Examen régional session de rattrapage de Fès 2014

Examen régional : Académie de Fès (session de rattrapage juillet 2014)

Au moment où six heures et demie sonnaient, non c'était l'avant-quart, la porte de mon cachot s'est rouverte. Un vieillard est entré. C'était un prêtre (1). […] Il s'est assis en face de moi avec un sourire bienveillant ; puis a secoué la tête et levé les yeux au ciel, c'est-à-dire à la voûte du cachot(2). Je l'ai compris.

- Mon fils, m'a-t-il dit, êtes-vous préparé?

Je lui ai répondu d'une voix faible :

- Je ne suis pas préparé, mais je suis prêt.

Cependant ma vue s'est troublée, une sueur glacée est sortie à la fois de tous mes membres, j'ai senti mes tempes se gonfler, et j'avais les oreilles pleines de bourdonnements. Pendant que je vacillais(3) sur ma chaise comme endormi, le bon vieillard parlait. C'est du moins ce qu'il m'a semblé, et je crois me souvenir que j'ai vu ses lèvres remuer, ses mains s'agiter, ses yeux reluire.

La porte s'est rouverte une seconde fois. Le bruit des verrous (4) nous a arrachés, moi à ma stupeur(5), lui à son discours. Une espèce de monsieur en habit noir, accompagné du directeur de la prison, s'est présenté, et m'a salué profondément. Cet homme avait sur le visage quelque chose de la tristesse officielle des employés des pompes funèbres (6). Il tenait un rouleau de papier à la main.

- Monsieur, m'a-t-il dit avec un sourire de courtoisie(7), je suis huissier (8) près de la cour royale de Paris. J'ai l'honneur de vous apporter un message de la part de monsieur le procureur général.

La première secousse était passée. Toute ma présence d'esprit m'était revenue.

- C'est monsieur le procureur général, lui ai-je répondu, qui a demandé si instamment ma tête? Bien de l'honneur pour moi qu'il m'écrive. J'espère que ma mort va lui faire grand plaisir? car il me serait dur de penser qu'il l'a sollicitée avec tant d'ardeur et qu'elle lui était indifférente.

J'ai dit tout cela, et j'ai repris d'une voix ferme :

- Lisez, monsieur!

Il s'est mis à me lire un long texte. […] C'était le rejet de mon pourvoi (9).

Explication des mots et expressions difficiles :

1- Prêtre : religieux catholique. 2- Voûte du cachot : plafond de la cellule. 3- Vaciller : bouger en penchant d’un côté puis de l’autre en risquant de tomber. 4- Verrou : un moyen pour fermer une porte. 5- Stupeur : étonnement extrême. 6-Pompes funèbres : entreprise qui s’occupe des enterrements. 7- Courtoisie : politesse. 8- Huissier : celui qui transmet le message du tribunal. 9- Pourvoi : demande de révision d’un jugement auprès d’une juridiction supérieure.

I. ÉTUDE DE TEXTE : (10 pts)

A. CONTEXTUALISATION DU TEXTE :

1. Complétez le tableau suivant après l’avoir reproduit sur votre copie : (0,25 x 4)

Titre de l’œuvre dont on a extrait ce passage : a) ...............................

Nom de l’auteur : b) ..............................

Siècle : c) .................................................

Genre littéraire : d) ................................

2. D'après votre lecture de l’œuvre :

a. Le narrateur est-il l’auteur du roman, un personnage fictif (imaginaire) ou bien un condamné à mort qui a réellement existé ? (0,5)

b. Dans l’épisode raconté dans le texte, le narrateur se trouvait-il à Bicêtre, à la Conciergerie ou à l’Hôtel de Ville ? (0,5)

B. ANALYSE DU TEXTE :

3. a- La question du prêtre a-t-elle provoqué chez le narrateur un sentiment de satisfaction, de peur ou de confiance ? (0,5)

b- Relevez une phrase décrivant la manifestation physique de ce sentiment. (0,5)

4. Le narrateur était-il attentif à tout ce qu’avait dit le prêtre ? Justifiez votre réponse en relevant une comparaison dans le texte. (0,5 x 2)

5. Face à l’huissier, le narrateur était-il plus attentif ou moins attentif que face au prêtre ? (0,5)

Relevez dans la dernière partie du texte la phrase qui le montre. (0,5)

6. a- Dites si la proposition suivante est vraie ou fausse : « Le prêtre et l’huissier se sont adressés au narrateur d’une manière brutale et impolie. » (0,5)

b- Justifiez votre réponse en relevant deux expressions : l’une décrivant l’attitude du prêtre et l’autre celle de l’huissier. (0,5)

7. La tonalité du passage souligné dans le texte est-elle : lyrique, pathétique ou bien ironique ? (1)

8. a- Dans quel niveau de langue le narrateur s’adressait-il à l’huissier ? (0,5)

b- D'après ce niveau de langue, peut-on affirmer que le narrateur savait à peine lire et écrire, qu’il était analphabète ou bien qu’il était très cultivé ? (0,5)

C. RÉACTION PERSONNELLE FACE AU TEXTE :

9. À votre avis, la présence du prêtre était-elle nécessaire pour calmer (soulager, rassurer) le narrateur ? (0,5)

Justifiez votre opinion au moyen d’un seul argument. (0,5)

10. Selon vous, les juges avaient-ils raison de rejeter le pourvoi du narrateur ? (0,5)

Dites brièvement pourquoi. (0,5)

II. PRODUCTION ÉCRITE : (10pts)

Sujet :

Malgré les efforts fournis pour que les citoyens vivent en sécurité, on constate que le nombre des crimes ne cesse d’augmenter. Certains sont convaincus que cela est dû à l’amélioration des conditions de vie des prisonniers et au respect de leurs droits humains.

Partagez-vous cette opinion ? Développez votre point de vue à travers une réflexion argumentée.

fesrattrapage2014.pdf