la bataille d'Arras

9 avril...3 mai 1917

Le repli allemand avait nécessité certaines modifications dans la répartition des forces britanniques et, partant, dans les objectifs assignés aux différentes armées.

Aux 1re et IIIe armées était dévolue maintenant la mission d'attaquer à cheval sur la Scarpe et de s'emparer des mouvements de terrain de Vimy et de Monchy-le-Preux, tandis que les Ve et IVe armées exerceraient la pression frontale plus au sud, contre la ligne Hindenbourg (ou Siegfried), si l'on veut préciser.

La tâche de ces armées était toujours d'attirer le plus possible de forces ennemies avant le déclenchement de l'offensive française.

Dès le milieu de mars, les Anglais avaient commencé la destruction systématique des réseaux et des communications de l'ennemi, accompagnant leurs bombardements de plusieurs émissions de gaz, et le tir de préparation directe avait précédé leurs attaques de quelques jours seulement.

L'offensive se déclencha par temps pluvieux, le 9 avril à 5 h. 30, sous le couvert d'un barrage très dense d'artillerie et avec l'aide de nombreux tanks (chars d'assaut) dont étaient pourvus chacun des corps d'armée.

Dès le soir, l'avance réalisée formait, entre Souchez et Croisilles, une poche allongée de 2 kilomètres de profondeur en moyenne, sauf au centre, à l'est d'Arras, où elle atteignait près de 6 kilomètres.

Au nord de la Scarpe, la presque totalité des objectifs étaient atteints, la crête de Vimy notamment; il restait au sud à enlever les collines de Monchy-le-Preux.

La progression continua les jours suivants, plus lente parce que fortement gênée par les chutes de neige et les rafales de vent et de pluie. Monchy-le-Preux fut pris le 11 avril. Le lendemain, l'aile droite de la IIIe armée enlevait Heninel et Wancourt, d'où elle opérait sa jonction, au sud du ruisseau de Cojeul, avec la Ve armée qui attaquait sur Bullecourt.

Dès le 13 avril, 1'ennemi cessait ses contre-attaques au nord de la Scarpe, et esquissait un mouvement de repli. Les forces britanniques en profitaient pour occuper Bailleul, Willerval, Vimy, Givenchy et Liévin, poussant leur front jusqu'aux carrières du Mont-Forêt et à la corne nord-est du bois de l'Hirondelle.

Au sud de la Scarpe, les combats continuaient acharnés et les Anglais s'emparaient de la Tour de Wancourt et s'avançaient, le 14, sur la Sensée jusqu'aux abords de Fontaine-lez-Croisilles.

Dans le même temps, les Ve et IVe armées avaient heureusement exécuté les opérations secondaires dont elles étaient chargées et qui consistaient a exercer une pression frontale sur la ligne Hindenbourg.

Ces armées avaient réussi a s'emparer d'un certain nombre de villages fortifiés formant les avancées de la ligne et à progresser dans les directions de Cambrai et de Saint-Quentin. L'ennemi n'avait riposté que sous la forme d'une violente contre-attaque entre Hermies et Noreuil, contre-attaque qui, après un succès passager, avait été repoussée avec pertes.

Au cours de ces six journées de combat, les armées britanniques avaient fait plus de 13.000 prisonniers et capturé 200 pièces de canon.

Nous voici arrivés au 14 avril: la première phase de la bataille d'Arras est terminée, parce que l'attaque française va se déclencher dans deux jours et qu'une nouvelle préparation est nécessaire pour reprendre la lutte d'ensemble. Cependant, pour ne pas trop morceler notre exposé, nous résumerons ici, avant de quitter ce théâtre, les opérations exécutées par nos alliés du 23 avril au 3 mai 1916, en vue de faciliter l'offensive française sur l'Aisne de la fin du mois d'avril.

L'attaque devait d'abord précéder cette offensive: elle avait été prévue pour le 21 avril, mais les vents et la brume l'avaient fait retarder jusqu'au 23.

Ce jour-là, la préparation étant terminée, les troupes britanniques se jettent sur les positions allemandes entre Croisilles et Gavrelle (front de 14 kilomètres) et à l'ouest de Lens. Les villages de Guémappe et de Gavrelle sont emportés d'assaut et conservés malgré de nombreuses contre-attaques; il en est de même de toute la crête qui, au sud de Cojeul, domine Fontaine-lez-Croisilles et Cherisy.

Au nord, on réalise, entre Liévin et Loos, une rectification de front représentant une avance maxima de trois kilomètres.

Une accalmie relative se produit après ces combats de vingt-quatre heures; puis la lutte reprend, violente le 28 avril, sur un front de treize kilomètres au nord de Monchy-le-Preux et aboutit à la prise d'Arleux-en-Gohelle.

Cinq jours après, 3 mai, les IIIe et 1ere armées britanniques attaquent encore de Fontaine-les-Croisilles à Fresnoy, tandis que la Ve armée cherche à entamer la ligne Hindenbourg aux environs de Bullecourt (front total de 26 kilomètres). Mais les gains faits dans la matinée sont perdus à la suite de contre-attaques d'une extrême violence. Le village de Bullecourt ne peut être abordé que le 7 mai et définitivement pris que le 17.

Cependant les armées britanniques possèdent maintenant la crête de Vimy, dont l'occupation par l'ennemi constituait une constante menace pour leurs lignes. Le but principal des opérations de la région d"Arras étant ainsi atteint, le maréchal Douglas Haig va transporter son activité plus au nord, vers Messines d'abord où le front forme un rentrant dangereux et où la possession de la crête Messines-Wytschaete donne à l'ennemi des vues fort gênantes sur le saillant d'Ypres. Les opérations, de détail continueront cependant dans la région d'Arras, afin de fixer sur ce secteur les forces allemandes qui s'y trouvent.

Pour augmenter les ressources des Anglais, leur droite a été en partie relevée et la gauche française étendue jusqu'à l'Omignon (6 kil. sud de Péronne) le 20 mai 1916.