Antigone de Jean Anouilh illustrations, notes et images

Des notes et des illustrations pour mieux comprendre la pièce ainsi que la légende d'Oedipe et d'Antigone. Les images sont empruntées uniquement dans un but didactique.

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Jean Anouilh

Activités : Dramaturge et scénariste

Naissance : Le 23 juin 1910 à Bordeaux en France

Décès : Le 3 octobre 1987 à Lausanne en Suisse

Genre : Théâtre

Distinctions : Prix Dominique de la mise en scène (1959), Prix du Brigadier (1971), Grand prix du théâtre (1980)

Sa première pièce, l'Hermine (1932), lui offre un succès d'estime, et il faut attendre 1937 pour qu'il connaisse son premier grand succès avec le Voyageur sans bagages. L'année suivante le succès de sa pièce la Sauvage confirme sa notoriété et met fin à ses difficultés matérielles.

Jean Anouilh 1910-1987

Antigone

Auteur : Jean Anouilh

Genre : Théâtre : une tragédie moderne

Pays d'origine : France

Date d’écriture : 1942

Date de parution : 1946

Éditeur : Éditions de la Table ronde

Nombre de pages : 125

Date de la 1ère représentation : 4 février 1944

Metteur en scène : André Barsacq

Lieu de la 1ère représentation : Théâtre de l'Atelier

Antigone

Antigone

Les auteurs dramatiques au début du XXe siècle ont choisi de se replonger dans les mythes antiques, en saisissant toute leur actualité. C’est le cas de Jean Anouilh avec Antigone.

Antigone est une tragédie grecque de Sophocle dont la date de création précise n'est pas certaine mais se situe probablement en 442 av. J.-C. Elle appartient au cycle des pièces thébaines, décrivant le sort tragique d'Œdipe (roi de Thèbes) et de ses descendants.

Sophocle

La légende d’Œdipe

  • Œdipe, fils de Jocaste et de Laïos descendant des Labdacides, naît à Thèbes. Son père, le roi de la ville, l'abandonne à sa naissance au sommet d'une colline, craignant la prédiction de l'oracle. Celui-ci avait prédit qu'Oedipe tuerait son père et épouserait sa mère. L'enfant, les chevilles percées et attachées par une corde à un arbre provoque la pitié d'un berger qui le recueille et le confie à Polybe, le roi de Corinthe, qui ne peut avoir d'enfants. La reine Péribée lui donne le nom d'Oedipe qui, en grec, signifie « pieds enflés ».
  • Œdipe grandit à Corinthe jusqu'au jour où, poussé par la curiosité, il suit la route de Delphes pour consulter l'oracle d'Apollon. Ce dernier ne lui révèle aucun secret sur ses origines et lui annonce qu'il tuera son père et épousera sa mère. Croyant que Polybe et Péribée sont ses véritables parents, il tente de fuir son destin. Sur son chemin, son cheval se fait tuer par le cocher de Laïos et réagit en tuant le maître. Seul un serviteur réussit à se sauver.
  • En arrivant à Thèbes, Œdipe rencontre le Sphinx, une créature ailée avec un corps de lion et un buste de femme qui terrifie la ville. Il parvient à résoudre l’énigme posée par le Sphinx : « Qui le matin marche à quatre pattes, le midi à deux pattes et le soir à trois pattes ? »
  • Le Sphinx, vaincu, se jette du haut d'un précipice. Grâce à ses exploits, Œdipe est proclamé roi de la ville par Créon le frère de Jocaste qui occupait le poste de régent après la mort de Laïos. Œdipe épouse la reine et ils donnent naissance à quatre enfants : Antigone, Ismène, Étéocle et Polynice.
  • Une épidémie, due selon l'oracle à la présence en ville du meurtrier de Laïos, s'abat sur la ville de Thèbes. Œdipe part à la recherche du coupable mais Jocaste apprend du serviteur qui avait pu s'enfuir que son mari est l'assassin. Jocaste, terrifiée à l'idée d'avoir épousé son fils, s'étrangle avec son écharpe. Quant à Œdipe, il se crève les yeux et fuit Thèbes pour trouver asile à Athènes avec sa fille Antigone.

Carte de la Grèce antique

Thèbes

Thèbes est une ville grecque de Béotie. Elle fut dans l'antiquité l'une des principales cités de Grèce, et était liée à de très nombreux mythes antiques.

Ce fut la cité sur laquelle a régné Laïos, Œdipe et Créon.

La cité de Thèbes

L'Oracle

  • Les oracles grecs constituent un aspect fondamental de la religion grecque. L'oracle est la réponse donnée par un dieu à une question personnelle, concernant généralement le futur.
  • Le terme d'oracle désigne aussi le dieu consulté, l'intermédiaire humain qui transmet la réponse ou encore le lieu sacré où la réponse est donnée.
  • Le dieu consulté : Apollon
  • L'intermédiaire humain qui transmet la réponse : La Pythie, Tirésias, …
  • Le lieu sacré où la réponse est donnée : Delphes

Apollon

Apollon est le dieu grec du chant, de la musique et de la poésie. Il est également dieu des purifications et de la guérison, mais peut apporter la peste avec son arc ; enfin, c'est un des principaux dieux capables de divination, consulté, entre autres, à Delphes, où il rendait ses oracles par la Pythie.

Apollon

La Pythie

Dans la religion grecque antique, la Pythie est la prêtresse de l'oracle de Delphes. Elle rendait ses oracles une fois par an, assise sur un trépied au-dessus du gouffre d'où s'échappaient les exhalaisons prophétiques. La Pythie était choisie avec soin par les prêtres de Delphes qui eux-mêmes étaient préposés à l'interprétation ou à la rédaction de ses oracles.

La Pythie

Tirésias

Dans la mythologie grecque, Tirésias est un devin aveugle de Thèbes.

Un jour, une épidémie de peste ravagea Thèbes. Œdipe, innocemment, envoya son oncle Créon à Delphes, et l'oracle de Delphes proclama que le meurtre de Laïos devait être puni et que la maladie ravagera la cité tant que son meurtre ne sera pas vengé.

Œdipe promit de tuer son meurtrier, et consulta le devin Tirésias pour connaître le nom du coupable.

Tirésias le devin aveugle

Delphes

Au pied du mont Parnasse en Phocide, Delphes est le site d'un sanctuaire où parlait l'oracle d'Apollon à travers sa prophétesse, la Pythie.

Le sanctuaire de Delphes, en effet, est « oraculaire » : la parole du dieu y est transmise aux hommes par l'intermédiaire de la Pythie, dont la tradition antique fait une jeune vierge inculte, installée sur un trépied placé dans une fosse oraculaire.

Le temple de Delphes

Corinthe

Corinthe était l'une des plus importantes cités de la Grèce antique, située dans les terres au pied de son acropole, l'Acrocorinthe. Elle abritait autrefois un célèbre temple d'Aphrodite

Un berger recueille le fils de Laïos et le confie à Polybe, le roi de Corinthe, qui ne pouvait pas avoir d'enfants. Sa femme la reine Péribée lui donne le nom d'Oedipe qui, en grec, signifie « pieds enflés ».

La cité de Corinthe

Le Sphinx

Thèbes était sous la coupe d'un monstre sanguinaire appelé le Sphinx : un monstre à buste de femme et corps de lion avec des ailes. La créature bloquait les routes menant à la ville, tuant et dévorant les voyageurs qui ne pouvaient résoudre sa fameuse énigme.

La rencontre d’Œdipe avec le Sphinx

Le Sphinx bloquait les routes menant à la ville de Thèbes, tuant et dévorant les voyageurs qui ne pouvaient résoudre l'énigme fameuse qu'elle leur proposait : « Quel est l'animal qui le matin marche sur quatre pieds, à midi sur deux et le soir sur trois ? ». Œdipe répondit sans hésiter que c'était l'homme, qui au matin de sa vie rampait à quatre pattes, marchait sur ses deux jambes à l'âge adulte et s'aidait d'une canne pour soutenir sa vieillesse. Le Sphinx, vexé, se suicida.

Œdipe se crevant les yeux après la découverte de la vérité

La vérité est dévoilée : Œdipe a tué son père et épousé sa mère. Jocaste se suicida de désespoir, et lorsqu'Œdipe se rendit compte qu'elle était morte et que leurs enfants, Etéocle, Polynice, Antigone et Ismène, étaient maudits, il se creva les yeux, avec les broches de la reine, et renonça au trône.

Antigone de Jean Anouilh : Résumé

  • Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste est – à ce titre – le nouveau roi a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.
  • Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, ne veut pas l'accompagner car elle a peur de Créon et de la mort.
  • Antigone est prise sur le fait par les gardes du roi. Créon est obligé d'appliquer la sentence de mort à Antigone. Après un long débat avec son oncle sur le but de l'existence, celle-ci est condamnée à être enterrée vivante. Mais au moment où le tombeau va être scellé, Créon apprend que son fils, Hémon, fiancé d'Antigone, s'est laissé enfermer auprès de celle qu'il aime. Lorsque l'on rouvre le tombeau, Antigone s'est pendue avec sa ceinture et Hémon, crachant au visage de son père, s'ouvre le ventre avec son épée. Désespérée par la disparition du fils qu'elle adorait, Eurydice, la femme de Créon, se tranche la gorge.

Le prologue

  • Définition : La partie avant la pièce proprement dite où un acteur s’adresse directement au public pour annoncer quelques thèmes majeurs ainsi que le début du jeu en donnant les précisions nécessaires à leur bonne compréhension.
  • Statut : Le Prologue est un personnage extérieur à l’intrigue, hors liste. Le Prologue prend la parole, mais il n’est pas personnage de l’intrigue.
  • Rôle : Le prologue présente les personnages dans un long monologue. Il est omniscient puisqu’il sait tout d’avance, voit tout, rappelle ce qui s’est passé auparavant et commente le destin tragique des personnages.
  • Forme de paroles : un monologue.
  • Tonalité : Tragique.
  • Comportement : Le prologue s’adresse directement au public, en utilisant le vocabulaire du jeu théâtral : « jouer, rideau levé, rôle ». Cela permet de comprendre les personnages, leur statut, leurs pensées. Il casse les conventions théâtrales et crée ainsi une étrangeté, une distance, un artifice.

Antigone

Antigone : fille d'Œdipe, sœur d'Étéocle, Polynice et Ismène, cette jeune fille est l'héroïne de l'histoire qui porte d'ailleurs son nom.

Antigone est la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans sa famille.

Antigone est décrite comme « pas assez coquette » par son entourage. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir une volonté de fer et de se dresser seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi.

Barbara-Schulz comédienne

Ismène

Ismène est la fille d'Œdipe et de Jocaste. Elle est la sœur d'Étéocle, de Polynice, et d'Antigone.

Ismène est bien plus belle qu’Antigone : La blonde, la belle, l’heureuse Ismène. Elle est sensuelle, elle a le goût de la danse et des jeux, le goût du bonheur et de la réussite.

Hémon

Hémon : fils de Créon et d'Eurydice, fiancé d'Antigone à laquelle il est très fidèle, fidélité qui le conduira au suicide lorsque cette dernière meurt sur les ordres de Créon. Ce fait le poussera également à mépriser son père, qu'il admirait beaucoup auparavant.

Tout portait Hémon vers Ismène mais un soir de bal il est allé trouver Antigone qui rêvait dans un coin et il lui a demandé d’être sa femme. Personne n’a jamais compris pourquoi.

Créon

Après la mort d'Étéocle et Polynice, Créon le frère de Jocaste devient roi. Il fait donner l'ordre d'ensevelir Etéocle, qui a défendu la cité, mais interdit à quiconque de faire la même chose pour Polynice.

Créon est un homme robuste, aux cheveux blancs. Il a des rides, il est fatigué.

Créon est un souverain âgé, réfléchi et courageux. Il nous est décrit comme étant seul se consacrant ainsi entièrement à son règne dont il assume les sacrifices nécessaires comme la punition de Polynice ou l'exécution d'Antigone.

Eurydice

Eurydice : la femme de Créon qui passe ses journées à tricoter. À la fin de la pièce, elle se tranche la gorge en apprenant la mort de son fils Hémon

Eurydice : une vieille dame, bonne, digne et aimante. Elle n’est d’aucun secours pour son mari le roi Créon.

Le page

Le page est un jeune garçon, généralement d'origine noble, attaché au service d'un roi, d'un seigneur pour effectuer le service d'honneur et apprendre certaines fonctions civiles et militaires.

Créon est seul. Seul avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non plus pour lui.

La nourrice

La nourrice a élevé les deux petites Ismène et Antigone après la mort de leur mère Jocaste. « Je l’ai eue toute gamine ; j’ai promis à sa pauvre mère que j’en ferais une honnête fille. »

Antigone appelle sa nourrice « nounou »

Le messager

Le messager : Personne chargée de transmettre un message.

« Ce garçon pâle, là-bas, au fond, qui rêve adossé au mur, solitaire, c’est le Messager. C’est lui qui viendra annoncer la mort d’Hémon tout à l’heure. C’est pour cela qu’il n’a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà... »

Les gardes

Les gardes : trois hommes rougeauds. Ce ne sont pas de mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits ennuis comme tout le monde. Ils sentent l’ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et toujours satisfaits d’eux-mêmes, de la justice. Ce sont les auxiliaires de la justice de Créon.

Le Chœur

  • Dans les pièces de théâtre de la Grèce antique, le Chœur, personnage collectif et anonyme, présente le contexte et résume les situations pour aider le public à suivre les évènements, fait des commentaires sur les thèmes principaux de la pièce et montre comment un public idéal est supposé réagir à la représentation. Il représente souvent la population dans la pièce.
  • Chez Anouilh, le Chœur n’est plus un groupe, c’est un seul personnage.
  • Chez Anouilh, le Chœur a un rôle didactique, il intervient pour nous donner une définition de la tragédie dans son opposition au drame.
  • Chez Anouilh, le Chœur parle au nom de l’auteur : au lieu de commenter l’action qui se joue sur la scène, il commente le travail de l’auteur, il explique les ficelles du métier. Son langage, familier souligne la différence, non pas avec les autres personnages, mais avec la tradition antique.
  • C’est le Chœur qui va annoncer à Créon la mort de sa femme Eurydice.

La première tentative d’Antigone

Antigone est convaincue que la loi divine, qui réclamait que tout homme ait une sépulture pour pouvoir jouir de la vie éternelle, devait l'emporter sur les lois des hommes.

Antigone brava le décret de Créon et tenta d’enterrer son frère la première fois à l’aube.

La seconde tentative d’Antigone

Antigone arrêtée par les trois gardes pendant sa deuxième tentative (à midi) pour enterrer le cadavre de son frère Polynice.

La mort d’Antigone

Arrêtée, Antigone tint tête au roi, qui voulait pourtant la sauver. Mais elle revendiqua son acte et réclama la sanction encourue : la peine de mort. Créon la condamna à être enfermée vivante dans le tombeau des Labdacides. Elle se pendit dans sa tombe et son fiancé, Hémon, fils de Créon, se suicida.

Antigone : éléments à retenir

  • Genre : Tragédie moderne.
  • Nom de l’auteur : Jean Anouilh
  • Date d’écriture : 1942, le XXe siècle
  • Personnages : Antigone, Ismène : les princesses. Créon, roi de Thèbes.
  • Époque de l’action : Antiquité grecque, cité de Thèbes
  • Lieux de l’action : Palais de Thèbes (Grèce)
  • Intrigue : Simple : soumise à la fatalité, dès le début, on sait qu’Antigone va mourir.
  • Composition : Pas d’actes ni de scènes.
  • Registre de langue : Langage courant, parfois familier.
  • Le personnage présent le long de la pièce : Antigone est présente presque tout le temps. Elle est le personnage central et tragique parce que son destin est fixé.
  • La structure interne : L’exposition, le nœud, le dénouement.
  • Respect de la règle des trois unités : la pièce se déroule en un même lieu, Thèbes, dans le palais du Roi, en un seul jour et il s’agit bien d’une seule action, l’accomplissement du destin d’Antigone.
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