Correction examen régional de Fès 2013

TEXTE :

ANTIGONE

Lâchez-moi. Vous me faites mal au bras avec votre main.

CRÉON, qui serre plus fort.

Non. Moi, je suis le plus fort comme cela, j’en profite aussi.

ANTIGONE, pousse un petit cri.

Aïe!

CRÉON, dont les yeux rient.

C’est peut-être ce que je devrais faire après tout, tout simplement, te tordre le poignet, te tirer les cheveux comme on fait aux filles dans les jeux. (Il la regarde encore. Il redevient grave. Il lui dit tout près.) Je suis ton oncle, c’est entendu, mais nous ne sommes pas tendres les uns pour les autres, dans la famille. Cela ne te semble pas drôle, tout de même, ce roi bafoué qui t’écoute, ce vieil homme (…) qui est là, à se donner toute cette peine pour essayer de t’empêcher de mourir ?

ANTIGONE, après un temps.

Vous serrez trop, maintenant. Cela ne me fait même plus mal. Je n’ai plus de bras.

CRÉON, la regarde et la lâche avec un petit sourire. Il murmure.

Dieu sait pourtant si j’ai autre chose à faire aujourd'hui, mais je vais tout de même perdre le temps qu’il faudra et te sauver, petite peste. (Il la fait asseoir sur une chaise au milieu de la pièce. Il enlève sa veste, il s’avance vers elle, lourd, puissant, en bras de chemise.) Au lendemain d’une révolution ratée, il y a du pain sur la planche. Mais les affaires urgentes attendront. Je ne veux pas te laisser mourir dans une histoire de politique. Tu vaux mieux que cela. (…) Tu crois que cela ne me dégoûte pas autant que toi, cette viande qui pourrit au soleil ? Le soir, quand le vent vient de la mer, on la sent déjà du palais. Cela me soulève le cœur. Pourtant, je ne vais même pas fermer ma fenêtre. C’est ignoble, et je peux même le dire à toi, c’est bête, monstrueusement bête, mais il faut que tout Thèbes sente cela pendant quelque temps.

Tu penses bien que je l’aurais fait enterrer, ton frère, ne fût-ce que pour l’hygiène! Mais pour que les brutes que je gouverne comprennent, il faut que cela pue le cadavre de Polynice dans toute la ville, pendant un mois.

ANTIGONE

Vous êtes odieux!

I. ÉTUDE DE TEXTE : (10 points)

A. CONTEXTUALISATION DU TEXTE :

1) Complétez le tableau suivant après l’avoir reproduit sur votre copie : (0,25 x 4)

Le titre de l’œuvre dont on a extrait ce texte : Antigone

Le nom de l’auteur : Jean Anouilh

Le genre littéraire : Tragédie moderne

Le siècle : 20ème siècle

2) a- Quel lien de parenté unit Antigone à Créon ? (0,5)

Antigone est la nièce de Créon / Créon est l’oncle d’Antigone.

b- Précisez l’acte commis par Antigone et qui a provoqué la colère de Créon. (0,5)

Antigone a tenté d’enterrer le cadavre de son frère Polynice malgré l’interdiction du roi Créon.

B. ANALYSE DU TEXTE :

3) a- Pourquoi Antigone demande-t-elle à Créon de la lâcher ?(0,5)

Car Créon serre très fort le bras d’Antigone et il lui fait mal.

b- Face à cette réaction d’Antigone, Créon a-t-il éprouvé un sentiment de regret, de supériorité ou de sympathie ? (0,5)

Créon a éprouvé un sentiment de supériorité.

4) Créon veut-il punir Antigone ou au contraire lui sauver la vie ?(0,5)

Créon veut sauver la vie d’Antigone.

Justifiez votre réponse en relevant une expression dans sa 2ème réplique. (0,5)

« … ce vieil homme (…) qui est là, à se donner toute cette peine pour essayer de t’empêcher de mourir ? »

5) Dites si la proposition suivante est vraie ou fausse : « Créon est convaincu d’être toujours un chef d’Etat respecté. »

La proposition est fausse.

Justifiez votre réponse en relevant une expression dans sa 2ème réplique. (1)

« … ce roi bafoué qui t’écoute ».

6) « Il y a du pain sur la planche ». Cette phrase, appartenant au niveau de langue familier, veut dire que :

a- Créon a beaucoup de travail devant lui ;

b- Créon a assez de pain pour son peuple ;

c- Créon prépare du pain sur une planche. (0,5)

a- Créon a beaucoup de travail devant lui.

7) a- En parlant du corps sans vie dans sa dernière tirade, Créon a-t-il employé une tonalité laudative (valorisante) ou péjorative (dévalorisante) ? (0,5)

Une tonalité péjorative.

b- Relevez une phrase qui justifie votre réponse. (0,5)

« Tu crois que cela ne me dégoûte pas autant que toi, cette viande qui pourrit au soleil ? »

8) Dans la liste ci-dessous, relevez deux sentiments que révèle la dernière réplique d’Antigone vis-à-vis de Créon :

Le mépris - La peur - La jalousie - La colère - La satisfaction - L’admiration. (0,5 x 2)

Le mépris et la colère.

C. RÉACTION PERSONNELLE FACE AU TEXTE :

9) Doit-on utiliser la violence pour convaincre quelqu'un ? Justifiez brièvement votre point de vue. (1)

Non, on ne doit pas utiliser la violence pour convaincre quelqu'un car cette méthode ne donnera aucun résultat. On doit, au contraire, présenter des arguments qui amèneront l’interlocuteur à adhérer au point de vue ou, du moins, l’inciter à réfléchir.

10) Selon vous, faut-il favoriser ses proches (leur accorder un avantage) lorsqu'on occupe un poste de responsabilité ? Dites brièvement pourquoi. (0,5 x 2)

Selon moi, il ne faut pas favoriser ses proches car c’est un acte hors la loi. De plus, la responsabilité exige l’honnêteté, la compétence et la bonne gouvernance.

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