Toi passant
TOI PASSANT
Extrait de « Ces canailles de la Butte aux Cailles »
Toi passant par la Butte aux Cailles
Sais-tu que pas plus tard qu’hier
Nos pères étaient de la canaille
Mais que nous en sommes fiers.
N’oublie jamais sous ces pavés
Que sont endormis de vieux rêves
Tant de légendes inachevées
Nées aux petits matins de fièvre
Ces cicatrices au grand soleil
Ce feu d’injustices en souffrance
Histoires effacées en sommeil
Carmagnoles entrées dans la danse
Ces cris forgerons d’avenir
Fusils rouillés, foules de sable
L’espoir qui ne veut pas mourir
Les grands coups de poing sur la table.
Toi passant de la Butte aux cailles
N’oublie jamais sous ces pavés
Les cœurs battant dans la pierraille
Et tous ces vieux espoirs crevés
Tous ces mots glissés à voix basse
Les nuits qui n’ont jamais fini
Les massacres sur les paillasses
Les malentendus, les bannis
Ce gros sang brûlant dans les veines
Les chansons qui rêvaient trop haut
Et tous ces monuments de peines.
Après les mois de mai trop chauds
C’est là, sous la rue qu’ils sont morts
Écartant leurs bras de silences
La liberté naît là, dehors
Toujours arrivée en avance.
N’oublie donc jamais la canaille
En passant par la Butte aux Cailles.
Jean Debruynne
© En Blanc dans le texte
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