteur est avide de connaissances. Le maître sait. Le savoir est mis à la place de Dieu, avec la même déification. L'enfant est vierge de tout, il est le disciple.

Dans ce modèle l'erreur ne peut venir que de l'élève. Si il y a faute, il doit y avoir punition. Celui qui sait a autorité.

C'est le modèle du précepteur, il n'y a aucune interaction entre élèves.

Ce modèle fonctionne... mais pour qui ?

Il suppose :

- que l'on puisse entièrement maîtriser une connaissance

- que l'élève soit désireux de savoir

- que l'élève ne remette pas en cause le modèle et accepte sa soumission.


Modèle béhavioriste :

Il met l'accent sur les différentes formes de conditionnement qui entraînent des modifications de comportement :

- observation minutieuse des faits

- définition d'objectifs

- élaboration de parcours

- organisation séquentielle de l'apprentissage

- découpage en étapes d'apprentissage

- définition de pré-requis

- vérification des acquis, évaluation diagnostique

- repérage du niveau de réussite de l'élève comme base de l'apprentissage

L'apprentissage est une modification du comportement consécutive à des récompenses verbales ou autres.

SKINNER (1904-1990)


Dynamique de l'apprentissage :

Conditionnement, modification du comportements. Relation de cause à effet.


Compétence attendue de l'enseignant :

Les stimuli


Compétence attendue de l'apprenant :

Les réponses aux stimuli.


Modèle anglo-saxon, dont la finalité est le pragmatisme. Ce qui compte, c'est de réussir à faire et non pas de tout comprendre. On veut des résultats. Ce qui est intéressant, c'est ce qui s'observe. La tête de l'élève est comme une boîte noire, on ne peut observer que ce qui entre et ce qui sort, on ne s'occupe donc que des comportements.

Apprendre devient développer des comportements nouveaux adaptés aux stimuli. L'apprentissage est basé sur la répétition et les étapes successives. Cela permet la maîtrise d'un élément qui, cumulé à un autre, amène une autre maîtrise.

On conditionne par la récompense. s'il n'y a ni gain ni perte, la situation d'apprentissage n'est pas bonne. Une mauvaise évaluation vaut mieux que rien du tout... il faut un retour.

Cela a amené les objectifs évaluables, objectifs très simples; il n'y a pas de vue d'ensemble, tout doit être observable.


Qu'en est-il de l'erreur ? Elle peut venir :

  • d'une mauvaise définition de l'objectif par le maître, d'un objectif trop élevé (Différence entre les pré-requis théoriques - ce que je pense en bonne logique - et les pré-acquis de l'élève - ce qui est là vraiment - ). Si l'on ne s'occupe que des pré-requis, on ne peut pas différencier.

  • d'un nombre de répétitions insuffisant (manque d'entraînement)

  • de l'absence de renforcement : importance du renforcement positif, de l'encouragement.


Modèle constructiviste :

Le développement cognitif est le fruit d'actions entre l'individu et son environnement. Apprendre, c'est développer de nouveaux schèmes d'action. La théorie de PIAGET (1896-1980) repose sur une conception biologique de l'apprentissage, la capacité d'apprendre est liée au développement de l'enfant.


Dynamique de l'apprentissage :

Déroulement spiralaire avec ruptures d'équilibre.

- Situation d'équilibre

- Rencontre d'une nouvelle situation / Assimilation

- Accommodation

- Modification du schème ancien ou création d'un schème nouveau

- Nouvelle situation d'équilibre

Décentration progressive, acquisition d'outils opératoires permettant à l'élève d'envisager un autre point de vue que le sien.


Compétence attendue de l'enseignant :

Construire des situations favorables à l'émergence de conflits socio-cognitifs.


Compétence attendue de l'apprenant :

Il apprend par la découverte, l'expérience personnelle, le contact avec le monde et les objets.


La théorie de Piaget portait sur le développement, pas sur l'apprentissage, ce n'était pas "pédagogique". L'enfant n'est pas un vase vide, c'est une dynamique et l'intelligence est évolution. La construction de la pensée se fait par stades, avec différents degrés d'abstraction. Le rapport action / objet est différent à chaque stade; apprendre, ce n'est pas la même chose à chaque âge.

Ici, il n'y a pas de transmission, le savoir est en construction. L'intelligence est une dynamique de construction.

L'apprentissage vient lorsque l'obstacle apparaît.

Obstacle → rupture d'équilibre → conflit de la compréhension de l'enfant et du monde, dans une optique de socialisation.

Dynamique du langage social.

La notion de schème :

L'intelligence fonctionne par structures, nos acquis et nos innés sont organisés : c'est l'intelligence

Relier des connaissances / expériences → outils de notre connaissance du monde.

Les schèmes ne sont pas statiques, toujours en mouvement.

L'obstacle réorganise les connaissances, le mode opératoire évolue.

Le schème est une construction mentale.

Pour Piaget, l'intelligence est logico-mathématique, l'obstacle heurte la logique.

La rupture, l'erreur, sont des analyseurs du stade de l'apprentissage.


Modèle socio-constructiviste :

VYGOTSKI (1896-1934)

L'apprentissage est un fait social. Les activités réalisées en collaboration et l'imitation des pairs et de l'adulte favorisent le développement cognitif. La médiation permet de passer de ce que l'enfant sait faire à ce que l'enfant ne sait pas faire.

Ce processus du passage constitue ce que Vytgoski désigne par Zone Proximale de Développement.

" Le seul apprentissage valable pendant l'enfance est celui qui anticipe sur le développement et le fait progresser." Vytgoski - Pensée et langage


Dynamique de l'apprentissage :

Intériorisation progressive de l'action.


Compétence attendue de l'enseignant :

Permettre à l'élève de réussir en collaboration ce qu'il sera capable de réussir demain tout seul. Stimuler les activités sans se substituer à l'élève.


Compétence attendue de l'apprenant :

Il construit son savoir.


L'interaction avec les autres êtres humains est fondamentale, notamment l'interaction avec l'adulte.

Le maître est accompagnateur, médiateur, il apporte une guidance dans la rencontre, analyse par rapport à la ZPD de chaque enfant, définit le prochain obstacle à franchir.

On ne va pas du simple au compliqué, on est d'emblée dans la complexité.

La ZPD est une mise en relation des compétences de l'enfant. Pour s'en approcher, il faut croiser ses compétences.

Pédagogie de l'interaction, du travail de groupe. L'adulte doit mettre en place un dispositif qui permette à chacun de progresser dans un groupe hétérogène.

Lev Vygotski et l'éducation sur le site Skhole.fr

Recension de l'ouvrage collectif "Vygotski et l'éducation" Paris, Retz, 2009 sur le site Skhole.fr

Modèle cognitiviste :

Il s'intéresse aux stratégies mentales, aux modes de résolution de problème mis en oeuvre par l'apprenant.

Ce modèle distingue différents types de connaissances :

- connaissances déclaratives (savoirs donnés)

- connaissances procédurales (savoir-faire)

- connaissances conditionnelles (contextualisation)

et différents types de stratégies :

- stratégies d'énumération (mémorisation de listes)

- stratégies d'élaboration (liens entre les informations)

- stratégies organisationnelles (structuration de l'information)

- stratégies de contrôle de la compréhension (métacognition)

- stratégies affectives (maîtrise des affects)


Dynamique de l'apprentissage :

Les stratégies mentales, les processus mentaux.


Compétence attendue de l'apprenant :

Il construit son savoir.


Ce modèle bénéficie de l'apport des neuro-sciences (on est "dans la tête" de l'élève... différentes zones en action, connexions entre les hémisphères...) mais aussi de la cybernétique et de l'informatique (l'apprentissage se conçoit comme un traitement de l'information).

Il faut isoler les procédures d'apprentissage (prise d'indices, représentation, sortie de l'information...).

Toute information nécessite un traitement.

Apprendre, c'est traiter une information. L'information sensible devient un message codé acceptable par les neurones (signaux électriques). L'essentiel de l'apprentissage est procédural.

Apprendre, c'est mettre un lien, faire des connexions.