novembre 1918

Vendredi 1er novembre

Des opérations locales, dans la région au sud de Guise, nous ont permis d'enlever plusieurs tranchées ennemies et de nous rapprocher de la route de Guise à Héric-la-Vieville.

Nos troupes ont continué leur offensive entre Banogne et Herpy et ont fait des prisonniers. A l'ouest de Saint-Fergeux, vers la cote 145, des combats très vifs ont été livrés. Les Anglais ont fait des prisonniers en divers points.

Les Américains ont occupé Aincreville, au nord de Verdun, et repoussé un raid ennemi à l'est de Beaumont.

Les Italiens livrent bataille à l'est de la Piave, sur un front de 100 kilomètres de concert avec des troupes franco-anglo-américaines. Ils ont pris Sugusino, Vittorio, atteint la route de Conegliano à Oderzo.

Depuis le 24, ils ont dénombré en prisonniers 802 officiers et 32.198 soldats. Plusieurs centaines de canons ont été enlevées.

En Mésopotamie, les Anglais poursuivent leur marche vers Mossoul. Ils ont livré des combats victorieux aux Turcs en retraite et fait un millier de prisonniers.

Les armées serbes sont arrivées à 60 kilomètres au sud de Belgrade.

Samedi 2 novembre

Action d'artillerie sur le front de l'Oise.

L'ennemi a contre-attaqué à l'ouest de Saint-Fergeux. Il a été repoussé. En deux jours, nous avons fait 1600 prisonniers.

La 2e armée britannique a attaqué au sud-ouest d'Audenarde. Elle a atteint tous ses objectifs et fait mille prisonniers.

Progression de l'armée belge en Flandre. Les Américains, au nord de Verdun, ont chassé l'ennemi de Brieulles.

Activité de l'artillerie entre Aincreville et le bois de Bantheville.

Les Italiens continuent à presser les masses austro-hongroises dans les vallées et à précipiter la déroute de l'ennemi. Le Cesen et le Grappa ont été pris. Le nombre des prisonniers dépasse 50.000; celui des canons capturés excède 300.

La révolution a éclaté à Pesth, à Prague, où la république a été proclamée, et à Vienne, où elle a été acclamée.

La Turquie a signé l'armistice en acceptant toutes les conditions des alliés.

Dimanche 3 novembre

Les troupes de la 4e armée (Gouraud), en liaison avec l'armée américaine, ont attaqué sur le front de l'Aisne, au nord et au sud de Vouziers.

Sur une étendue de vingt kilomètres, de l'est d'Attigny au nord d'Olizy, nous avons pénétré dans les positions allemandes, fortement tenues.

A l'est d'Attigny, nous avons enlevé Rilly-aux-Oies. Plus au sud, nos troupes frauchissant l'Aisne, ont emporté Semuy et Voncq.

Les Américains ont occupé Saint-Georges-Landres, Saint-Georges, Imécourt, Landreville Chennery, Bayonville, Rémoiville, Andeville, Cléry-le-Grand. 3600 prisonniers ont été faits, dont 151 officiers.

Les Anglo-Belges ont bousculé l'ennemi sur l'Escaut, jusqu'à la hauteur de Melden, prenant Amfeghem, Tieghem, Carder et Elfeghem.

Au centre de ce front, les Franco-Américains ont enlevé les hanteurs entre Lys et Escaut, et poussé jusqu'au fleuve, sur une largeur de 16 kilomètres, conquérant dix-neuf villages.

Les Italiens ont communiqué aux Autrichiens, qui les avaient saisis d'une proposition d'armistice, les conditions des Alliés. Ils ont progressé sur toute la ligne entre les Alpes et l'Adriatique et se sont emparés d'un énorme butin.

Lundi 4 novembre

L'avance de l'armée anglo-belge s'est accentuée. L'ennemi s'est replié précipitamment vers Gand et le canal de Terneuzen.

Les troupes belges ont pris, de concert avec les nôtres, Eccloo, Waerchoot, le canal de la Leeve et Seewerghem. Elles sont à quatre kilomètres des lisières de Gand.

Sur le front de Valenciennes, les Anglais ont repoussé toute une série de contre-attaques et fait 4000 prisonniers. Ils ont enlevé les hauteurs au sud-est de Valenciennes et le village de Préseau.

Les troupes canadiennes ont réussi à s'emparer complètement de la ville même de Valenciennes.

Sur le front de l'Aisne, nos efforts, combinés avec ceux des Américains, ont forcé l'ennemi à battre en retraite à travers la forêt d'Argonne. D'importants progrès ont été réalisés par nous. Nous avons conquis Semuy, les bois de Vandy, le village de Dulley, Longvic, Primat. Plusieurs centaines de prisonniers ont été capturés.

Les Américains ont porté à 4000 le chiffre de leurs prisonniers. Ils tiennent Champigneulles, Beffre, Mort-homme, Verpel, Sivry-les-Buzancy, Thenorgues, Briqnenoy, Buzancy, Villers-de-Vendres et Cléry-le-Petit.

Les Italiens annoncent 80.000 prisonniers. Ils ont torpillé, dans Pola, le navire-amiral austro-hongrois.

Mardi 5 novembre

La dure bataille engagée en Argonne par notre 4e armée, en liaison avec l'armée américaine, a abouti à un succès complet pour nos armes.

L'ennemi, qui avait défendu avec acharnement le passage de l'Aisne, puis s'était cramponné désespérément aux hauteurs boisées où il trouvait une excellente défense naturelle, a vu sa résistance s'effondrer sous nos efforts victorieux.

Nos troupes ont enlevé de haute lutte les villages de Toges, de Belleville, de Quatre-Champs, du Nouval, des Alleux et de Châtillon-sur-Bar. Elles ont encore occupé le bois de Voncq et de Chesne. Le dégagement de l'Argonne est un fait accompli.

Les Américains se sont emparés d'une vingtaine de villages au nord de Verdun. Ils ont capturé 5000 hommes et 100 canons, et, en trois jours, progressé de vingt kilomètres sur un front de trente. Ils commandent la ligne Montmédy-Longuyon-Conflans.

Les Belges ont progressé de quinze kilomètres le long de la frontière hollandaise. Ils sont aux portes de Gand.

Les Anglais ont jeté des détachements sur la rive droite de l'Escaut. (région de Pottes).

Les troupes britanniques ont avancé de deux kilomètres au delà de Valenciennes. Cinq villages ont été enlevés. L'effectif des prisonniers est de 5000.

L'Autriche a signé sa capitulation.

Mercredi 6 novembre

Les troupes britanniques ont attaqué entre le canal de la Sambre à Oisy et l'Escaut au nord de Valenciennes. Elles ont pénétré profondément dans les lignes ennemies, capturé 10000 prisonniers et 200 canons.

Le canal de la Sambre a été franchi, les localités de Catillon, de Hautrèpe, de Fesmy, de la Grave ont été enlevées ainsi que Mézières, la Folie et Sambreton. L'ennemi a été chassé de la lisière ouest de la forêt de Mormal, où cinq villages ont été occupés.

Nos alliés se sont emparés de Landrecies et ont dépassé le Quesnoy. Sur la gauche, ils ont repoussé les Allemands de la ligne de l'Aunelle, enlevé Preux-au-Sart, Wargnies-le-Petit et Wargnies-le-Grand, Sebourg et Sebourquiaux.

Les troupes françaises ont fait 3000 prisonniers entre Oisy et Vadencourt.

Sur le front d'Argonne, elles ont continué et achevé l'occupation de la rive sud du canal des Ardennes, entre Semuy et le Chesne.

Les Américains, au nord de Verdun, ont traversé les bois de Belval et du Port-Gerache. Ils sont à deux kilomètres au sud de Beaumont.

Plus à l'ouest, nos alliés approchent de Verrières; ils occupent toutes les localités de la rive ouest de la Meuse au sud de Halles. Leur attaque progresse sur la rive est.

Les Italiens ont porté à 300.000 le nombre des prisonniers qu'lls ont faits avant la cessation des hostilités.

Le président Wilson a adressé à l'Allemagne, par l'intermédiaire de M. Lansing, secrétaire d'Etat, et du ministre helvétique à Washington la réponse à la dernière note de Max de Bade. Il y déclare que les Alliés ont adhéré à ses quatorze thèses, sauf une réserve sur l'article 2 (Liberté des mers) et une observation sur un autre point. Il invite l'Allemagne, si elle veut demander l'armistice, à envoyer des parlementaires au maréchal Foch.

Le gouvernement allemand, mécontent de la propagande révolutionnaire que l'ambassadeur bolcheviste Joffé faisait à Berlin, et de la lenteur mise par la Russie à sanctionner le meurtre de Mirbach, a rappelé ses agents de Russie et renvoyé les agents bolchevicks.

La Pologne a constitué un gouvernement national.

Jeudi 7 novembre

Le contact a été maintenu avec les arrière-gardes de l'ennemi, qui, sur l'ensemble du front, continue à battre en retraite.

A l'est de la Sambre, nous avons occupé Barzy. Au nord de Marles, nous avons dépassé Marfontaine et Voharies.

Les troupes italiennes ont enlevé le Thuel, atteint le ruisseau le Hurtaut, au sud-est de Montcornet.

A l'ouest de Rethel, nous avons occupé Barby, sur la rive nord de l'Aisne. Entre Rethel et Attigny, nos détachements ont franchi l'Aisne en plusieurs points.

Plus à droite, nous avons atteint les lisières de Lametz et poussé jusqu'aux abords de la Cassive, au nord-est du Chesne.

Les Anglais ont poussé en avant, au delà de la forêt de Mormal. Ils ont progressé à l'ouest de Bavai et en d'autres secteurs du front de bataille en capturant un certain nombre de prisonniers.

Les Américains sont dans le bois du Fond-de-Limon, d'où la ligne s'étend par Flaba, Maisoncelle et Chemery. De durs combats se livrent sur le front de Sivry-bois de la Grande-Montagne.

Vendredi 8 novembre

Une délégation allemande chargée de conclure l'armistice est arrivée sur le territoire français.

Nos troupes poursuivent l'ennemi sur un large front, entre la Sambre et la Meuse. Elles ont réalisé une avance qui chiffre parfois par dix kilomètres et libéré de nombreuses localités, avec leur population civile. L'ennemi a abandonné des canons et des prisonniers.

A l'est de la Sambre, nous atteignons les lisières des forêts de Nouvion et de Regnaval. Nous avons pris Fontaine-les-Vervin et Vervins. Au delà de la Serre, Hary et la Corière; plus à l'est, Montcornet, le Hocquet, Renneval, Doligny, Rozoy-sur-Serre. Au nord de l'Aisne, nous avons dépassé de douze kilomètres Château-Porcien. Rethel est tombée en notre pouvoir, ainsi que Dyonne, à 8 kilomètres au nord.

Les Anglais ont pris Cartignies et Marbaix, traversé la Sambre près de Berlaimont, occupé Aulnoye et son réseau de voies ferrées. Plus au nord, ils ont atteint et franchi la route d'Avesnes à Bavai. De vifs combats sont en cours dans cette région.

Les Canadiens, sur la gauche, ont pris Baisieux et Quiévrechain, à l'est de l'Escaut.

Les Américains ont progressé entre la Bar et la Meuse. Ils ont atteint les abords ouest de Mouzon et ont pris l'importante position de Raucourt.

Samedi 9 novembre

La délégation parlementaire allemande est arrivée au grand quartier général français.

Nos troupes ont continué à progresser. Nous avons franchi et dépassé la route de Vervins-Avesnes, au nord de la Capelle. Au sud de cette localité, nous avons atteint, à l'ouest de la voie ferrée de la Capelle à Hirson la ligne Effry-Origny-en-Thiérache. Plus à l'ouest, nous bordons le Thon.

Sur le front de l'Aisne, nous tenons la ligne générale lisière sud de la forêt de Signy-Wagron-Neil-Saint-Rémy - Mazerny-la Horgue, réalisant une avance de 16 kilomètres au delà de l'Aisne. Nous avons délivré cent villages.

Les Anglais ont pris Angre et ont livré des engagements heureux au sud-ouest de Tournay. Ils sont à l'ouest d'Avesnes et occupent Hautmont. Bavai est entre leurs mains, ainsi qu'Elarges et Hensies. Des centaines de prisonniers, un certain nombre de canons et beaucoup de matériel ont été capturés.

Les Américains ont pris Lisy-sous-Dun, Braudeville, les faubourgs de Sedan, situés sur la rive occidentale. Toute la région entre la Meuse et la Bar est libérée. 250 canons ont été capturés depuis le 1er novembre, ainsi que 2000 mitrailleuses, 5000 fusils, 75 mortiers de tranchées, 3 millions de cartouches.

Toute la flotte allemande de la mer du Nord et de la Baltique est en révolte.

Dimanche 10 novembre

Nos troupes ont continué la poursuite des arrière-gardes ennemies et libéré une large zone de territoire français avec de nombreux habitants.

A notre gauche, nous avons accentué notre progression à l'est de la route de la Capelle et Avesnes, et porté nos lignes aux abords du fort d'Hirson.

Plus à l'est, nous avons atteint, en de nombreux points, la rive sud du Thon, entre Origny et Liart. En dépit de la violente résistance opposée par l'ennemi, nous avons établi des têtes de pont sur la rive nord.

A notre droite, nous bordons la Meuse depuis Mézières jusqu'à la hauteur de Bazeilles. Le chiffre de nos prisonniers dépasse 2000.

Sur le front britannique, vif combat aux environs d'Elaches et de Limont-Fontaine, au sud d'Hautmart. Nos alliés se sont emparés de ces localités et ont fait des prisonniers. Ils ont pris encore Malplaquet, Fayt-le-Franc, Dour et Thulin, et avancent le long du canal Mons-Condé. Ils occupent Condé-Lapacque et Belloy; ils sont entrés dans la partie ouest de Tournay. 18.000 prisonniers ont été capturés par eux depuis le 1er.

La république a été proclamée à Munich, Max de Bade a démissionné.

Lundi 11 novembre

L'armistice a été signé.

Dans la dernière journée, nos troupes, maîtresses de Mézières, avaient passé la Sormonne, enlevé le village de ce nom et atteint la route d'Hirson, à Mézières, au sud de Remwez.

Sur notre droite, nous continuons à franchir la Meuse entre Lunes et Donchery.

Dans sa retraite précipitée, l'ennemi avait abandonné partout un matériel considérable. Nous avons capturé, notamment entre Anor et Momignies, des canons, de nombreux véhicules de toute sorte et des trains entiers de chemins de fer.

Les Anglais, après avoir dépassé Maubeuge, s'approchaient de Mons, malgré la résistance des arrière-gardes ennemies. Leurs détachements avancés poussaient en avant, au sud-est de Mons et arrivaient à la ligne du canal à l'ouest et au nord-ouest de cette ville. Au nord du canal Mons-Condé, ils avaient pris Leuze et touchaient à Ath. Ils avaient progressé de 7 kilomètres à l'est de Renaix.

Les Américains avaient réalisé des gains considérables sur de nombreux points, le long de la ligne, entre Meuse et Moselle. Des troupes de la première armée avaient atteint, en coopération avec les unités françaises, les lisières sud de Stenay et occupé le bois de Chenon, au sud de Baalon. Au delà des pentes orientales des hauteurs de la Meuse, les villages de Gibercy, Abancourt et Grimaucourt avaient été occupés.

En Woêvre, la 2e armée avait pénétré dans les lignes de l'ennemi, qu'elle avait chassé de plusieurs fortes positions. Les villages de Marcheville et de Saint-Hilaire avaient été pris.

Les Belges avaient atteint le front Nederz-Walin-Hermelghem-Boucle-Saint-Denis-Zegemzen.

Les unités américaines à leur gauche avaient franchi l'Escaut à l'est de Heuvel. 15 kilomètres d'avance avaient été réalisés au sud et 7 au centre.

Mardi 12 novembre

Les rois de Wurtemberg et de Bavière se sont enfuis. Guillaume II est arrivé en Hollande.

La république a été proclamée dans un grand nombre d'Etats de la confédération germanique. Ebert, chef du parti socialiste majoritaire, devenu chancelier, a lancé plusieurs proclamations au peuple. Des socialistes indépendants doivent collaborer avec lui.

On annonce que Krupp et sa femme seraient en fuite. Des scènes sanglantes ont eu lieu à Berlin.

Le cabinet Marghiloman a été remplacé en Roumanie par un cabinet Coanda.

Mercredi 13 novembre

La proclamation de l'armistice a provoqué dans toutes les capitales du monde une profonde émotion. M. Lloyd George a fait une déclaration aux Communes. M. Wilson a prononcé un discours au Congrès de Washington pour dire que tous les buts de la guerre étaient atteints, saluer le changement qui s'était produit en Allemagne et ajouter que les Alliés devaient désormais un secours amical aux peuples émancipés.

La révolution continue en Allemagne. La république a été proclamée à Dresde. A Berlin, le gouvernement provisoire, qui s'est formé en attendant la Constituante, comprend trois socialistes majoritaires et trois minoritaires. La plupart des journaux de Berlin ont changé de titre pour prendre des dénominations démocratiques ou révolutionnaires.

Guillaume II a été consigné à la frontière hollandaise, en attendant que le cabinet de la Haye prît une décision sur son cas. Il aurait d'abord songé à se rendre à l'Angleterre.

Hindenburg s'est mis à la disposition du nouveau gouvernement de Berlin.

Les troupes italiennes atteignent le col du Brenne. Du 24 octobre au 4 novembre, elIes ont fait prisonniers 10.658 officiers et 416.116 hommes de troupes.

Jeudi 14 novembre

Le maréral Pétain a adressé un ordre du jour à ses troupes pour célébrer la victoire et leur recommander la dignité de l'attitude pendant l'occupation prévue en Allemagne.

Le gouvernement allemand a prié le gouvernement français d'inviter au calme les populations d'Alsace-Lorraine, qui se montrent hostiles à l'égard des soldats allemands.

Le docteur Solf, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères de Berlin, a pressé les Alliés, par un message au secrétaire d'Etat américain Lansing, de hâter l'ouverture des préliminaires de paix. Il invoque la famine qui pèse sur l'Allemagne.

Guillaume II est arrivé au château d'Amerongen, chez le comte Bentink, en Hollande. Il sera traité comme un officier supérieur interné. Contrairement aux bruits qui avaient couru, le kronprinz n'a pas été assassiné. Lui aussi est arrivé en Hollande. Le grand-duc de Bade a été sommé d'abdiquer.

Charles 1er a renoncé à sa couronne: il se retire en Suisse. L'Autriche allemande devient république. Victor Adler, le chef de la social démocratie d'Autriche, qui était devenu ministre des Affaires étrangères à Vienne, est mort subitement.

M. Wilson, qui avait été sollicité par l'Allemagne de lui venir en aide pour la préserver de la famine, lui a répondu qu'il pourvoirait à son ravitaillement, mais à la condition que les vivres seraient répartis équitablement et que l'ordre serait maintenu.

Un accord est intervenu entre le gouvernenent de la Sibérie occidentale et le directoire russe d'Orefa.

Des mutineries ont éclaté un peu partout dans l'armée allemande cantonnée en Belgique. Il y a eu des soulèvements à Bruxelles, au camp de Beverloo, à Anvers et à Liège. Des scènes sanglantes se sont produites.

Le cabinet de guerre impérial anglais est convoqué. Les premiers ministres des colonies vont venir y siéger, afin d'examiner les problèmes de l'après-guerre et de leur donner des solutions aussi rapidement que possible.

Le recrutement a été arrêté aux Etats-Unis: plus de trois millions et demi d'hommes avaient déjà été appelés sous les drapeaux. M. Hoover, ministre du Ravitaillement américain, a recommandé la plus stricte économie. Il a rappelé que l'Amérique aurait à pourvoir aux besoins, non seulement de sa propre population, mais encore des Alliés et même des Empires centraux, en proie à la disette.

Les présidents du Conseil d'Angleterre et d'Italie sont attendus à Paris, MM. Sonnino et Balfour sont déjà arrivés pour participer aux conférences qui vont avoir lieu à Versailles.

A la pointe se Seddul-Bahr, s'offre la tragique vision des épaves du Bouvet, du River-Clyde et du Cinghalien

Vendredi 15 novembre

Les escadres alliées sont entrées à Constantinople. Les forces françaises comprenaient la deuxième escadre de l'armée navale, commandée par l'amiral Amet, ayant son pavillon à bord du cuirassé Diderot. Les troupes britanniques et indiennes occupant les forts étaient rangées en ordre au passage des bâtiments.

Les troupes serbes ont atteint en Hongrie la région de Weisskirchen.

Les troupes françaises ont pénétré en Valachie en même temps que l'armée roumaine mobilisait. Leur offensive avait duré cinquante-sept jours, au cours desquels l'armée alliée d'Orient avait étendu ses opérations sur un front de 1500 kilomètres, de la mer Noire, à la mer Egée, au Danube et à l'Adriatique.

Cette armée a successivement, malgré les fatigues et les privations de toute sorte, écrasé la Bulgarie, délivré la Macédoine orientale, la Serbie et le Monténégro, isolé la Turquie, participé à la défaite de l'Allemagne et de l'Autriche. Elle a enfin tendu la main à la Roumanie libérée. Les Roumains de Transylvanie se sont partout soulevés contre leurs oppresseurs Magyars.

Le kronprinz allemand est arrivé en Hollande. La kaiserin est à Hombourg.

Les socialistes allemands ont manifesté la volonté de faire comparaître devant une haute cour les hommes qui sont responsables d'avoir prolongé la guerre, et en particulier, l'amiral Tirpitz et le général Keim.

Lord Derby, ambassadeur britannique, a fait une visite à M. Pichon, ministre des Affaires étrangères. Les deux hommes d'Etat ont déclaré que l'alliance franco-anglaise continuerait à s'exercer dans la paix comme durant la guerre.

Une séance violente a eu lieu aux Cortès espagnoles.

Samedi 16 novembre

On annonce de différents côtés que M. Wilson assistera aux délibérations du Congrès de la Paix.

Une instruction est ouverte en France contre les officiers allemands qui se sont rendus coupables d'exactions et d'autres crimes dans la région du Nord.

M.Georges Maringer a été nommé commissaire de la République à Strasbourg; M. Mirman portera le même titre à Metz, et M. Henry Poulet, à Colmar.

La révolution a été violente à Bruxelles parmi les troupes allemandes. Il y aurait une centaine de morts, dont un grand nombre d'officiers. Des groupements révolutionnaires ont été formés à Bruxelles et à Anvers.

Le kronprinz de Bavière Rupprecht aurait demandé asile au marquis de Villalobar, ministre d'Espagne, ainsi que le baron de Lancken, gouverneur civil de la Belgique.

Les élections anglaises ont été fixées au 14 décembre. Le parti ouvrier anglais a invité ses délégués à sortir du cabinet de coalition, mais les huit ministres travaillistes se refusent à quitter leur poste.

Le Parlement belge se réunira à la fin du mois à Bruxelles.

Le nouveau gouvernement allemand a levé l'état de siège et supprimé la censure. Il a proclamé l'amnistie pour tous les délits politiques et ordonné de procéder aux élections : toute personne de vingt ans de l'un ou de l'autre sexe possédant le droit de suffrage. Une partie des biens de la couronne royale de Prusse ont été confisqués.

L'Arménie sera-t-elle occupée par les Alliés? Cette occupation a été demandée par lord Bryce à la Chambre haute de Westminster.

Le gouvernement espagnol a rompu avec les bolchevistes.

" TE DEUM " D'ACTIONS DE GRACES A NOTRE-DAME LE 17 NOVEMBRE

Dimanche 17 novembre

On annonce le rapatriement des internés en Suisse.

Les chemins de fer d'Alsace-Lorraine ont été rattachés à la Compagnie de l'Est.

Les conditions de l'armistice naval ont été réglées en mer du Nord par l'amiral anglais Beatty et l'amiral allemand Hipper.

Le général Pershing a adressé un ordre du jour éloquent à ses troupes.

On signale des désordres et des pillages commis en Belgique par les troupes allemandes. Une division volante allemande, dite de Brême, opère de même aux alentours de Berlin. Plusieurs des pillards ont été fusillés.

Les Alliés sont entrés dans Bucarest.

Le Comte Karolyi est nommé gouverneur de la république hongroise en attendant l'élection définitive du chef de l'Etat.

Une circulaire de M. Clemenceau, ministre de la Guerre, libère définitivement les classes 1887, 88 et 1889.

Le nouveau gouvernement allemand s'est complété en superposant un nouveau personnel au personnel ancien. Une cour martiale a été constituée à Berlin.

Une armée bolcheviste a envahi la Finlande. Les conseils d'Esthonie, de Livonie et de Courlande ont décidé de se doter d'un gouvernement unique; un Etat baltique engloberait ces diverses provinces.

La république Tchéco-slovaque a été proclamée solennellement. M. Dasaryk a été nommé président de la République.

C'est un socialiste galicien, M. Maszenski, qui est devenu Président du Conseil polonais. L'armée polonaise a enlevé Przemysl aux Ukrainiens.

De nouveaux bruits de crise circulent en Espagne. Les parlementaires catalans réclament l'autonomie de la Catalogne.

Lundi 18 novembre

L'entrée du couple royal de Belgique à Bruxelles a dû être différée à raison des désordres que les Allemands ont provoqués dans cette capitale. On prévoit, l'obligation pour les Alliés, de prendre de nouvelles mesures militaires pour faire respecter les clauses de l'armistice. Des rixes ont eu lieu à Liège entre civils belges et soldats allemands.

Des officiers polonais sont arrivés en automobile à Posen et ont réclamé aux autorités prussiennes la remise de la ville.

Les avant-gardes roumaines ayant franchi plusieurs cols des Carpathes, ont occupé un certain nombre de localités en Transylvanie.

L'Allemagne a adressé une nouvelle note aux Etats-Unis pour solliciter leur aide contre la famine. Le chancelier allemand Ebert a déclaré qu'il hâterait de tous ses efforts l'heure de la réunion de l'Assemblée Constituante. Le président du Reichstag Fehrenbach a fait savoir qu'à raison des circonstances, cette assemblée ne serait plus réunie.

Le grand-duc de Bade a renoncé au pouvoir. Une assemblée badoise sera élue le 5 janvier 1919. Le grand duc de Saxe Cobourg, le prince de Waldeck, le prince de Schaumbourg-Lippe, le duc de Saxe-Meiningen ont également publié leur renonciation.

Le chef du parti socialiste suédois, Branting, a pris la parole pour combattre toute violence et recommander les voies légales.

M. Lloyd George a prononcé un grand discours à Westminster pour ouvrir la campagne électorale. Il a montré la gravité des problèmes d'après guerre et préconisé d'importantes réformes sociales. M. Bonar Law, au nom du parti conservateur, a appuyé ses déclarations.

Une fusillade entre soldats a eu lieu à Vienne.

L'Amérique a commencé à démobiliser.

Les Italiens sont entrés dans Fiume.

Mardi 19 novembre

L'armée française a repris sa marche en avant pour occuper les régions envahies par l'ennemi. Franchissant la frontière sur l'ensemble du front, nos troupes ont pénétré en Belgique et dans les provinces annexées. Il n'y a plus un seul ennemi sur le territoire national. Les populations délivrées ont partout accueilli leurs libérateurs avec enthousiasme.

Nous avons dépassé, à gauche, Marienbourg, Couvin, Fumay, franchi la Semoy et atteint Carignan, après avoir occupé Bouillon et Sedan. En Lorraine, nos avant-gardes sont à Gravelotte, dans les forts sud de Metz, ainsi qu'à Morhange et à Dieuze.

En Alsace, nous avons atteint le Donon, chirmeck et Villé. Nous progressons entre Sainte-Marie-aux-Mines et Schlestadt. Plus au sud, nous sommes aux portes de Colmar et d'Ensisheim. En deçà des points atteints, Richecourt, Cirey, Château-Salins, Munster, Cernay, Altkirch sont redevenus français.

Le général Hirschauer, commandant la 2e armée, a fait, en tête de ses troupes, une entrée solennelle à Mulhouse. Nos troupes ont reçu un accueil émouvant.

La 3e armée américaine, sous le commandement du major général Dickman, a commencé la progression en territoire évacué par l'ennemi. Les éléments avancés ont atteint la ligne Ecouviez-Sorbey-Gouraincourt-Mars-la-Tour.

La seconde armée anglaise, commandée par le général Plumer, et la quatrième, sous le général Rawlinson, ont atteint la ligne Cerfontaine-Pry-Biesmes-Piéton-la Louvière-Soignies Enghien-sud de Ninove.

M. Lansing, secrétaire d'Etat amériçain aux Affaires étrangères, partira prochainement pour l'Europe. Il se rendra directement en France. M. Wilson passera par l'Angleterre avant de venir en France.

Il est décidé qu'une division française occupera Budapest. Une armée roumaine serait également en marche vers cette ville.

La Hongrie a définitivement proclamé la république. Un conflit, à propos de la mobilisation des Slovaques, a éclaté entre la Hongrie et l'Etat Tchéco-Slovaque.

Max de Bade, s'expliquant sur sa demande d'armistice, a dit qu'elle lui avait été suggérée et même dictée par les autorités militaires. Les troupes allemandes ont été retirées de Finlande.

Mercredi 20 novembre

Nos troupes ont continué leur marche en avant, accueillies avec un enthousiasme croissant par les populations. L'ennemi a abandonné un énorme matériel : locomotives, wagons, parcs d'automobiles, magasins de toutes sortes. Des milliers de prisonniers français, anglais, russes, italiens rentrent dans nos lignes dans un état de misère indescriptible.

En Belgique, nous dépassons la voie de Beauraing, à Florenville.

Plus à l'est, nous avons atteint la ligne Offagne-Bertaux-Straimont-Jamoigne, au sud de Neufchâteau. En Lorraine, nous occupons Sainte-Marie-aux-Mines, la rive sud de la Nied allemande, Créhange, sur la route de Saint-Avold et nous bordons la haute Sarre, en amont de Fenestrange. Nos troupes ont fait leur entrée solennelle dans Sarrebourg, ainsi qu'à Dieuze et à Morhange.

En Alsace, nous avons franchi le col de Saverne, et installé nos avant-gardes aux postes de Wasselonne et de Neufeld. Plus au sud, nous sommes à proximité du Rhin, depuis le nord de Neuf-Brisach jusqu'à là frontière suisse.

Les 2e et 4e armées anglaises ont poursuivi leur marche et atteint la ligne générale Florennes-Charleroi-Seneffe-Hal.

La 3e armée américaine a traversé la frontière belge et occupé Virton. Elle a atteint Etalle et Saint-Léger. Entre Chiers et Moselle, elle a dépassé Spincourt et le système de voies ferrées entre Longuyon et Conflans. Elle est entrée dans Longwy. Plus au sud, elle a occupé Audun-le-Roman et la ville de Briey.

On annonce que M. Wilson partira des Etats-Unis pour la France après le 12 décembre.

L'armée de Mackensen a été désarmée en Hongrie.

On prétend que Guillaume II aurait réellement abdiqué et, d'autre part, qu'il voudrait rentrer en Allemagne.

Jeudi 21 novembre

Suite de la marche en avant. Les prisonniers libérés continuent à rejoindre nos lignes.

En Belgique, nous avons atteint Bourseigne, Vieille-Reenne.

En Loraine, tandis qu'un détachement poussait sur notre gauche jusqu'à Sarralbe, nos avant-gardes s'établissaient sur le front Kerberg - Hommarting - Saverne - Allenvilliers - Hagen.

L'entrée de nos troupes à Saverne, sous le commandement du général Gerard, s'est effectuée avec un grand enthousiasme. Le maréchal Pétain, commandant en chef des armées françaises, a fait son entrée solennelle dans la ville de Metz, à la tête des troupes de la 10e armée, commandée, en l'absence du général Mangin, victime d'un accident de cheval, par le général Leconte. Toute la population, d'un élan unanime, s'était portée au devant de nos troupes, qu'elle a longuement acclamées. Même accueil émouvant a été réservé à nos soldats dans Colmar.

Les Américains ont atteint la ligne générale : Etalle-Saint-Léger -Longwy - Audun-le-Roman- Briey.

Les Belges ont atteint la ligne Daesrode (est de Termonde), Alost. Une brigade de cavalerie et de carabiniers bicyclistes a été poussée sur Bruxelles et un régiment de cavalerie a été envoyé à Malines. Des dépôts de munitions ont sauté à Bruxelles aux gares du Nord, du Midi et de Schaerbeck, mettant le feu à ces dernières. M. Max, le bourgmestre bruxellois, revenu d'Allemagne, a fait son entrée à l'hôtel de ville.

L'hetman Skoropatski a été renversé en Ukraine.

Les pertes anglaises de la guerre, d'après les déclarations du représentant du War Office se sont élevées à 650.000 morts et 2.032.000 blessés.

Vendredi 22 novembre

Nos troupes, dépassant, sur la gauche, Givet, ont poussé leurs avant-postes sur la ligne Rancennes-Fromelennes-Massoudre. 8000 prisonniers alliés ont été recueillis à Givet, ainsi qu'un important matériel de guerre, batteries d'artillerie, tanks, mitrailleuses.

Plus à l'est, nous avons occupé les villes de Neufchâteau et d'Etable, où notre entrée a provoqué de grandes manifestations de sympathie.

La ligne atteinte par les têtes de colonne est jalonnée par Verlaine, Longlier, Léglese, Habay-la-Vieille. En Lorraine, nous avons poussé des détachements à Saint-Avold, Cocheren, Forbach et Sarrebruck. En Alsace, nos troupes ont atteint Obernai, au sud-ouest de Strasbourg. Sur la rive gauche du Rhin, nous occupons Neuf-Brisach, Huninghe et Saint-Louis.

La 3e armée américaine a franchi la frontière allemande de 1914 et pénétré dans le grand-duché de Luxembourg. Elle a progressé plus avant dans le sud de la Belgique. Elle a traversé Esch et Arlon et atteint la ligne Gondringen, Wollmeringen, Dudelange, Mondercange, Auter Bas-Grendel.

La Chambre française a rendu un solennel hommage à Wilson et aux Alliés.

Le docteur Solf, ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne, a envoyé une longue note aux puissances de l'Entente pour demander des modifications aux clauses de l'armistice. Il proteste en particulier contre la stipulation aux termes de laquelle l'Allemagne doit livrer 150.000 wagons.

On annonce que le président Wilson séjournera en France plus longtemps qu'il n'avait été dit d'abord.

Les combats continuent au sud d'Arkhangel entre les Alliés et les bolchevistes.

Samedi 23 novembre

Nos éléments de cavalerie, en Belgique, ont atteint Bastogne. Plus au sud, nos troupes ont fait leur entrée à Habay-la-Neuve. Dans cette localité, nous avons pris possession d'un parc d'aviation ennemi. Un millier de soldats allemands, qui se trouvaient encore dans le village de Groobom, ont été faits prisonniers avec leur colonel.

En Lorraine, nous avons atteint la ligne Zitterheim, Neuville, Gottesheim, Hochfelden, Stutzheim; Phalsbourg, Petite-Pierre et Marmoutiers ont été également occupées. Ces villes étaient pavoisées, et nos soldats ont reçu un accueil enthousiaste. La marche a continué en Alsace au milieu des mêmes manifestations de sympathie que les jours précédents. Nos troupes ont fait leur entrée solennelle à Neuf-Brisach et à Huningue. A Markolsheim a eu lieu la remise d'un abondant matériel ennemi.

Les troupes britanniques ont continué leur marche vers la frontière allemande. Ce mouvement s'est accompli selon le programme et sans incidents. A la droite, les avant-gardes progressent vers la Meuse, au sud de Namur. A gauche, elle ont atteint la ligne Gembloux-Warne.

Les Belges ont atteint Turnhout et Herenthal.

Les Américains ont atteint la ligne Vichtern, Schuttrange, Rentgen, Kattenhofen. Ils ont traversé la ville de Luxembourg. La population les a accueillis en libérateurs, les couvrant de fleurs et les escortant parmi les rues pavoisées.

La reddition de la grande flotte allemande est un fait accompli.

Les troupes de l'Entente marchent sur Kiew. Skoropatsli s'est rendu.

Le général Denikine a été nommé dictateur avec l'assentiment de l'Entente.

D'après les neutres, l'Allemagne n'est pas affamée. Le débat se poursuit à Berlin au sujet de la Constituante. Le gouvernement prétend que le groupe Spartacus prépare un coup d'Etat. La Bavière prend position contre les commissaires du peuple.

L'entrée triomphale des Anglais à Spa

Les Allemands, de la Commission d'armistice, assistent à l'arrivée de nos alliés dans la ville

Dimanche 24 novembre

Les troupes belges ont fait leur entrée dans Bruxelles libérée. Le roi Albert Ier avait pris le commandement de ses troupes pour rentrer dans sa capitale. Il était accompagné par la reine Elisabeth, par le prince héritier et par un brillant état-major. Les troupes françaises, qui, depuis de longs mois, combattaient sur le front de Belgique avec les Alliés, sont également entrées dans la ville de Bruxelles. A la tête de ces troupes étaient les généraux Degoutte et Davignon.

L'occupation des localités délivrées de la Lorraine et de l'Alsace s'est poursuivie. A Colmar, l'entrée solennelle du général de Castelnau s'est effectuée au milieu des acclamations de toute la population, qui a témoigné d'une manière particulièrement touchante de son attachement à la France.

De la Moselle aux Vosges, la ligne atteinte comprend Thionville, Bouzonville, Volklingen, Sarreguemines, Bitche. En Alsace, nos avant-gardes ont atteint Reipertswiller, Uberach, Dauendorf, Gendertheim, Vendenheim, après avoir fait leur entrée à Ingwiller, Bouxviller et à Brumath, où elles ont reçu le plus émouvant accueil.

Les troupes britanniques ont occupé Namur et dépassé la Meuse au sud de cette ville. La progression continue. Nos alliés ont atteint la ligne de la rivière Ourthe et approchent d'Andenne et d'Ambresin. Plusieurs centaines de canons allemands, un grand nombre de mitrailleuses et de canons de tranchées sont tombés entre leurs mains au cours de l'avance.

Les Américains ont poursuivi leur marche à travers le grand-duché de Luxembourg, atteignant Ingeldorf, Betzdorf, Remieh, Schengen.

L'armée roumaine est mobilisée tout entière sous le commandement français.

Lord Robert Cecil, ministre anglais du blocus, a démissionné.

Lundi 25 novembre

L'occupation complète des territoires libérées de Lorraine et d'Alsace est en voie d'acheminement.

Au cours de la journée, nos troupes se sont installées dans un certain nombre de villes et de villages de la vallée de la Sarre, en particulier à Dillingen, Sarrebruck et Sarrelouis, où le général commandant la 10e armée est entré à la tête de ses troupes.

En Alsace, les régiments français, atteignant par leurs avant-gardes l'ancienne, frontière, ont pris possession de Woerth, Frœschwiller, Reichshoffen, Souetz, et Bischwiller.

La marche des Anglais continue de manière satisfaisante. Les éléments avancés de la 4 e armée ont traversé l'Ourthe, au sud de Bomal, et progressent à l'est de la rivière. Le nombre des canons abandonnés par l'ennemi est de 600.

La 3° armée américaine, poursuivant son avance à travers le Luxembourg, a atteint la frontière allemande de Wallendorf à Schengen.

Les éléments avancés belges se sont portés vers la ligne Lourmel-Bourg, Diest.

Les souverains belges ont fait leur entrée solennelle à Bruxelles. Albert 1er a lu, devant la Chambre, un vibrant discours.

M. Giolitti a été accusé dé trahison devant la Chambre italienne. La commission nommée pour enquêter sur les faits signalés a déclaré qu'elle n'avait été saisie d'aucun document probant.

Le président du Conseil bavarois Kurt Eisner declare que l'Allemagne est responsable de la guerre.

Le général de l'armée suisse Wille, tenu pour germanophile, a donné sa démission.

Mardi 26 novembre

Nos troupes ont poursuivi leur progression en Belgique et, dans le Luxembourg. Wiltz, Novillé et Nadrin ont été occupés. Notre cavalerie a poussé jusqu'à la frontière est du Luxembourg. Partout l'accueil a été enthousiaste.

En Lorraine, d'émouvantes manifestations se sont produites à Wissembourg. Les habitants des villages voisins sont venus y participer. A Reichshoffen, la population a organisé une cérémonie patriotique devant le monument élevé en 1870. Mêmes manifestations enthousiastes à Salmbach, Seltz, et Fort-Louis.

Les troupes britanniques, continuant leur marche vers le Rhin, ont atteint la frontière allemande au nord du duché de Luxembourg. Leur ligne générale passe par la frontière au sud de Belio, par Grand-Mesnil, Bomal et Huy, à l'est d'Avennes.

28 sous-marins allemands nouveaux ont été remis à l'Angleterre.

Le docteur Solf a remis une protestation de plus à l'Entente. Kurt Eisner, président du Conseil bavarois, a publié une partie des documents qu'il a en sa possession et qui prouvent la culpabilité de l'Allemagne dans la provocation de la guerre. Il est parti pour Berlin afin de réclamer l'éviction du pouvoir du docteur Solf et des autres fonctionnaires d'ancien régime. Une nouvelle république indépendante s'est constituée à l'ouest de l'Allemagne.

Mercredi 27 novembre

Le maréchal Pétain, qu'accompagnait le général de Castelnau, a fait son entrée solennelle dans Strasbourg, à la tête des troupes de l'armée Gouraud.

C'est aux acclamations d'une population débordante d'enthousiasme et d'émotion que les régiments français ont défilé dans la grande cité alsacienne, magnifiquement parée aux couleurs nationales.

Dans un long cri de " Vive la France! ", inlassablement répété, tout un peuple a exprimé sa joie de retrouver la patrie perdue et affirmé au monde l'inébranlable attachement de l'Alsace à la France.

Le nouveau gouvernement bavarois, présidé par Kurt Eisner, continue a publier les documents extraits des archives de Munich, qui attestent les responsabilités allemandes aux origines de la guerre. Un accord est intervenu à Berlin entre le gouvernement des commissaires du peuple et le conseil des ouvriers et soldats. La conférence des Etats confédérés a commencé dans la capitale allemande.

Le conseil national d'Agram a nommé le prince héritier de Serbie régent de l'Etat Sud-Slave.

Jeudi 28 novembre

Les armées françaises, achevant de traverser le Luxembourg, ont atteint la frontière allemande à l'est de Weiswampach et de Hemerscheid.

A Redange, une chaleureuse réception a été faite par la municipalité au général commandant la 48e division qui entrait dans la ville. La 8e armée a fait son entrée à Haguenau.

Les révélations continuent outre-Rhin. M. Jaffé, ministre des Finances de Bavière, publie des pièces d'où il résulte que l'Allemagne et l'Autriche ont repoussé une offre de paix américaine à l'automne 1917.

A la conférence des Etats allemands tenue à Berlin, M. Kurt Eisner a demandé que M. Solf, ministre de l'ancien régime transmis au nouveau, quittât le pouvoir. L'assemblée a voté le principe de la Constituante et s'est prononcée pour le maintien de l'unité allemande. La Constituante siégerait à Francfort-sur-Mein, qui fut déjà le siège de l'Assemblée nationale de 1848.

Les Roumains de Transylvanie ont rompu avec le Conseil national de Budapest.

Le docteur Solf a envoyé une nouvelle protestation aux puissances de l'Entente.

La démobilisation est terminée en Autriche.

Vendredi 29 novembre

Le maréchal Foch, accompagné du général de Castelnau, s'est rendu à Strasbourg. Il a passé en revue les troupes d'occupation, puis a traversé la ville à leur tête.

Les troupes anglaises ont continué leur marche en avant sans incident. Leurs détachements avancés ont atteint la ligne Beho-Wervomont-Ayvaille, au sud de Liège.

Georges V a été chaleureusement accueilli à Paris.

M. Ignace, parlant du sort de nos prisonniers devant la Chambre, a déclaré que la France exigerait l'exécution rigoureuse des clauses de l'armistice.

Le docteur Solf, secrétaire d'Etat allemand aux Affaires étrangères, a protesté contre la publication des documents de Munich.

Le docteur Hartmann, représentant de l'Autriche allemande à Berlin, annonce que le gouvernement de Vienne publiera à son tour des pièces diplomatiques.

Les socialistes allemands réclament à nouveau le châtiment des coupables de la guerre. Un mouvement de grève se généralise à Berlin.

M. Wilson s'est rendu à l'ambassade de France à Washington pour fêter la victoire commune.

Les Allemands ont livré 27 nouveaux sous-marins. 114 sont ancrés dés à présent dans le Stoar à Harwich.

Samedi 30 novembre

Des toasts chaleureux et à l'avenir de l'Entente, ont été échangés entre le roi d'Angleterre et le Président de la République. " Nous sommes unis à jamais ", a dit M. Poincaré. " J'offre l'hommage de mon respect à la nation française " , a dit George V.

Le comité exécutif du conseil socialiste de Munich a adressé au conseil socialiste de Berlin un télégramme pour l'engager à renverser le gouvernement Ebert-Haase, qui a maintenu comme ministres Erzberger, Solf, David et Scheidemann. De son côté, Kurt Eisner, président du conseil bavarois, a signifié au gouvernement de Berlin qu'il rompait tous rapports avec les représentants actuels de l'office des Affaires étrangères.

M. Barth, l'un des six commissaires du peuple, a dénoncé un complot contre-révolutionnaire dans le haut commandement allemand. La 6e armée allemande a brûlé le drapeau rouge.

Le nouveau gouvernement de vienne a décidé de faire comparaître en Haute-Cour l'ex-empereur Charles Ier, ses ministres des Affaires étrangères et un certain nombre de ses généraux. On dit que Charles 1er est très déprimé. Les élections à la Constituante autrichienne auront lieu au début de l'an prochain.

Guillaume II va recevoir l'autorisation de voir sa femme, qui viendra au château d'Amerongen.

L'escadre anglaise a pénétré en Baltique.

Les troupes britanniques d'occupation ont atteint la frontière allemande entre Belio et Stavelot. Elles ont capturé 1400 canons depuis le 11 novembre.

On annonce la venue prochaine des souverains belges et des souverains roumains à Paris.

décembre 1918