mars 1915

Lundi ler mars

L'artillerie belge démolit deux ouvrages ennemis près de Dixmude, tandis que l'infanterie belge progresse sur la rive droite de l'Yser; nous arrêtons une attaque près d'Albert.

L'ennemi se venge de ses défaites en lançant 60 obus sur Reims et 200 sur Soissons.

Nos progrès sont importants en Champagne, dans les régions de Perthes et de Beauséjour : ouvrages enlevés, contre-attaques brisées, plus de 2000 mètres de tranchées occupés: plus de 1000 Allemands capturés; combat d'artillerie sur les Hauts-de-Meuse. En Argonne, succès sérieux; nous prenons 300 mètres de tranchées à l'ouest de Boureuilles et notre infanterie s'installe sur le plateuu de Vauquois.

L'offensive russe se déploie victorieusement sur le front de Pologne. Nos alliés ont réoccupé Prasznisch, en infligeant d'énormes pertes aux troupes de Hindenburg.

Mardi 2 mars

Tempête de pluie et de neige sur différents points du front. Les opérations sont par suite ralenties. Nouveaux gains en Champagne, où une contre-attaque est repoussée au nord de Mesnil. Nous enlevons un Blockhaus près de Pont-à-Mousson, brisons une offensive à Sultzeren et maintenons toutes nos positions à Hartmansweilerkopf.

La flotte alliée poursuit ses opérations dans les Dardanelles.

L'armée russe a repris une seconde fois Prasznisch que les Allemands avaient réoccupée. Elle a progressé en Galicie orientale.

Mercredi 3 mars

Une attaque ennemi est repoussée près d'Ypres: plusieurs autres sont refoulées dans le secteur de Reims. Entre Souain et Beauséjour, notre poussée s'accentue. Nous prenons pied au delà de la crête déjà occupée par nous: nous maintenons nos gains à Vauquois et progressons dans les Vosges près de Celles.

Les russes ont pris l'avantage sur deux points importants, aù delà de Prasznisch.

Jeudi 4 mars

Canonnade de la mer à l'Aisne; Les Allemands bombardent Reims avec des obus incendiaires. Nouveaux progrès de nos troupes en Champagne, sur le front Souain-Mesnil-Beauséjour. Sur plus de six kilomètres, nous occupons une ligne de tranchées allemandes d'une épaisseur d'un kilomètre. Un régiment de la garde impériale a subi des pertes énormes, au cours d'une contre-attaque, que nous avons repoussée.

D'autres offensives ont été arrêtées par nos soldats près de Verdun et près de Pont-à-Mousson.

Les Russes, après avoir enfoncé le centre allemand près de Prasznisch et progressé dans la direction de Mlava à proximité de la frontière prussienne, ont également repris l'offensive dans la région de Grodno et sur le Niémen. Offensive d'ailleurs heureuse. En Bukovine, ils bombardent Czernovitz.

Une division navale française, postée dans le golfe de Saros, a bombardé les lignes turques de Boulaïr qui commandent le débouché des Dardanelles vers la mer de Marmara. Les troupes ottomanes ont évacué plusieurs ouvrages importants sous notre feu.

Un grand conseil de la Couronne a été tenu à Athènes. Il a délibéré sur le point de savoir quelle attitude adopterait la Grèce en présence de notre entreprise sur les Dardanelles.

La famine s'accentue en Autriche. Le gouvernement a opéré la saisie des céréales, et cette confiscation n'a pas été sans susciter des troubles dans plusieurs villes.

Vendredi 5 marsLe bulletin français signale des combats de tranchées en Flandre et dans le Nord, - des engagements plus importants et toujours à notre avantage en Champagne et dans l'Argonne (Vauquois). Un officer aviateur français a été bombarder une gare très importante d'Allemagne, près de Donaueschingen.

La flottille des destroyers de Douvres a détruit un sous-marin allemand, le U-8, dont l'équipage a été d'ailleurs sauvé. Le U-8 était parmi les bâtiments-pirates qui torpillaient les navires de commerce en Manche.

Sur le front oriental, les régiments russes atteignent de nouveau la lisière de la Prusse, après avoir forcé les Allemands à un repli sur toutes leurs lignes. Ils ont repris Stanislaw, en Galicie, sur les Autrichiens. Le siège d'Ossowietz, que Hindenburg se flattait de prendre, traîne en longueur.

Les opérations des Dardanelles n'ont été jusqu'ici signalées par aucun accident pour les flottes alliées.

Le gouvernement grec comme s'il était à la veille de l'action, consulte l'état-major général sur les moyens dont il dispose. Le conseil de la Couronne est convoqué une seconde fois.

Deux croiseurs français ont bombardé des postes turcs sur la côte de Syrie.

La presse allemande attaque vivement le ministre de l'Agriculture, auquel elle reproche son imprévoyance. Les pommes de terre, après le blé, commencent à faire défaut.

Sous-marins et torpilleurs français mouillés dans la mer Adriatique

Samedi 6 marsEn Belgique, douze offensives allemandes sont successivement repoussées.

Au nord d'Arras, nous faisons des contre-attaques heureuses, en capturant nombre de soldats ennemis.

Reims est bombardée. En Champagne, dans la région de Perthes, nous prenons une compagnie de la garde, qui était restée encerclée dans nos lignes; nous gagnons encore 600 mètres de tranchées sur 200 en profondeur au nord-est de Mesnil-les-Hurlus. D'une façon générale, les pertes allemandes sont extrêmement élevées.

A Vauquois, en Argonne, nos avantages sont également bien marqués. Au bois Le Prêtre, près de Pont-à-Mousson, nous repoussons une attaque. Dans la région de Celles, à la lisière des Vosges, nous progressons. Enfin, en Alsace, à l'Hartmannsweilerkopf, nous enlevons des tranchées, un fortin et nous emparons de deux mitrailleuses.

Toutes les nouvelles qui arrivent du front impérial confirment les victoires russes en Pologne et en Galicie. Ici les Autrichiens ont subi des pertes colossales.

La Roumanie poursuivant ses préparatifs, le gouvernement a demandé encore 200 millions de crédits supplémentaires pour l'armée.

La Bulgarie opère des mouvements de troupes du côté d'Andrinople.

Un sous-marin allemand a été canonné et atteint de trois obus, en Manche, par un bâtiment de notre flottille légère.

Dimanche 7 marsNos batteries en Belgique, tirent efficacement sur les batteries lourdes allemandes de Westende. Au nord d'Arras, près de Notre-Dame-de-Lorette, nos contre-attaques continuent à progresser : c'est un gros échec pour l'ennemi. Une nouvelle offensive allemande est brisée dans la région de Perthes-Beauséjour. Au nord-ouest de Pont-à-Mousson, à Viéville-en-Haye, nos tirs forcent des groupes ennemis à la fuite. En Alsace, nous refoulons une contre-attaque à Uffholz, faisons sauter un dépôt de munitions à Cernay, et balayons des détachements qui voulaient s'établir sur le Sillakerkopf, entre le Hohneck et Metzeral.

Au bombardement des Dardanelles, qui se poursuit avec avantage, s'adjoint celui de Smyrne, le grand port ottoman de l'Asie Mineure sur la Méditerranée.

Le gouvernement français annonce qu'il a concentré des forces dans l'Afrique du Nord. Il les dirigera sur le point où le besoin de leur présence se ferait sentir.

Les Russes ont fait 18500 prisonniers aux Autrichiens dans la région de Stanislaw, en Galicie orientale, où leur avance est de nouveau continue.

Le président du Conseil de Grèce, M. Venizelos a démissionné, parce que le roi n'approuvait pas sa politique de coopération avec la Triple Entente.

VON HINDENBURG

Lundi 8 mars

Toutes les contre-attaques prononcées par les Allemands à Notre-Dame-de-Lorette, au nord d'Arras, ont été repoussées.

En Champagne, près de Perthes et de Beauséjour, nous avons réalisé de nouveaux gains en faisant des prisonniers.

Dans les Vosges alsaciennes, nous avons enlevé deux sommets près de Munster, repoussé l'ennemi à Stosswihr, progressé près de Sultzeren et l'Hartmannsweilerkopf.

Dans les Dardanelles, le cuirassé Queen Elizabeth, posté dans le golfe de Saros, a bombardé les deux grands ouvrages de la côte d'Asie, qui défendent la passe près de Chanak.

Les Anglais ont obtenu de nouveaux succès sur le Chatt-el-Arab, près de Bassorah.

Le roi de Grèce, sur les indications de M. Venizelos, a chargé M. Zaïmis, ancien haut commissaire en Crète, de former le nouveau cabinet. M. Venizelos a dit que le mal fait au pays était irréparable.

La presse allemande, appréhendant l'entrée en ligne de l'Italie, continue à inciter l'Autriche à céder le Trentin. M. Salandra, président du Conseil italien, a eu une longue conférence avec M. Giolitti.

Cinq classes de sous-officiers de réserve été rappelées en Italie.

ANTONIO SALANDRA

GIOLITTI

Mardi 9 mars

La neige et le vent ont gêné les opérations en Champagne. Néanmoins nous avons repoussé une attaque à l'ouest de Perthes et gagné du terrain au nord et à l'est de cette localité, tout en faisant des prisonniers : 500 mètres de tranchées ont été gagnés. Quelques gains ont été réalisés également au nord-est de Mesnil.

Dans les Hauts-de-Meuse, nous avons detérioré un canon de 42 centimètres que l'ennemi venait de mettre en batterie. Près de Saint-Mihiel, au bois Brûlé nous avons pris pied dans une tranchée. Au bois Le Prêtre, près de Pont-à-Mousson, nous avons arrêté net une offensive allemande. Nous avons progressé au nord de Badonviller en Lorraine, et infligé de lourdes pertes à nos adversaires, en Alsace, au Reichackerkopf et près de Burnhaupt.

Les combats restent très favorables aux Russes en Pologne et en Galicie orientale.

Deux nouveaux forts des Dardanelles ont été réduits par l'escadre franco-anglaise. M. Zaïmis n'a pas réussi à constituer son cabinet à Athènes. Le roi Constantin a alors appelé M. Gounaris, partisan de M. Theotokis, qui est lui-même germanophile. M. Venizelos a déclaré qu'il combattrait le cabinet Gounaris s'il aboutissait à se former.

M. de Bülow avoue son échec à Rome.

La presse allemande insiste pour que l'Autriche cède le Trentin à l'Italie pendant qu'il en est temps encore.

Photographie de Saint-Mihiel, prise en aéroplane militaire, au milieu des éclatements de shrapnells allemands

Mercredi 10 mars

L'ennemi bombarde la région au sud de Dixmude, puis ébauche une contre-attaque qui est repoussée.

Chaude bataille à Notre-Dame-de-Lorette, au nord d'Arras : les positions sont maintenues de part et d'autre.

Succès français en Champagne : entre Souain et Perthes, deux contre-attaques refoulées et progrès pour nous; - progrès aussi à l'est de Perthes: avance de 200 mètres au nord-est de Mesnil-les-Hurlus. Nous enlevons un ouvrage allemand avec un canon-revolver, trois mitrailleuses et faisons des prisonniers.

Dans l'Argonne, entre le Four-de-Paris et Bolante, une attaque nous rend maîtres de la première ligne allemande sur une longueur de 200 mètres. Le Queen Elisabeth, le grand superdreadnought anglais, pénètre dans les Dardanelles, soutenu par quatre cuirassés et y bombarde l'un des grands forts turcs, en face de Chanak.

Le communiqué russe est satisfaisant. Nos alliés repoussent les Allemands dans la région de Suwalki, et prennent une offensive efficace sur le front Mariampol-Simno-Augustowo. Ils arrêtent l'ennemi dans la région de la Pilitza, sur la rive gauche de la Vistule. Dans les Carpathes, tous les retours offensifs des Autrichiens ont été brisés. Un bataillon autrichien tout entier s'est rendu.

La flotte russe de la mer Noire a bombardé Zongouldak et Erégli, sur la côte d'Asie Mineure, à environ 300 kilomètres de l'entrée du Bosphore.

Six aéroplanes britanniques ont exécuté un raid sur Ostende et y ont jeté onze bombes qui ont produit de sérieux dégâts.

M. Gounaris a réussi à former son cabinet, avec M. Zographos, ancien président de l'Epire autonome, au ministère des Affaires étrangères.

Un charbonnier anglais, le Bengrove, a été coulé, par un sous-marin allemand- croît-on- devant la côte de Cornouailles.

Jeudi 11 mars

Les Allemands bombardent Nieuport, en Flandre, avec des canons de 42 centimètres. Entre la Lys et le canal de La Bassée, l'armée anglaise, appuyée par notre artillerie lourde, a remporté un sérieux succés. Elle a pris le village de Neuve-Chapelle et progressé au nord-est et au sud-est de cette localité, en capturant un millier d'hommes et en infligeant de grosses pertes à l'ennemi.

En Champagne, toutes les contre-attaques allemandes ont été repoussées : nous avons consolidé nos positions. Les pertes ennemies, ici aussi, sont très sensibles.

En Argonne, nous démolissons un blockhaus et enlevons des tranchées. Un combat se livre entre le Four-de-Paris et Bolante. Sur les Hauts-de-Meuse, nous avons bouleversé des tranchées ennemies.

Un huitième sous-marin allemand a été coulé.

Une entrevue, qui provoque beaucoup de commentaires, a eu lien à Rome, entre MM. Salandra et de Bülow.

La déclatation du nouveau cabinet grec est trop vague pour qu'on puisse en inférer une conclusion quelconque.

Vendredi 12 mars

Le brouillard a ralenti les opérations sur divers points du front.

En Belgique, une escadrille anglaise a bombardé Westende avec succés; nous repoussons deux attaques dans la région d Ypres et les anglais refoulent deux retours offensifs près de Neuve-Chapelle. Nous réalisons de nouveaux progrès en Champagne, près de Perthes. Dans les Vosges, les ennemis subissent un échec au Reichackerkopf.

Un long rapport de l'état-major français, ripostant a une note mensongère de l'état-major allemand, précise la situation en Champagne. Nous avons eu affaire à cinq corps d'armée ennemis et nous avons conquis, sur un front de 7 kilomètres, une étendue de 2 à 3 kilomètres en profondeur. 10.000 cadavres allemands ont été trouvés sur le terrain.

Von Hindenburg recommence une offensive sur Varsovie par la rive droite de la Vistule où il a concentré des troupes ramenées de la rive gauche. Mais toutes les précautions sont prises par les Russes.

Le ministre des Finances d'Allemagne, M. Helfferich, fait au Reichstag un tableau enchanteur de la situation economique de l'empire, mais ce tableau ne correspond en rien à la réalité.

La Chambre des communes anglaise a autorisé le gouvernement à réquisitionner les manufactures et usines pour la production intense du matériel de guerre.

Le croiseur auxiliaire allemand Eitel-Frédéric a été interné dans les eaux américaines. Le gouvemement de Washington est irrité des faits et gestes du capitaine qui a dynamité un bâtiment commerçant de l'Union. Il a ouvert une enquéte.

Samedi 13 mars

En Belgique, deux divisions belges ont progressé au sud-est de Nieuport, et nous avons enlevé un fortin à l'est de Lombaertzyde. A trois kilomètres à l'est d'Armentières les troupes anglaises ont occupé le hameau de l'Epinette. Elles ont, par ailleurs, poursuivi leur succès dans le secteur de Neuve-Chapelle, pris des lignes allemandes, capturé 400 hommes. En Champagne, nous avons accentué nos progrès au nord de Perthes et vers Tahure; progrès pour nous également sur les Hauts-de-Meuse et au Reichackerkopf en Haute-Alsace.

Les généraux Maunoury et de Villaret, l'un commandant d'armée, l'autre commandant de corps, qui inspectaient une tranchée de première ligne à 3o mètres de l'ennemi, ont été frappés d'une balle.

Aux Dardanelles, la flotte franco-anglaise a bombardé à la fois l'entrée des Dardanelles et les ouvrages de Boulaïr. Les dragueurs de mines ont opéré avec succès.

Le prince de Bülow a commencé ses négociations officielles au sujet des compensations territoriales à donner à l'Italie. Mais jusqu'à présent le cabinet de Rome s'est borné à lui demander de faire une offre positive. Un ministre, M. Martini, a déclaré que M.Salandra ne jouerait pas de musique allemande.

Le communiqué russe signale de violents engagements sur la rive droite de la Vistule, dans les régions de Symno et de Praznisch, et de nouveaux échecs autrichiens dans Carpathes.

Guillaume II a mis d'office à la retraite trois généraux : von Grabow, von Glasenapp et von Deohm, qu'il rend responsables de l'échec en Pologne.

Dimanche 14 mars

L'armée belge a consolidé ses positions dans la boucle de l'Yser.

Les troupes britanniques ont poursuivi leur progression dans la région de Neuve-Chapelle, en enlevant plusieurs tranchées ennemies. Elles ont capturé encore un millier d'hommes et plusieurs mitrailleuses. Les troupes françaises les ont effiacement appuyées. Nos progrès en Champagne nous ont valu également de faire un certain nombre de prisonniers. Deux attaques ennemies ont ébé brisées, l'une au bois Le Prêtre, l'autre au Reichackerkopf.

Les Russes, refoulant les Autrichiens dans les Carpathes, leur ont fait 4000 prisonniers.

Les Allemands ont coulé un croiseur auxiliaire anglais, un vapeur suédois et deux paquebots français.

Le comte Witte, ancien ministre des Finances et ancien président du Conseil des ministres de Russie, a succombé à une attaque d'influenza.

Le bombardement de Smyrne a repris.

M. Athos Romanos, ministre de Grèce, s'est rendu chez M. Delcassé pout lui affirmer que la politique de son pays demeurait immuable.

Le rapport remis au président Wilson, au sujet de l'incident de l'Eitel-Frédéric, conclut que ce bâtiment allemand a commis un acte inamical vis-à-vis de l'Union en coulant un bateau américain.

Lundi 15 mars

Une escadrille anglaise a bombardé efficacement Westende en Flandre.

Les résultats des succès obtenus par les Anglais à Neuve-Chapelle sont plus considérables qu'on ne l'avait cru d'abord. Le nombre des prisonniers s'est encore accru. En Champagne, nous nous sommes fortement installés sur les lignes des crêtes enlevées à l'ennemi. En Argonne, nons avons pris 300 mètres de tranchées entre le Four-de-Paris et Bolante et repoussé deux contre-attaques. Une autre attaque a été refoulée aux Eparges, sur les Hauts-de-Meuse; une autre encore, au nord de Badonviller, en Lorraine.

La nouvelle tentative ébauchée par von Hindenburg dans la région de Prasznisch, en Pologne, n'a pas réussi.

Les forts de Gallipoli, dans les Dardanelles, ont été presque détruits par les obus du grand superdreadnought anglais, le Queen Elisabeth. Le bombardement de Smyrne est toujours très intense et le gouverneur de la ville a donné l'ordre de départ à tous les non-combattants.

On a acquis la conviction à Rome que l'Allemagne prêchait la révolte en Tripolitaine et vendait des fusils français aux Libyens. Cet acte de duplicité et de trahison irrite vivement les journaux de la Péninsule.

L'Eitel-Frédéric est réparé dans le port de Virginie où il est entré. Mais on ignore à quel moment et comment il en pourra sortir.

De nouvelles polémiques se sont ouvertes entre les journaux allemands au sujet des conditions de la paix.

Hydravion français remorqué dans le canal de Suez par une chaloupe du "Minerva"

Mardi 16 mars

Dans la région de Lombaertzyde, nous bombardons les ouvrages ennemis et nous infligeons des pertes aux allemands qni tentaient de reprendre un fortin. Au sud d'Ypres, l'armée anglaise qui s'était repliée au deçà de Saint-Eloi a réoccupé cette localité. Au nord d'Arras, nous avons enlevé trois lignes de tranchées à Notre-Dame-de-Lorette et fait une centaine de prisonniers. De même plus au sud, vers Ecurie-Roclincourt, nous avons pris l'avantage en faisant sauter plusieurs tranchées.

Dans la région d'Albert, une contre-attaque allemande a finalement échoué. Nous avons décimé deux compagnies ennemies dans la vallée de l'Aisne, près de Nouvron. En Champagne, nous réalisons de nouveaux progrès près de Souain et de Perthes. En Argonne, après avoir livré deux offensives, nous démolissons un blockhaus, près de Bagatelle; entre le Four-de-Paris et Bolante, deux attaques ennemies sont arrêtées. Nous progressons à Vauquois. Du côté de Pont-à-Mousson, nous gardons également la supériorité.

Le croiseur allemand Dresden a été détruit près de Juan-Fernandez, au large du Chili, par une division britannique.

La France et l'Angleterre ont publié leurs décrets réglementant le blocus naval.

L'armée russe a progressé sur tout le front de Pologne, et l'artillerie d'Ossowietz a démoli plusieurs des pièces allemandes de siège. Les troupes russes ont également gagné du terrain dans les Carpathes et en Galicie orientale. Le Parlement italien, à la quasi-unanimité, a adopté les mesures proposées par M.Salandra contre l'espionnage et contre les indiscrétions de presse.

Mercredi 17 mars

L'armée britannique a repris toute les tranchées de Saint-Eloi. Nous avons repoussé une fois de plus l'ennemi à Notre-Dame-de-Lorette, en lui faisant des prisonniers. Progrès en Champagne, au delà de Souain et de Beauséjour. Attaques ennemies brisées dans l'Argonne.

L'état-major allemand reconnaît son échec de Neuve-Chapelle.

Une manifestation interventionniste très caractérisée a eu lieu à Milan.

Le Japon envoie des troupes en Chine. Les Célestes qui avaient refusé à leur voisin certaines concessions d'ordre économigue et qui avaient réclamé de lui la restitution immédiate de Kiao-Tchéou, se montrent fort inquiets. Yuan Chi Kai a manifesté le désir de faire appel à l'Angleterre.

Le major Mohradt, le critique militaire du Berliner Tageblatt et le plus influent d'Allemagne, avoue, pour la première fois, qu'il doute de la victoire.

Jeudi 18 mars

Nouveaux progrès de l'armée belge sur l'Yser. Toutes les attaques allemandes sur Notre-Dame-de-Lorette ont à nouveau échoué. Violents combats à Carnoy, près d'Albert. En Champagne, brillants succès pour nos troupes. Un régiment allemand, encadré par la garde, est presque totalement anéanti : nous occupons une grande croupe d'où nous avons vue sur le versant Nord, dont l'importance stratégique est considérable. En Argonne et au bois Le Prêtre toutes les offensives ennemies sont brisées.

Les journaux suisses montrent l'importance des avantages que nous avons acquis récemnent en Haute-Alsace, où les Allemands ont laissé des centaines de morts.

L'échec de Hindenburg paraît désormais complet en Pologne - et Przemysl s'achemine inévitablement vers la capitulation.

Le bruit court de nouveau que Guillaume II est gravement malade.

Les négociations italo-allemandes n'ont encore abouti à aucune conclusion. M.de Bülow aurait dit que l'Autriche serait prête à céder le Trentin, mais seulement après la fin de la guerre, et M. Salandra réclame des satisfactions plus amples et plus immédiates.

Deux vapeurs anglais, le Fingal et l'Atlanta, ont été torpillés par des sous-marins allemands, l'un dans la mer du Nord et l'autre en mer d'Irlande.

Vendredi 19 mars

Progression de l'armée belge sur l'Yser. Action d'artillerie de la Lys à l'Oise, l'ennemi bombardant spécialement Notre-Dame-de-Lorette, Carnoy et Maricourt. En Champagne, gains sensibles pour nous au nord-est de Mesnil et dans la direction de Beauséjour, après un refoulement d'une offensive allemande. Nous enlevons deux tranchées et des prisonniers à Consenvoye, près de Verdun. Duel d'artillerie en Lorraine. Un de nos aviateurs bombarde Conflans. Gain de tetrain à l'Hartmannswillerkopf, en Alsace, où les pertes allemandes sont très considérables.

Un zeppelin a jeté des bombes sur la gare de Calais, tuant sept employés.

Les journaux officieux italiens déclarent que le cabinet de Rome ne laissera pas traîner ses négociations avec l'Allemagne. Il se confirme qne François-Joseph ferait de grosses difficultés pour céder le Trentin.

L'armée russe progresse sur les deux rives de l'Orgice, en Pologne, d'où elle espère bientôt chasser les envahisseurs. En Galicie, tous les efforts des Autrichiens sont brisés.

Le vapeur anglais Leeuwarden a été coulé à quelque distance de la côte hollandaise, par un sous-marin allemand. Mais deux autres ont pu s'échapper.

Samedi 20 mars

A Notre-Dame-de-Lorette, nous avons consolidé nos positions en prenant les boyaux de communication des tranchées conquises par nous. Notre progression dans l'Argonne, entre Bolante et le Four-de-Paris, a été d'environ 150 mètres. Une attaqne ennemie a été repoussée près de Mesnil; une autre, à Consenvoye, sur la Meuse; trois autres aux Eparges (côtes de Meuse) où nous avons pris le saillant est de l'ancienne position allemande.

Les Russes, après avoir repoussé les armées allemandes, ont pénétré à nouveau sur le territoire prussien du côté de Memel. Hindenburg est forcé de lever le siège d'Ossowietz.

Toute l'escadre franco-anglaise est entrée en ligne dans les Dardanelles, dont elle a bombardé avec succès les principaux forts, jusqu'à celui du Chanak. Des résultats ont été obtenus, mais les alliés ont éprouvé des pertes pénibles. Le Bouvet a été coulé à la suite de l'explosion d'une mine; le Gaulois a été mis hors de combat momentanément. Deux cuirassés anglais ont sauté sur des mines.

Les opérations vont continuer : le Henri-IV, qui se trouvait sur la côte de Syrie, a reçu l'ordre de venir remplacer le Bouvet.

Trois navires anglais ont été torpillés sur le littoral britannique par des sous-marins allemands. Par ailleurs, le blocus naval franco-anglais, réglementé par les derniers décrets, a commencé à s'exercer.

Les Officiers du Bouvet

Le Bouvet

Dimanche 21 mars

A la Boisselle, près d'Albert, les Allemands ont tenté une attaque de nuit qui a été repoussée avec de grosses pertes pour eux. Ils ont été également repoussés en Champagne, à l'ouest de Perthes, où l'un de leurs rassemblements a beaucoup souffert du feu de notre artillerie. Aux Eparges, nous avons vivement progressé, après avoir refoulé deux contre-attaques. Quantités de morts ennemis ont été trouvés sur le terrain. Au bois Bouchot, au sud des Eparges, nous avons arrêté une offensive. Au bois Mortmare, en Woëvre, nous avons détruit un blockhaus. Progrés de nos troupes au bois Le Prêtre, près de Pont-à-Mousson.

Deux zeppelins ont survolé Paris et jeté quelques bombes.

Le conseil des amiraux qui s'est tenu à bord du Suffren, dans les Dardanelles, a décidé de procéder à une nouvelle attaque générale dans les Détroits. Les deux cuirassés anglais détruits ont été remplacés.

L'offensive prise par les Russes du côté de Memel inquiète vivement les Allemands.

La Bulgarie, qui serait à la veille d'agir, a concentré des troupes du côté de Xanthi, dans la partie de la Thrace qui lui appartient.

De nouvelles émeutes causées par le manque de farine ont éclaté à Vienne.

Toutes les informations continuent à montrer que l'Autriche, résistant aux objurgations allemandes, refuse de faire des concessions territoriales à l'Italie. Elle allègue que toutes les nationalités résidant sur son sol se SUFFREN croiraient alors fondées, elles aussi, à revendiqner leur rattachement à des Etats voisins.

Lundi 22 mars

L'ennemi a jeté vingt-sept obus sur la cathédrale de Soissons, qui a gravement souffert.

Nous progressons en Champagne. Fusillade en Argonne. Violentes contre-attaques allemandes repoussées aux Eparges. Dans les Vosges, où nous avons perdu le Grand et le Petit Reichackerkopf, nons reconquérons la seconde de ces montagnes et contre-attaquons pour reprendre la première.

Memel n'a été occupée par les Russes qu'après un très violent combat, et au cours duquel la population civile a pris les armes. Les Allemands ont été contraints d'évacuer toute une série de localités sur la rive gauche du Niémen. Une division hongroise a été décimée dans les Carpathes. La garnison de Przemysl, ayant tenté une sortie, a été refoulée avec d'énormes pertes. 4000 prisonniers ont été faits par nos alliés.

Séance orageuse an Reichstag. Deux socialistes, MM. Ledebour et Liebknecht, s'élèvent contre la barbarie déployée par les généraux allemands en Pologne russe, mais ils sont désavoués par l'orateur officiel de leur parti, M. Scheidemann.

L'attaché militaire italien a quitté brusquement Vienne. L'Autriche redouble de précautions sur la côte de l'Adriatique.

De nouveaux désordres ont éclaté à Vienne où les boulangeries ont été prises d'assaut par une foule affamée.

SOISSONS

La nef vue du maître-hôtel

Les vitraux d'une chapelle latérale brisés par un obus

un des gros piliers du transept s'est complètement écroulé

Mardi 23 mars

Nous avons repris toutes les tranchées de Notre-Dame-de-Lorette. A la Boisselle, la guerre de mines nous a valu un avantage. Reims a reçu cinquante obus. Dans l'Argonne, nous avons enlevé d'assaut une tranchée et repoussé plusieurs attaques en infligeant de grosses pertes à l'ennemi. Aux Eparges, l'ennemi a contre-attaqué cinq fois, mais son échec a été complet. Nous réalisons des progrès au nord-de Badonviller.

On signale un certain nombre d'exploits de nos aviateurs qui ont jeté des bombes sur des casernes et des gares occupées par les Allemands, spécialement à Conflans-Jarny et à Fribourg-en-Brisgau.

La grande forteresse de Przemysl qui commande les routes de Cracovie et de la Hongrie, a capitulé entre les mains des Russes. Elle était assiégée depuis sept mois. L'enthousiasme est très accentué à Petrograd.

Des zeppelins se sont approchés de Paris, mais ont dû rebrousser chemin.

D'après les dépêches de source anglaise, les dommages causés aux forts turcs par la flotte alliée dans les Dardanelles ont été très considérables. L'amiral britanniqne de Robeck a rendu hommage au rôle joué par l'escadre française.

Mercredi 24 mars

Notre artillerie détruit plusieurs points d'appui en Belgique, près de Nieuport.

Au nord d'Arras, près de Carency, nous avons enlevé une tranchée allemande et fait des prisonniers. A Soissons, notre artillerie a arrêté une tentative de bombardement. En Champagne, l'ennemi a bombardé Reims, faisant trois victimes dans la population civile. Il a également canonné nos positions dans région de Perthes-Beauséjour. A Vauquois, il a aspergé une de nos tranchées d'un liquide enflammé. Nos troupes ont, ici, reculé d'une quinzaine de mètres. Nons avons refoulé deux attaques aux Eparges et progressé à l'Hartmannswillerkop.

D'après certaines informations, le nombre des prisonniers faits par les Russes dans Przemysl dépasserait même 100.000. La garnison de la place avait été de 170.000 hommes. On annonce qne l'armée russe, forte de 750.000 soldats, va faire une violente offensive dans les Carpathes. Le découragement s'est encore accru en Autriche.

Les journaux conservateurs allemands demandent qne Liebknecht et Ledebour soient poursuivis pour haute trahison.

Un grand changement se prépare en Bulgarie. Le cabinet Radoslavof céderait la place à un cabinet de concentration présidé par M. Malinof et le nouveau gouvernement enverrait l'armée prendre la Thrace et Andrinople.

Le fameux général pangermaniste von Bernhardi essaie de convaincre les Américains de la loyauté et du pacifisme allemand.

Jeudi 25 marsUne division de l'armée belge a progressé sur la rive droite de l'Yser; une autre a enlevé une tranchée allemande sur la rive gauche. Au nord d'Arras, les Allemands ont subi deux nouveaux échecs à Notre-Dame-de-Lorette; ils en ont subi un autre à Beauséjour, dans l'Argonne.

A l'Hartmannsweilerkopf en Haute-Alsace, nos gains se sont encore accentués.

Les captures faites par les Russes à Przemysl sont d'exactement 2602 officiers et 117000 hommes. Des depêches ont été échangées entre M. Poincaré, le tsar et le grand-duc Nicolas. Le détachement russe qui avait fait un raid sur Memel s'est replié, mais nos alliés ont eu un avantage marqué dans la région du Niémen.

Les avions anglais ont fait un raid important à Hoboken, près d'Anvers. Il s'agissait de détruire des sous-marins allemands en construction. L'opération semble, au moins partiellement, avoir réussi. Des aviateurs français ont, de leur côté, survolé la région d'Ostende.

Les Turcs ont subi un grave échec près de Suez.

Guillaume II a fait déménager sa galerie artistique du château du Hohkoenigsburg, en Alsace.

Des désordres ont éclaté à Prague, en Bohême, où la population se plaint du manque pain.

Jeudi 25 mars

Une division de l'armée belge a progressé sur la rive droite de l'Yser; une autre a enlevé une tranchée allemande sur la rive gauche. Au nord d'Arras, les Allemands ont subi deux nouveaux échecs à Notre-Dame-de-Lorette; ils en ont subi un autre à Beauséjour, dans l'Argonne.

A l'Hartmannsweilerkopf en Haute-Alsace, nos gains se sont encore accentués.

Les captures faites par les Russes à Przemysl sont d'exactement 2602 officiers et 117000 hommes. Des depêches ont été échangées entre M. Poincaré, le tsar et le grand-duc Nicolas. Le détachement russe qui avait fait un raid sur Memel s'est replié, mais nos alliés ont eu un avantage marqué dans la région du Niémen.

Les avions anglais ont fait un raid important à Hoboken, près d'Anvers. Il s'agissait de détruire des sous-marins allemands en construction. L'opération semble, au moins partiellement, avoir réussi. Des aviateurs français ont, de leur côté, survolé la région d'Ostende.

Les Turcs ont subi un grave échec près de Suez.

Guillaume II a fait déménager sa galerie artistique du château du Hohkoenigsburg, en Alsace.

Des désordres ont éclaté à Prague, en Bohême, où la population se plaint du manque pain.

Vendredi 26 mars

Echec d'une nouvelle tentative allemande à Notre-Dame-de-Lorette. En Champagne, vive action d'artillerie : trois attaques allemandes repoussées près de Perthes, une contre-attaque brisée à Fontaine-Madame en Argonne. Trois autres arrêtées aux Eparges.

Il résulte des informations recueillies que les nouvelles formations créées par nos ennemis sont essentiellement hétérogènes et manquent de solidité.

Un sous-marin allemand, l' U-29 a été coulé, paraît-il, et tout son équipage aurait péri.

Les Russes progressent méthodiquement sur la rive droite de la Narew, à la frontière de la Pologne et de la Prusse orientale. De violients combats corps à corps ont eu lieu. A la gauche de la Vistule, sur la Pilitza, nos alliés constatent également des avantages. Dans les Carpathes, ils ont avancé vers la passe d'Oujok, en faisant 4.000 prisonniers et en capturant également un certain nombre de mitrailleuses.

L'inquiétude s'accroît à Vienne; elle grandit aussi en Allemagne, comme l'attestent les lettres trouvées sur les soldats.

Un complot a été découvert aux Etats-Unis. Il tendait a permettre aux navires allemands de s'échapper des ports américains où ils sont internés. On a acquis du reste là-bas la conviction que les agents teutons ont organisé un vaste réseau d espionnage et qu'ils trouvent moyen d'être avisés par avance de toutes les décisions du gouvernement.

L'amirauté de Berlin prétend que le croiseur Dresden ne s'est pas rendu, mais qu'il a lutté jusqu'au bout.

Samedi 27 marsCombat d'artillerie en Belgique, dans la région de Nieuport; plus au sud, dans la région de Saint-Georges, nous avons enlevé une ferme. En Champagne, simple bombardement entre Meuse et Moselle, mais nous avons facilement repoussé des attaques : deux au bois de Consenvoye et au bois des Caures (près de Verdunj; trois aux Eparges; deux au bois Le Prêtre. Près de Badonviller, nous avons solidement organisé les positions occupées par nous. En Alsace, au Reichackerkopf, les Allemands ont, de nouveau, aspergé nos tranchées de liquide enflammé, mais sans obtenir de résultat.

Six de nos aviateurs ont bombardé les hangars des zeppelins, à Frescaty, et la gare Metz. Ils ont déterminé une panique, puis sont rentrés à bon port. D'autres aviateurs français ont bombardé les hangars à l'est de Strasbourg.

Les Russes ont remporté un très sérieux succès dans les Carpathes, au col de Lupkov, et enlevé une partie de la crête des Beskides aux Autrichiens. Ceux-ci ont reculé, en abandonant, au cours de la seule journée du 24, près de 6.000 prisonniers.

Un incident assez sérieux s'est élevé entre l'Allemagne et la Hollande. Celle-ci a déjà fait des représentations au sujet du vapeur Zevenbergen, qui fut attaqué le 21 par un avion. Or, le vapeur Medca, dont la nationalité néerlandaise était clairement afirmée, a été canonné trois quarts d'heure durant et coulé.

Von der Goltz et Liman von Sanders, les deux dictateurs allemands de la Turquie, ont quitté Constantinople. La situation des Allemands, dans cette ville, devient de plus en plus critique, et un fort parti s'y est créé en faveur de la paix.

Poteau frontière allemand en Alsace occupée

Dimanche 28 mars

Nouveau bombardement d'Arras avec des obus de tout calibre. Un commencement d'incendie a été rapidement éteint. Nos pionniers progressent à la Boisselle. En Argonne, jets de bombes de part et d'autre. En Alsace, nos gains sont caractérisés. Nous avons atteint le sommet de l'Hartmannsweilerkopf, après une action de plusieurs jours, puis occupé une partie des flancs que nous ne tenions pas encore, en faisant des prisonniers. Les pertes ennemies sont considérables. Nous avons abattu un avion allemand qui survolait la région de Manonvillers et capturé le pilote et l'observateur.

Les Russes ont poursuivi leurs avantages dans les Carpathes et fait à nouveau 1700 prisonniers. Ils ont refoulé toutes les attaques dirigées contre eux sur le versant hongrois. D'autre part, tout un corps d'armée allemand, décimé et exténué, a dû abandonner ses positions dans la région du Niémen.

L'Allemagne a prescrit une enquête sur les incidents de la guerre navale qui avaient irrité la Hollande. Celle-ci a formulé toutefois une nouvelle demande d'explications.

Les amiraux ont tenu un grand conseil au Dardanelles où le bombardement a recommencé. On est à la veille, croit-on, de l'action décisive.

L'armée serbe réorganisée et reposée, est prête à reprendre l'offensive.

Navires au mouillage a Lavalette dans l'île de Malte, base navale des flottes Alliées

Lundi 29 mars

Les aviateurs belges ont bombardé le camp d'aviation de Ghistelles. Sur les Hauts-de-Meuse, à Marchéville, nous avons conquis des tranchées, puis en avons reperdu une petite partie. Nouveaux progrès pour nous aux Eparges : 150 mètres de tranchées pris. A l'Hartmannsweilerkopf, en Alsace, nous consolidons nos positions et faisons plusieurs centaines de prisonniers.

Les Russes signalent une avance sensible de leur part dans les Carpathes, au sud-ouest du col de Doukla. Près de Baligrod, ils ont enlevé une hauteur fortifiée; ils ont repoussé, au col d'Uszok, des forces ennemies importantes et capturé 2.500 Autrichiens. En Galicie orientale, ils ont eu l'avantage dans la région du Dniester. On s'attend à une grande bataille en Bukovine.

Un régiment hongrois s'est mutiné et a été presque complètement détruit au cours d'un combat avec d'autres troupes.

Le vapeur anglais Vosges a été coulé par un sous-marin allemand sur la côte de Cornouailles. Par contre, un autre steamer anglais, le Tycho, a pu échapper aux pirates.

Le gouvernement grec, dans un communiqué officiel, expose qu'il n'a en rien renoncé aux aspirations nationales hellènes.

Un grand congrès interventionniste, où Trente, Trieste et Zara ont été acclamées, a eu lieu à Rome. De vigoureux appels aux armes contre l'Autriche y ont été proférés.

Mardi 30 mars

Près d'Ypres, nous avons fait sauter un poste d'écoute allemand. L'ennemi a canonné Nieuport-Ville et Nieuport-Bains sans résultats sérieux. Action d'artillerie autour de Beauséjour, en Champagne. En Argonne, lancement de bombes. Aux Eparges, lutte de tranchées sans solution précise.

La flotte russe a commencé le bombardement du Bosphore. Cette action, combinée avec celle que la flotte franco-anglaise reprend aux Dardanelles, a suscité un très vif enthousiasme à Petrograd.

Von Klück a été légèrement blessé par un shrapnell pendant qu'il inspectait une position avancée.

Le gouvernement américain a donné ordre de couler le croiseur auxiliaire allemand Eitel-Friedrich s'il sortait du port de Norfolk sans une autorisation préalable.

Les Allemands ont torpillé de nouveaux steamers anglais. Il y a plus de cent morts à bord du Falaba. Nos ennemis ont déployé ici une sauvagerie extraordinaire.

Deux navires de commerce anglais, le Brussels et le Lizzie prétendent avoir coulé des sous-marins allemands.

Des taubes ont survolé Nancy et Cassel, dans le Nord.

Mercredi 31 mars

L'ennemi continue à bombarder sans résultat les ponts de Nieuport. Canonnade intermittente sur le front de l'Aisne. Action d'artillerie et lutte de mines en Champagne, dans la région de Perthes, Beauséjour-Ville-sur-Tourbe. Combats tenaces sur quelques points de l'Argonne.

Le fort de Douaumont, au nord de Verdun, reçoit quelques obus, mais ne subit aucun dommage et nous réduisons tout de suite la batterie allemande au silence. Nous enlevons une ligne de tranchées au bois Le Prêtre en faisant une centaine de prisonniers : une violente contre-attaque ennemie est repoussée, à l'ouest de Pont-à-Mousson, entre Saint-Pierre et Régniéville; une offensive est également refoulée. On a trouvé 700 cadavres allemands sur l'Hartmannsweilerkopf.

Les Russes ont brisé un nouveau mouvement de von Eichborn, dans la région à l'ouest du Niémen : un bataillon allemand a été anéanti sur la glace. Autour d'Ossowietz, le feu a presque totalement cessé. Dans les Carpathes, nos alliés ont encore capturé 600 Autrichiens. On annonce que les Allemands envoient des troupes de ce côté, pour coopérer à la défense de Cracovie. L'angoisse s'accroît à Vienne, où des mesures de police extrêmement rigoureuses ont été publiées.

La flotte franco-anglaise a pénétré de nouveau dans les Dardanelles et bombardé le fort de Yenicheir (côte asiatique), où les Turcs s'étaient concentrés.

M. de Bülow, d'après certains télégrammes, quitterait Rome. On ne sait s'il rentre à Berlin pour avouer son échec ou pour y recevoir de nouvelles instructions.

Un hangar de zeppelins a été détruit à Berchem par des aviateurs.